ETHS - Ex Umbra In Solem:
ETHS, prononcé " Eutéachèss " par certains, provient de Marseille et était l'un des groupes de Métal les plus emblématiques de la scène française du début des années 2000, alors que j'apprenais tout juste ce qu'était une fille qui chantaot. Ce groupe de Métal sombre propulsé vers l'avant à vitesse grand V par la charismatique Candice, que l'on aurait pu croire être une caricature d'ado possédée, faisait partie du collectif Coriace qui regroupait des pointures telles que TRIPOD, BABYLON PRESSION ou encore FIS(CH)ER.
À l’époque, mon cœur battait pour " Data Error ", le premier TRIPOD, plus riche qu'ETHS mélodiquement mais au moins aussi foireux dans les lyrics. Pourtant, à force d'entendre mon frère écouter les EP " Autopsie " et " Samantha ", crise d'adolescence oblige (ses mitaines noires et collier pentacle fièrement arborés), j'ai appris à apprécier un bon paquet de morceaux, aussi kitsch soient les paroles, les thématiques et la manière vocale d'aborder la musique. J'avais même fait une compile avec " À La Droite De Dieu ", " Dévore " et " Encore " dessus, c'est vous dire l'époque : les jeunes gravaient encore des disques de compiles.  C'était le temps de la team Nowhere, du collectif Antistatic, l'âge fort de la Coriace, tout ça...
Puis leur premier album, " Soma ", est sorti, plutôt bien foutu, plus moderne et surtout mieux produit que leurs EP. ETHS avait un public assis et faisait son chemin, moi j'avais décidé de consacrer mes oreilles à des références moins limitées et moins ciblées teenagers. Je passe donc presque à côté de " Tératologie " qui n'apporte rien de neuf à un groupe qui commence à tourner en rond et à se faire témoin d'une époque désormais révolue.
C'est ensuite ce qu'a essayé de pallier cet énorme échec qu'est " III ", un album qui a atterri dans mes enceintes avec la même curiosité que celle qui nous pousse à revoir un vieux pote qui affectionnerait désormais le bolidage de bagnoles quand on se préfère à la littérature. Et en fait, la désillusion était flagrante, mêlée à la gêne d'un énorme manque d'originalité et à un problème de discernement quant à l'intrusion dégueulasse d'éléments électroniques aussi kitsch que les paroles. Ces éléments en font un disque indéfendable, une erreur de parcours étonnante qui allie production du tonnerre et déception permanente. Un réel bide en soi, sorti sept ou huit ans trop tard, témoignant d'un Métal bien bourrin mais complètement essoufflé.
Qu'en est-il aujourd'hui ? Alors que Candice s'en est allée, remplacée par Rachel Aspe de " La France A Un Incroyable Talent " ? On est en droit de craindre le pire pour un groupe qui prend dorénavant une centaine de rides à chaque sortie de disque. Et ce recrutement télé-réalité, est-ce une casserole de plus dans le palmarès sinusoïdal de ETHS ? Même pas !
" Ex Umbra In Solem " est une sorte d'EP qui ne présente qu'un seul nouveau morceau, le reste étant une tentative de persuasion que Rachel, la nouvelle recrue, assure autant sinon plus que Candice. Au menu de ce tirage limité à 1000 exemplaires : " Ex Umbra In Solem ", l'unique nouvel élément suivi de 3 morceaux anciens morceaux live (issus de l'EP " Samantha " et des albums " Soma " et " Tératologie ") enregistrés en novembre 2013 au Divan Du Monde et, pour terminer 3 titres de " III " ré-enregistrés avec la voix de Rachel. Rien de très neuf en somme.
