Interview réalisée par Ben le 07/07/13.
Un dimanche d'Eurockéennes : aussi frais qu'un hareng millénaire vivotant dans une flaque d'urine, je me rends péniblement à l'espace presse des Eurockéennes pour interviewer Maciek Ofstad, l'un des deux guitariste de KVELERTAK.
KVELERTAK au grand complet (Maciek Ofstad tout à droite)
Tu n'y couperas pas : pourquoi le nom KVELERTAK ?
En fait, c'est le genre de truc qui arrive naturellement. Lorsqu'on a commencé le groupe, c'est Marvin, le bassiste, qui a suggéré : " Appelons le groupe KVELERTAK ! ". Ça veut dire "strangulation" chez nous, et c'est un mot à la fois cool et original. C'est également lui qui a proposé : "Ayons une chouette comme logo !".
Depuis, KVELERTAK a toujours été indissociable de sa chouette.
Auteur : ? (Si quelqu'un connaît l'auteur du visuel, peut-il me contacter via la page " contacts " ?)
On peut lire pas mal de chroniques de votre album où il est mentionné que vous faites du Black Métal Rock'N'Roll, que penses-tu de cet étiquetage ?
Pour moi, KVELERTAK est avant tout un groupe de Rock, c'est mélodique, c'est juste Rock'n'Roll. Donc je pense que c'est assez idiot. Si quelqu'un estampille notre musique comme étant du Black Métal, c'est qu'il ne sait pas ce que c'est réellement... Mais je comprends les similarités parce que nous avons clairement des influences Métal et il est si facile, quand tu es un groupe norvégien, d'avoir affaire à des réflexions telles que : " Ah, il y a des blastbeats dans ta musique qui contient du Métal ? Alors tu fais du Black Métal. ". Parce que c'est la seule chose que les gens connaissent de la Norvège donc c'est la première chose qui leur vient à l'esprit. Mais je ne dirai jamais que nous faisons du Black Métal.
Nous avons des influences liées au Black Métal puisque tous les membres du groupe en écoutent et que c'est une culture très ancrée dans nos régions mais nous ne sommes définitivement pas un groupe de Black Métal.
Mais ça c'est parce que vous êtes un groupe aux consonances " exotiques " dans des pays comme la France, on n'a pas l'habitude de ce genre de musique.
À chaque fois qu'on parle de musique, les gens veulent nous placer quelque part : "T'es Rock'n'Roll, t'es Méetal, t'es telle étiquette". On veut nous étiqueter. Mais je pense qu'on est un groupe difficile à ranger dans une case précise. C'est pour ça que nous appelons ça du Rock'n'Roll tout simplement.
Donc chez vous, les groupes comme KVELERTAK sont largement plus répandus ?
Ouais, il y a bien plus de groupes qui ont des points communs avec notre style musical. Tu les trouves partout ! Les gens font ce qu'ils ont envie de faire. Mais bref, ce qu'il faut comprendre, c'est que la musique que tu fais, le but c'est de la jouer et c'est tout, le reste n'a pas d'importance, comment tu veux l'appeler, tout ça.
T'as juste à jouer ta musique et si ça te conviens, c'est tout bon. C'est tout !
Revenons à votre musique, comment décrirais-tu votre évolution entre votre premier album et " Meir " ?
Je pense qu'elle est allée vers plus de maturité.
Quand on a fait notre premier album, ça a plus été comme un best of de KVELERTAK parce que le groupe existait déjà depuis 4 ans. Donc quand on a fait cet album on a juste pris les meilleurs morceaux. On n'a pas réfléchi à une certaine logique ni à prendre les morceaux que l'on a créé dans une même période pour créer une ambiance particulière. Si tu compares " Blodtørst " avec " Liktorn ", ça n'a pas grand chose à voir et pourtant tu comprendras que tu écoutes le même groupe.
