Pilori


Interview réalisée par Virgile par mail au mois de septembre 2022 avec Greg (chant).


Bonjour merci pour l'interview.
Pouvez-vous vous présenter ainsi que le groupe ?

Bonjour et merci à toi pour ton intérêt et cette interview. On est PILORI, un groupe qui oscille entre le crust hardcore, le black, le death et le grind, et on vient de Rouen, en Normandie. On a fondé le groupe en 2015 et on a commencé à jouer en 2016.

Votre dernier album " Quand Bien Même L'Enfer et le Déluge S'abattraient sur Nous " est sorti en août. Parlez-moi de son processus de création.
On venait juste de sortir notre premier album, " À Nos Morts ", en plein durant le confinement, puisqu'il est paru en mai 2020. Après, même si cette période a été très chiante et très galère, on a tout fait pour ne pas s'apitoyer et on a essayé de profiter de chaque fenêtre d'accalmie que l'on pouvait avoir pour faire des trucs. On a essayé de jouer dès que c'était possible, et même s’il y a eu des reports et autres annulations, on a réussi à faire quelques concerts quand même, et aussi un livestream.
Evidemment, il y a tout de même eu de la frustration, c'est certain, mais on était dans une dynamique très positive : la sortie d'un premier album qui a été, de plus, plutôt bien reçu. Donc on a profité de ce mélange de frustration et d'envie pour recommencer aussitôt à composer. On a donc enchaîné directement sur la composition d'un nouvel album vu que l'on avait plus de temps que prévu. Covid ou pas, c'est ce que l'on aurait fait de toute façon, là ça s'est juste fait peut-être un peu plus rapidement.

Avez-vous changé de méthode ou essayé de nouvelles choses pour cet album ?
Changé de méthode, fondamentalement, non. Le procédé d'écriture est resté sensiblement le même. Schématiquement, notre guitariste fonctionne beaucoup à l'instinct, à l'impulsion. Donc il a apporté ses riffs, ses idées, comme d'habitude, de façon assez spontanée, assez direct, sans se mettre de barrières ou autre, et on a commencé à bosser autour de cette matière. On a gardé certains trucs, on en a jeté d'autres, on en a modifié, etc..., etc..., puis on a structuré le tout tous ensemble. Toujours de façon instinctive, sans s'enfermer dans des cases. A notre habitude.
Ce qui a le plus changé, c'est que, comparé à avant, on a davantage bossé à distance à cause du Covid. Mais ça a été ultra-bénéfique. Chaque morceau a été maquetté, et on a fait des démos de tout l'album, ce que l'on n’avait pas forcément fait pour « À Nos Morts ». Ça nous a donc permis d'avoir davantage de recul, de mieux bosser les morceaux, de mieux les appréhender. On s'est aussi enfermés deux fois dans des baraques isolées de la cambrousse normande, quelques jours durant à chaque fois, et on a fait que de la musique toute la journée, juste tous les quatre. Pour écrire, ça a aussi été ultra bénéfique.

Dans quel état d'esprit étiez-vous durant sa création ?
Comme je l'ai déjà dit plus haut, un état d'esprit assez positif, conquérant. Personnellement, je ne suis pas quelqu'un qui aime subir, et mes gars non plus. On était chauds suite à la sortie du premier album, suite à la réception critique et public. On a profité de cette envie et de cette dynamique.

Pilori

Le covid et ce qui a suivi c'est une sorte d'enfer qui s'est abattu sur nous.
Quelles sont les thématiques de l'album ?

