Grandma's Ashes


Interview réalisée par Djaycee le 12 juillet 2024 aux Francofolies 2024 de La Rochelle.


Invitées surprises du Hellfest 2023, nous retrouvons avec plaisir les trois membres de GRANDMA’S ASHES à leur arrivée à la Sirène pour ce concert également très attendu aux FRANCOFOLIES 2024 !

Merci à toutes les trois de nous accorder cette interview. On va faire un petit peu connaissance. Qui êtes-vous et d'où vient ce nom un petit peu énigmatique ?

Eva : Et bien on s'appelle GRANDMA'S ASHES, donc groupe de trois femmes musiciennes composé de Myriam à la guitare, aux chœurs, Edith à la batterie, aux chœurs et moi Eva, chant et basse. On s'est rencontrées il y a sept ans et demi maintenant et à la base, en fait, on s'était rencontré Myriam et moi, un petit peu avant de rencontrer Edith. On avait déjà eu l'occasion de faire de la musique un peu ensemble sur un projet qui était tourné autour de mes compos à moi, Basse chant. Et puis en fait, Myriam s'est hyper impliquée dans le projet. On a commencé à composer ensemble. Là, on s'est dit que ça ne servait à rien, que ce n'était pas mon backing band. C'était vraiment un groupe à part entière. Donc on a décidé de changer de nom. On a fait un gros brainstorming, on est tombé sur des noms qui font un peu grincer des dents. On s'est dit " tiens, c'est marrant quand même ". Et à la fin du brainstorming, on a gardé ça. Voilà, c'est drôle, mais je crois que c'est l'anecdote qu'on raconte un peu à chaque fois, mais ça a un peu influencé le choix d'Édith quand elle nous a rejoint de venir faire la première répétition avec nous.
Myriam : C'était une manière pour nous de dire " On faisait déjà à l'époque de la musique assez sombre, intime aussi ". Donc c'était pour ça qu'on voulait absolument un nom qui fasse référence à ce genre de sujets un peu sombres, mais un peu second degré aussi. Voilà, c'était ce qu'on faisait à l'époque.
Eva : On ne voulait pas quelque chose de trop mignon ou de résolument féminin. Un truc un peu rock, gentil. On s'est dit non, on veut faire un truc qui tranche tout de suite. Les gens, ils nous voient, ça passe ou ça casse avec. Au moins avec un nom comme ça nous somme reconnaissables.
Ça passe clairement. Difficile de ne pas parler de juin 2023.
Myriam : C'est vrai.
Il paraît qu'il s'est passé quelque chose dans la Valley.
Eva : Il y a eu la vallée de Clisson. Il y a eu du bruit. Ce n'est pas une oasis.
Donc oui, vous aviez appris l'info deux semaines avant, je crois.
Eva : Même pas, une semaine avant.
Ok. Donc comment ça s'est fait ? J'y étais. Donc je sais comment ça s'est passé.
Myriam : De notre côté, je ne sais pas si on y était vraiment tellement c'était hallucinant, d'être là devant tant de personnes. On a rêvé d'être au Hellfest je pense depuis des années. Donc dix jours avant de se dire Ah je vais être sur cette scène. C'était magique quoi, à côté de nos groupes préférés. Dans les loges, on était entourées de nos idoles. Donc c'était une très belle journée !
Eva : On avait fait pas mal de dates l'année dernière donc ça venait clôturer quand même une tournée où le set était rodé. Mais c'était un set de clubs ou de SMAC. On jouait devant 500 voire 1000 personnes maximum. Et là, le fait de se dire qu'on va aller jouer ce live et cette musique devant autant de monde, c'était super impressionnant, mais je pense qu'on s'est quand même senti super à l'aise. On a été très bien reçues par le public du Hellfest, j'ai l'impression.
Myriam : Et étrangement très à l'aise, comparé à la pression que ça peut être de jouer au Hellfest. Je pense aussi que de l'avoir appris au dernier moment ça a aidé à ne pas ressasser. C’est sûr que passer toute l'année à peaufiner un set qui serait parfait ou pas parfait ou machin. Là, on s'est dit on n'a pas 36 000 solutions, on a un set qui fonctionne bien, on va faire celui-là, et puis on va tout donner et ça va aller. On y est allé stressées mais confiantes et ça s'est hyper bien déroulé. Quand on est sortis, on était hyper fières. Voilà. Évidemment, avec du recul, on se dit « Ah, on aurait pu faire ça, on aurait dû dire ça... », mais en fait c'était parfait à cet instant T.
Vous avez pu garder la vidéo ou pas ?
Eva : Oui. On a mis en ligne deux morceaux de notre set au Hellfest.
J'ai vu effectivement sur YouTube. Je demande parce que je sais que certains groupes passent à côté de l'opportunité.
Eva : Oui, oui, c'est vrai.
Edith : Nous, ça ne nous arrive pas tous les jours. Donc on s'est dit là, on garde l'audio et la vidéo.

