Description d'un disque titre par titre, pouvant aussi bien traiter des morceaux en eux-mêmes, que de leur phase de composition, d'enregistrement et/ou de différentes anecdotes à leur propos...

TESS - La Confrérie:
Trois ans après leur dernier album, TESS est revenu en janvier dernier avec un tout nouveau disque dont Damien, batteur du groupe, va nous parler.

Tess Date de sortie : 30 Janvier 2012
Label/Distributeur : M & O Music/Mosaic Distribution
Site Web : www.tess-music.com/
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Titre :
" La Confrérie "

Tracklist :
1. Prémices :
C'est là que tout commence. A elle seule, l'intro de l'album résume le contenu de l'album. On y évoque les excès en tout genre qui profitent à ceux qui disposent du pouvoir, de l'influence. On ne les nomme jamais, ce sont " ils ". Avec " Prémices ", on lance un appel au soulèvement, à la non-soumission.
Le texte a été préparé en collaboration avec l'ensemble du groupe, et le sample que l'on entend est une addition de sons récupérés ici et là, d'émeutes. " Prémices ", c'est notre façon de penser.

2. La Confrérie :
" La Confrérie " est le premier single de l'album. A l'origine, le tempo était bien plus lent, mais en studio on a voulu dynamiser le morceau. Les textes tranchent dans le vif, il se veut fédérateur avec son refrain " Même si nos corps s'effondrent / Même si nos armes se brisent / La décision est prise / Nous vaincrons ". Le titre du morceau était trouvé avant que l'on décide de l'attribuer à l'album parce qu'il collait parfaitement. C'est aussi un appel au rassemblement, cette confrérie qui ne se laisse pas faire face aux magnats qui profitent de leur situation.
Le but, c'est de dire : " Voilà, on ne nous écoute pas, on nous censure, ils en profitent. Nous n'avons plus d'espace d'expression. Ils pensent que tout est plié, mais on ne se laissera pas faire parce qu'à plusieurs, on possède une force inimaginable ". C'est un appel à bouger les lignes, à briser ces règles injustes qui nous rendent inégaux dans notre société mondiale. C'est un peu notre printemps arabe au fond !

3. Du Mensonge Au Désastre :
Il me semble que c'est le dernier morceau que nous ayons composé pour cet album. Là on y a été cash. Le morceau sonne très métal. C'est du mid-tempo très lourd, comme une machine qui avance inlassablement et broie tout sur son passage. Le morceau a énormément évolué en studio. Nous étions au Ford Lane Studio à Brighton en Angleterre, et notre producteur Charles Massabo nous a incité à se débarrasser des parasites qui entravaient la lourdeur du morceau.
Pour les paroles, c'est cru, en gros c'est " je te déteste, je veux que tu crèves, t'es qu'une raclure sans projet, je te veux du mal ". C'est un défouloir, chacun peut s'identifier et l'adresser à qui bon lui semble. Pour ma part, je l'adresserai à ces gros porcs en costard-cravate dans leur bureau, qui se font du fric en jouant au solitaire bien au chaud, qui bouffent au Fouquet's et qui font payer la note à l'entreprise, qui elle-même fait payer la note au contribuable.

4. Sex.Sex.Sex. :
Sur " Sex ", on est parti sur un gros délire punk / hardcore, presque dansant. Au fond cet état d'esprit de fêtard qui nous correspond bien. Musicalement, le morceau allie passages lourds, passages très " rythmes punk ", le tout avec une légèreté assumée. Le pattern de batterie du début est volontairement catchy, parce que ça va de pair avec les paroles.
Le texte, on l'a tous co-écrit un soir pendant le studio. Nous étions dans un camping anglais parce que nous y dormions. Il n'y avait personne, aucune distraction, et au mois d'avril ça pèle là-haut ! Donc on s'était enfermé à 4 dans une voiture pour rester au chaud, on picolait et plus on était bourré, plus les paroles venaient facilement. On aborde le sujet du sexe, omniprésent, du porno à foison. Et toi, t'es avec ta copine qui veut te faire des câlins mignons et tu veux juste du gros sexe qui tâche ! C'était un peu ça le délire, complètement second degré et décalé. Et la phrase dont on est le plus fier : " J'ai touché le fond mais pas le tien ! ".

5. Au Dessus Des Débâcles :
C'est le morceau le plus mélodique de l'album. Le tempo est assez lent, et il me semble que c'est le titre le plus long du skeud. Il sonne très NORMA JEAN je trouve. On a fait pas mal d'arrangements pour qu'il sonne vraiment comme on le souhaitait, mélodique et puissant. L'intro basse / batterie est inédite pour nous.
Pour le texte, Tibo s'est appuyé sur les faits : aujourd'hui, les industries cherchent le profit au maximum, le rendement. Ils demandent un cadencement plus rapide, font tourner les machines à plein régime. Sans pour autant se préoccuper de ceux qui les font tourner justement. D'où la phrase " les machines saignent ". Ce texte est un pamphlet contre ce système de profit à tout prix au détriment de tout le reste, et de l'humanité surtout.

