Interview réalisée par Ben en Avril 2018


Malgré un emploi du temps chargé, c’est en toute décontraction que Lad (basse) de NOSTROMO, café à la main, nous accorde une petite entrevue.


Salut Lad. Après de longues années de silence, peux-tu nous dire ce qui a motivé votre reformation ?
Lad : L’initiative de rejouer ensemble vient de notre batteur. À son mariage, il voulait qu’on joue l’acoustique (ndlr : " Hysteron • Proteron ", 2004). C’est partie de là, en fait. Puis de fil en aiguille, on a retrouvé le feeling de jouer ensemble en même temps que des propositions. C'était reparti, et c’était juste incroyable comme sensation ! Maintenant, on prend ça très sérieusement. Disons que c'est pas notre job, mais c'est pas loin de l’être. Donc on considère ça comme une refomation sérieuse et on fait tout pour ne pas être un petit groupe du week-end qui se voit de temps à autre pour répéter. On ne fait pas de concert en se reposant sur une notoriété d’il y a quelques années. On a tout à prouver malgré nos expériences et nos acquis. Aujourd'hui, il y a beaucoup de groupes et de musiciens sur le marché donc on va pas se reposer sur nos lauriers suite à une petite gloire. Donc on joue, on répète, on travaille et on est de plus en plus professionnels dans l’approche. C’est que du bonheur ! C’est génial de se retrouver dans des salles où il y a du monde ou de se retrouver dans des grands festival comme Dour, le Hellfest, le Download. On va jouer au Resurrection, au Outch ! par exemple. On fait pas mal de gros festivals cet été, même si un peu moins parce qu’on se concentre sur la composition de notre prochain album. On est en discussion sur comment on va faire ça et quand.


Pourtant, il était question que la fameuse tournée GOJIRA / NOSTROMO ne soit qu’un retour très ponctuel. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?
Lad : C’était une surprise. Quand on a su qu’il y avait le Hellfest et que GOJIRA nous demandait de faire les 10 premières dates de leur tournée avec eux, on était tellement surpris ! On savait pas ce que ça allait donner, ni qu’il y aurait une suite, un engouement, ni qu’on avait envie de faire ça. On s'était dit " on va faire quelques dates ", on savait pas pour la suite. Aujourd'hui on sait. On a aussi un nouveau line-up, on a clarifié certaines choses et c’était reparti ! On est un groupe à part entière qui avons des projets et allons faire pas mal de trucs. Biens ou pas, on verra haha !

Donc c’est pas parce que ça s’est bien passé avec GOJIRA que vous avez décidé de revenir, mais une décision murement réfléchie.
Lad : À l’époque de GOJIRA, non, on n’en savait rien. On a eu un changement de line-up assez important, puisque l’un des membres fondateurs du groupe n’y est plus. Pour nous, ça a été un élément déclencheur de se dire qu’on avait un nouveau line-up. Un super batteur qui commence d’ailleurs ce mois de mars. Il avait joué dans MUMAKIL avant, donc c’est très sérieux.

