The Last Internationale


Interview réalisée par Hicks le 24 Février 2020 avec Edgey et Delila à Sony Music Paris.


Bonjour, pouvez-vous vous présenter ainsi que le groupe et pourquoi ce nom pour le groupe ?
Delila : Nous sommes Delila et Edgey de THE LAST INTERNATIONALE.
Edgey : Nous sommes un groupe New-Yorkais, nous nous y sommes rencontrées et Delila était probablement vraiment la seule personne vraiment proche de mon âge qui comme moi écoutait de la vieille musique folk et du blues religieusement sans écouter aucun autre style de musique. Nous avons trouvé ça spécial car nous ne connaissions personnes qui le faisait.
Delila : Nous voulions un nom de groupe qui ne sonne pas comme un nom de groupe mais plus comme un mouvement destiné aux rockeurs qui se soulèveraient, qui se réuniraient et qui formeraient des groupes pour apporter du changement et faire bouger les choses.

Donc vous n'écoutez que de la musique folk ?
Edgey : Nous avons commencé par la folk. Notre première chanson était " Workers Of The World Unite ". On écrit beaucoup de chansons sur l'actualité et nous sommes toujours dans la rue, nous traînons dehors, nous protestons, nous manifestons, nous passons tout notre temps à écouter des albums et à traîner dans la rue. Je pense que nous avons décidé de faire du Rock car nous avons grandi avec aussi, ça a été une évolution naturelle, mais en creusant un peu, tu te rends compte que les 2 styles sont liés quelque part, ils ont plus ou moins les mêmes influences et racines, donc on s'est un peu enfermé là dedans, car y'a beaucoup d'histoires liées à tout cela et pleins d'artistes ou groupes à découvrir, plus tu fouilles, plus tu découvres de vieux artistes et tu te dis à chaque fois, pourquoi j'ai pas découvert ça plutôt... c'est un puit sans fond, du coup, on s'y est mis à fond, on a découvert plein de vieux enregistrements d'artistes folk... on est comme des étudiants en quête de recherche... THE LAST INTERNATIONALE c'est notre groupe influencé par toutes ces racines...

Comment s'est passé la composition de votre album " Soul On fire " ? Comment s'est passé votre collaboration avec Tom Morello ?
Delila : Tout le processus de création " Soul On fire " a été différent de l'album précédent. Nous avons vécu pleins de choses, notre label nous a abandonné, nous avons été expulsé de notre appartement et donc on a écrit l'album pendant que notre appartement se vidait...
Edgey : Nos affaires disparaissaient petit à petit...
Delila : Jusqu'à ce que nous n'ayons plus rien, juste nous, notre musique et une guitare heureusement...
Edgey : Mais heureusement durant cette période, notre petite base de fans dévoués nous a encouragé à ne rien lâcher. D'ailleurs j'en profite pour dire qu'on est très chanceux d'avoir cette " famille " qui grandit, notamment en Europe, nous n'oublierons jamais tout le soutien qu'on a reçu...
Delila : Tom a été notre mentor, une sorte de parrain. Il est là depuis le début, il était le producteur exécutif depuis l'album " We Will Reign ", il nous a toujours suivi, aidé avant que soyons chez Epic Records et surtout quand on s'est fait lâché par le label. Durant l'écriture de " Soul on Fire ", il prenait souvent de nos nouvelles, nous a soutenu pendant cette période, nous a encouragé à ne rien lâcher et à ne se focaliser que sur la musique...
Vous avez été expulsé de votre appartement ?
Edgey : Oui mais nous avons gagné ce combat. On voulait nous expulser, ils ont augmenté notre loyer, on trouvait ça complètement absurde, c'était beaucoup trop cher pour le trou à rat de loft que c'était. On a décidé de contre attaquer, d'engager un avocat, on ne voulait pas partir, ça a pris 3 mois de batailles, on a gagné, ils nous ont payé, on a pris notre chèque qui a payé en parti " Soul on Fire ". Ce n'était pas un gros chèque mais ça nous a bien aidé quand même.

Comment composez-vous ? La musique en premier, les textes ensuite ?
Delila : Ça dépend de la chanson, parfois c'est juste en fredonnant quelque chose, dès fois ça vient au piano, d'autres fois à la guitare, Edgey a un riff...
Edgey : Y'a pas de procédé défini...
Delila : C'est chaotique.
Edgey : Y'a pas de formule, ça vient comme ça vient


Vous étiez dans quel état d'esprit pour la création de l'album ?
Edgey : Personnellement, on ne savait pas trop où on allait à l'époque, mais avec le recul, nous prenons ça comme une bénédiction, on a touché le fond à un moment donné, mais on a jamais lâché, on se disait que ça finirait par payer. Maintenant, on commence à voir le fruit de notre labeur. On a été malchanceux à un moment car l'album devait sortir chez Pledge Music, je ne sais pas si tu as entendu ce qui s'est passé, mais Pledge Music a volé tous ses artistes et c'est déclaré en faillite. Toutes les recettes , notre argent a été gardé par Pledge Music, on a du re-payer de notre poche pour faire l'album...

Pouvez-vous m'en dire plus sur la chanson " Hit Em With Your Blues " ?
Delila : Cette chanson parle d'utiliser tout ce que tu as pour surmonter les obstacles de la vie, se battre contre les hommes qui te dominent...
Edgey : Ce sont les gens qui ont l'esprit du blues la chanson parle de ça...