Grandma's Ashes

Pour les Francos, ça fait plus longtemps que vous savez que vous allez y jouer. Est-ce qu'il y a un peu plus de pression ?
Eva : Moi je suis un peu stressée, c'est vrai, parce qu'il y a des groupes à l'affiche qu'on aime beaucoup toutes les trois. Mais je pense que ça va très bien se passer. La salle a l'air magnifique. Evidemment, on a été super bien accueillies, On est arrivées il y a dix minutes et déjà tout le monde est super sympa. Les loges sont très belles.
Myriam : On est super heureuse qu'il y ait une soirée de ce type-là dans le cadre des Francofolies. Je pense qu'il y a un an, on n'imaginait pas faire un jour ce festival en tant que GRANDMA'S ASHES avec la musique qu'on fait et le fait de savoir qu'il y a toute une soirée dédiée au rock psyché, prog, métal atmosphérique. C'est fou ! On est super contentes de faire partie de ça.
Eva : Surtout en France où le métal et le rock un peu alternatif de manière générale, ne sont pas hyper bien représentés. C'est vrai que la musique extrême, ce n’est pas ce que préfèrent les Français non plus, donc que ça fasse partie des Francofolies, c'est super cool et c'est super cool qu'on en fasse partie aussi. Très honorée.
En 2003, il y avait PLEYMO qui jouait sur la grande scène.
Eva : Oh la vache !
Myriam : C'est fou !
Il y avait eu PLEYMO, ASYL, l'ancien groupe de Lescop.
Myriam : Ah ok.
Je vous parle d'un temps.... Je suis vieux, mais j'aime toujours le rock.

Revenons sur le disque " This Too Shall Pass ".
Vous avez un peu de recul puisqu'il est sorti au mois de février 2023.

Eva : Tout à fait.
Comment l’album a été accueilli ?
Eva : L'accueil a été vraiment, je pense, à la hauteur de nos attentes et bien plus. En fait, on pensait qu'il l’allait toucher des personnes parce que c'est un album qui est vraiment basé sur nos émotions, nos ressentis. Il est très introspectif. Donc on s'est dit bon, encore une fois, on va trancher, on va voir si ça passe ou ça casse et c'est passé et c'est passé vraiment au-delà de nos attentes, parce qu'il y a énormément de personnes qui se sont identifiées à nos chansons qui parlent d'expériences et qui étaient personnelles. Musicalement, on a on a eu l'occasion d'explorer beaucoup plus, ce qu'on avait déjà un peu commencé à faire dans le premier EP (" The Fates ", sorti en 2021). Donc ça a été l'album de l'année de beaucoup de nos amis et de beaucoup de personnes qu'on ne connaît pas aussi. Et ça, on nous l'a redit au Hellfest quand on s'est baladées un peu parmi le public pour voir les autres concerts de la journée, il y a pas mal de personnes qui nous ont dit " je vous ai découvert, j'ai adoré ", on a eu plein de messages après nous disant " merci pour ce bel album qui m'a accompagné sur une année où c'était dur " ou alors " sur une année où j'allais super bien. Il m'a donné de la force ". On est ravies de ça.
Super ! Alors, vous avez déjà la suite ?
Eva : Là, on a des idées de ce qu'on va, de ce qu'on a envie de faire, des directions qu'on a envie de prendre.
Myriam : Ça se profile doucement. Là, on a envie de profiter de la fin de la tournée, prendre un petit peu de vacances pour réfléchir à tout ça.
Edith : Et puis je pense que le fait d'expérimenter, enfin d'expérimenter nos morceaux en live, de les faire prendre vie avec le public, ça nous a fait nous rendre compte de la force de certains aspects de l'album La force, je pense, assez lyrique et assez émotive qu'il y a dans ce premier album. Mais on a aussi envie, je pense, pour la suite d'être plus incisif à certains à certains égards.
Myriam : Donc on va peut-être être plus en relation avec le public. En tout cas, on a envie de faire plus pogoter les gens. C'est vrai qu'à la Valley c'est un peu ce qui nous a manqué. On s'est dit " Ah c'est vrai qu'on adore jouer nos morceaux prog " et tout, mais on s'est dit " peut-être qu'un jour, voir un pogo lors d'un concert de GRANDMA'S ASHES c'est quelque chose que nous aimerions voir ".
Il faut traverser la rue dans ce cas et aller à la Warzone...
Eva : Ce serait cool.
Donc le prochain album sera punk ?
Eva : Et pourquoi pas. Il sera plus brutal je pense. En tout cas, on a des envies de brutalité. Et puis je pense qu'avec l'expérience de la scène, on composera par rapport à ça, par rapport à ce qui s'est passé dans le public aussi, et à notre envie de se dire, le groupe continue de se développer à l'avenir, on a envie de voir le public faire ça, on a envie d'agir comme ça, d'interagir comme ça avec eux aussi. Donc je pense qu'on va faire aussi en fonction du public.

