Interview réalisée par Virgile par mail avec Dimitri (basse) au mois de Mai 2021.
Salut les gars, pourriez-vous présenter le groupe pour celles et ceux qui ne vous connaîtraient pas encore ?
OK, on fait PRIMAL AGE depuis 95. On a eu l'occas’ de parcourir 17 pays sur 3 continents et jouer avec la plupart des pointures du hardcore et du métal. On boucle notre projet de sortie du nouvel album " Masked Enemy " amorcé il y a déjà 3 ans.
J'ai eu l'occasion de vous voir à la dernière de THE ARRS. Ca vous a fait quoi de les voir arrêter (vous avez d'ailleurs eu Toki dans vos rangs pendant un temps) ?
Avez-vous déjà songé à raccrocher les gants ?
C'était un grand moment à la fois sympa à vivre avec une grosse ambiance et à la fois un peu triste de voir un groupe stopper 1 aventure de 20 ans. Si mes souvenirs sont bons, Nico nous avait dit que notre premier mcd " A Light To Purify " avait été une des motivations et l'album déclencheur de la création du groupe. En jouant sur leur dernier show, c'était une façon de boucler la boucle. Merci à eux de nous avoir conviés car on sait que les demandes étaient nombreuses.
Par la suite, Toki nous a en effet rejoint, on a passé de bons concerts ensemble mais il n'a pas adhéré au projet du nouvel album donc on a décidé de ne pas poursuivre ensemble car on savait de notre côté où on voulait aller. On garde de bons souvenirs avec lui.
Pour ce qui nous concerne, on a aussi connu des phases pendant lesquelles on a songé arrêter. Il n'y a rien d'évident à mener un projet sur 3 décennies en amateurs, avec des départs, des évolutions des tendances, du public, la vie perso des uns et des autres, les évolutions d'aspirations musicales...
Vous êtes impliqués dans diverses causes dont la cause animale et certains d'entre vous sont végétariens. Que pensez-vous de la société et de la situation actuelle avec le Covid ? N'est-ce pas pour vous, un rappel à l'ordre de la nature ?
On est 3 végés ou vegan, à une certaine époque c'était tout le groupe en effet.
La situation actuelle est un épisode parmi tant d'autres qui génèrent des peurs. La plupart des gens réagissent en fonction de leur émotion du moment avant de reprendre leurs habitudes une fois cette peur estompée. Cela dit, le véganisme a quand même pris de l'ampleur ces dernières années, ce qui ne donne pas que du bon, mais on peut y voir des signes encourageants. On connaît actuellement une piqûre de rappel (sans vouloir faire de l'esprit) de la fragilité de l'équilibre de l'Homme dans son environnement et on connaîtra sans doute pire de notre vivant.
Vous étiez jusqu'à présent signé sur le label Deadlight, qui depuis a cessé ses activités. Vous avez dû chercher un nouvel label. Comment s'est passée votre signature chez WTF Records ?
Très simplement, en proposant le projet fini à WTF ainsi qu'à une petite sélection de 45 labels. Tim s'est très vite montré très très intéressé car il nous suit depuis le début. La collaboration se passe à merveille. Alex de Deadlight nous a soutenu pendant une décennie, un grand merci car on sait que faire un label de nos jours dans ce style révèle une authentique passion, car il n'y a pas grand chose à gagner et ça demande de l'investissement.
Pour " Masked Enemy ", on avait des demandes particulières à formuler auprès de WTF aussi bien pour la version CD que vinyle et Tim a suivi sur tout. C'est une nouvelle page à écrire dans l'histoire du groupe.
Votre nouvel album " Masked Enemy " sort le 11 juin, 4 ans après votre dernier EP et 11 ans après (si je ne me trompe pas) votre dernier album. Parlez-nous un peu de la genèse de ce nouvel album ?
Alors, on n'est pas un groupe qui sort un album tous les 2 ans comme tu peux le constater :). On a la chance d'être amateurs et de gérer à notre sauce la longue carrière du groupe. On sort quand on a la matière pour proposer un skeud dont on est hyper fier, sans morceau de remplissage. Ensuite, on a connu le départ de Johann à la guitare qui a joué 15 ans avec nous et pas moins de 5 batteurs entre le début et la fin du projet. C'est sans doute l'accouchement le plus difficile qu'on ait connu, mais au final on a bien fait de s'accrocher et d'y croire car on a fait notre meilleur album.