Comment s’est passé la collaboration scénique avec GOJIRA ? Qu’est-ce qu’un groupe aussi culte que NOSTROMO pense du leader Metal français ?
Lad : J'ai le souvenir du GOJIRA de l'époque, ce n'est pas comme si je voyais METALLICA. On les connait, " entre parenthèses " : on a quand même fait des dates avec eux et on était au même niveau à ce moment là. Mais c'est hallucinant de voir où ils en sont aujourd'hui, je trouve que c'est complètement mérité ! C’est des bosseurs, des putains de musiciens, ils ont une vision du truc qui est incroyable. Donc impressionné ? Oui, par la trajectoire, mais autrement non. Je suis pas fan absolu, à en dire " hannn c’est GOJIRA ! ". Mais les mecs sont cools, leur travail est cool, je respecte à fond. Ça nous a fait plaisir de nous retrouver avec eux, c’était un honneur. En fait, c’était assez particulier comme sensation de ne pas jouer pendant aussi longtemps pour remonter sur scène dans des conditions avancées ! Parce qu’on a jamais joué dans de telles conditions, à l’époque. On a fait un bond, on n’a pas joué pendant 13 ans, mais au niveau conditions de jeu, de salles ou de publics, on avait rarement fait des choses pareilles. Mais évidemment, on ne joue pas dans des conditions comme ça tout le temps, on fait quand même des plus petites salles et ça nous convient bien aussi ! Les petits clubs de 400 - 500 personnes, c’est bestial ! Notre musique fonctionne bien pour ça, elle est plus adaptée. GOJIRA, ils font de la musique de stadium, c’est fait pour du gros quoi ! Nous, ça reste du brutal. On travaille aussi dessus pourtant, parce qu’il faut savoir adapter son show.
Aujourd’hui, les NAPALM DEATH jouent aussi dans de grands endroits, ils ont un show adapté à ça. Nous, si on a l’objectif et la demande de grosses scènes, on sait ce qu’il faut faire maintenant. C’est toute une préparation, c’est un travail d’équipe, qu’on a et qui travaille avec nous. Ce sont des choses qui se préparent ! Tu peux pas monter au Hellfest et jouer devant 15 000 personnes juste parce que tu sais jouer. Non ! Ça se prépare si tu veux faire un bon truc !


Justement, vous avez eu le temps de vous préparer et de passer à la pratique puisque vous avez enchainé bon nombre de dates. Comment NOSTROMO est accueilli par l’exigeant public de 2018 ? Celui qui n’a plus grand chose à voir avec celui du début des années 2000, lorsqu’on était en pleine vague Frenchcore avec la Coriace ou la team Nowhere. Lad : Même nos vieux morceaux ne sont pas forcément ringards à la vue des réactions. Je pense qu’on a notre place. Maintenant, évidemment que le gros challenge pour nous, ça va être nos nouveaux morceaux. Voir comment les gens y réagissent, mais également concernant nos nouvelles prestations scéniques. C’est certain que les choses ont changé en 13 ans : la scène s’est professionnalisée, que ce soit l’encadrement, les lights ou la technique. Le son s’est amélioré. On travaille avec des jeunes. C’est pas qu’on est vieux, on a 40 ans, c’est pas comme si on en avait 83. Mais on a aussi des équipes de mecs qui ont 25 ans qui travaillent avec nous. Par exemple Thomas qui fait nos lights et qui tourne avec ALCESTE ou des gros en France, Benoit, qui est notre ingénieur du son qui tourne avec PROMETHEE. Ça nous permet de nous informer sur ce qui se passe, et il le faut. Et nous-mêmes, on est plus professionnels aussi. On n’a plus cette attitude un peu désinvolte d’il y a 15 ans où on se bourrait la gueule et on faisait les cons. C’est plus le cas aujourd’hui, on prend ça très sérieusement, maintenant. Ça fait partie de nos vies et c’est notre métier. Puis c’est une passion, donc on va tout faire pour rester au top ! Ce ne sont plus les 4 copains qui font ça uniquement pour se marrer. Se marrer, OUI ! " QUE " pour se marrer, NON. Déjà, moi j’ai plus le temps pour ça, il faut que ça s’inscrive dans quelque chose d’un peu professionnel. Je ne peux pas faire des choses " que " pour me marrer, ou si je le fais, on joue une fois par mois. Là, si ça prend autant de temps dans ma vie, c’est pour que ce soit gratifiant d’un point de vue personnel comme professionnel. C’est comme ça que ça marche pour nous.
Pour Jaja (ndlr : Javier), c’est pareil, c’est un artiste indépendant. Il a son salon de tatoo, mais il a choisi de faire prendre une place professionnelle à NOSTROMO. On a un planning sur une année, on sait qu’on va faire ça et on s’y tient. On progresse comme ça et je pense qu’on a encore quelques années devant nous pour faire des trucs cools !

