![]() Interview réalisée par DamDam durant le Motocultor 2025 à Carhaix le 17 août 2025.
Patron du métal industriel depuis plus de trois décennies, FEAR FACTORY contre vents et marées est toujours vivant, toujours debout ! Célébrant comme un jeune premier, les 30 ans d’une pierre angulaire de l’histoire du métal " Demanufacture ". Une chance pour Nawak Posse en marge du Motocultor Festival 2025 de s’entretenir avec le benjamin du groupe, Milo Silvestro, sur son intégration au sein de la formation californienne, la sortie du futur album et ses premiers contacts avec la science-fiction. Milo, " Demanufacture " fête ses 30 ans cette année, que représente cet album pour toi ? Milo : Bon, c’est assez évident ce que je vais te répondre mais c’est clairement un album révolutionnaire, Ils avaient déjà fait des choix stylistiques dès " Soul of a New Machine " (premier album sorti en 1992), une approche dualistique avec le growl d’un côté et le chant clair de l’autre, des patterns syncopés, à travers ce parti pris, ils ont clairement changé le visage du métal à jamais. Beaucoup de groupes modernes se sont inspirés justement de ce style à part entière. C’est clairement ce qui définit la patte FEAR FACTORY ! Milo : En effet, et même si le groupe existe depuis 1990, " Demanufacture " a rencontré un plus grand succès que son prédécesseur en touchant un plus large public appuyé par une production costaude, l’utilisation de samples, de sonorités électroniques, c’est encore une source d’inspiration, pour moi et beaucoup de productions actuelles s’en approchent. Ils n’ont pas le même son que " Demanufacture " mais ils s’approchent de ce son, certains même sans s’en rendre compte. En quelques sortes, ce sont vos héritiers ? Milo : Exactement ! Tu aurais des exemples qui te viennent en tête ? Milo : Oh ! Je n’ai pas de noms qui de viennent dans l’immédiat, mais je dirai que 99.9 % utilisant des logiciels de production comme Octane, du moins via ce type de formule. Après cela ne vient pas forcément des groupes, mais plus souvent du producteur. Tu as 3 ou 4 producteurs qui chapotent un peu tous les groupes, et au final ça donne l’impression que tous les groupes se ressemblent. Après c’est un autre débat, mais ça montre à quel point FEAR FACTORY a influencé bon nombre de groupes, pas forcément dans le métal actuel, mais il y a 15 ou 20 ans beaucoup s’en sont inspirés. Les gens se sont dits : " Ok, c’est comme ça qu’il faut jouer du métal ! ". En particulier les groupes de la fin des années 90, les premiers groupes de metalcore/deathcore du début des années 2000. Complétement inspirés ! Tu es le membre le plus jeune du groupe. Comment es-tu entré en contact avec FEAR FACTORY et comment s’est faite ton intégration au sein du groupe ? Milo : C’est assez dingue, ça se passe pendant la Covid, j’étais confiné en Italie en février 2020 et j’ai commencé à poster des covers de FEAR FACTORY pour " tuer le temps " et comme nous étions tous cloitrés chez nous… Joli passe-temps ! Milo : N’est-ce pas ! A ma grande surprise, Dino a commenté une de mes vidéos et l’a partagé sur Facebook. Plus tard, il m’a contacté via Messenger. J’étais un peu sous le choc…, on a commencé à discuter, il m’a posé pas mal de questions. Comme tout le monde le sait, FEAR FACTORY à l’époque était en pleine bataille judiciaire. Aucune autorisation de tourner, ou de faire quoique ce soit sous l’étendard du groupe. Je pense que Dino, à ce moment précis commençait a scruté de nouveaux horizons. Il était en guerre avec les anciens membres, il y avait plusieurs procès en même temps. Finalement, Burton a perdu ces droits sur FEAR FACTORY et Dino de son côté a remporté son procès. Les droits ont été mis en enchères pour que Dino puisse les racheter, Burton décide de claquer la porte et l’annonce officiellement en Septembre 2020. J’étais toujours en contact avec Dino à cette époque et il me demandait de faire encore quelques covers, me disant que ce serait pour potentiellement un projet solo. Rien que ça, je trouvais l’idée folle mais avec le départ de Burton, Dino me propose de prendre part à des auditions pour récupérer le poste de chanteur. J’ai répondu directement "QUOI ?!?! ". Je n’aurai jamais cru qu’un jour je ferai parti du groupe, c’était excitant mais aussi très flippant. ![]() Etant un jeune fan, j’imagine bien ! Milo : ça faisait 20 ans que j’étais musicien professionnel, mais là c’était vraiment passer un cap en partant en tournée, j’avais déjà joué en live mais pas à un aussi haut niveau. J’ai dit ok " challenge accepté ! " et c’est comme ça que je suis devenu le chanteur de mon groupe favori. J’ai pu me rendre aux auditions à L.A l’année suivante (novembre 2021), j’ai pu échanger avec Dino pendant une bonne semaine, taper le bœuf sur de nombreux morceaux et prendre connaissance de la tâche qui m’attendait. Notre première tournée devait débuter en février 2023, donc en 2022 j’avais une année de libre pour me préparer physiquement à prendre la route, travailler sur ma manière de chanter. J’ai la chance d’avoir deux parents musiciens, et ma mère est professeur de chant… Elle t’a donné quelques tips ? Milo : Clairement ! Je chante depuis une quinzaine d’années, je suis plutôt musicien à la base, tout ce qui touche à la batterie et aux percussions, mais chanter c’est un peu ma thérapie. Auprès d’elle, j’ai surtout appris des techniques vocales mais