Ahasver


Interview réalisée par Virgile par mail au mois d'octobre 2022 avec Mickaël (chant/guitare).


Bonjour et merci pour l'interview. Pouvez-vous vous présenter ainsi que le groupe ?
Je m’appelle Mickaël André, je joue de la guitare et chante dans AHASVER.
Le groupe est né autour de 2017, il est composé de Julien Deyres à la guitare/voix, Nicolas Bastide au chant, Théo Astorga à la batterie, Victor Minois à la basse et moi moi-même.

Pour vous, ce projet est-il un “ supergroupe annexe ” ou un groupe à part entière ?
C’est un groupe à part entière, nos autres groupes ne constituent pas des sources de revenus donc il n’y a pas cette idée de projet parallèle qu’on monterait pour se ménager une pause.
Monter un projet comme AHASVER et enregistrer un album n’est pas anodin comme un side-project peut l’être pour un musicien professionnel dont le projet principal lui assure subsistance. Nous espérons pousser ce projet plus loin.

Vous venez tous de groupes aux styles de métal différents. À quel moment est venue la direction artistique qui vous a tous mis d'accord pour AHASVER ?
Cela s’est fait très progressivement, au grès des apports de chacun des membres, nous n’avions pas mis en place de cahiers des charges avant d’attaquer la compo. La seule chose dont on était sûr, c’est qu’on voulait travailler davantage les voix que ce dont on à l’habitude, c’est la première pierre de l’édifice.
Pour le reste, nous avions joué ensemble, Julien Théo et moi dans ZUBROWSKA entre autres et nous avions donc déjà une certaine connaissance de nos capacités et envies, nous nous voyions encore souvent avant de monter AHASVER et nos goûts ne sont pas un mystère, il suffisait de mettre nos envies en commun pour aboutir à ce qu’est l’album aujourd’hui.

Ahasver

Comment s'est faite la signature chez Lifeforce Records ?
J’ai réalisé la pochette du dernier LAMENT CITYSCAPE, un groupe américain qui est chez eux. Mike, à qui j’avais envoyé " Causa Sui " m’a suggéré de l’envoyer à Stefan de Lifeforce, qui a immédiatement adhéré et proposé un deal. Il nous semblait opportun de profiter de son engouement pour bosser avec lui. Nous avions bien conscience que ce n’est plus si commun de trouver un deal si rapidement.

A quel moment est arrivé ce concept autour de Ahasver le juif errant ?
C’est Julien qui est tombé sur une thèse autour de ce personnage mythique. C’est arrivé très tôt dans le process de composition. " Peace ", qui est le premier morceau écrit traite déjà de ces idées.

Ahasver étant immortel, il ne mourra que si c'est la fin du monde. En 2022, avec les différents contextes écologiques et politiques, pensez-vous qu’on y prend le chemin ?
Je sais que la plupart d’entre nous dans AHASVER avons l’impression que nous franchissons des étapes importantes vers une profonde transformation de nos sociétés oui. Alors de là à parler de fin du monde, je ne m’y risquerais pas mais je pense personnellement que beaucoup de choses ne seront plus jamais comme dans nos jeunes années, c’est certain.
J’ai toujours espoir en une toute petite partie de l’humanité mais je ne vois pas cette petite partie faire grande différence sur la suite des événements, hélas.

Comment s'est passée la composition ?
" Causa Sui " est le fruit de plusieurs méthodes de composition, des phases communes pour le début, suivies de phase plus individuelle de ma part, Victor aussi est arrivé avec quelques démos bien avancées, c’est une autre manière de faire avancer le groupe lorsque nous manquons de temps pour nous retrouver. Puis nous avons fini de nous approprier toute cette matière en répétitions, histoire d’humaniser un peu les démos, de se les mettre dans les corps, avant d’attaquer l’enregistrement.

Vous avez mis 4 ans pour faire l'album. Êtes-vous beaucoup revenu sur la composition, le son ?
Oui, nous avions de quoi produire des maquettes très avancées donc il y a eu plusieurs phases de préproduction qui nous ont servies à revenir sur les harmonies, les choix de son, etc… Puis la Covid a fini de nous faire prendre notre temps pour affiner les prises finales et le mix.

Comment s'est passé l'enregistrement ?
Victor a proposé d’enregistrer l’album lui-même, histoire de pouvoir continuer de maitriser le processus jusqu’au bout. Nous avons donc étalé l’enregistrement sur une année environ, car il était impossible de rendre tout le monde disponible sur la longue période qu’aurait nécessité un enregistrement complet.
Nous avons ainsi pris le temps de bosser les basses et guitares, sur la batterie définitive pendant quelques mois, puis après avoir enregistré les guitares, nous avons peaufiné les voix quelques mois aussi, il n’y avait vraiment plus de rush avec l’arrêt complet de l’industrie de la musique pendant deux ans.

Quelles étaient vos attentes au niveau du mix et mastering ?
Nous voulions un compromis entre la précision que nécessite les tempos rapides et quelque chose de plus organique comme nous l’apprécions en majorité dans le groupe. C’est un débat que nous avons toujours eu dans ERYN NON DAE. ou ZUBROWSKA, trouver ce compromis n’est jamais évident, il faut faire des choix dès l’écriture des morceaux. Nous en avons beaucoup discuté avec Victor, il avait bien conscience de ce point d’équilibre à trouver. Confier le mastering à Thibault Chaumont était aussi une envie de Victor et Nico, nous connaissons tous son travail et nous savions qu’il respecterait la couleur du mix, là aussi, tout était question de compromis entre clarté et chaleur.

Ahasver

Parlez-moi du titre “ Wrath ” ?
C’est un morceau majoritairement composé par Victor. Il représente bien cette opposition qui existait pendant l’écriture, entre certains d’entre nous qui avaient envie de défi technique et de rapidité, et d’autres qui aspirait à plus d’assise. Ce morceau est un bon exemple de ce que cette opposition peut produire musicalement.
Les textes décrivent la complexité de l’existence à travers un dialogue intérieur et extérieur, c’est un combat pour comprendre, accepter et aimer l’autre sans le juger.

Parlez-moi maintenant de la cover de l'album qui est hyper sobre. Quelque part, cette chose couverte me fait penser au chat de Schrodinger.
Elle est l’oeuvre de Jouch, un ami de longue date dont nous aimons tous le travail léché et souvent clinique. Nous voulions sortir de nos habitudes en terme de pochette, nous aimons tous les choses texturées, complexes et bordéliques, on s’est donc dit qu’il était temps d’aller dans l’autre direction !
Ta comparaison a du sens car ce drapé anthropomorphique peut-être perçu comme un champ des possibles, au-delà de ce que peuvent être nos premières pensées, et donc comme une pure hypothèse quant à ce qui a été, est et sera.

Comment s'est passée la release party à Toulouse ?
C’était une superbe soirée évidemment. Nous étions déjà montés sur scène avec AHASVER mais cette date avait évidemment cette petite saveur supplémentaire, celle de la concrétisation de nos efforts depuis 4 ou 5 ans. Rendre ces morceaux disponibles physiquement est toujours une petite victoire aussi, surtout en 2022 ou chaque album pressé peut être le dernier.
Vos impressions sur scène ?
Une forte libération pour ma part, et beaucoup de plaisir, c’est vraiment l’une des expériences les plus intenses pour moi.

Une tournée est-elle prévue ?
On a quelques pistes que nous devons faire coïncider avec nos agendas, j’espère de tout coeur y arriver.

Je vous laisse le mot de la fin pour les lecteurs.
Merci beaucoup pour ton intérêt et celui des lecteurs.