Point Mort


Interview réalisée par Virgile par mail au mois de Mai 2022.


Bonjour et merci pour l’interview.
Pouvez-vous vous présenter ainsi que le groupe ?
Sam : Hello, je suis Sam, je suis la vocaliste du groupe. POINT MORT, pour faire simple, c’est un projet inscrit dans le genre Post Metal et dérivés, mais qui touche un peu à tout. On aime les rythmes chaloupés, tantôt tendres et tantôt brutaux.
Damien : Salut, je suis Damien, le bassiste du groupe.

J'avais eu l'occasion de vous interviewer en septembre 2019 à l'Espace B pour la sortie de votre EP " R(h)ope " avant la fin du monde. Vous revenez cette fois-ci avec votre premier album " Pointless… ". Dans quel état d'esprit étiez-vous durant sa création ?
Sam : La création de " Pointless… " a commencé dès la fin de l’enregistrement de " R(h)ope " et s’est étalée jusqu'en juillet 2021, période où on l’a enregistré. Mais c’est vrai qu’une grosse partie de la compo a eu lieu en 2020, pendant le confinement. Mais on était plutôt serein. On a pu profiter du " stop " pour mettre à profit et s’engager totalement sur la compo. A distance dans un premier temps, mais on a vite réussi à répéter de nouveau ensemble. On avait booké le studio chez Amaury très rapidement à l’issue de " R(h)ope ". Du coup, on avait cette échéance en tête, ça nous a motivé.
Damien : Oui on était en mode " création d’un album " dès 2019, on a eu en effet la chance (non, le nez !) d’avoir booké le studio avant la pandémie…

Ça vous fait quoi d'enfin pouvoir sortir ce premier album ?
Sam : Enfin… Pour être honnête, on n’a pas l’impression d’avoir spécialement chômé. On a enregistré tous les deux ans depuis qu’on existe. Certes des EP, mais qui avoisinent les 30 minutes. Donc on est super heureux et fiers. Mais ce n’est pas une réussite parce que c’est un album. C’est une réussite parce qu’on a écrit la musique qu’on voulait vraiment transmettre. Toucher au format album n’était pas une nécessité. On avait ces 8 morceaux, qui fonctionnaient parfaitement ensemble, à notre goût. C’est cela qui a été décisif.

Comment avez-vous vécu la période du Covid et comment étiez-vous à la reprise des concerts fin 2021, c'était comment de renouer avec le public ?
Sam : Comme je disais, on n’a pas trop souffert de cette période. Pour ma part, j’ai même vécu l’isolement avec quiétude. C’est étrange, mais les concerts ne nous ont finalement pas plus manqué que cela. En revanche, la reprise a été super, comme si on n’avait jamais arrêté en fait. Un vrai plaisir de retrouver les gens IRL.
Damien : On a pu refaire des concerts dès septembre 2021, juste après l’enregistrement qui s’est fait pendant l’été. C’était un très bon timing, confort pour nous…
Et les concerts qu’on a fait depuis cette reprise se passent très très bien.

Point Mort

" R(h)ope " parlait de la dualité des mots, des doubles sens, quelle est la thématique de " Pointless " ?
Sam : " Pointless… " a des thèmes variés. Mais j’ai conservé cette appétence pour les oppositions, le fatalisme versus l’espoir. Je suis toujours autant dans la métaphore. J’aborde des sujets qui me touchent, me heurtent. Le faire sous le prisme de la prose est plus facile. Et puis cela évite au groupe de tomber dans le militantisme. Ce n’est pas notre truc.

Comment composez-vous ?
Sam : On part souvent d’un squelette de morceau, qui peut être apporté par chacun de nous en fait. De là, on éprouve en live tous ensemble, et on sculpte jusqu'à ce que la forme finale nous plaise. Et pour ce faire, on n'hésite pas à coller un bras à la place d’une jambe, si tu vois ce que je veux dire. On crée notre propre créature, c’est pour cela que les morceaux sont assez disparates. On ne se censure pas et on ne se bride surtout pas pour amputer, arranger, déconstruire pour le bien d’un morceau.
A mi-chemin entre Frankenstein et Michel Ange cette réponse ;)
Damien : Ce qui provoque souvent des débats…. Et donc, on se retrouve des fois avec des parties entières qu’on retire, qu’on jette à la poubelle parce qu’on trouve le résultat du morceau pas cohérent. Frankenstein n’a effectivement pas collé un genou sur le front de sa créature (à juste titre), par contre, nous on lui aurait bien collé des bras et des jambes en plus, c’est sûr (pour échapper aux villageois tout ça tout ça).

