Akiavel


Interview et photos réalisées par Djaycee par mail au mois de juin 2023.


Bonjour à tous.
Merci de nous accorder cette interview.

Auré (chant) : Salut ! Ravis de pouvoir répondre à tes questions !

Comment avez-vous appris que vous alliez jouer au Hellfest ? Le coup des visas… Poutine est un pote ?
Chris (guitare) : Notre tourneur, Rage Tour, nous a envoyé un e-mail nous disant de nous tenir prêt car il y avait des slots qui se libéraient, certains groupes ne pouvant plus quitter leur territoire suite au conflit Russo-Ukrainien. Notre nom était sur la liste et que les possibilités de rejoindre l’affiche allait se confirmer ou pas rapidement, on a eu la confirmation quelques heures après.
Auré : Oui et ça a été très vite ! A peine le temps de réaliser ! C'était incroyable !

Avant de parler de votre prestation, faisons un retour si vous le souhaitez sur votre album qui est sorti en février 2023 (fin décembre 2022 en numérique ?). Quel est le retour que vous en avez auprès du public et dans la presse ?
Chris : unanime, beaucoup le trouve plus abouti que les deux autres, je pense personnellement qu’il est dans la suite logique des deux précédents.
Jay (basse) : Effectivement, je rejoins Chris, il est la suite logique des deux précédents.
Auré : L'accueil de ce troisième opus est juste fou ! Beaucoup de positif ! Nous avons voulu travailler un album dans la continuité en effet, avec un thème peu commun pour le Metal, le passage de l’ombre à la lumière, un message positif !

Parlons maintenant du Hellfest. Vous avez joué sur la scène Temple c’est la scène que vous affectionnez le plus ou vous avez le regard tourné sur les mainstage ?
Chris : N’importe quelle scène nous va, 100, 1.000 ou 10.000 personnes, nous donnons la même énergie. Et, surtout, nous avons la même envie de faire plaisir et de nous faire plaisir !
Jay : La Temple est évidemment une super scène, grande, super équipée, avec un super public et de grands noms internationaux qui l’ont foulée, ça n’aurait aucun sens de s’en plaindre en disant que l’on préfère telle ou telle autre. Pour ce qui est de la MainStage, oui nous la visons puisqu’elle permet, à certains horaires du moins, de toucher un public encore plus large. Mais nous ne sommes pas décisionnaire sur cela. C’est donc grâce à notre travail que nous entendons montrer que nous la méritons pour 2025 (rires).
Auré : Tout pareil, la Temple a été une chance extraordinaire ! Nous avons eu quelques retours disant que notre musique aurait été plus adaptée à l'Altar, mais là il s’agit de querelles de clochers (et d’avis subjectifs d’ailleurs), ne chipotons-pas ! Haha !
Cette scène a été super confortable, une équipe dingue de professionnalisme rythmait le running order et l'installation, le public était au rendez-vous… Bref j'ai pas les mots pour décrire ce que nous avons ressenti, tellement c'était magique !
Après bien sûr, on ne s'arrête pas là et on vise évidemment la Mainstage en travaillant encore plus fort ! Cet avant-goût motive plus que tout !

