Interview réalisée par Virgile par mail au mois de septembre 2022.
Bonjour Nicolas merci pour l’interview.
Je te connais surtout à travers ton travail de tatoueur et cover artist pour NEFASTES notamment. Comment est né ce projet de One Man Metal Band TOTENGRÄBER ?
Merci à toi et à l’intérêt que tu portes envers mon travail.
Ce projet est né en parallèle d’un autre projet musical au nom de VIVA VAZEKTOMIA que nous avions monté avec mon ami Bloody. Mais comme ce projet prenait une orientation plus Death/Grind, j’ai eu envie de composer quelques morceaux de façon plus personnelle, et avec des textes et des ambiances qui me sont propres... Et quand je suis arrivé au 5ème morceau, je me suis dit que ce serait peut-être bien d'en faire un recueil, surtout que j’avais encore des idées et des choses à dire.
Comment s'est faite la signature chez Asgard Hass Productions ?
Là c'est une fois de plus la magie de ma profession car c'est par l’intermédiaire d'un client fan de Black Métal que j'ai été mis en relation avec " Astérix " d’Asgard Hass... Et le contact c'est immédiatement très bien établi !
Comment s'est passée la composition ?
Tout s'est déroulé de façon assez instinctive. Généralement, j’ai des idées de riffs qui me viennent en prenant ma gratte, puis d'autres m’arrivent comme des réponses aux premiers ou comme leurs déclinaisons. Après j’organise tout ça un peu comme un train en y intégrant parfois des breaks ou des enchaînements entre certains wagons.
Puis je passe à la programmation de la batterie sur laquelle je viendrais jouer la basse et les guitares et finir par le chant.
C'est qui ce personnage de Totengräber (fossoyeur) dans l'album ? Personnellement, je l'interprète comme un fossoyeur durant la guerre comme sur le clip.
En fait c'est surtout un personnage anti-humain qui est là pour enterrer l’humanité. Il faut savoir que " Totengräber " signifie " Fossoyeur " en allemand mais que c'est aussi le nom que porte une espèce d’insectes nécrophages et incubateurs. Ces insectes creusent une cavité sous les petites dépouilles qu'ils rencontrent afin de les faire tomber dedans comme dans une tombe. Puis les recouvre après y avoir déposés leurs larves... Donc ils enterrent de petites charognes pour que leurs progénitures puissent se développer en toute quiétude. C'est d'ailleurs le thème des paroles du dernier morceau " Inseminated Corpse ". Je trouvais donc intéressant de lui donner une allure d’insecte avec ce casque et ses mandibules.
Quelles sont les thématiques de l'album, certains textes ont l'air assez personnels " Syndrome " notamment ?
Les thématiques peuvent sembler être assez variées mais elles sont souvent issues de rêves ou effectivement de goûts et d'expériences assez personnels. Quel est ton approche au niveau du chant ? Il a un aspect vraiment démoniaque.
Alors pour le chant ça a vraiment été la surprise totale !!! J’avais bien fait quelques backings sur VIVA VAZEKTOMIA mais je n'avais jamais vraiment chanté... Et bon vu que c'est un album studio, je me suis permis parfois de faire des superpositions (à la DEICIDE) qui renforce ce côté démoniaque dont tu parles.
La programmation au niveau de la batterie donne un aspect défouloir chaotique et cathartique.
Je voulais vraiment que la batterie soit très violente ! Certains diront qu'elle ne sonne pas toujours bien naturelle ou que certaines parties sont quasiment injouables... Mais c'est un album studio et je ne me cache pas que la batterie soit de la pure programmation...
Comment s'est passé l'enregistrement et quelles étaient tes envies pour le mix ?
L'enregistrement c'est entièrement déroulé chez moi durant une petite année. Morceau par morceau ou parfois 2 plus ou moins en parallèle... Certains sont restés en instrumental plus longtemps que d'autres en attendant que je puisse écrire le texte. Et finalement, ça me fait une moyenne d'un morceau par mois.
Pour ce qui est du mix, je voulais un rendu avec une certaine densité et des guitares très présentes.
A quel moment as-tu décidé d'intégrer la contrebasse de John Teada sur " Le Trompettiste… Mort ", je trouve qu'elle apporte un moment de calme au milieu du chaos de l'album.
John est un ami de longue date que j'ai rencontré en tant que client tattoo. Aux vus de ses goûts artistiques et du fait qu'il soit musicien, nous avons vite sympathisé ! Et depuis plusieurs années, John a intégré l’école de Jazz de Montreux. À la base guitariste, il étudie maintenant la basse et la contrebasse. Et comme je suis un grand fan de la contrebasse autant pour l’objet que pour son son, c'était pour moi une belle opportunité de pouvoir l’inviter sur ce projet. Et c'est un véritable plaisir ainsi qu'un grand honneur de l’avoir sur mon album !
À l'écoute de l'album j'ai eu l'impression de subir un bombardement sans interruption, une course contre la montre.
Haha, ça doit sûrement venir de mon tempérament ?! J'aime quand ça " tartine " !
Le choix de L'allemand sur le titre " Totengräber " donne un résultat hyper martial.