La thématique principale est peut-être le fait de toujours vouloir avancer quoiqu'il arrive. " Quand Bien Même L'Enfer et le Déluge S'abattraient sur Nous " c'est juste une façon très pompeuse de dire " contre vents et marées ", " quoiqu'il en coûte ", etc... Donc c'est avant tout ça la thématique principale : ne pas subir, ne pas se laisser abattre. Je suis comme tout le monde, j'ai connu des moments plus difficiles que d'autres, des moments de spleen, etc., mais je ne veux pas me laisser aller à ça. A l'inverse, je vois des gens dans mon entourage plus ou moins proche qui se laisse aller à l'oisiveté, au mensonge, à l'abattement. Et je trouve que, personnellement, ça leur prend sûrement plus de temps et d'énergie que d'essayer de combattre cela.
Sur le papier, c'est toujours plus simple de se laisser aller que de se battre c'est sûr, mais bon, pour quel résultat ? On n’en tire rien, il n'y a rien de valorisant, rien d’instructif. J'ai trop d'ego et trop d'estime de moi pour cela. C'est peut-être juste une impression, mais le mal-être, le manque de confiance en soi, c'est quand même quelque chose de très répandu. C'est un peu le mal du siècle. Les gens ne se battent plus. Sauf pour de la vacuité, pour des causes futiles, faciles. Et encore ce sont des combats où ils sont sûrs de ne pas se prendre de coups, souvent fait derrière un écran.
Cet album parle aussi de sujets qui reviennent beaucoup chez moi et qui reviendront encore : le temps qui passe, ce que l'on fait de nos vies pour donner un sens à tout cela, ou encore de la vanité, de la mise en scène de nos vies sur les réseaux sociaux pour essayer de gagner des points et de l'estime à travers des like et des vues, du vide abyssale et sans le moindre sens de tout cela, du côté superficiel et artificiel avec lequel les gens mènent leurs barques, de l'individualisme, de la course à l'image et à l'orgueil... On est dans une société de l'image, de l'individu, très factice, qui glorifie le vide, ce qui engendre une énorme perte de repères. Regarde, les gens deviennent tous fous, ils sont tous déboussolés, hystériques, perdus...
Un titre, " Au Prix de Tous les Sacrifices ", parle aussi de mes parents. Je viens d'une famille d'ouvriers, j'ai grandi dans un HLM d'une petite ville ouvrière entourée d'usines. Mes parents sont allés travailler tous les matins de leur vie entière. Des jobs durs, ingrats, mal payés. Et ils ne se sont jamais plaints, ils ont toujours fait le nécessaire, la tête haute, sans baisser les bras, pour nourrir leur famille. Nous n'avons donc jamais manqué de rien. " Quand Bien Même L'Enfer et le Déluge S'abattraient sur Nous " c'est aussi tous ces combats-là. Mais non ça ne parle pas de " l'enfer " que tu appelles Covid, personnellement je m'en branle et je m'en suis toujours branlé.

Parlez-moi du morceau et du clip " ...Et le Déluge " qui est je trouve le morceau le plus mélancolique de l'album et son clip à quelque chose d'onirique…
Le clip c'est juste des images d'un vieux film qui s'appelle justement " Déluge ", de Felix E. Feist. C'est une production des studios RKO de 1933, les mêmes studios qui ont sorti, entre autres, " Citizen Kane ".
Par le passé, on avait déjà fait ça de sortir nos clips montés avec des images de vieux films. Alors je ne sais pas si le clip est onirique, car le film ne l'est absolument pas de base. Bon, je n'ai pas cherché à raconter le film à travers le clip de toute façon, mais je n'ai pas cherché à ce que le clip soit onirique non plus. Mais si tu as ressenti ça, tant mieux, vraiment ! Je pense plus que ça vient du morceau en lui-même en vrai. C'est, comme tu l'as dit, le morceau le plus " mélancolique " de l'album, et surtout, pour nous, c'est un peu une première un titre comme celui-là. Il fait 6 minutes, il a un côté très post, très aérien... Niveau tempo, il est ultra lent par rapport à nos habitudes. Alors qu'on est davantage " connus " pour faire des trucs condensés, fastes, agressifs et rapides. Je l'aime vraiment beaucoup ce morceau.
A la base, ça devait être un interlude, un truc instrumental. C'est comme ça qu'il a d'abord été pensé. Un peu comme le morceau instrumental des " 150 passions meurtrières " de KICKBACK. Et puis, en l'écoutant, je me suis dit que l'on pouvait pousser le truc et en faire un " vrai " morceau, pas juste un interlude. Et surtout un morceau un peu contre-pied par rapport à ce que l'on fait d'habitude. Je n'ai pas eu besoin de convaincre les autres. Par exemple, mon guitariste est un grand fan de post-rock, de post-hardcore, donc il était tout de suite chaud pour étirer ce titre et en faire quelque chose de, comme je l'ai dit, plus aérien. Là, pour le coup, un groupe comme CULT LEADER nous a influencé. Sur leur second album, il y a 2 ou 3 morceaux un peu dans le même genre. Même GATECREEPER, un autre groupe que l'on aime beaucoup, a fait ça sur leur EP sorti durant le Covid avec, sur 6 titres, 5 morceaux courts qui tabassent vite, et un dernier plus lent, plus long, très différent. Je pense que tout ça nous a donné des idées. Et on est très contents d'y avoir succombé. Il y a, pour moi, aussi une influence plus ou moins indirecte d’HANGMAN'S CHAIR également.