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Vous attachez beaucoup d’importance à vos visuels, comme le démontre la pochette de votre album. Je crois que le line-check est assez court, vous avez pu retrouver vos marques et faire le set que vous aviez souhaité ?
Chris : oui le visuel est essentiel de nos jours, il faut avoir des rendus pros si tu veux être considéré comme un pro. On s’entoure donc de Mr Cana pour les photos et clips, il a parfaitement saisi nos souhaits et idées en matière de rendu artistique.
En ce qui concerne le set, le groupe est prêt à monter sur n’importe quelle scène à n’importe quel moment, et à jouer le temps qu’il faut, sans besoin de répétition ou filages spécifiques. AKIAVEL, toujours prêt ! Ce fût le cas pour le Hellfest, où nous avons été prévenus seulement 15 jours avant.
Auré : en effet, en équipe nous avons décidé d'aller dans la même direction artistique, et créer les photos et clips en fonction des textes et des thèmes abordés, il est plus facile de rentrer dans notre monde si tout à une certaine cohérence, et les retours du public à ce sujet sont unanimes !
En ce qui concerne le timing du set, nous avons quelques titres "gravés" puis nous greffons les chansons les mieux adaptées en fonction du temps que l'on nous offre de jouer, et de l'endroit aussi. Et puis, au fil du temps, nous restons également à l'écoute des réactions et retours du public des concerts passés lorsque nous préparons les dates suivantes.
Au Hellfest nous avons choisi de donner 10 minutes de notre set à l'ONG Savage Lands pour la faire connaître et pouvoir inviter 3 personnes pour jouer avec nous sur une reprise de SEPULTURA (“ Roots Bloody Roots ”) ; Sylvain Demercastel, président de l'ONG, Nils Courbaron ambassadeur ESP Guitars France, et notre tourneur et chanteur du groupe TAGADA JONES, Niko.
C'était un moment incroyablement intense et franc de camaraderie, tout le monde s'est amusé et le public à été conquis par cette surprise ! Tout le monde est heureux, c'est fantastique !

Comment prépare-t-on une set pour le Hellfest ? On va piocher dans les morceaux les plus brutaux ?
Chris : pas spécialement, il faut trouver ceux qui vont le plus accrocher le public dans le temps qui nous est imparti, 40 min en temps normal à cet horaire sur la Temple, pour nous 30 min puisque nous avions décidé de jouer “ Roots ”.
Auré : ça a été le sujet de grandes discussions entre nous pour essayer de trouver le set le plus adapté au festival, à la scène Temple, et au timing qu'on nous a donné moins 10 minutes…
Nous avons décidé d’interpréter effectivement une majorité de morceaux violents et accrocheurs, histoire de rester cohérents avec un public aussi énervé qu'au Hellfest ! A contre-coeur nous avons laissé d'autres de côté plus mélodiques qu'on adore jouer. En tous cas, le set est passé à une vitesse fulgurante, et on ne plaisante pas avec le timing sur un aussi gros festival, l’heure c’est l’heure !

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Revenons sur le site. Etait-ce votre première fois sur le site ? Si oui comment le trouvez-vous ? Si ce n’était pas la première, comment avez-vous trouvé les changements ?
Chris : je l’ai fait plusieurs fois en tant que festivalier, j’ai joué deux fois au Hellfest Off, une fois au Kult mais jamais sur le site lui-même, là c’était la première fois et c’est juste une organisation de fou. Le Hellfest a grossi et s’améliore d’année en année, n’en déplaise à certains, c’est franchement une belle réussite en tout point.
Auré : oui aussi en tant que festivalière mais c'était ma première fois sur scène ! On sent dès la première guérite l'ampleur du Hellfest ! Tout est extrêmement organisé, on se sent en sécurité, l'accueil des bénévoles et du staff a été extraordinaire, tout est plus grand… On est de suite en immersion dans le monde du métal à grande échelle. Les décors et les animations sont dingues. Des tentes de merch, des sponsors, des marques de musique, d'alcool, le coin VIP, médias,... Tout, absolument tout, est fait pour une population métalleuse.
Dans la vie de tous les jours, on peut vite passer pour des extra-terrestres avec nos corps tatoués, nos t-shirts de groupes, et là, on arrive dans un monde où on est tous semblables, c'est presque soulageant en vérité !

On vous avait vu la veille sur la Hellstage avec les LOCO MUERTE et Sylvain ex-ARTSONIC et fondateur de SAVAGE LANDS… c’était de la pure impro ou vous étiez préparés à transformer la Hellstage en Warzone ? En plus avec le Parrain Stef Buriez…
Auré : c'était parfaitement improvisé… HaHaha ! Les LOCOMUERTE, c'est un gros coup de foudre amical et musical, depuis notre première scène ensemble on se suit à distance et j'en écoute beaucoup aussi. Du coup, hors de question de louper les copains sur cette scène, on était au premier rang et ils m'ont fait monter sur scène pour appuyer le refrain, d'en haut j'ai vu Stef de LOUDBLAST dans le public et naturellement il m'a rejoint, bref ! Juste la "Familia" qui passe un super moment improvisé le temps d'une chanson c'était trop bien !
Vous aviez d’ailleurs fait une mini-tournée avec LOUDBLAST, quels souvenir en gardez-vous ?
Chris : Les LOUDBLAST sont devenus des amis et on en garde des super souvenirs, ils vont sortir un nouvel album nous espérons avoir encore l’occasion de partager des dates avec eux, on s’entend vraiment bien aussi côté professionnel, c’est génial comme ambiance.
Jay : La tournée avec eux était formidable, ce sont des personnes bienveillantes qui nous ont beaucoup appris.
Auré : Exact ! Pour la plupart, je les connaissais déjà depuis quelques années, le fait d'avoir partagé ces moments avec eux ça a été une expérience géniale et on a beaucoup appris près d'eux !