À propos de trucs cools, le trop court " Uræus " signe votre grand retour. Pourquoi ne pas avoir enregistré un EP plus long ? Pour le coup, l’échantillon a beau être très probant, 2 morceaux c’est un peu frustrant après 13 années de silence.
Lad : On a eu un changement de line-up, on a beaucoup tourné, fait beaucoup de dates. Qui dit tournée, dit pas forcément le temps de composer. Ça fait 13 ans qu’on n’a pas été actifs. C’est juste un signe qu’on est de retour et qu’on vous prépare quelque chose. On va peut-être ressortir quelque chose, peut-être un inédit, pour annoncer l’album. C’est en discussion, mais on échelonne les sorties. Parce que quand on sortira un album, ce ne sera pas avant début 2019, au mieux. C’est impossible de ne rien faire et de ne pas avoir d’actualité entretemps. Pour nous, c’est également un challenge d’aller en studio, d’enregistrer et de voir comment les gens réagissent aux morceaux. Et puis, finalement, pourquoi pas ? On avait envie de sortir ce mini EP ! Pas dans un but commercial, parce qu’on ne gagne pas d’argent là-dessus, mais c’est juste pour vous dire qu’on est là. On donne un avant-goût de ce qui va se passer par la suite parce qu’on travaille sur de nouveaux morceaux qui vont faire mal à la gueule.


Du coup, j’ai eu la chance de l’écouter en détail, cet " Uræus ". J’ai mon avis dessus, on y reviendra. Mais selon toi, est-ce que c’est une version 2.0 de NOSTROMO, ou est-ce qu’on retrouve le colosse dans l’état dans lequel vous l’avez laissé au début des années 2000 ?
Lad : Le tempo d’ " Uræus " traduit une version moins nerveuse de NOSTROMO. Mais ça reste brutal, lourd et il y a quand même du riff. Et nous, on privilégie les riffs à fond la caisse, on fait pas juste du " brom brom brom " rythmique ! " Uræus " est bombardé de riffs, c’est complexe niveau rythmique avec des patterns compliqués que la batterie suit. Je ne pense pas qu’on soit devenu accessible : on va pas se mettre à chanter, ça reste du brutal. Ce mini EP est une sorte d’indication : on va être un peu un mélange de sur-brutal à la " CORROSIO "N, avec des trucs un peu plus groove où tu peux vraiment balancer ta tête avec des énormes moustaches qui te poussent au vent. Moi, je suis fan de MOTÖRHEAD, j’adore ce côté un peu Punk, à envoyer du lourd ! Là c’est pareil, on est peut-être technique, mais on veut pas rentrer dans l’aseptisé ! J’ai rien contre, je trouve ça bestial, mais ça ne nous correspond pas ! On a ce côté bestial où on grogne, et on y va. Puis en concert, on constate que si on joue à 10Bpm de plus et que c’est pas forcément aussi calibré que sur disque du coup, y’a une espèce d’énergie qui est cool. Les gens viennent aussi pour ça. Une heure de concert, c’est un marathon et on aime ça.

D’accord ! Mais y’a pas que ça comme changement. Votre première auto-prod, comment ça s’est passé ?
Lad : En fait, mon métier est ingénieur du son, et Jérome (guitare) également. Benoit est notre ingénieur du son. Du coup, on est tous un peu là-dedans et on ouvre un gros studio au mois d’avril, à côté de Genêve, avec console et tout le merdier. Je vais garder mon studio de mastering, vu que j’en fais.
On va enregistrer l’album de NOSTROMO là-bas parce qu’on a toujours aimé faire les choses un peu entre nous. Là, sur " Uræus ", il y a un ingénieur du son genêvois qui a travaillé avec. Il nous a enregistré, il a fait le mix et nous, avec Jérome, on a finalisé le mastering du projet. Donc on aime bien faire ça nous même. Puis le résultat est pas trop dégueulasse, donc c’est cool haha.

