Fishbach


Interview réalisée par Djaycee le 13 juillet aux Francofolies de La Rochette


Alors on se connaît depuis longtemps. Que s'est-il passé depuis la fin de la tournée précédente ? De mémoire, une des dernières dates, c'était à Massy et juste après tu étais sur le plateau des Victoires de la musique en 2018. Nous avons longtemps attendu entre la fin de la tournée et la sortie de l’album ? Que s'est-il passé à part la pandémie ?
Fishbach : Après la pandémie, j'ai composé un nouveau disque très tranquillement. Je ne suis pas acharnée au boulot. Je l'ai composé un peu comme le premier, de manière spontanée. J'ai ressenti le besoin de prendre mon temps parce que leur vie va trop vite. J’ai également été comédienne et beaucoup DJ aussi. C'est un nouveau métier, une nouvelle corde à mon arc que j'aime énormément. Une nouvelle façon de partager de la musique avec les gens. Ça m'a beaucoup plu. Et puis après, je me suis occupée de ma vie personnelle parce que ce n’était pas un luxe.

Et au niveau de la composition, il avait été question à un moment de sortir deux EP’s consécutifs. Et finalement, tu as fait un LP, c'est que tu as été prolixe au niveau de la composition ?
Fishbach : En fait, je voulais vraiment segmenter et faire trois EP’s, un rock en électro et en plus eighties. J'ai une maison de disques qui m'a dit " non, ce serait mieux de faire un album, etc. ". Donc comme ce sont eux les professionnels de la musique, je les ai suivis. Mais c'est vrai que je crois que dans le futur, je suivrai plutôt mon instinct à faire des plus petits formats et en sortir plus souvent. J'ai l'impression que c'est plus en adéquation avec l'époque que de sortir des petits morceaux de temps en temps. On écoute la musique vraiment différemment, même si j'aime le format de l'album et je suis très fier de cet album. Vraiment, j'aime bien son côté multiple.

Fishbach

Il y a également beaucoup d'esthétique à la fois la pochette et les clips. Comment as-tu conçu cet album finalement avec ses trois volets initialement prévus comme étant des EP séparés ? Comment tu as fait pour avoir cette homogénéité et pour le rendre aussi fluide ?
Fishbach : Écoute je pense qu'on peut être complètement différents, parfois très rock, très brut, un peu Patti Smith, et puis parfois être en talons aiguilles, et puis pour certaines occasions être habillée comme une statue avec un style médiéval.
Je pense que tout cela est cohérent. En fait, ce sont les facettes d'une seule et même personne. Je suis ainsi et de manière un peu exagérée. Je crois que je suis vraiment une maximaliste. J'aime bien exagérer les choses. Donc pour moi, c'est la même femme, simplement dans des états émotionnels différents à chaque fois qu'on enfile un costume. C'est assez génial, de pouvoir enfiler tous les costumes et ne rien s'interdire.
Moi je ne voulais surtout pas rester dans une case parce qu'on m'avait un petit peu associée à un style sur le premier album, comme je suis un peu garçonne, un peu brut de décoffrage. Et je me suis dit que si je refaisais la même chose, je pourrais ne plus jamais m'en sortir. Et en réalité, je m'en fous, j'avais envie d'essayer autre chose.
Tu avais peur du copier-coller ?
Fishbach : Oui c'est cela et j'avais une crainte que les gens n'accepteraient pas que je puisse enfiler un autre costume. Donc, j'ai tout de suite pris le truc à revers et je me suis dit " OK, j'enfile tous les costumes et demain ça pourra changer ". Tu vois, demain, si je veux faire du zouk avec un string dans le cul, je ne veux pas m'interdire de le faire.

D'accord, ce sera un peu plus dur d'aller convoquer Frédéric Leclercq sur du zouk avec un string dans le cul.
Fishbach : C'est vrai qu'en plus je n’ai pas les fesses adaptées pour faire ça. J'ai le cul plat, ça ne marche pas. Pour Frédéric Leclercq, c'est un copain qui a joué dans les plus grands groupes de métal du monde. Parce que c'est un vrai " guitare héro ". Il est incroyable et nous sommes super copains.
C’est aussi un très bon bassiste avec KREATOR ou LOUDBLAST ou avant avec DRAGONFORCE Il a aussi des side projects un peu fous avec une Japonaise.
Fishbach : Exactement. Et en fait, j'adore ce mec, comme je suis fan des Guitar Heroes et j'adore les gros solos de guitare cela depuis un bail, avant qu'on travaille ensemble. Et là, je lui ai envoyé le morceau " Nocturne " parce que j'imaginais vraiment un gros solo de guitare. Je lui ai donné quelques indications, mais je voulais laisser libre cours à son imagination et il a fait un truc génial.
En une prise, il m'a dit " Attends, je peux te la refaire améliorant les riffs ". Et je lui ai répondu " Tu laisses comme ça, c'est parfait " pour lui il y avait des choses à corriger. Mais quand on l'a reçu avec Michaël Declerck, mon réalisateur, tout le monde était par terre. Tout le monde était assis dans le studio disant que c'était génial. Et je pense que c'est la première collaboration mais ce ne sera pas la dernière, j'en suis presque persuadée. Parce que j'adore le rendu sur cette chanson.
C’est une des personnes les plus sociables du monde du métal mais le retrouver sur un versant pop/variété au sens noble du terme, c'était magique et surprenant.
Fishbach : Je pense que ça l'intéresse aussi. Il n'aime pas, se limiter à un genre. Et je pense même que ça l'a fait marrer.