Pour vous c'est quoi être entre Chien et Loup ?
Tu me parlais des thématiques de l'album précédemment, et bien le morceau " Entre Chien et Loup ", c'est une des thématiques récurrentes dans mon écriture : à savoir une une diatribe sur les gens et leur image, phénomène exacerbé par les réseaux sociaux. Les gens sont boursouflés par leur ego, par la mise en scène de leurs vies, mais tout ça est bien entendu faux, et eux-mêmes, au plus profond de leur petit être vile et de leur petite vie vide, le savent très bien. C'est parfois difficile, dans l'obscurité, au lointain, quand tu ne vois pas clair, de distinguer un chien d'un loup. Et bien aujourd'hui, les gens ne distinguent plus rien, ils ne voient que du factice, que de la mise en scène, de la poudre aux yeux, du superficiel. Ils pensent être loup, mais ils ne sont même pas des chiens, car j'insulterais les chiens en disant cela, et j'ai beaucoup plus de respect pour les chiens que pour beaucoup d'êtres humains.

Quelle est votre définition du chaos ?
Le Larousse dit que c'est un " Ensemble de choses sens dessus dessous et donnant l'image de la destruction, de la ruine, du désordre " mais aussi un " État de confusion générale ". Je suis d'accord avec ces définitions, ce n’est pas mon job d'en inventer ou d'en faire.

Pilori

Cet album a quelque chose de cathartique pour moi, comme un défouloir. Quel est votre ressenti ?
Oui bien sûr, la musique c'est cathartique. Mais comme plein d'activité en fin de compte : le sport, la peinture, l'écriture, même le macramé hein. Je fais de la musique pour m'amuser, mais aussi parce que c'est une activité importante à mon équilibre personnel : ça me permet de faire quelque chose de concret. Je n'aime pas dire " créer " car ça fait artiste à deux balles, et puis je n'ai pas l'impression d'inventer quelque chose, mais quelque part c’est un peu ça quand même. C'est sain comme activité. Je me sens bien quand j'en fais. Donc oui ça me fait du bien, quelque part ça me permet aussi de me défouler. Après une répète, mais surtout après un concert, tu t'es exprimé et tu es bien vidé. Pareil après le studio quand tu enregistres.
Est-ce que cet album est davantage cathartique que le précédent ?
Non je ne pense pas, on l'a fait dans le même esprit, on fait notre musique, nos concerts dans le même esprit. Donc oui c'est sûrement défouloir, mais on n’est pas vraiment des gens emplis de haine ou de colère.

Comment s'est passé l'enregistrement ? J'ai eu l'impression en l’écoutant d'être coincé dans un tunnel avec cette ambiance oppressante.
L'enregistrement s'est admirablement bien passé. On était " à la maison " si on peut dire, puisque l'on a fait les prises à la Gare aux Musiques, non loin de Rouen, où on a nos habitudes. On connaît très bien Bertrand qui officie là-bas, lui aussi nous connaît bien, ça facilite les choses. Donc on a fait les prises avec lui, durant environ 10 jours, en toute sérénité, dans le plus grand des calmes. Ce qui contraste avec le rendu, mais en tout cas, que tu aies eu l'impression d'être coincé dans un tunnel et d'être oppressé, c'est bien, c'était le but recherché oui.

Quelles étaient vos attentes et vos envies au niveau du mix et mastering ?
Bah les attentes elles sont simples, c'est que ça sonne le mieux possible, que ça fasse ressortir les intentions que tu as mis à l'enregistrement. Le mixage c'est Cyrille Gachet, qui est vers Bordeaux, qui l'a fait. On avait déjà bossé avec lui pour le premier album, donc là maintenant, pour ce second opus, on se connaissait bien mieux, on s'appréhendait plus aisément. C'était du coup plus évident, plus simple, de bosser ensemble. Après on est réalistes aussi, le mec n'est pas un magicien. Si t'enregistres comme une merde sans être bien préparé, avec du matos de merde réglé comme une merde, il ne faut pas lui envoyer le truc et lui dire " alors nous on veut que ça sonne comme NAILS ". On s'est préparés à fond pour cet album, avec beaucoup de travail et d'investissement en amont et au moment des prises, du coup ce qu'on lui a envoyé pour le mixage était, je le crois, solide. C'est ainsi plus facile après d'avoir de réelles attentes, de réelles ambitions, de vraies doléances, au moment du mixage.
Avec Gachet, on s'est parfaitement entendus, il nous a parfaitement écouté, compris, et il nous a aussi très bien aiguillé et beaucoup apporté. C'était une sorte d'échange. On lui envoie des trucs, il nous en renvoie, on lui renvoie des choses, il nous en renvoie, et ainsi de suite jusqu'à trouver la bonne formule. Là encore, comme ce que je te disais pour l'enregistrement, ça s’est admirablement bien déroulé. On avait bien mieux tafé, on a été bien mieux préparés et les prises étaient même bien mieux enregistrées sur cet album que sur " À Nos Morts ". Logiquement le but c'était de faire donc quelque chose de mieux au niveau du rendu. Et surtout, c'était davantage possible, on était moins limités niveau possibilités et matières que sur le premier album. On voulait pousser le curseur encore davantage niveau production, que ça tabasse encore plus, que ce soit encore plus lourd. Pareil niveau mastering. On a là aussi gardé la même équipe et on a envoyé ça chez Brad Boatright qui est à Portland aux USA. Sur le premier album, on avait fait un parti pris avec lui, qui était de noyer la voix dans le mix pour gonfler le reste des éléments car, par exemple, les prises guitares étaient en-dessous. On avait dû un peu feinté, un peu triché. Là non, on pouvait tout gonfler sans problème.