Grandma's Ashes

Vous parliez d’ambiance. Qui a fait la pochette puisque la pochette est assez visuelle ? Je trouve qu'il y a un triptyque musique, nom de groupe et l'album donc assez visuelle...
Eva : En fait pour l'EP, on avait envie de faire appel à cette photographe qui s'appelle Emilie Derville. Son nom sur les réseaux, c'est Studio Derville qui fait de la photographie essentiellement inspirée de peinture baroque flamande. Avec beaucoup de symboles, de mystères. Vraiment l'origine du mot baroque, donc bizarrerie. Et on avait déjà flashé sur son travail pour l'EP. On s'est dit que ce serait peut-être dommage pour un cinq titres de faire appel à une photographe comme ça, qu'on pourrait réserver ça pour plus de contenu, plus de matière. Donc on est allé la voir à Mons, en Belgique, et on a fait un shooting photo. On ne s’était pas vraiment préparées en fait. Avant, on lui avait juste dit " On aimerait avoir des objets qui sont des symboles qui reviennent de manière un peu métaphorique dans nos chansons ". Et elle nous a mis en scène avant même qu'on ait eu le temps de comprendre un peu ce qui se passait. La séance était finie. On avait déjà la pochette qui défilait comme ça devant nous.
Myriam : Elle est très forte. Elle arrive vraiment à recréer dans son studio une lumière de peinture baroque.
Edith : Un clair-obscur.
Myriam : Nous, on avait choisi aussi des symboles qui peuvent se rattacher à cette époque. Donc la dague, le poignard qui représente le ressentiment, la grenade pour le désir, les ronces qui sont la mélancolie, qui sont tout autour comme ça.
Eva : La résilience, beaucoup. Et la fleur fanée que tient Édith qui représente la tristesse, qui sont un peu les thèmes majeurs abordés dans la chanson. Et Emilie, la photographe vient rajouter, avec sa propre culture de l'image des inserts, de tableaux baroques qui existent déjà. Beaucoup de Van Eyck en fait. Elle fait, elle détoure sur Photoshop, elle est magique. Des lumières, des sources de lumière, des objets. Et puis elle rajoute une texture de peinture craquelée et ça donne toute cette esthétique un peu magique, noire et puis ancienne surtout, qui va très bien avec le nom du groupe je pense.
C'est un très bel ensemble.

Je vais terminer par une question qui ouvre un peu, donc vous aurez peut-être une réponse différente chacune. Et quelle est la question que je n'ai pas posée et à laquelle vous souhaitiez répondre ? Et quelle est la réponse à cette question ?
Eva : Peut-être quelles sont nos influences musicales puisqu'elles sont très différentes. Et ça, c'est quelque chose qu'on me dit pas mal dans les interviews. Et j'ai l'impression que même selon les interviews, ça change en fonction de ce qu'on écoute sur le moment aussi. Voilà, on a des influences différentes. Moi j'ai écouté pas mal de grunge, de musique classique, de punk anglais années 70, de trucs un peu prog psyché…
Myriam : On se rejoint sur beaucoup d'influences et en même temps on écoute des choses très différentes.
Edith : Je ne saurais pas quoi dire d'autre comme question, j'avoue. Qu'est-ce qu'on attend de cette date à la sirène peut-être ? Je dirais le catering. Oui, parce qu'apparemment on nous a dit que c'était le meilleur catering de France. Il y a vraiment beaucoup d'artistes qui nous le disent.
Myriam : Donc on attend vraiment de manger avec impatience. Vite que le concert soit passé pour pouvoir manger.

Merci à vous trois pour cette interview.
Eva : Merci à toi.

Grandma's Ashes


Merci à Angie pour avoir permis cette interview.
Un coucou à Jimmy et Christophe de 3C Tour.