L'album est moins sludge que l'EP. A quel moment est venue la direction de l'album ?
Simon : Rien n'est prémédité stylistiquement, en tout cas pas dans la globalité de l'album. Il arrive qu'on débute l'écriture d'un morceau avec une envie plus précise d'où on veut aller stylistiquement ou une influence en tête mais on ne se dit pas " ok il faudrait que l'album soit moins sludge et plus hardcore que le précédent ou que sais-je ". On a écrit les chansons telles qu'elles nous plaisaient individuellement et comme elles ont toutes été écrites par les mêmes personnes dans le même laps de temps assez court, l'album résultant est au final assez cohérent, ou du moins on espère !
Damien : Nous avons eu un changement de line-up entre " R(h)ope " et " Pointless… " avec l’arrivée d'Aurélien qui a, je pense, moins d’affinité naturelle avec le sludge, cela a dû jouer également.

Sam, tu as une manière assez viscérale et cathartique de chanter. De quelle manière poses-tu le chant et à quoi penses-tu quand tu chantes ?
Sam : Ce qui prime pour moi, ce sont les lignes mélodiques. Cela doit forcément être instinctif, spontané. La musique m’inspire des sonorités, une langue. Et de là des mots commencent à s'imprégner et je commence l’écriture à proprement parler. Mais souvent, j’ai déjà une idée de thème, que la musique m’inspire également.
Sur cet album, la place laissée au chant clair est plus grande…
Sam : Oui, en effet. On avait envie d’explorer un peu plus cette palette et d’y consacrer plus de temps. On n'en avait pas vraiment eu l’occasion par le passé.
Quand décides-tu de chanter au français ou anglais ?
Sam : Comme je le disais avant, c’est la musique qui m’inspire la langue.

Point Mort

Comment s'est passé l'enregistrement de l’album, toujours en mode " live " ?
Sam : Oui toujours. Pour le moment, ce mode d’enregistrement nous convient bien et nous permet d’avoir des morceaux taillés pour le Live. On aime le fait d’être tous ensemble dans l’instantanéité. Pas de triche possible. Mais avec des morceaux de 10 minutes, la difficulté s'accroît et pas sûr qu’on reste sur ce modèle. A méditer.

Y-a-t-il eu moins de prise de tête que sur l'enregistrement de l'EP ?
Sam : Ah bon y’avait eu des prises de tête sur le EP ? ;)
On était beaucoup plus préparés pour " Pointless… ". On avait fait des pré-prods maison, on a fait des pré-prods avec Amaury aussi. Bref, quand on est arrivé en studio, on avait une idée très arrêtée de ce qu’il allait être, à la note près.
Damien : On n'est jamais assez préparé certes, mais tout ce qui est travaillé en amont permet d’être (un peu) plus serein en studio.

Quelles étaient vos attentes au niveau du mix/mastering ? L'album semble moins chaotique et plus nuancé ?
Simon : Quelles qu'aient été nos attentes, je pense qu'elles ont été atteintes puisque nous sommes tous ravis du travail de mix et de master sur l'album. Le cahier des charges n'était pas très fourni en fait : il fallait que ce soit à la fois très naturel, j'entends par là que ce soit une photographie assez fidèle de comment sonne le groupe à ce moment donné, et très pro.
C'est vraiment un graal pour un groupe amateur comme nous d'arriver à sortir une production qui peut passer sans faire tâche dans une playlist au milieu de titres enregistrées par des groupes pro avec des moyens faramineux. Et sans pour autant sonner calibré et formaté, avec le même son de batterie à base de packs de sample et les mêmes modélisations d'ampli guitare qu'on entend partout en ce moment et qui gâche beaucoup de morceaux autrement super !