Plus généralement, de quelle manière composez-vous ?
Johann était un élément important dans le processus de composition sur les précédents skeuds. Quand on a intégré 2 nouveaux gratteux, Flo et Ben, j'ai amorcé la machine en tant que seul membre originel du groupe avec Didier au chant. J'avais de quoi faire un demi album seulement et par chance, Flo a su apporter de supers morceaux d'après ce qui avait été initié. Je m'occupe des textes et du chant et ça se passe très bien comme ça avec Didier que je remercie car il apporte tellement au groupe et accepte de bon cœur cette façon particulière de composer. Le plus compliqué a été de résoudre le problème de la batterie. Quand on a eu la main tendue de Rudy (EXPLICIT SILENCE) qui nous a proposé son aide pour enregistrer on a vu les choses s'accélérer car il a été plus qu'efficace en captant très vite ce qu'on avait en tête avec Flo quand on a créé les morceaux.
L'intro de l'album contient un extrait du discours qu'a fait Severn Suzuki à Rio en 1992 alors qu'elle n'avait que 12 ans. Une sorte de précurseur à Greta Thunberg. Pourquoi ce choix d'intro ? Son discours est malheureusement toujours d'actualité, 29 ans après...
Quand on était au point mort, on a essayé de mettre en place le premier morceau, je l'ai envoyé à Sylvain (SEEKERS OF THE TRUTH, ABSONE) qui avait joué la guitare sur les tournées au Japon et au Brésil notamment et composé sur le précédent 4 titres de PxA. Il a commencé à poser une batterie qui collait à fond avec l'intro et a eu cette idée du sample. On l'a gardée telle qu'elle.
Pour revenir au discours, la prise de conscience de l'Homme dans son environnement est un processus lent comme on l'a évoqué plus haut. Et ce discours est aujourd'hui en totale cohésion avec les causes que nous défendons et que l'on veut exprimer sur cet album.
Du coup, parlez- nous un peu de la ou des thématique(s) de l'album...
J'écris plutôt facilement et je fais lire les textes en priorité à Didier car son adhésion est nécessaire pour qu'il donne le meilleur au chant, ce qu'il a su faire une nouvelle fois. Un album c'est une dizaine de textes donc j'aime qu'il y ait une certaine variété dans les thèmes (société, introspection, cause animale...) avec toujours 2 textes environ traitant de la protection animale sous un angle différent des albums précédents. C'est dans l'ADN du groupe et ça fait office de fil conducteur.
De quelle manière avez-vous enregistré l'album ? Avez-vous changé des choses ou opéré différemment car je le trouve hyper rageur ?
On va dire que la magie a opéré entre la collaboration avec Flo avec lequel j'étais en parfaite adéquation et le concours providentiel de Monsieur Rudy qui nous a sorti du sable dans nos péripéties avec les batteurs. De là, on savait avec Flo, car quand on compose on a une idée précise de ce que doit être la batterie, qu'on avait eu raison de croire en nos morceaux. Après ça, tout a roulé très vite, on a rattrapé les mois perdus. Ce qui a été différent c'est qu'on a presque tout fait à distance car nous sommes éloignée et avec le contexte il a fallu trouver des solutions. Donc au lieu de faire le chant en direct avec Didier, j'ai dû maquetter sur mon téléphone pour lui envoyer. On a fait une répétition au complet avant le studio. Tout le monde a franchement assuré au studio. Ben a fait son premier full album par exemple et a su combler son retard d'expérience. Avec les moyens dont on disposait on a tiré le meilleur de ce potentiel.
Comment s'est passée votre collaboration avec Guillaume Doussaud pour l'enregistrement ?
Guillaume aux manettes du Swan Sound Studio a vite capté la couleur qu'on voulait donner à cet album, ainsi qu'Alan Douches pour le master. Guillaume est une crème, très posé et rassurant car on sait qu'un stud peut amener son lot de stress. C'est Rudy qui nous a orienté vers lui car il faisait son quinzième album là-bas. On avait une garantie de ce côté. De plus, on savait que Guillaume travaillait en direct avec Alan Douches pour le master dont on sait que c'est une étape particulièrement importante, donc comme on avait déjà fait appel à lui et qu'il reste une pointure en matière de master, ça nous a conforté dans l'idée que d'aller chez Guillaume pouvait nous conduire au résultat escompté.