Revenons sur les featurings : finir son set sous les caméras de France 3 (merci à eux pour nous avoir privé de la photo de fin prise de la scène) avec en guest Nils de DROPDEAD CHAOS, Niko de TAGA JONES et Sylvain (encore lui) sur le titre " Roots Bloody Roots ", c’est un peu un finish rêvé ? (Sylvain avait d’ailleurs une guitare qui était le lot de la tombola de Savage Land)
Jay : En effet, ce fut un bon finish. Je me suis régalé, bien qu'il y ait eu un peu de pression car nous n'avions pas répété le titre. Tout le monde était en mode full impro.
Chris : Et le tout sous l’oeil de 2 équipes de TV (rires).

Pourquoi Chris fait-il toujours les gros yeux aux photographes, on va finir par flipper en bas nous ?
Chris : l’âge me rend aigri… et j’y vois de plus en plus mal aussi (et surtout) (rires)
Auré : il écarquille pour mieux me voir arriver… Il raconte partout que je lui fais du mal sur scène ! Haha !

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Quel souvenir allez-vous garder de ce concert ?
Chris : 100% de positif, un rêve qui se réalise pour moi, mais pas une finalité, c’est justement un début à mes yeux.
Jay : C'était énorme, toute cette foule ! Le public était très réceptif, ça m'a énormément touché.
Auré : c'est un des plus beaux jours de ma vie… même si ces quelques jours ont été extrêmement énergivores c'est du positif à l'extrême ! Des rencontres merveilleuses, tu t'en prends plein la gueule à chaque minute, tu repars chez toi avec une espèce de post-déprime car t'as envie que ça ne s'arrête jamais ! Bref, on veut refaire !

Avez-vous pu profiter un peu du festival et si oui quels groupes avez-vous vus ?
Chris : Absolument pas, nous nous sommes concentrés sur les relations publiques, répondus à de nombreuses interviews, enchainés les contacts pros. Nous avons vu, depuis les loges artistes tout en mangeant un morceau après notre set, SUM 41, mais pas jusqu’à la fin… Et un peu MÖTLEY CRÜE, mais malheureusement aucun concert posé pour en profiter.
Jay : Malheureusement, non. Tout comme Chris, entre les interviews, etc., je n'ai vu que 3 morceaux de MÖTLEY CRÜE.
Auré : je rejoins mes confrères, malheureusement en profiter comme festivalier en toute détente n'a pas été possible, un peu MÖTLEY CRÜE, j'ai couru le samedi matin pour voir la moitié du set de BLOODYWOOD, un peu IRON MAIDEN de loin avec Butch (batterie, NDLR), tout a été survolé c'est très dommage, mais nous étions bien occupés par les solliciations pour AKIAVEL et c'est tant mieux !

Y a-t-il eu un blues post Hellfest ou la vie a repris son cours en gardant de beaux souvenirs ?
Chris : non pas de blues ni de dépression hahahaha un super souvenir oui, mais que l’on compte bien revivre !
Jay : Non, non, tout va bien. C'était une expérience formidable, des rencontres en pagaille, tout le monde était adorable. Aucune raison donc de sombrer dans la dépression.
Auré : Mois oui… HahaHaha ! C'est trop court on en veut encore, et emménager là-bas ! Je rejoins d'autres artistes qui disent parfois qu'il y a un avant et un après… C'est tellement énorme à vivre que revenir au boulot dès le lendemain ça casse un peu, même si on ne fait que sourire et raconter les supers souvenirs, l'esprit est toujours là-bas, j'ai eu une p’tite semaine nostalgique j'avoue !