Fishbach

On s'était croisés début février. Tu étais de loin au Studio 104, à la Maison de la radio, pour lancer les concerts avec un peu de stress. Parce que finalement tu livrais ton album au monde.
Fishbach : Le stress venait du fait que les gens qui sont assis dans leur bagnole s'ils entendent des fausses notes à la radio ils vont se dire " Mais c'est qui cette bouffonne ? ". Donc j'avais énormément de stress, plus que pour un live traditionnel. Donc je ne peux pas dire que c’était un très bon concert car je n'étais pas à l'aise dans mes baskets. Mais bon, c'est toujours un honneur de chanter sur France Inter dans une si belle salle. C'était très impressionnant. En plus, après des années sans scène, j'étais très impressionnée et je suis d'ailleurs toujours impressionnée par les gens en concert. Plus qu'avant.
Avant, j'avais moins peur et je m'en foutais un peu. Mais avec cet album, je sais que les gens m’attendent et je n’ai pas envie de les décevoir. Je ne suis plus la même personne et je me demande si le public sera au rendez-vous.
Ce qui est un peu paradoxal, c'est que tu as peur des gens. Et sur les derniers concerts, tu étais en groupe et là, les premiers, tu les as faits seuls. C’est plus facile d'affronter le public en équipe, non ?
Fishbach : Oui, c'est plus facile en équipe. Mais en fait, c'est surtout que j'ai voulu commencer seule parce que je n'étais pas sûre d'aimer encore les concerts. Je me suis vraiment posé la question si j'aimais encore la scène. Il y a une chose qui est sûre, c'est que je compose toujours de la musique, parce que c'est vraiment ce que j'aime le plus. Je suis vraiment bien en studio et après le truc de la représentation me paralyse un petit peu. Mon métier de musicienne, je l'adore mais le métier de vedette, je n'aime pas trop. J'ai une petite anxiété sociale je sais que c'est très paradoxal. [une petite fille hurle à côté de nous par ce qu’elle a soif] C'est bien qu’il ait des enfants qui font des caprices à côté de nous, cela me permet de travailler sur moi… J'ai une petite anxiété sociale et à la fois je joue devant des milliers de personnes, donc c'est très bizarre.
C’est quelque chose qui était présent avant le Covid ?
Fishbach : Je l'ai eu un peu toujours, mais avant j'étais un peu plus insouciante. Et aujourd'hui, je me rends compte que les choses sont précieuses. Puis une carrière, ça peut s'éclater en deux secondes. Il faudrait peut-être que je redevienne inconsciente et insouciante comme je l'étais avant. Qu'importe.
En tout cas, j'ai commencé le solo par peur et je me suis rendu compte que j'aimais encore ça. C'est plutôt une bonne nouvelle. Je ne voulais pas embarquer des gens dans ma tournée, puis leur dire trois mois plus tard que l’on arrête parce que je n’ai plus l’envie. J'ai un super groupe, ce sont les tout débuts, ce sont les premiers concerts qu'on est en train de faire ensemble. Mais ce sont des super chouettes mecs et ça donne une nouvelle vie, de nouveaux arrangements, des nouvelles couleurs aux morceaux. On va plus loin que le studio sur scène.

Fishbach

L’album, à ce titre, est très travaillé en studio comme un petit cocon. Comment retranscris-tu cela en live ? Il faut le livrer plus brut.
Fishbach : Exactement. On ne peut pas reproduire tous les effets de l’album mais on tente des trucs. Je vous laisse découvrir.

Une dernière question pour terminer : quelle question je ne t'ai pas posée et quelle est de la réponse à celle-ci ? On a déjà abordé le zouk avec un string donc on a été assez large.
Fishbach : Quand est-ce que sera le prochain disque ?
Eh bien j’ai envie de vous dire très bientôt. J’avais composé beaucoup plus de morceaux qu’il n’y en a sur l’album, j’ai dû en mettre plein de côté et j'ai très envie de retourner en studio pour les enregistrer.

Et on te retrouve au Hellfest avec Fred.
Fishbach : A fond à fond les ballons !

Merci Flora pour cette interview.
Fishbach : Merci à vous.

Merci à l’équipe de RP des Francofolies pour avoir permis la tenue de cette interview.