Pourquoi avoir choisi le nom d’une créature égyptienne pour cet EP ?
Lad : On n’est pas du tout dans l’égyptologie. L’idée du morceau " Uræus ", c’est l’égo. Ce serpent qui protège les dieux et déesses égyptiennes, c’est l’Uræus, et pour nous, c’est l’égo. Ça parle des dangers de l’égo, de l’orgueil. C’est plutôt dans le sens métaphorique, un peu péjoratif. Nos thématiques sont assez souvent orientées vers des sujets personnels et psychologiques. Ce sont des thématiques morales personnelles ou des rapports de l’individu au monde. On a jamais fait de politique, on n’est pas un groupe à revendication quelconque. De toute façon tu comprends rien quand Javier braille, haha. C’est plus un élément, un argument rythmique, qu’un véhicule de message quelconque.

Pas forcément de message revendicatif, mais certains messages peut-être tout de même ? Par exemple, " Corrosion " est une reprise du groupe NASUM, pourquoi avoir choisi ce groupe et ce morceau ?
Lad : Parce que NASUM ! Parce que " Ecce Lex "», on l’a enregistré dans leur studio (ndlr : Soundlab studios, le studio du chanteur Mieszko Talarczyk décédé fin 2004 en Thaïlande après un tsunami). C’est une espèce d’hommage pour Mieszko et pour cette période. On revient avec un nouveau morceau et une nouvelle reprise. On s’est donc dit qu’on allait reprendre du NASUM… Voilà.

On a donc le morceau " Uræus " qui nous dévoile un NOSTROMO plus mélodique qu’auparavant, et cette une reprise qui, étrangement, est totalement raccord avec ce que vous avez pu produire sur " Ecce Lex ". Pour rebondir sur la question de toute à l’heure, est-ce une manière d’annoncer en douceur que le temps du renouveau est arrivé ?
Lad : C’est bien de l’analyser comme ça ! Nous, on pense pas du tout comme ça… Nous, on fait, puis les gens y mettent un sens. On ne s’est pas dit qu’on ferait un raccord, ou quoi que ce soit, mais c’est génial. Je trouve ça cool de regarder ce que font les gens et d’y donner du sens, sans même que nous y pensions. Comme on est en train de composer les nouveaux morceaux, je peux te dire qu’il y en a à la sauce " Uræus ", mais également à la sauce " Corrosion ", mais qui sont les nôtres. Donc qui défoncent très vite et qui sont vraiment à la NASUM. Moi j’adore le Grind et toute la scène nordique : les ROTTEN SOUND et tous ces machins là. On adore le son et on va peut-être aller vers des choses un peu plus brutales et plus simples, même si ce sera jamais simple puisqu’on restera dans du barré Grind.
Et il y aura des morceaux plus à la " Uræus ", plus mid-tempo où tu peux bouger la tête mais où il se passe quelque chose. Et puis ça fait une douzaine d’années que je fais de la musique électronique, donc il y aura des choses en rapport. Ce ne sera pas un album concept, je n’aime pas ce terme, mais il y aura, comme dans " Ecce Lex ", des interludes et des idées inédites. Puis on a rejoué en acoustique au festival Antigel. On avait des invités qui sont venus se joindre à nous comme Michæl d’IMPURE WILHELMINA, Bernard Monney des HELL’S KITCHEN (Suisse), Christophe Calpini qui joue avec Rodolphe Burger de KAT ONOMA, et ça nous donne aussi des idées. Donc il y aura peut-être un second " Hysteron • Proteron ", mais évolué. Je ne pense pas que ce sera qu’acoustique, il devrait y avoir d’autres choses. On est aussi ouverts à plein d’autres choses, donc.

En parlant d’ " Hysteron • Proteron ", tu nous a parlé d’une potentielle suite ! Peut-on s’attendre à d’autres surprises de la part de NOSTROMO ?
Lad : Complètement ! C’est un souhait qu’on va mettre en application. Moi, j’ai pas envie que NOSTROMO s’arrête uniquement à l’univers brutal. Dans NOSTROMO, on est des musiciens. Je suis musicien, c’est ma vie, je ne veux et ne fais pas que du Metal. Donc je pense que NOSTROMO sera une plateforme d’expérimentation pour d’autres trucs sans que ça rentre dans du n’importe quoi. Ça va être étroitement lié à nos 4 personnalités et au Métal.
Ça veut dire qu’il y aura des connexions avec le Métal, on ne va pas tout à coup faire de NOSTROMO de la Synthwave. Non, ça sera lié avec les trucs qu’on fait en Métal, donc il y aura une espèce de vases communicants mais ce seront des expérimentations. Puis, je pense qu’on fera des collaborations avec d’autres gens. C’est un peu mon souhait de collaborer avec des artistes français, suisses, etc… Je dis pas que ça va se faire, mais généralement, quand on souhaite quelque chose fortement, ça se réalise.


