Hangman's Chair


Interview réalisée par Djaycee aux Francofolies de La Rochelle le 16 juillet 2022
avec Medhi et Julien.


Alors que le groupe a signé sur le prestigieux label Nuclear Blast, il n’est pas étonnant de les voir programmés aux Nuits Collectives des Francofolies de La Rochelle aux côtés de ALCESTE, MARS RED SKY ou CARPENTER BRUT.
Le groupe a sorti " A Loner " qui sera certainement dans bon nombre de classements de fins d’année tant cet album est un mélange de rentre-dedans et de passages subtils et aériens. Il n’en fallait pas plus pour déclencher une interview avec un des rares groupes qui a été programmés plusieurs fois au Hellfest le même week-end.



Merci infiniment de nous accorder cette interview. Je commence toujours cette question, il y a eu deux ans de pandémie. Comment vous avez occupé votre temps ? Est-ce que cela vous a permis de travailler sur ce superbe album ? Est-ce qu'au contraire c'était un peu plus dur et que vous aviez besoin de vous ressourcer ?
Medhi : Oui, on a profité de ce temps, on était en fin de tournée pour l'album précédent. Si on a été impactés ? Un petit peu, oui. Quelques festivals et quelques concerts ont été annulés. Donc on s'est dit " Bon, qu'est-ce qu'on fait ? " On en a parlé avec Julien et on est arrivé à la conclusion qu’il il était temps d'en profiter pour composer malgré le stress et le côté un peu anxiogène de la situation. Nous ne savions pas trop où nous allions. On ne comprenait pas trop la situation qui avait un peu un côté très science-fiction. On a pris du temps pour nous, on s'est posé, on a respiré un peu on en avait besoin aussi, nous-mêmes dans nos vies personnelles. On avait besoin de se poser et de prendre du recul sur pas mal de choses et on s'est dit que nous allions profiter de ces moments. On avait tout notre temps pour nous pour écrire et c'est une chose très rare.
Julien : Parce que c'est vraiment tombé au moment où on devait composer L'album. On avait terminé la tournée. Et ce qui est bien, c'est qu'on a vraiment eu un laps de temps inédit. Vraiment, quand il y a eu le confinement, il y avait peut-être eu un mois pendant lequel s'est donné ce temps pour ne rien faire, on ne disait rien. Et puis après, c'est venu naturellement et justement cela a occupé notre temps pendant cette période et du coup, c'est pour ça que moi perso, je ne l'ai pas mal vécue.
Medhi : On ne l'a pas mal vécue du tout.
Julien : On l'a vécu parce que ça nous a permis de se concentrer. On avait un but, et à la limite, plus cela durait, plus on avait de temps pour le projet.
Le temps de peaufiner.
Medhi : On avait booké le studio, il a fallu travailler autrement aussi. On travaillait à distance. C'est vrai que d'habitude, on répète beaucoup avec Julien, on arrive avec des squelettes de chanson, on répétait à distance, on s'envoyait des maquettes… Ça nous a permis de travailler différemment. Mais on a plutôt apprécié ce moment. À vrai dire, c'était un peu long à la longue. Mais au tout début, la première année, on était plutôt ravi de pouvoir prendre un peu de temps pour nous.