6. Zeppelin :
Voici l'O.V.N.I. de l'album. On a pris l'habitude, au fil des ans, de proposer à chaque fois un morceau qui se détache complètement du reste. Et là c'est le cas. C'est un morceau qui a nécessité une grande dose d'imagination. Nous avons laissé libre court à nos envies. Il t'emmène sur les plaines du Nevada, dans une ambiance très bluesy.
Pendant deux minutes, sur un rythme ternaire, c'est très posé. Il n'y a pas du tout de voix, juste un filet d'harmonica bien comme il faut. Pour le titre, c'est juste que ce morceau nous faisait penser à LED ZEPPELIN, et Yann notre ancien guitariste en était fan absolu. Un petit hommage quoi.

7. La Nuit De Jack :
On s'est dit sur " La Nuit De Jack " : on fait péter le tempo au maximum, on prend exemple sur une soirée mémorable que l'on a vécu, et on balance la purée comme des gros porcs. C'est le morceau le plus direct de l'album, le plus rapide. Il est complètement punk.
Le texte fait l'apologie de l'excès dans la fête, l'alcool, tout ça. On s'est dit qu'on voulait que le morceau donne envie de saisir une bouteille, de la finir en deux levées de coude, sortir en soirée (pas en voiture par contre), et dégueuler partout. Il n'y a aucun projet mais c'est ça qu'on veut. Mais en même temps, c'est une façon de s'évader. Tout le monde fait la fête pour s'évader du quotidien parce que c'est là qu'on se sent vivant, dans l'excès. Si on ne dépasse jamais les limites, qu'est-ce qui nous prouve qu'on est réellement vivant ?

8. A la Demande Du Tout Puissant :
C'est le titre qu'on a composé en premier. On a commencé à composer il y a un an et demi, et à cette époque, on était un peu dans le flou. On voulait juste changer de direction pour que ça colle plus à nos envies, à nos influences, à nos ressentis. Le morceau a quand même bien évolué en studio. Ce qui me plait, c'est l'alternance des parties, bien distinctes mais toutes aussi lourdes les unes que les autres. Le morceau se veut tranchant, avec une partie un peu plus légère au milieu, aérienne. Le Tout-Puissant, c'est évidemment celui que sacralisent toutes les religions.
Les paroles décrivent très bien la façon dont la religion peut avoir une influence très néfaste lorsqu'elle est poussée à son paroxysme. On dénonce le fanatisme. Le titre montre que la plupart des conflits trouvent leur source dans la religion, et que cette soumission aux dogmes entrave la perception de la réalité pour les plus intégristes, toutes religions confondues. Nous ne crachons pas sur les croyances, mais sur ce postulat terrible qui est de dire : " Pour elle, je suis capable de tuer ".

9. Dernier Virage :
" Dernier Virage " est l'un des morceaux les plus lents de l'album, mais aussi le plus étrange. Sa nappe introductive contraste complètement avec le reste. Le son est plus gras, ça sonne camionneur ! Ce titre me fait penser à des riffs de CANCER BATS. Le début par contre, est très influencé DILLINGER ESCAPE PLAN. Un truc torturé qui s'est fait en one shot pour la voix.
Pour les paroles, le morceau parle d'une jeunesse qui rêve d'ailleurs, d'appuyer sur le champignon et de se casser loin d'ici. Au point de se planter d'ailleurs.

10. Le Mauvais Mort :
Incontestablement, le titre le plus bourrin de l'album. " Le Mauvais Mort " est notre façon de lâcher complètement les chevaux. Il allie ternaire et binaire, c'est un peu bizarre mais on adore vraiment ce morceau. La fin du titre monte crescendo, comme un tremplin pour atteindre le paroxysme de la bêtise humaine. Il y a deux passages vraiment lourds, le kick sonne comme une mitraillette, on a l'impression d'entendre des rasoirs à la place des guitares.
C'est à l'image du texte : il dénonce les bavures policières, les abus de pouvoirs, les excès d'autorité. Souvent, tout ça n'est pas montré, jamais vous ne verrez une image de ce type dans les médias. Pourtant les bavures policières sont légions, les boeufs-carottes ont enregistré près de 1000 enquêtes l'année dernière sur ces faits. Internet regorge de vidéos où la police préfère s'attaquer aux plus faibles, aux enfants même. Sans parler des balles qui se perdent, des journalistes qui se font bastonner parce qu'ils souhaitent montrer la réalité.

11. Clôture :
C'est une outro, très très mélodique. Elle signe la fin de l'album sur une note un peu plus positive, très mélancolique. On y a ajouté des synthés pour la première fois, pour créer une nappe aérienne. Le morceau est très doux, il me fait penser à une musique de film ! On en est très fier, il clôt en beauté le CD.
La seule parole que l'on peut entendre, c'est " Réveille-Toi " en toute fin. C'est un peu le calme après la tempête.