Avez-vous une anecdote de studio ?
Il y en a toujours :) Si je voulais être méchant, j'évoquerais le cas de Dany qui a fait un passage éclair dans le groupe en tant que batteur éphémère, mais ça ne vaut pas le coup :). Bonne route à lui... mais loin de nous, c'est préférable. Je préfère garder les bons moments en mémoire, comme quand on a été invités Aux Collibris de Brénael, une table d'hôtes vegan. Ca nous a permis de faire une petite pause bien agréable et conviviale pendant cet enregistrement. Ce qui est à noter c'est qu'on a tous assuré en prenant une journée par poste pour les prises, ce qui nous a mis sur de bons rails pour la suite des opérations.
Parlez-nous de la pochette. Que vouliez-vous qu'elle raconte ?
On collabore depuis un bon moment avec Visual Injuries pour les pochettes ou design de t-shirts. Greg connaît très bien l'univers du groupe donc on n’a pas besoin de le guider beaucoup. Il s'est dit lui-même inspiré par les morceaux et les textes et nous a fait des propositions qui ont été très vite validées à l'unanimité. On est hyper contents du résultat. Tout compte dans un album et avoir un visuel cohérent avec les compos ça a son importance. Après pour la pochette on est parti sur un des titres les plus faciles à imager.
Il se passe quoi avec les batteurs. C'est un poste qui change beaucoup chez vous, j'ai l'impression ? Du coup, qui a participé à l'album ?
Looooooooool Bonne question. La batterie a toujours été un élément hyper important de notre zique. Steph qui était là à l'origine et est revenu un an tourner sur quelques dates avait la patte qu'on a toujours souhaité garder. Ça n'a jamais été sans mal, donc on peut trouver des batteurs pour jouer les morceaux existants, mais en phase de composition c'est souvent compliqué. Steph a pris le relai de Mehdi après 13 ans mais quand on a commencé pour cet album il ne s'est pas senti pouvoir s'investir, à cause du boulot... Toki a pris la relève et on n'a pas réussi à avancer ensemble donc on a préféré en rester là. On a validé à la hâte Dany car on jouait en tête d'affiche d'un fest dans notre région 2 mois après sa venue. On a voulu le faire participer un peu à l'album en lui confiant un morceau et il a explosé en plein vol, juste incapable de faire face aux exigences du studio. Et c'est donc Rudy qui nous a permis d'aller au bout de la meilleure façon possible. Depuis on a intégré Miguel avec lequel on a fait que 3 répètes mais qui montre de belles garanties ainsi qu'un état d'esprit qui nous convient. On a hâte de pouvoir enfin jouer les nouveaux morceaux avec lui.
Plus généralement, quelles sont vos inspirations, que ce soient musicales ou autres ?
Perso je ne peux pas te répondre pour la musique car ce que je compose est assez éloigné de ce que j'écoute le plus. Flo de son côté a une capacité à s'adapter et orienter ses compos, ce qui a été précieux pour rendre notre collaboration cohérente et complémentaire.
Pour les textes, je puise dans mes observations du monde, la compréhension que j'essaie d'en avoir. C'est souvent délicat d'identifier ce qui t'inspire.
Quelle est la question que vous auriez aimé que je vous pose ? Avec la réponse :)
Tu l'as posée en évoquant la batterie ?. Je me demandais quand cette problématique récurrente allait être évoquée et c'est fait pour la première fois. Cette question a été éludée par les autres interviews.
Vous deviez jouer au 8 fest au mois de Mai mais il a été reporté. Avez-vous d'autres dates de prévues ?
Oui, du coup, on a je crois 4 ou 5 dates en 2022 avec une première dès janvier à Nice. On sait que c'est difficile pour les orgas de se lancer dans un projet, certaines en sont déjà à 3 reports. On sent l'impatience du public comme la nôtre de pouvoir de nouveau fouler les planches et partager ces moments qui font partie de notre passion.
Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Un grand merci pour votre soutien. Vivement qu'on puisse enfin revivre ces moments intenses ensemble. En attendant vous pouvez nous suivre là :
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