Tu l'auras compris, c'était le but ! Et comme " Totengräber " est un mot allemand, je n’avais pas vraiment d’autre choix que de l’écrire en allemand.
Comment as-tu choisi pour le chant les langues (allemand, français et anglais) ?
Donc comme on vient de le dire, " Totengräber " se devait d'être écrit en allemand. Puis je suis quand même plus à l'aise avec ma langue maternelle... Et enfin, je trouvais intéressant de finir par un texte en anglais. Déjà par son titre " Inseminated Corpse " qui sonne carrément mieux en anglais, avec un petit clin d'œil à CANNIBAL CORPSE. Et en plus, le thème de ce dernier est en relation directe avec le premier morceau, comme pour boucler la boucle. Ça me semblait donc cohérent que ce soit les 2 seuls morceaux qui ne soient pas en français.
Que signifie G6GR6C6 ?
Haaaaaa en voilà un drôle de code ?! En fait, c'est presque une coordonnée GPS. Il faut juste remplacer l’avant dernier " 6 " par un " + ". Vous pouvez donc aller sur Google maps et entrer " g6gr+c6 " puis zoomez au maximum. Je pense que du coup le texte d'un style assez " fantastique " prendra alors tout son sens. C'est pour moi un lieu assez magique qui malheureusement subit les méfaits du réchauffement climatique...
Parles-moi du titre " La dérupe ", j'ai l'impression d'assister à une marche forcée.
" La dérupe " , en argot vaudois c'est une pente bien raide. Le thème est directement inspiré de l'un de mes rêves, comme d’autres morceaux présents sur cet album. C'est une histoire de chasse à l'homme dont j'étais la proie et qui se finit plutôt mal... Il faut savoir qu'à l’époque, en face de chez moi, se trouvait l’abri atomique du village (fréquent en Suisse) et qu'il servait de local de répétition pour " Les tambours de la jeunesse " (une tradition locale) et que malgré le fait que ce soit dans un abri atomique souterrain, je pouvais un peu les entendre depuis chez moi. Je pense aussi que l'on peut dire que j’ai une vie nocturne assez chargée !
Comment sont arrivés Julien Truchan et V Bloody sur " Syndrome " ?
Le morceau " Syndrome " parle d'un passage de ma vie qui fut assez violent. Julien, étant un ami de longue date, fut d'un grand soutien durant cette période difficile et je trouvais essentiel qu'il puisse participer au chant ainsi que Bloody avec qui nous formions VIVA VAZEKTOMIA.
Quelles sont tes inspirations musicales ? La batterie programmée me fait penser à ANAAL NATHRAKH et pour le reste (riffs et chant) à des groupes de black des années 90.
Et bien tu viens très bien de le résumer ! J’ai voulu développer un style selon mes propres inspirations et mes influences : donc un Black Metal Old School, autant violent que mélodique, sans compromis et avec une batterie programmée dans la veine de certains albums d’ANAAL NATHRAKH.
Parles-moi de la cover de l'album et du booklet. J’ai l'impression que ce fossoyeur à enterrer toute la terre entière…
C'est exactement ça ! Puis je souhaitais offrir un graphisme assez Old School, à mon image... C'est que je ne suis plus tout jeune, haha. Un logo simple, lisible et Rock'n'roll qui n'est pas sans nous rappeler celui de MOTÖRHEAD et des dessins en doubles pages comme on pouvait voir sur certains vieux albums d’IRON MAIDEN...
Quelle est ta définition du chaos ?
Voilà une question à laquelle je ne m'attendais pas ! Pour moi, le chaos est sûrement le moment où tout s’écroule, où tout se percute violemment dans une autodestruction... Mais aussi certainement ce qui permettra une renaissance par la suite.
Où peut-t-on se procurer l'album ?
Le plus simple est de passer vos commandes sur le label Asgard Hass Production !
Prévois-tu du merchandising ?
J’ai déjà fait une série limitée de patchs (il n’en reste presque plus). Et à l’heure où je te parle les t-shirts (double face + écusson sur la manche) viennent d’arriver. J’en profite pour remercier Nathalie, ma chérie, qui grâce à son expérience avec sa marque Black Hurricane, m'a conseillé et aidé à sortir ce merchandising !
Prévois-tu d'amener le projet en live ?
C'est effectivement dans mes projets ! Monter une équipe de choc afin de jouer certains titres de cet opus ainsi que de nouvelles compositions plus taillées pour du live.
La question que tu aurais aimé que je te pose ?
Vu la pertinence de tes questions rien ne me vient spontanément à l’esprit… Mais oui peut-être juste une précision : la basse enregistrée sur cet album à été jouée sur ma Jack-Bass. La Jack-Bass est un instrument que j’ai entièrement fabriqué et qui a comme particularité en plus de ce jouer comme une contrebasse, de pouvoir servir de whisky ! Ce qui reste un atout considérable pour un musicien ! On peut trouver une démonstration de cet instrument sur ma chaîne youtube : Nicko MetalInk " the Jack-Bass "
Merci pour l'interview, je te laisse le mot de la fin pour les lecteurs…
Vu que c'est ma toute première interview en tant que musicien je vais rester très simple : j'espère que vous prendrez du plaisir en écoutant cet album !