Quelle est la suite pour AKIAVEL (on se croise normalement au Furios Fest d’ailleurs) ?
Chris : Encore plusieurs festivals à venir courant 2023, et 2024 se booke aussi. Et puis les portes de l’international qui commencent à s'entrouvrir…. Nous voulons, et allons, faire le maximum pour franchir les frontières, rien ne nous fait peur, on est des acharnés du boulot, on est prêts. Reste à voir si le travail paye…
Jay : La suite est claire : continuez à jouer partout, y compris à l'international, comme le dit Chris. Notre tourneur et nous-mêmes travaillons actuellement dessus. D'ailleurs, dès le mois de janvier de l'année prochaine, nous avons déjà un festival à l'étranger.

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Vous avez tous des jobs il me semble, le retour à la réalité n’a pas été trop dur ?
Chris : Notre premier job, c’est AKIAVEL. Le groupe est une passion, mais il devient aussi l’élément le plus chronophage de nos vies.
Jay : Non, aucun souci de mon côté. J'ai mon job, en plus de mon studio et AKIAVEL qui me prend énormément de temps. Et si tu rajoutes deux enfants, crois-moi, les nuits de sommeil sont courtes si tu veux pouvoir tout faire dans la journée. Quand je dis ça, je ne le dis pas en me plaignant, car même si parfois c'est vraiment usant, tous ces efforts portent leurs fruits. En effet, on reçoit énormément d'attention et d'amour de la part du public. Et ça, ça nous donne une force incroyable.
Auré : je suis auxiliaire de vie auprès de personnes âgées, autant dire que c'est un travail qui n'a pas de frontière de temps, les soirs, les week-ends et jours fériés je les passent souvent en blouse. Mes collègues me demandent toujours comment j'arrive à gérer un emploi du temps aussi chargé quand on y ajoute une vie de famille et un groupe qui tourne et qui demande du travail entre les dates. J'en sais rien en fait. Je dois tenir en portant les ailes de la passion probablement (rires). Cette vie est très intense au quotidien, et je remercie mes musiciens tous les jours de réussir à gérer notre groupe en coulisses, sur les réseaux sociaux entre autres, car je peine à trouver le temps de répondre à nos nombreux messages.

Quelle question je ne vous ai pas posée et quelle est la réponse à celle-ci ?
Chris : Le lait, avant ou après les Weetabix ?
La réponse : les Weetabix en premier, le lait d’amande après.
Auré : Je suis absolument d'accord avec toi ! (rires)
Jay : Les glaçons avant ou après avoir mis le pastis et l’eau dans le verre ?
Apres sinon le pastis cristallise (rires)
Auré : La meilleure façon de déguster le Jäger ?
Bomb avec RedBull, ou recette Gingembre façon mojito pour l'été c'est fabuleux !

Le mot de la fin ?
Chris : Il y a un public pour chaque style de métal, et chaque style de métal à son public. C’est un état de fait, mais nous voulons faire tomber les barrières ! Et merci à toi.
Jay : Merci à toi pour cette interview. Je voulais remercier le public, les organisateurs, les fanzines, bref tout le petit monde du métal. Car grâce à vous, nous vivons des moments incroyables.
Auré : merci à tous de nous suivre, nous écouter, nous lire…
Merci pour cette attention qui nous nourrit chaque jour.
Merci pour les gentils mots que l’on reçoit tous les jours.
Merci d'être là pour foutre le bordel dans la fosse !
Merci pour tous les sourires qu'on cueille à chaque date.
Vous êtes extraordinaires, je ressens une profonde gratitude envers vous tous ! Merci d'exister ! Sans vous, on en serait pas là aujourd'hui ! Sans vous, on ne pourra pas aller plus loin ! L'art de la musique est la plus belle communication qui existe au monde..
Portez-vous bien, prenez soin de vous, et quelques bleus dans un pogo n'ont (presque) jamais fait de mal ! (rires). A très vite !

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