Votre musique me fait penser à une tornade, à une spirale infernale…
Sam : Oui pourquoi pas. C’est un peu spectaculaire peut-être, mais au cœur de la tornade, pas d’inquiétude, ça ne risque rien ;)

Parlez-moi du titre " Olympe ". J'aime beaucoup sa progression et comment s'est passé son écriture ?
Simon : Le squelette de base d’ " Olympe " a été écrit par Olivier (guitare). Nous lui avons ensuite appliqué le traitement habituel, on joue le morceau ensemble et tous les éléments qui nous font tiquer ou qui ne sont pas à leur place sont retravaillés. Certains passages d’ " Olympe " ont connu un certain nombre de versions mais dans l'ensemble, le résultat final est assez fidèle à la première démo.
C'est un morceau dont on nous parle un peu plus que les autres, je pense que ce qui interpelle c'est son côté très accessible malgré l'apparente longueur. Si on le regarde d'un peu plus près, c'est un des morceaux les plus simples de l'album structurellement. Toute la deuxième partie s'articule autour d'une structure couplet / pré-refrain / refrain dont nous ne sommes pas spécialement coutumiers ! "

Corners… " est un très bon moment dans l’album. Vous avez pris le temps de poser l'ambiance, l'atmosphère et que vouliez-vous raconter avec son clip ?

Damien : Je crois que l’idée d’un titre " calme " et " simple " nous trotte dans la tête depuis longtemps. Bon, ce morceau est loin d’être une partie de plaisir à la guitare apparemment, on ne peut pas aller contre sa vraie nature manifestement :) Ce morceau a vraiment pris vie lorsqu’il a été enregistré en toute fin de journée en studio après de nombreux jours déjà bien éreintants. C’est devenu immédiatement un de mes préférés de l’album à cause de sa fausse évidence et de son côté mine de rien étouffant. C’est un titre qui parle d’enfermement, d’errance et de solitude. Nos clips étaient jusque là ancrés dans le " réel ", pour celui-ci, avec Jess (qui fait les vidéos avec moi) on n’a rien intellectualisé ni réfléchi, on est parti de ce thème donné par Sam (elle écrit tous les textes de POINT MORT) et de la tonalité de la pochette de l’album pour monter des images qui devaient être notre ressenti par rapport à ça. Ce manque d’oxygène et tourner en rond, c’est ce que c’est censé représenter !

Point Mort

Parlez-moi de la cover de l'album qui est apaisante, ce qui contraste avec la violence et la furie de votre musique et que représente ces points de suspension… ?
Sam : Oui, on a une musique de contraste alors on aime aussi que cela se traduise dans nos visuels. Il y a pleins de moments doux aussi dans POINT MORT, on aime nuancer. Et les textes sont aussi ambivalents. Alors, proposer une pochette pastel, où on voit clairement un gros chrysanthème et un cercueil au dos, ça nous semble assez raccord avec nos propos.
Et les points de suspension vont dans ce sens. Il sont là pour montrer que ce n’est pas complètement fataliste. C’est une ouverture.

Vous avez le Post In Paris et le Hellfest de programmé.
Avez-vous d'autres dates de prévues ?

Sam : Oui, on participe également au Macumba Open Air Festival, le 7 août à Teillay. Puis on tournera un peu en France à l’automne au mois d’octobre, avec notamment une date de Release Party, le 22/10 à FGO Barbara à Paris.
Damien : Notez bien que la release se déroulera au FGO Barbara, rue Fleury. Comme l’artwork. Je dis ça je dis rien.

La question que vous auriez aimé que je vous pose ?
Simon : notre parfum de glace préféré.
Et la réponse ?
Simon : Menthe-chocolat est un classique difficilement détrônable.

Merci pour l’interview. Je vous laisse le mot de la fin…
Sam : Merci Nawak Posse et merci à tous ceux qui liront cette interview. Soyez curieux, sortez voir du live, y’a que ça de vrai.