Comme d’éventuelles traces de musique Électronique dans NOSTROMO donc ?! Intéressant ! En espérant que ça finisse pas comme le cuisant EP pour boîte de nuit " The New Future " de BORN FROM PAIN. Et du coup, peu importe le style, qu’est ce qui te scotch musicalement en ce moment ?
Lad : J’écoute beaucoup de musique et beaucoup de trucs différents. J’écoute pas mal de Hip-Hop aussi… Donc c’est pas simple de te répondre. Mais en musique Électronique, ce qui m’a scotché c’est un groupe au nom assez compliqué à prononcer : SHXCXCHCXSH. C’est monstrueux ! Y’a aussi EMPTYSET d’incroyable.
Concernant le Métal, y’a le dernier MORBID ANGEL qui ne m’a pas convaincu au départ. Et finalement, je me suis un peu plongé dedans et je trouve qu’il y a des trucs intéressants dedans. Au final, il est cool, j’adore même ! C’est Jérome qui m’a fait aimer MORBID, c’est un énorme fan. Et puis j’adore leurs albums " Domination " et " Covenant ", que je trouve monstrueux.
Là j’écoute MISERY INDEX que j’aime beaucoup, ROTTEN SOUND, ou le dernier CANNIBAL CORPSE. Ils envoient toujours autant, ils se sont pas ramollis… C’est bestial ! J’écoute du OBITUARY aussi.

Ok, donc t’es presque autant dans l’Électro que dans le Metal. Du coup, tu penses quoi de CARPENTER BRUT qui allie les deux ?
Lad : J’adore ! Mais je préfère en live qu’en disque ! En live, ça m’a scotché, avec ce côté PERTURBATOR. Cette sorte de Synthwave, moi j’adore. C’est une fusion de bon goût en plus, c’est pas juste un truc cheesy. Attends, je prends ma playlist là… (à voix basse) Hmm… Michel Sardou. (suivi d’un petit temps de recherche). Y’a un truc en Ambient que j’aime bien, c’est THE DEAD TEXAN, c’est super.


Et dans l’autre sens, quel est l’artiste inavouable que tu écoutes ?
Lad : Moi j’écoute du NINO FERRER ! Haha ! Nan mais c’est bien NINO FERRER ! Je suis sérieux, mais sa période un peu psychédélique où il aurait voulu aller. Finalement on l’a préféré pour des chansons ringardes, mais il a fait des morceaux incroyables. " Looking For You " défonce, c’est monstrueux ! Mais inavouable ? Alors là… poufff… chais pas…

Même pas un équivalent de JUL ?
Lad : Je pense qu’on a quand même une responsabilité en tant que personnage public, vis-à-vis des gosses qui s’éduquent à travers ça. J’aime pas les mauvais messages ni la violence gratuite. Ceux qui véhiculent une mauvaise image de la femme, par exemple. Ça m’énerve un peu. Là, c’est un business. Y’a des gens qui sont peut-être moins bons dans leur art et qui vont plutôt utiliser des dérivés, comme une image, pour se vendre. Je pense que ça fait partie d’un tout, tu vois.
C’est pour ça que j’aime bien le Métal. Alors, pas tout le Métal ! Parce qu’il y a aussi des mises-en-scènes qui sont là pour compenser… Mais je trouve que dans NOSTROMO, et c’est pour ça qu’on ne réussira jamais (rires), on est des musiciens avant tout. On met la musique en avant, avant le commercial. On n’a pas une " attitude ". Tu me vois maintenant ou avant un concert, c’est la même chose. Il y a d’autres groupes que je respecte beaucoup comme BEHEMOTH ou ce genre là, ça me fait marrer. C’est une scène qui me fait marrer : je pourrais pas monter sur scène déguisé ! Pourtant leur musique est monstrueuse, j’adore ce groupe, mais c’est pas mon univers. Mais c’est personnel, ça veut pas dire que c’est merdique. Je suis plus dans un délire plus simple.


