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Interview réalisée par Lionel et Djaycee au Furios Fest le 27 août 2022.


Rencontre avec le groupe au complet pour valider la période d’essai de Max en remplacement de Julien et se projeter vers l’avenir en évoquant la tournée à venir.

Djaycee : Merci nous accorder cette interview.
Nous vous avions laissé lors de notre dernière interview pour la sortie de " Coldness of silence ". Il y avait déjà Tony dans l'histoire...

Mathieu : Pour nous faire des petits sons dessus tout à fait.

Djaycee : On commence habituellement avec cette question : comment avez-vous vécu ces deux ans avec le covid ? Forcément, c'est un peu plus compliqué pour vous avec le décès d'un de vos frères d'armes. Comment se sont passés ces deux ans et comment vous avez souhaité rebondir ?
Mathieu
: Malheureusement, il s'est passé ce drame. On a composé cet album complètement, chacun de notre côté, parce qu'on ne pouvait pas répéter. Donc on a fait un album qui est un petit peu différent des autres. Nous sommes un groupe qui répète, qui aime bien entendre le son de la batterie en pleine gueule. Donc, on a découvert un nouveau mode de fonctionnement. Cet album est un peu différent des autres. Pour la suite ?
Ben voilà, on s'est demandé si Julien aurait aimé que l'on poursuive. En tout cas, il n'aurait jamais voulu que son décès entraîne le décès du groupe. Ça, c'est certains. Et donc, on s'est dit qu'il fallait qu'on continue parce qu’on est aussi amoureux de la musique. Et on s'est dit allez, on y va, on va voir comment ça se passe. On s'est dit allons y doucement, on va voir si on tient encore le coup. Et puis, ça a l'air de tenir ; on est toujours là.
Djaycee : Et avec un bel album en plus qui va chercher des sonorités un peu différentes. On parlait des featurings. Autant il y en a un qui est évident avec Toni, autant l'autre et peut-être un peu moins évident on va dire avec du chant en français en plus.
Mathieu : Effectivement c'est un featuring avec Wojtek.
Clément Knak : On lui passe le bonjour.
Romain : Le grand prince des rap contenders.
Clément Knak : Voilà, si on veut, c'est un vieux copain aussi. Et ça c'est fait comme une évidence, lui qui aime bien aller chercher des choses un petit peu différentes de ce qu'il fait, ça l'intéressait. Il aime bien un peu tout, quoi. Et puis c'est vraiment un vieux pote de BUKO depuis longtemps. On avait commencé aussi un projet Mathieu et moi, et Romain. Tous les trois, on faisait un peu backing band pour lui, pour développer un projet qui malheureusement n’a jamais vu le jour.
Romain : Et moi aussi, ça s'est fait naturellement. On n'a pas réfléchi au truc, on n'a pas envie qu'il soit là parce que c'est un copain et que voilà, il fallait que ça reste en famille.
Mathieu : on est très Val d'Oise, très copain, très famille, nous. Donc voilà, c'est comme ça.
Clément Knak : C'est vrai que ce morceau, normalement, " Arcus ", c'était le titre de l'album " We are Best " et donc on voulait ce côté ouverture d'album.
Romain : En fait, c'était un peu l'ouverture de l'album à la base. Avec lui.

Lionel : Vous aviez pensé la track-list différemment avec ce morceau en premier titre ?
Mathieu : Oui, la mort de Julien a vraiment tout chamboulé pour cet album.
Romain : En fait, on a choisi la track-list que Julien avait choisi. On a vraiment respecté un petit peu sa mémoire. Donc on a changé le nom de l'album. On a aussi changé au niveau du graphisme. On peut d'ailleurs remercier Zariel qui a rebondi tout de suite et qui a effacé tout ce qu'il avait fait et qui est parti sur la couv’ actuelle.
Lionel : Il avait déjà fait votre clip et les couv de singles.
Mathieu : exactement. Et donc là, il a réussi à rebondir très vite pour qu'on soit à peu près dans les temps par rapport au label.
Djaycee : Avec le covid, il y a eu une sorte de distorsion du temps. C'était aussi peut-être une façon de travailler un peu moins dans l'urgence. Il y a pas mal d'artistes qui nous ont dit " On est un peu moins pressés pour la sortie d'album ". Là, il y avait une telle incertitude que les artistes ont laissé un petit peu plus le libre champ à la création, même si c'était souvent du travail à distance.
Mathieu : C'est exactement ça. Notamment au niveau de l'arrangement car on a pu prendre notre temps et cela a été le pied. On a pris le temps de peaufiner certaines choses qu'on n'aurait pas fait, parce qu'on était toujours un peu serré. Tu enregistres avec un type, tu as un mois et à la fin il faut que tout soit plié. Et là, entre temps on avait du matos à la maison, on a pu avec HK, que l'on salue qui est là [avec les DROPDEAD CHAOS notamment - parrain du festival] qui nous a laissé aussi faire des arrangements chez moi. Donc on a pu revenir vachement plus longuement sur cette étape de l'album par rapport aux précédents.
Romain : Ce qui amène des sonorités un poil différentes.