L'album est sorti sur Nuclear Blast. C'est le premier disque avec eux.
Medhi : " A Loner " est le premier avec eux.
Est-ce que ça vous ouvre plus de portes ou est-ce que vous vous sentez plus libre ? Est-ce qu'il y a un marché européen qui peut être un peu plus ouvert ?
Julien : Déjà, on a carte blanche avec eux. Vraiment, ils nous laissent complètement libres. Ils nous ont justement choisis pour ça parce qu'on avait déjà un univers. Il n'y avait pas besoin de façonner quelque chose. Ils sont derrière nous, vraiment pour nous lancer avec toutes leurs forces.
Medhi : Et leur visibilité. C'est assez incroyable. En tout cas, ça part bien. C'est une bonne expérience là déjà. En tout cas, on voit comment ils veulent travailler avec nous et faire du développement pour l'étranger. C’était aussi notre but, gagner en confort tout en essayant de nous ouvrir des territoires sur lesquels nous n'avions pas été. Jusqu'ici, c'est vraiment chouette. Et tu vois que ce sont des pros et ils savent de quoi ils parlent, ils savent comment bosser la chose et ils ont un peu aussi remanié la couleur du label et ils veulent travailler différemment.
Julien : Eux déjà sont en train de changer en prenant même des groupes comme nous. En développement car à la base Nuclear Blast, ce sont un peu des figures de proue ou des gros groupes. C'est vraiment une grosse machinerie depuis toujours. Et là, ils n'hésitent pas à prendre des groupes de niche comme nous.
Medhi : Ils n'hésitent pas à prendre des paris pour développer des groupes pour un public plus averti peut-être. De notre côté, cela ne nous a pas effrayés plus que cela. Et on voit, mois après mois, que tout se passe bien, qu'ils suivent le projet, il y a des retombées et on n’a jamais eu autant de visibilité sur des vidéos, des clips, des lives. Et ça nous ouvre des portes sur des pays qu'on n'a jamais fait. On va annoncer pas mal de tournées à venir en Europe et à l'étranger, au Japon… Donc on a pas mal de choses qui arrivent. On est vraiment satisfait pour l'instant.
Vous bénéficiez de cet effet d'expérience par rapport aux grosses machines de guerre qui sont passées avant vous dans le label.
Medhi : Oui c'est exactement cela et puis c'est prestigieux. On peut en avoir aussi peur parce qu'on est un groupe qui a grandi dans l'underground, on a grandi dans le milieu DIY. On vient de la scène hardcore, punk. Rentrer dans une espèce de machinerie comme ça, on a toujours peur un peu d'être noyés. Mais finalement, non, ils sont très rassurants et on fait les choses calmement. Et puis, on s'adapte aussi avec l'air du temps. Ils travaillent beaucoup sur les réseaux sociaux, nous ne sommes pas aussi performants même si Julien s'en occupe énormément. Mais on voit un peu ce qu'ils font dans tout ce qui est digital et numérique, Ils essaient de développer cela avec toutes les plateformes come Spotify etc. Tu as des choses qui moi me dépassent, et comme ils vivent avec leur temps et il faut un label comme ça qui nous aide sur ce plan.

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Et puis votre musique y est pour beaucoup. C'est vraiment génial. Ça s'est vu d'ailleurs. Je crois aux deux Hellfest puisque vous êtes le seul groupe avec AIRBOURNE il me semble à avoir les deux week-ends.
Medhi : Alors nous, nous, on a joué le même week-end deux fois.
Julien : le Jeudi et le dimanche.
Medhi : A la base, on était programmé le dimanche du premier week-end. Mais après, tout le planning a été bousculé et finalement, on a fait le jeudi et le dimanche.
Julien : Parce qu'à la base, on devait jouer le dimanche, mais beaucoup plus tôt.
Medhi : Avec KILLING JOKE, PERTURBATOR et LIFE OF AGONY.
Julien : Et après ils nous ont proposé ce magnifique slot à 22 h le jeudi.

Et puis vous avez fait également cette collab sur scène avec REGARDE LES HOMMES TOMBER. Et pour beaucoup, cette collab a été un des meilleurs moments du Hellfest.
Julien : C'est fou. J'ai vu énormément de retours qui allaient dans ce sens effectivement.
C'est un set que vous avez travaillé de longue haleine ? Vous l'aviez déjà joué avant ?
Medhi : On l'a fait trois fois. On ne l’a pas travaillé de longue haleine. Parce que c'était arrivé sur un projet des illustrateurs graphistes FORTIFEM qui avaient envie de faire une soirée spéciale au Trianon à Paris, en invitant donc un groupe qui invite un autre groupe pour faire une collaboration. Du coup, il y avait ALCESTE et PERTURBATOR. Il y avait aussi NOSTROMO et DEHN SORA, notamment. Et REGARDE LES HOMMES TOMBER nous ont demandé de le faire avec eux. C’était un peu compliqué à mettre en place pour nous car on venait de finir la tournée " Banlieue Triste " et on devait ensuite jouer aux Etats-Unis mais le projet était alléchant et c'était un super challenge donc on l'a fait. On a répété deux ou trois fois en résidence et on a fait ce concert au Trianon. Donc si tu veux, c'était méga frais.
Julien : Nous étions partis pour faire seulement un one shot, ne le jouer vraiment qu'une seule fois. Et il y a eu un vrai engouement, et ensuite Walter du Road Burn festival nous a contactés car c'était exactement le genre de collabs qu’il voulait pour son festival.
Medhi : Et il nous a dit " Je veux la même chose pour ma prochaine édition ". Donc on a joué une deuxième fois au road Burn avec cette collab, et là, pareil superbes retombées. Les gars du Hellfest étaient là et ils nous ont dit " Venez faire la même collab au Hellfest " et donc ça ne se refuse pas.
Julien : Quelles retombées pour un projet qui devait juste être un one shot quand même !
Medhi : On est dans l'éphémère complet, mais finalement nous l'avons joué plusieurs fois. C'était un peu compliqué à goupiller avec nos emplois du temps mais ça valait le coup, On a rencontré des super gars.
La tente du Hellfest était blindée et j'ai même failli ne pas passer dans la queue des photographes.
Medhi : On a vraiment eu de super retours encore. Pas évident à caler si tu veux, car on n'a pas pu répéter depuis le Roadburn, mais il y avait quelque chose de frais, il y a un truc assez fort et vraiment un super échange avec les gens qui captent. Donc si c'est à refaire, on verra. À la fin du Hellfest, on s'est serré la main. On s'est dit " c'est la fin ". Mais on n'est pas à l'abri qu'on ait encore une proposition alléchante.