" Meir ", lui, a été écrit sur une période de temps plus courte et son fil rouge est plus perceptible. À travers tout l'album, du premier au dernier morceau, c'est clairement le même groupe. Je pense qu'il est plus mature, bien meilleur et on est de bien meilleurs musiciens maintenant qu'à l'époque où nous avons enregistré le premier album. On a quand même joué ensemble, je sais pas moi, sur 500 dates. Donc quand tu joues tellement ensemble, tu es obligé d'évoluer vers quelque chose de meilleur.
Personnellement j'aime le premier album, je le ressens vraiment comme le mieux que l'on ai pu faire à l'époque et je le trouve incroyable mais " Meir " est plus bien plus couillu. On est un groupe plus mature maintenant, on sait ce qu'on fait, on sait où on veut aller et on planifie les choses. Je me sens juste bien là où on en est aujourd'hui.
" Kvelertak ", premier album (2010) et " Meir " second album (2012).
Artwork de John Baizley (chant / guitare dans BARONESS).
Mais avec " Meir ", ta vision de " Kvelertak " aurait changé ?
Nan ! Tu sais, on a commencé à enregistrer notre premier au début de l'année 2010 et si tu regardes en arrière sur toutes les choses que tu as faites avec ton groupe, je pense qu'il y a toujours des trucs à redire. C'est un réflexe humain de dire " Oh ceci aurait pu être mieux, cela aurait pu être mieux ". C'est comme si tu étais un peintre : tu peins, tu finis ton tableau, tu l'oublies, au suivant. Le problème si tu reviens en arrière c'est que tu trouves toujours quelque chose à redire et tu n'en a jamais fini. Donc non, j'aime toujours autant le premier album, je ne le changerais pas même si j'en avais le pouvoir.
À part le cliché " ce que je préfère en tournée c'est jouer ma musique ", c'est quoi ce que tu préfères quand vous partez en tournée ?
La meilleure chose quand tu pars en tournée, c'est d'être en tournée avec mes amis. Être dans le tour bus, c'est toujours un bon moment : on écoute de la bonne musique, on boit de la bière et venir là où le ciel est bleu et où la météo est parfaite comme ici en France (ndlr : effectivement, les Eurockéennes 2013 ont été à la hauteur niveau météo). Monter sur scène quand il y a des fans aussi, jouer sur scène, j'adore donner un concert et partir pour en jouer un autre le lendemain. C'est comme si ton rêve de petit garçon devenait réalité.
Mais c'est à la fois plein d'avantages et plein d'inconvénients que de partir en tournée. En gros, on est en tournée depuis 3 ans maintenant, donc on n'est jamais à la maison. Et autant j'aime voyager et être loin de chez moi, autant j'ai horreur d'être éloigné de mon foyer et de ma famille, c'est une succession de choses qu'on aime et déteste de partir en tournée mais on est un groupe terriblement chanceux parce qu'on tous amis dans le groupe et qu'on passe de bons moments. C'est pas comme si on allait au boulot. Les concerts que nous donnons sont toujours différents, on est tous très potes dans le groupe donc c'est que du bon temps pour nous.
Parlons festival. Quelle sont les majeurs différences entre les festivals français et les festivals norvégiens ?
La nourriture ici est tellement meilleure. J'adore la cuisine française.
La morbiflette, une tartiflette au Morbier, spécialité franc-comtoise, l'une des savoureuses victuailles disponible durant le festival. (Photo non contractuelle)
Ouais bon... t'es pas au meilleur endroit pour déguster de la haute gastronomie française non plus...
C'est pas si mal que ça ! T'es allé en backstage ?
Non.
Non ? Tu peux y trouver des fruits de mer ! Des moules dans une sauce au vin blanc, c'est plutôt délicieux. Pour le reste, c'est un peu difficile la comparaison France / Norvège parce que c'est le premier festival français dans lequel on joue depuis qu'on existe. Mais c'est extraordinaire ici.
Quoi qu'il arrive, les festivals sont les festivals : y'a du monde, les gens sont de bonne humeur et dans l'ambiance de l'événement. Maintenant ajoutes-y le beau temps actuel et toutes les conditions sont réunies pour un super moment. Mais il n'y a pas de grande différence.
