Interview réalisée par Ben par mail au mois de mars 2023 avec Dark Pixie, organisatrice du Dirt N' Dust Festival.


Qui es-tu et quel est ton rapport avec la culture rock / metal ?
Je m’appelle Catherine Florian, j’ai 41 ans et depuis toujours une passion pour le metal, le rock en général et les concerts. Forte d’une expérience de 8 ans au Zénith de Strasbourg, je me suis lancée.

Zénith de Strasbourg

Comment l’idée t’a prise d’organiser un festival ?
Ça a toujours été mon but ultime, être à l’origine de l’un de ces événements qui procurent tant de joie au public, ces bulles d’évasion que sont les concerts et les festivals. Dans notre monde actuel, la culture, les sorties, sont fondamentales pour nos santés mentales.

Comment s’est passée son organisation ?
J’ai commencé à travailler sur le festival il y a 4 ans déjà. Puis est arrivé le covid et chacune de mes tentatives de concrétiser se voyaient avortées par la crise. Après maintes péripéties en tous genres, nous y voilà enfin !

Et vous êtes combien pour organiser tout ça ?
Je fais tout toute seule ! J’ai bien sûr reçu des coups de mains ponctuels pour des distributions de flyers, des soutiens médias, partenaires, et j’ai une petite équipe de bénévoles tous prêts à vous accueillir ce weekend, mais sinon j’ai porté à bout de bras chaque domaine et chaque métier de l’organisation de concert. Mais jusqu’à présent je ne me suis jamais étalée sur le sujet car les gens prennent peur en face d’une femme seule avec ses idées gargantuesques.


Et justement, quelle est la principale difficulté à laquelle on se confronte durant l’organisation d’un projet ?
Le manque d’investissement ; pas le mien mais celui d’éventuels partenaires qui sont très frileux, de bénévoles qui changent d’avis, des prestataires qui ne vous prennent pas au sérieux... et les managements de certains artistes qui sont parfois très durs, voire parfois même malhonnêtes...

Penses-tu avoir eu assez de soutien dans la préparation des festivités (appuie des collectivités, sponsors, mise en lumière médiatique, etc...) ?
Selon toi, est-ce que l’hexagone est un terrain propice à l’organisation de ce genre d’événements ?

C’est très très compliqué d’obtenir un soutien financier ! Au niveau des collectivités, seules 2 subventions sont disponibles pour une première édition d’un festival ; les partenaires potentiels ne vous répondent même pas la plupart du temps...
Ceux que j’ai aujourd’hui sont des partenaires solides et je leur suis infiniment reconnaissante de l’aide qu’ils m’apportent !

Du coup, si quelqu’un prenait inspiration sur toi pour monter son festival, quel serait le principal conseil que tu lui donnerais ?
Je lui dirais de ne jamais écouter les gens qui lui disent que c’est beaucoup trop ambitieux ou qui essayent de lui imposer leur avis sur la question ! Quand on fait quelque chose par passion, avec amour, de la rigueur et une volonté de fer, on ne peut pas se tromper ! Souvent ceux qui critiquent sont ceux qui n’auraient jamais eu le cran de se lancer dans un projet pareil, et qui ne l’auront jamais ! Par contre les regrets, ils les auront.

La valeur qui résumerait le Dirt’N Dust et la manière dont ça se traduira pendant l’événement ?
Le soutien ! Aujourd’hui, je peux dire que ceux qui sont toujours dans l’aventure sont ceux qui m’ont toujours soutenue et j’ai hâte de partager son aboutissement avec eux ! Chaque personne présente dans le Dôme ce weekend sera là par soutien ; pour mon travail, pour moi lorsqu’il s’agit d’amis, par soutien de la scène metal et punk, et bien sûr par passion et envie de partager de la joie !

Dôme de Mutzig

Le groupe que tu rêverais d’avoir pour une future édition ?
Mmmmm.... Je dirais Slipknot ou Rammstein. Mais on va rendre les reins de l’association solides avant de même envisager leur demander haha !
Un jour peut-être !

Complète cette phrase : ton festival sera le festival idéal le jour où...
Explique-nous pourquoi !

Le jour où il aura un petit goût de Hellfest de L’Est ! J’ai, comme beaucoup d’organisateurs, une grande admiration pour le travail de Ben Barbaud qui n’a rien lâché et a fait de son festival LA référence des festivals en Europe ! Il a réussi renverser les mentalités et à faire adhérer jusqu’aux habitants des villes alentours qui jouent le jeu chaque année, même si le metal n’est pas du tout leur style musical.

En dehors du tiens, le meilleur festival à vivre ?
Le Hellfest bien évidemment pour son coté " village du métal ", pour l’immensité de ses infrastructures et la qualité de sa programmation.

À l’opposé, qu’est-ce qui fait défaut dans les festivals ?
Aujourd’hui la grande maladie autour du spectacle est la prise de risque obligatoire due aux achats trop tardifs de billets qui font souvent peur aux organisateurs et les oblige à annuler alors que leur projet avait pourtant été organisé avec tout leur coeur.

C’est quoi la suite pour toi, que ce soit concernant le Dirt’N Dust ou non ?
Et bien tout dépendra du succès ou non de cette première édition. Mais si tout se passe correctement et que le public est au rendez-vous, je souhaite évidemment pérenniser le festival et surtout lui rendre sa place de festival d’été. On croise les doigts !

Et le mot de la fin ?!
D’abord merci pour cet intérêt pour nous, les gens de l’ombre. Et je dirais : continuez de rêver !! Au milieu de la masse de gens terre à terre et déprimés, vous finirez par trouver les autres mêmes fous que vous.