Restons dans le registre de la musique qui pique… Qu’est-ce que préférerait faire NOSTROMO entre participer à The Voice ou reprendre " Despacito " en version Grindcore ?
Lad : Choix numéro 2 ! Bon, si on devait choisir et si on n’avait pas d’autre choix que de faire ça ! Mais " Despacito " peut-être pas, quand même…

Pourtant, c’est ça qui se vend ! Du coup, si votre objectif c’était d’être dans le top des ventes de disques, s’il n’y en avait qu’un pour convaincre, quel serait l’argument actuel que NOSTROMO utiliserait pour mettre d’accord les jeunes amateurs de Metal qui ne vous connaissent pas ?
Lad : " C’est le futur ! NOSTROMO est le futur ! " Non, mais j’en sais rien… Je pense qu’on restera toujours une sorte de niche, on ne fera jamais du grand public. Je pense pas, à part si tout à coup cette musique devenait la norme. Ça reste quand même brutal ! Les voix surtout. GOJIRA, leur dernier album est épique ET accessible. Je suis fan de l’ " Enfant Sauvage " qui est monstrueux, mais ils se sont adoucis. Peut-être pas forcément dans le son, mais ce n’est plus un groupe de Death Metal aujourd’hui. C’était un groupe de Death à la base et s’ils ont encore des gimmicks de Death, c’est plus le cas. C’est comme MASTODON, t’avais envie de te foutre en l’air tant c’était bien à l’époque, aujourd’hui c’est devenu un groupe de Pop Rock. Leur dernier album n’a rien à voir avec ce qu’ils faisaient. Je pense pas qu’avec le line-up actuel de NOSTROMO, on puisse faire ça. C’est juste pas possible ! Ça va continuer à brailler, on va pas se mettre à chanter ou des choses du genre. On restera comme ça, que ça plaise ou pas, c’est notre marque de fabrique. Est-ce que c’est bien ? Je sais pas, en tout cas ça nous convient.
NAPALM DEATH n’a pas changé d’un iota, tu vois ce que je veux dire ? C’est un gros groupe de Grind, maintenant est-ce que ça va toucher un large public ? On sait jamais, mais on s’en fout, tant qu’il y a du monde ! Jouer devant 300 - 400 personnes c’est une chance, c’est bestial ! Notre musique n’est de toute façon pas adaptée pour jouer dans des stades. Le Hellfest c’était une expérience monstrueuse. Mais comme je te disais avant, notre musique est vraiment faite pour du club, pour des petites salles où les gens peuvent sauter dans tous les sens. Il y a une espèce d’énergie qu’on sent, une communication avec le public ! Jouer devant 10 000 personnes, c’est génial, mais la communication avec le public, c’est mort, t’y comprends rien. Tu vois que ça braille, tu vois que ça passe, c’est cool pour l’égo, mais on est quand même un groupe qui joue dans des caves à la base, un groupe de Punk ! Elle vient de là, cette musique. C’est comme si tu demandais à BLOCKHEADS de jouer à Wembley, ça n’a aucun sens - rires.


Un NOSTROMO fidèle à lui-même… Bonne nouvelle. Donc si votre futur album, ça va donner quoi ? Tu peux nous en dire plus ?
Lad : Ça reste très vague. Comme dit, ça va être enregistré dans notre studio avec Jérome, Benoit et moi. Maintenant, quand ? Idéalement, on aimerait rentrer en studio en octobre 2018 pour éventuellement proposer quelque chose début 2019. Est-ce qu’on va réussir ? Pas sûr, mais on va tout faire pour.