Avez-vous une anecdote de studio ?
Je dirais le premier jour d'enregistrement des guitares. Mon bassiste, mon batteur et moi, on arrive le matin à la Gare aux Musiques, notre guitariste est déjà là, il a déjà tout installé avec Bertrand, notre ingé son. Je me souviens des quatre baffles alignés dans la pièce de prises de son avec 2-3 micros autour de chaque baffles, et après le réglage des différentes têtes d'ampli et des différents pédales, on était tous enjoués, tous avec un sourire inamovible sur nos visages, car ça sonnait déjà très très très bien, et c'est un euphémisme. Dès que notre guitariste a commencé à jouer les premières notes, on était tous d'accord sur le son. La guitare péchait vraiment beaucoup sur le premier album comme je viens de te le dire. Ça avait été fait en DIY, chez notre ancien bassiste. Au mixage et au mastering, c'est l'élément que l'on avait dû le plus rattraper, celui qui était plus en-dessous. Là, on a immédiatement su que ça allait être l'exact opposé.

Quelles sont vos inspirations au niveau musical ? J’y ai entendu du NASUM sur le morceau rouleau-compresseur " Meurtrière ", qui est certainement mon morceau préféré…
Du NASUM oui c'est possible, ce n'est pas forcément volontaire, mais on aime bien, on en écoute donc c'est possible que l'on puisse en retrouver dans notre son. En fait PILORI, c'est un condensé de plusieurs influences aussi diverses que variées.
Au départ, c'est totalement inconscient, on fait juste la musique que l'on aime et que l'on veut faire sans se poser les moindres limites, la moindre barrière. Donc c'est un peu protéiforme, vu que l'on écoute beaucoup de choses différentes, du grind au black en passant par le death, le crust, le punk hardcore et le chaotic. Et puis, au fur et à mesure, ce mélange des genres est un peu devenu notre signature, notre marque de fabrique si je puis dire. Bref, donc oui il y a des choses comme NASUM, ROTTEN SOUND ou encore (et surtout) NAILS dans nos influences, mais il y a aussi, par exemple, du IMMORTAL, du DARKTHRONE, du GATECREEPER, du ENTOMBED, du FULL OF HELL, du CULT LEADER, du CONVERGE, et j'en passe.

Qui a fait la pochette et que vouliez-vous raconter à travers elle ?
C'est Jois Cabe, un artiste indonésien non seulement très talentueux mais aussi très à l'écoute, très cool. On avait déjà bossé avec lui sur le visuel de " À Nos Morts ", et c'est toujours un plaisir. Et ce que l'on a voulu raconter ? Et bien ça se trouve dans le nom de l'album.

Pilori

Où peut-on se procurer l'album ?
Le moyen le plus simple aujourd'hui c’est le moyen le plus connu : internet. Donc sur notre page Bandcamp. Il est aussi à l'écoute sur tous les sites de streaming, sur YouTube, etc... Et l'autre moyen reste de venir aux concerts, au merch.