Vous êtes pas mal investi dans des causes pour l'écologie et pour les Améridiens, vous pouvez m'en dire plus ?
Delila : On essaie de le faire par notre musique, notamment pour les Améridiens qu'on entend pas assez chez nous, ils sont sous représentés, leurs voix ne comptent pas dans notre pays, on en parle dans notre chanson " 5th World ".
Edgey : A ce propos, " We Will Reign " est une chanson qui parle des Amérindiens, " 5th World ", sur notre dernier album, aussi. Les Amérindiens sont les gens les plus oppressés aux Etats-Unis, ils sont vraiment marginalisés. Ils ont toujours été maltraités .

Que pensez-vous des élections qui vont avoir lieu cette année dans votre pays ?
Edgey : Les élections ne vont rien changer de mon point de vue. Après je ne suis pas là pour te dire que ce n'est pas important, que tu ne dois pas y participer, c'est juste que le pouvoir en place ne souhaite pas trop que l'on participe au processus électoral, ils veulent que l'on soit aussi distrait que possible. Le système politique américain est fait de telle façon que les gens n'ont pas le moindre pouvoir, tout est fait pour que rien ne change... Notre groupe a toujours milité pour un changement de l'ordre établi, même de manière illégale à condition que ce soit productif et que ça aille de le sens social et humain.

Tu as une voix très puissante qui me rappelle celle de Janis Joplin...
Delila : Cool.
C'est une de tes inspirations ?
Delila : Absolument, j'aime Janis. Au cours de la production de l'album, j'ai aussi beaucoup écouté de musique soul comme Ottis Redding, Al Green, Janis Joplin qui est une des artistes que j'écoute le plus avec Patti Smith. Elles sont dans mon top en femmes chanteuses.
Edgey : Y'a qui d'autre ?
Delila : Quoi ?
Edgey : Tu n'as mentionné que 2 chanteuses blanches
Delila : Aretha Franklin, Odetta, Buffy Sainte-Marie...
Edgey : Tu as beaucoup écouté Ann Peebles dernièrement...
Delila : Oui elle chante comme Aretha Franklin, c'est la même époque mais elle a plus de style, plus de rugosité dans la voix, c'est une grosse influence aussi. J'aime les voix fortes qui portent

Certaines chansons me rappellent Jimmy Hendrix avec la guitare...
Edgey : Certaines chansons oui mais ça évolue comme les premières chansons étaient très inspirées par le blues donc forcément on pense à Jimmy Hendrix mais aussi aux artistes qui l'ont inspiré comme mon guitariste préféré Hubert Sumlin qui a joué avec Howlin Wolf, Muddy Waters, Mike Bloomfield, y'a aussi Jeff Beck, Éric Clapton, Freddy King, Albert King, Robert Johnson bien sur..., y en a tellement.


Comment s'est passé l'enregistrement ? J'aime beaucoup la couleur de l'album ?
Edgey : Ca a été très chaotique, tout s'est fait à la dernière minute en plus...
Delila : On a enregistré une partie avec Joe Castillo qui joue dessus. Il est de Los Angeles, donc on a enregistré la majorité des batteries à LA et le reste de l'album au Portugal. Mais il y a certaines chansons qui ont des éléments des démos qu'on avait fait avant comme " Try me ", ça donne un côté plus brut, on trouvait que ça collait bien de garder ses prises là, cette chanson on l'a fait en live en une prise. On voulait garder la spontanéité.
Edgey : On a appuyé sur le bouton enregistrer sans avoir la structure de la chanson, le rythme, les paroles...
Delila : On avait une vague idée du truc...
Edgey : On voulait faire une chanson rock à la Patti Smith mais finalement ça n'a rien à voir avec la version finale. On s'est dit, appuyons sur Rec, jammons pendant 1 à 3h et ré-écoutons. Au final, on a gardé la première chose qu'on a joué, un moment magique...

Comment c'est passé l'émission Taratata ?
Delila : C'était cool, nous voulions que ce soit différent de nos concerts, nous voulions de l'orgue, du piano et on a amené 2 choristes, c'était très cool...
Edgey : Nous avions le batteur, bassiste et clavieriste de SHAKA PONK. C'est drôle car sur la partie interview, Delila dit qu'elle se sent comme Cendrillon et maintenant où qu'elle aille, les gens l'appellent la Cendrillon du Rock que ce soit nos amies ou nos fans juste à cause de cette interview...

Quels sont vos projets pour cet album qui sort le 15 mai ?
Delila : Il n'est pas encore sorti dans certains pays, du coup les retours autour de l'album sont plus longs, habituellement, au bout de 3 mois c'est terminé, là ça continue vu que la sortie est décalée selon les pays, maintenant les radios françaises diffusent " Soul on fire ", donc les gens commencent à l'entendre... Après ce décalage est du à nos problèmes avec Pledge music, on avait plus aucun budget pour la promotion, y'a que nos fans hardcore qui étaient courant de sa sortie. Maintenant la nouvelle commence à se répandre, ça ne fait que commencer...

Je vous laisse le mot de la fin. Un dernier mot pour vos fans français et ceux qui ne connaissent pas encore le groupe ?
Delila : Je souhaite que vous veniez nous voir en concert que vous chantiez avec moi pendant le concert, dansez avec moi et mettons une grosse ambiance !