pas de là à faire du solfège et étudier ça tous les jours. Il était évident pour moi qu’il fallait que je sois opérationnel à 100 % pour assurer sur scène. Ils m’ont vraiment aidé à prendre confiance en moi notamment sur le chant clair, c’est un peu paradoxal mais je suis plus à l’aise avec le screaming. Il fallait vraiment pouvoir offrir un chant clair cristallin quand on a des notes hautes comme sur " Linchpin " ou " Resurrection ", c’est un sacré défi. C’est une tâche énorme d’être le chanteur de FEAR FACTORY. Milo : Absolument, et comme beaucoup le savent, et ce n’est pas pour l’enfoncer mais Burton a eu beaucoup de problèmes avec sa voix. Beaucoup attendent de FEAR FACTORY, je ne dirai pas la perfection mais dans un certain sens presque. Je me retrouve avec une sacrée responsabilité, pas uniquement à cause de ça, mais aussi parce que c’est un chanteur mythique, je sais que je ne plais pas à une petite minorité de fans mais tu dois faire fi des médisants et faire au mieux pour les convaincre. Tu as enregistré ton premier album avec le groupe, sortie prévue courant en 2026 me semble-t-il… Milo : Tout à fait, ça arrive l’année prochaine, j’espère fortement une sortie prochaine d’un single un peu plus tard cette année ou vraiment début 2026 mais je te confirme bien une sortie à venir. J’ai passé 4 mois et demi à Los Angeles au printemps (de février à juin) pour enregistrer toute la partie vocale et créer les effets qui vont avec. Pete a enregistré toutes ces parties de batterie. Une fois que nous aurons fini cette tournée, ainsi que celle avec les Cavaleras en septembre/octobre, on enregistrera le reste pour partir sur le mixage et sortir un cd massif rapidement je l’espère. ![]() Okaaay… je suis prêt ! (rires avec Milo). La science-fiction tient une part importante dans l’histoire de FEAR FACTORY. Quel a été ton premier contact avec la SF ? Milo : C’est amusant parce que je suis un tel fana de FEAR FACTORY, au point de devenir un fan de SF. Cependant, il y a beaucoup de films que je n’avais jamais vu étant plus jeune, j’ai commencé mes séances de rattrapage il y a quelques années, j’ai commencé avec " Blade Runner ", nous faisons énormément référence aux films dans nos albums comme sur le sample de Genexus : " that’s what it is to be a slave " ou " like tears in rain ", des scènes magnifiques. J’en avais parlé à un ami, comme quoi le groupe faisant référence à " Blade Runner ", en sachant que le film était iconique tout en ne l’ayant pas encore vu. Il me dit " Quoi tu ne l’as jamais vu, mais tu dois le voir MAINTENANT ! " Tu as dû faire tes devoirs ! Milo : J’ai pris une vraie claque ! Je me suis tourné ensuite vers " Terminator " et " Robocop ". Et bordel, les deux premiers " Terminator " font partie de mes films favoris désormais. Depuis, j’ai vu la version Lynch de " Dune ", je ne suis pas vraiment un fan des films à la " Star Wars ", je suis plutôt attiré par les films dystopiques. J’ai vu " Brazil " de Terry Gilliam, un film visionnaire ! Et récemment des films plus modernes que j’ai pu regarder avec Dino, histoire de puiser notre inspiration pour le prochain album. On a regardé " The Creator ", " I Am Mother " avec une mère robot qui essaie de repeupler humainement la planète car l’espèce humaine s’est éteinte. Cela m’a bien inspiré pour écrire de nouvelles paroles. J’ai aussi vu l’an passé, dans l’avion en revenant de notre tournée avec MACHINE HEAD, un film qui s’appelle " A.I "… Le film de Spielberg ? Milo : Putain qu’est-ce que c’est triste ! Je n’ai jamais vu celui-ci, c’est un des seuls Spielberg que j’ai raté ! Milo : Tu ne l’as jamais vu ?! Tu devrais ! Tu crois que je vais pleurer comme une madeleine à la fin ? Milo : Oh mec, ça va te détruire de l’intérieur ! Il est magnifique ! Avec un petit garçon robot : David ! Il est joué par Haley Joel Osment non ? Le petit gars de… Milo : De " Sixième Sens ", exactement ! Il est incroyable dedans, il joue un enfant robot produit pour compenser le manque des familles ne pouvant avoir d’enfant. Le père de famille travaille pour la compagnie qui les fabrique : Cybertronics. L’enfant a du mal à s’adapter, et agit bizarrement en reproduisant ce qu’il observe. Et la bande originale du film est à la fois superbe et effrayante. Je ne veux pas te spoiler le film. Mais le film, le thème abordé, l’histoire et l’ambiance m’ont beaucoup inspiré pour écrire des textes pour l’album à venir. Le fait qu’un robot puisse ressentir de l’amour, de l’attachement, qu’il puisse être traité d’égal à égal. C’est un combat différent de " Blade Runner ", ici il s’agit de trouver l’amour d’une mère. Bref, je trouve beaucoup d’inspirations dans énormément de film traitant de ces sujets. Que pouvons-nous souhaiter et attendre de FEAR FACTORY dans l’avenir ? Milo : La sortie du nouvel album bien évidemment ! Tourner, tourner et encore tourner ! On bosse dur pour offrir les meilleures performances live possible ! Nous ne pouvons qu’être reconnaissant et redevable envers nos fans, étant moi-même un fan de musique, je sais que la tâche s’annonce ardue, on s’attache au line-up classique des formations, bon nous ne sommes pas le line-up classique mais nous faisons tout pour passer outre et faire de chaque concert un moment unique. Grand merci à tous nos soutiens, et je vous promets de ne pas faire de déçu avec ce qui viendra dans le futur. Merci beaucoup Milo. ![]() |