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Djaycee : Tu parlais de l'artwork du disque et de comment vous l'avez complètement chamboulé. Et également pour les singles, puisque c'est toujours le même artiste qui a travaillé sur les singles. Vous avez tout remis à zéro pour rendre hommage à Julien.
Mathieu : En se disant que ce qu'il avait fait avant était très chouette, alors peut-être que ça servira pour d'autres choses.
Romain : Je le disais effectivement, tout a été changé parce que tout devait tourner autour de Julien sur cet album. Forcément, on ne pouvait pas passer à autre chose comme ça.
Djaycee : C'est vrai que malheureusement, l'année dernière, on a eu deux visages connus aux Victoires de la musique, que ce soit le bassiste de MASS HYSTERIA…
Mathieu : C'était fou.
Djaycee : C'est un frère d'armes. Mais c'est vrai qu'on préfèrerait voir la musique métal plus représentée et pas uniquement dans la partie nécro.
Mathieu : Mais c'est tout de même incroyable. On n'a jamais su qui a fait cela.
Romain : C'est un vrai point d'interrogation ça.
Djaycee : Je pense que c'est peut-être Mehdi de Veryshow qui a qui a fait cela pour MASS HYSTERIA. Ca a été mon premier réflexe. Et puis du coup, il s'est dit on ne peut pas faire MASS sans faire BUKO.
Mathieu : En tout cas, c'est ce qui serait le plus logique.
Romain : Je pense. Ça l'aurait fait marrer, Julien, de savoir qu'il se retrouve aux Victoires de la musique.

Lionel : Peut-être qu'on peut parler rapidement des deux premiers singles que vous avez sortis.
Mathieu : Eh bien, on a fait le premier qui s'appelle " Crossroads ", qui a été réalisé aussi par Zariel et un copain à lui. Le dernier où apparaît le Juju.



Clément Knak : Qui ne devait pas du tout sortir au moment où nous l’avions sorti. Nous avions avancé la sortie de ce titre. Et effectivement, on l'expliquait par la volonté de faire passer avant la promotion du titre, le fait que pour nous, c'était important en fait de lui rendre hommage. Et effectivement, ça ne rentrait pas du tout dans la logique de promotion de l'album.
Mathieu : Mais qu'on devait respecter.
Romain : Oui, c'est ça et l'idée, c'était vraiment de le faire parce qu'on voulait le faire et qu'on voulait rendre hommage à Julien et que c'était l'une des manières les plus pertinentes pour nous de le faire, en fait.
Mathieu : Voilà donc ça c'est pour le premier et pour le deuxième " NCFYC " (visible ici), il a été réalisé par Brice Hincker de CHS Prod et Amélie Diane. Il parle des addictions et il a un petit peu été prémonitoire par rapport à ce qui s'est passé après. Et voilà, on ne veut pas trop plomber l'ambiance non plus. On est quand même hyper joyeux d'être là, de continuer la musique. L’album a été complètement enclumé par cela. Et donc voilà, ça parle aussi des addictions. Lors de la réalisation du clip, on s ‘est dit qu’on n’allait pas mettre des mecs en train de se piquer ou de picoler. Donc on a essayé d'imaginer des trucs un peu plus ésotériques autour de ça pour ne pas tomber complètement dans les explicatifs. Nous n'avons pas cherché la facilité.
Romain : Nous avons cherché une représentation plus poétique plutôt que de montrer des mecs ravagés.

Djaycee : Vous allez sortir d'autres singles avant la sortie de l’album ?
Romain : On va avoir un morceau qui va sortir pour la sortie de l'album.
Mathieu : On a fait le tournage mardi dernier exactement. Mais on ne peut pas trop en dire plus pour l'instant parce que c'est une petite surprise.
Clément Knak : On peut dire le titre ? C'est " Vox populi ".