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Je vous ai vu en première partie de MASS HYSTERIA au Zénith et c'est là où je vous ai découvert sur scène. Est-ce que c'est quelque chose que vous allez peut-être faire Nuclear Blast, à savoir embarquer d'autres groupes avec vous ? Tu parlais tout à l’heure du côté hardcore, je crois savoir vous connaissez depuis longtemps les FOREST IN BLOOD. Y a-t-il des groupes que vous auriez envie de mettre en avant ?
Medhi : Ce sont des groupes que l'on connait depuis longtemps, on a grandi un petit peu ensemble. On s'est souvent croisés à l'époque de notre ancien groupe. Quand on se croisaient énormément, il y avait toujours cette espèce de scène parisienne. On faisait énormément de concerts ensemble. Cela étant, on s'est un peu perdus de vue. Et nous n'avons pas penser à une collab.
Julien : A chaque fois que nous faisons des release party, on essaie de faire connaitre des groupes. Sur notre release party parisienne, on a choisi les deux autres groupes. En tout cas des trucs qu'on apprécie beaucoup et souvent, qui n'ont rien à voir justement avec notre musique pour qu'il y ait vraiment une ambiance éclectique.
Medhi : Tu vois, pour la sortie de " Banlieue Triste ", on avait invité TEAM GHOST, des anciens camarades qui font plus dans l'électro, dans le shoegaze avec des anciens de M83. Et pour " This is not to supposed to be positive ", on en avait invité ARKANGEL, le groupe de hardcore et MONGOLITO, un mec qui joue de la guitare tout seul, qui fait de la dark folk.
Medhi : Malheureusement, pour la release de " A Loner " ça ne s'est pas fait, car on ne pouvait pas avoir le line-up complet. Mais il y avait un groupe belge EMPTINESS, un groupe plus ambiant. Et on avait invité CROWN, un groupe français qui a joué au Hellfest également mais ils étaient covidés donc ils n'ont pas pu venir. On essaye toujours de façon de mélanger les genres car on n'appartient pas à une scène particulièrement. Tu vois, les gens nous classent dans tout ce qui est doom, stoner, sludge, etc. Les choses évoluent. On joue avec des trucs de black comme REGARDE LES HOMMES TOMBER. De notre background, on joue quelquefois beaucoup avec des trucs de hardcore ou des groupes plus généralistes comme MASS HYSTERIA.
Julien : Nous n'avons pas encore le poids pour emmener quelqu'un en tournée. Mais en tout cas, si on a l'opportunité, bien sûr, nous le ferons. On adore ça.
Medhi : Les MASS HYSTERIA ils nous ont bien aidés. Ils ont toujours été un gros soutien. Ce sont des super mecs, ils nous ont toujours soutenus, toujours invités et pourtant ils ont un public qui est complètement différent.
Julien : Mais eux aussi, ils ont cette mentalité de faire venir des groupes qu'ils apprécient. Ça marche comme ça, c'est une bonne démarche. Ça permet de découvrir plein de choses, d'ouvrir un peu les choses et de sortir des codes.

Une dernière question qui permet d'ouvrir un peu. Et vu que vous êtes deux, il y aura deux réponses différentes. Quelle question je ne vous ai pas posée et quelle est la réponse à celle-ci ?
Medhi : Je suis mauvais avec ses trucs, Julien à toi l'honneur.
Julien : Je n'ai pas d'inspi.
Medhi : Ca veut dire que tu étais complet vieux. C'est que l'échange était bon !

Merci à vous pour cette interview.
Julien : Merci à toi et à NAWAKPOSSE.

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