Comment s'est passé votre passage au Hellfest ?
On ne va pas se mentir, c'était nul. Si c'était à refaire, je n'irais pas. Pas à cause du Hellfest en lui-même hein. On peut casser du sucre sur le dos de ce festival car c'est une énorme machine, et comme toutes les énormes machines, et bien c'est toujours trop. C'est un peu le Disneyland du métal. Pour autant, malgré le trop de plein de choses qui peut faire saturer, c'est quand même un super site, un super festival, et j'y ai plutôt passé un bon moment. Mais nous on y a été booké au cours de l'année 2019 pour y jouer, initialement, en 2020. Et puis le Covid est passé par là, ça a été reporté deux ans de suite. Donc on arrive en 2022, trois ans après avoir été confirmé là-bas ; mais en trois ans, pour nous, et bien les choses ont beaucoup changées. En 2019, on nous propose la Hell Stage, soit la petite scène du festival qui est pour les groupes français en mode " jeunes groupes ", " groupes découvertes ". Ça nous correspond. Mais c'est aussi un peu la scène où tu mets les groupes que tu n'as pas vraiment envie de booker sur le festival, tu les mets là pour leur faire plaisir et qu'ils arrêtent de te harceler de mails et de CD promos que tu n'écouteras jamais.
Nous en 2019, on commence à peine l'enregistrement du premier album. Donc notre place elle est sur la Hell Stage oui. Mais en 2022, on sort le deuxième album. Le premier a, à notre petite échelle, bien marché (sold out sur les 300 vinyles pressés, sur les 300 CD, pas mal de dates et de tournées malgré le Covid, et de bonnes chroniques ici et là). En gros, sans prétention, on n'est plus le PILORI de 2019. Donc on ouvre les hostilités en 2022 puisque l'on est vraiment le tout premier groupe à jouer sur le festival. Mais les gens s'en branlent, ils veulent aller se placer au camping, monter leurs tentes, et après boire des bières avec leurs potes en faisant des " horns up " avec leurs doigts. Donc PILORI, ils s'en foutent royalement.
Par conséquent, on a donc joué en tout premier, devant un public clairsemé, et surtout a une place bien plus pourrie que pleins de groupes, genre des trucs qui ont, de 2019 à aujourd'hui, du jouer trois fois dans leur région. On a même ouvert pour des groupes de reprises. Putain, il y avait un truc qui faisait des reprises du générique des Tortues Ninja a un meilleur horaire et sur une plus grosse scène, ou encore un groupe qui faisait des reprises de SYSTEM OF A DOWN sur une des Main Stage. Je ne veux même pas parler de groupes que je n'aime pas, car mes goûts n'engagent que moi. Je parle juste de bon sens. Mais bref, c'était nul, je n'en tire rien, je n'en retiens rien. Enfin si, il y a des gens qui sont quand même venus nous voir, qui nous ont acheté du merch, qui nous ont soutenu, qui sont venus nous féliciter ou parler avec nous, donc je retiens forcément ça et je les en remercie. Ils ont mon respect.
Mais au fond l'orga d'une petite scène comme ça, tu sens qu'ils s'en foutent. Tu demandes le b.a. - ba, genre des bières, tu ne les as pas. Tu finis par ranger ton matos au milieu du public à 1h du mat et à le pousser sur un chariot avec le staff de la scène qui est beaucoup plus bourré que ledit public. Et les mecs te perdent la moitié des trucs. Jamais vu ça, même dans un tout petit concert dans une toute petite salle d'une toute petite ville. Tu me reposeras cette question quand on jouera sur une plus grosse scène.

Le live a l'air de bien reprendre pour vous avec la tournée française et européenne qui se profile…
Oui le live c'est notre essence, c'est ce que l'on préfère. On adore jouer, tourner, se retrouver plusieurs jours dans un van et partir sur la route. On y met beaucoup de temps, de volonté et d'énergie. Le live c'est quand même l'aboutissement du truc. Je ne me vois pas passer du temps à composer, à écrire, à répéter, à enregistrer, je ne me vois pas m'investir dans un projet, pour jouer trois fois par an toujours aux mêmes endroits. Nous on aime ça, et on a toujours ultra hâte de partir en tournée.

Si vous étiez un plat ce serait lequel ?
Les spaghettis aux légumes de la mère de Ragnvald, avec un verre de vin rouge, le tout servis sur sa terrasse, soit le catering que l'on a eu à Faro, au Portugal, l'an dernier.

La question que vous auriez aimé que je vous pose ?
Je ne sais pas, t'en as déjà posé plein, ça suffit comme ça ! ^^
Et la réponse ?
Elle est dans la question précédente du coup.

Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Merci à celles et ceux qui ont pris le temps de lire cette interview, merci de nous soutenir, de nous suivre. Continuez à soutenir et à supporter les groupes indépendants, les salles undergrounds, les trucs en dehors du circuit. N'allez pas juste à de gros festivals et à des concerts dans des zénith, des bercy pour vous plaindre ensuite qu'il ne se passe plus rien dans le café-concert de votre ville.