Djaycee : Comment avez-vous vécu le revival de NOWHERE ? Est-ce que vous êtes toujours en contact avec David et John ?
Mathieu : Plus avec David grâce à la technologie moderne. On voit bien sûr Tony avec PERFECTO notre autre projet, mais aussi Davy de PLEYMO. Et puis bon, après, on ne voit pas tout le monde. Mais quand on se croise, on est ravi de se revoir. On boit des petits coups ensemble depuis et on s'est fait ici un chouette resto avec tous les copains il y a un an. On s'est tous réunis à Paris, puis on se fait une bouffe ensemble, afin de parler du bon vieux temps.
Romain : Je pense qu'il y a des choses qui se passent, sur lesquelles on n'est pas forcément au courant.
Clément Knak : Mais si je ne m'abuse, on est entré dans la NOWHERE il y a quelques temps ?
Romain : On suit le truc d'un peu plus loin, même si on est ravi d'en faire partie. Mais c'est vrai qu'on suit le truc d'un peu plus loin. Le jour où il y a besoin, on sera ravis de devenir filer un coup de main.

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Djaycee : La question à la con pour finir.
Quelle est la question que nous ne vous avons pas posée et quelle est la réponse à celle-ci.

Mathieu : Je dirais bien bienvenue à Max.
Romain : Veux-tu entendre sa voix ?
Max : Bonjour !
Mathieu : Max, qui aura eu la lourde tâche de remplacer Julien, qui était un très bon pote à lui.
Max : Je suis content. Mathieu, il m'a appelé il y a six mois maintenant, pas très longtemps après le décès de Julien. Il m'a fallu quelque temps pour ruminer le truc parce que déjà d'une je suis guitariste et pas bassiste. Et ce n'est pas exactement le même jeu...
Mathieu : On lui a dit " mais si ça va le faire. "
Max : Le vrai challenge, ce n'est pas du tout technique, parce que si Mathieu m'avait appelé, c'était parce qu'il avait besoin de quelqu'un qui avait l'expérience de la scène et des tournées…
Mathieu : Et surtout un copain. Parce qu'il faut se farcir 6 à 7 heures de camion avec quelqu'un donc si c’est quelqu’un avec qui ça ne colle pas, tu sais que cela ne tiendra pas.
Max : Et là, je n'ai aucun souci là-dessus. Le plus dur réellement c’était la charge émotionnelle, parce que Julien était un super ami aussi. Je me rends compte également que BUKOWSKI, pour pas mal de monde représente beaucoup de choses. Il y a des gens qui font aussi beaucoup de route pour venir nous voir. C'est fou. Et le soir, ils rentrent chez eux parfois dans des états douteux. C'est tout ça qu'il faut aussi prendre en compte. Et puis, tu arrives " Salut. Bon bah, je vais essayer de faire ce que je peux ". On ne peut pas remplacer ce type là parce que personne ne le pourrait en même temps, il faut faire sa place. Donc voilà, j'essaie.
Mathieu : Parce que ce ne sera jamais pareil.
Max : Mais quand j'essaie de faire mon chemin.
Romain : En fait, le but étant que BUKOWSKI ne soit pas boiteux, que BUKO reprenne la flamme et que ce soit crédible. Surtout sur scène et que ce soit cohérent.
Clément Knak : On est plutôt bien parti.
Romain : Et ça s'est fait logiquement. Le fait que ce soit un copain. Moi je ne le connaissais pas. Toi tu connaissais déjà.
Mathieu : Oui c'est une longue histoire d'amour.
Romain : Mais je me rappellerai toujours la première répète où on a joué des trucs et qu’on a senti de suite que ça marchait. Ouais, ça marchait vraiment, c'était immédiat. C'était assez fou quoi.
Max : Je suis pris finalement, c'est bon ?
(rire de tous)

Lionel : Vous avez fait déjà de quelques dates avec ce nouveau line-up ?
Max : On a fait une petite dizaine de dates. Je n'ai pas participé à l'album, mais j'espère participer au prochain.
Clément Knak : Pas sûr ! (rires).

Djaycee : Super merci !
Un dernier mot pour nos lecteurs ?

Mathieu
: Merci le Furios fest de nous avoir invités cette année, on est ravi d'être là.
Romain : Écoutez l'album, qui est sorti le 23 septembre chez At(H)ome. Merci à tous les intervenants et vivement la tournée !

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