On commence donc avec un nouveau morceau très proprement enregistré, son intro ressemblant à toutes les intros de groupes avec une nana au chant, un peu mystérieux, un peu sensuel, et on embarque sur un Metalcore bien musclé, robuste mais somme toute assez classique. La voix gueulée est de très bonne qualité, Rachel fait plaisir à entendre, ayant plus de burnes que beaucoup de chanteurs dans le monde masculin. Il y a des points communs évidents avec Candice, comme le choix des paroles en français, le même charisme lors des passages en voix basse ou rauques, et en chant clair, on peut les rapprocher également, même si Rachel est un peu plus féminine. Elle chante donc vraiment bien, même si cet espèce de refrain Pop Metalcore me dérange carrément. Cependant, j'en conviens, c'est le genre d'élément catchy brillant pour séduire les ados, je m'incline donc devant ce manque d'originalité et reste sur un morceau au goût vraiment correct qui me réconcilie avec les choix du groupe qui ne se perd pas dans un Électro mièvre et se remet à faire quelque chose de totalement crédible et contemporain.
On passe ensuite à la partie live, avec un " Samantha " de qualité sonore plutôt fameux. C'est l'un, sinon le morceau culte des vrais fans de ETHS. Ça fait plaisir à entendre, c'est très simple au niveau des grattes mais va droit au but, avec une Rachel une fois de plus tout à fait crédible dans son nouveau rôle.
En revanche, elle se différencie de Candice par une voix rauque carrément mieux gérée, plus forte en gueule, plus dans les sillages classiques des nanas du Metalcore donc avec un peu moins de personnalité que Candice. Mais on ne perd pas au change et cette version live nous prouve effectivement que Rachel est un choix judicieux.
Vient " Bulimiarexia ", très bon morceau issu de " III ", qui nous conforte dans l'idée qu'on peut se faire de Rachel, en dehors du long passage en chant clair qui paraît largement moins sûr que le reste, timide et un peu édulcoré par rapport à la version originale. Sinon rien à dire. On ressent la même chose dans " Crucifère " pourtant très bien interprété, et instrumentalement bien plus appétissant et complet que les deux moutures précédentes. Cet enchaînement nous permet de comprendre la lente évolution d'ETHS qui reste fidèle à lui-même mais qui ne se renouvelle peut-être pas assez. De bons morceaux pour une belle démonstration vocale, le démon marseillais n'a peut-être pas dit son dernier mot.
Les 3 derniers morceaux ne servent à proprement dit à rien, très proches des versions initiales tirées de " III ". Le fond est donc un Metalcore assimilable à DAGOBA ou autres brutes françaises mais avec un chant qui n'est plus compatible et des passages Électros indéfendables. Le problème n'est pas Rachel qui se défend avec brio, même si la prod aide terriblement et modifie les lignes vocales à outrance. Le problème c'est ces morceaux qui ne présentent pas franchement d'intérêt si ce n'est qu'ils sont propres.
Bref, ETHS était un bateau à la coque percée que je pensais échoué en pleine mer et remplacé par une flottille de groupes bien plus modernes et performants. Même s'ils ont réussi à me faire penser que le choix de substitution n'est pas si mal que ça et que leur unique nouveau morceau peut les mener à une renaissance correcte (sans non plus promettre un truc trop intéressant), je trouve qu'un seul inédit ne justifie pas un EP complet si ce n'est que pour prouver que le groupe n'est pas mort.
Donc en définitive, même si on voulait y croire, ETHS aura du mal à convaincre à une remise à flot solide sur le long terme tant rien de nouveau ne ressort de cet EP. Hormis pour les fans et pour prouver que Rachel est un membre ayant un bon potentiel malgré les craintes liées à sa participation à une émission poubelle, ces présentations musicales iront rassurer quant à la volonté du groupe de tourner la page, mais vont-ils seulement se donner les moyens de redorer l'image d'un groupe ayant perdu une bonne partie de sa superbe ?
Défi de taille, affaire à suivre, cet EP ne nous permet pas d'en juger.

(Chronique réalisée par Ben)


Date de sortie: 14 Mars 2014
Label/Distributeur: Season of Mist
Site Web: www.eths.net
ETHS

1. Ex Umbra In Solem
2. Samantha (Live)
3. Bulimiarexia (Live)
4. Crucifиre (Live)
5. Voragine (Rachel Vocals)
6. Harmaguedon (Rachel Vocals)
7. Prosperina (Rachel Vocals)