À l'époque, on préférait les festivals norvégiens parce qu'on vient de là-bas donc on y donnait nos plus gros concerts comparé à ce qu'on pouvait espérer dans le reste de l'Europe. Mais maintenant c'est sensiblement la même chose et peu importe où tu te trouves, les gens sont là pour avoir du bon temps.
Et justement, à propos du public, paraît qu'en France, on serait particulièrement peu réceptif et même plutôt froid vis-à-vis des groupes qu'on vient voir en concert, qu'en penses-tu ?
On vient d'effectuer une tournée européenne de mars à avril, et le meilleur concert qu'on ait pu donner était à Paris. Ce concert était un truc de cinglé. De cinglé ! C'était au Glazart, un petit club où on était tous serrés, il y avait tant de gens ! Tout le monde chantait, c'était dingue !
C'est là-bas qu'on a tourné le clip " Kvelertak ", mais également à Oslo et à Hamburg, donc c'est un clip live. Alors si quelqu'un te dis que les Français ne sont pas un public participatif, ils se plantent ! Du moins à ce que j'ai pu en juger par mon expérience.
Le Glazart (Paris), de l'extérieur et de l'intérieur.
Tu as une anecdote à propos des Eurockéennes ?
Une anecdote ? Je pense juste que c'est quelque chose de super. On est arrivé ce matin, c'est un festival magnifique, très propre et la logistique concernant les groupes est irréprochable.
Le concert était bon, la nourriture est bonne et il y a des tonnes de bons groupes qui jouent ici.
Tu as rencontré des gens d'autres groupes d'ailleurs ?
On est des amis de GRAVEYARD mais on n'a pas encore eu le temps de se voir. Sinon sur scène on ira voir RED FANG, et on est impatient de voir BLUR. Quoi qu'il en soit, ce festival est super mais bizarrement on n'en avait jamais entendu parler avant.
J'étais au catering tout à l'heure, j'ai vu que c'était la 25ème année et en regardant les affiches des anciennes éditions, j'ai remarqué qu'il y avait chaque année un nombre incroyable de bons groupes alors que je n'en n'avait jamais entendu parler avant. Mais ça y est, j'ai les yeux ouverts maintenant.
GRAVEYARD, Suède.
Et justement, quel groupe souhaiterais-tu voir aux Eurockéennes si tu pouvais faire venir n'importe qui ?
METALLICA (ndlr : j'ai pas eu le temps de terminer ma question) ! Hahaha facile ! On a joué au Roskilde Festival hier, au Danemark et METALLICA était en tête d'affiche. On a pu les voir que 5 minutes parce qu'on devait directement partir pour rouler jusqu'ici étant donné que c'est loin. Donc cet été, s'il y a un seul groupe que je veux voir, c'est METALLICA parce qu'en 5 minutes de concert, j'ai eu le temps de me dire " putain, je veux voir leur concert ! ".
Quel est le futur de KVELERTAK ?
Jusqu'à fin août, on fait les festivals. On joue tous les week-ends : on joue 4 jours et on récupère les 3 autres jours. En gros, on joue tout l'été.
Après cela, on ira au Japon et en Australie. Ce sera notre première fois au Japon donc on est vraiment impatient d'y aller. Et j'ai entendu dire qu'en Australie les gens ont assez envie de nous voir en jouer, ce qui est plutôt positif. Ensuite, on fera à nouveau une tournée en Europe, dans les villes où l'on n'a pas eu l'opportunité de jouer de mars à avril.
Et enfin, on retournera en tournée aux USA pendant 5 semaines et après c'est Noël ! On verra bien ce qui va se passer l'année prochaine... Mais on travaille constamment, sur la route également. C'est comme ça que tu continues à faire vivre un groupe, c'est le seul moyen de le faire. Mais de bonnes surprises sont à venir.
Très bien ! Et pour le mot de la fin, je veux du norvégien qui sonne bizarre !
Tu aimes la nourriture ?
Évidemment !
" Komle med dott ! "
Pour plus de renseignements : http://fr.wikipedia.org/wiki/Raspeball