![]() Interview réalisée par Hicks le 28 Février 2020 à L'Empreinte de Savigny le Temple avec Steve " Lips " Kudlow (guitare/chant).
Photos réalisées par Anne Elodie Zemler. Vous avez sorti votre nouvel album " Legal At Last ", le titre parle de la légalisation de la marijuana au Canada ? Lips : Oui en partie, c'est l'idée initiale du moins, car la marijuana est devenue légale au Canada mais en fin de compte c'est beaucoup plus que ça, c'est dit dans le sens que ça aurait dû toujours être légal, ça n'a jamais été illégal parce que c'était mauvais pour la santé ou que ça te rends stone, c'est illégal car ça affecte l'économie mondiale, ça a plus rapport avec l'argent et l'économie. La production de coton est une industrie mondiale utilisée pour beaucoup de choses, nos vêtements et toutes sortes de matériaux, et donc si le chanvre avait été utilisé à la place ça aurait mis la production du coton sur la paille, ça c'est la premier point. Le second point, la fabrication du coton est extrêmement corrosive pour l'environnement, elle gaspille de l'eau potable, on utilise des bouteilles d'eau en plastique c'est stupide. La marijuana peut être utilisée pour faire de l'essence bio, du bio carburant et ainsi remettre en cause pas mal de choses. C'est une question écologique si on regarde plus loin. On a pollué nos océans avec le plastique, pour la production du papier, on abat des arbres et des forêts entières et au lieu d'épuiser nos ressources et de pourrir notre planète, on pourrait utiliser le chanvre pour faire tout cela. Le chanvre, ça pousse de partout, plus besoin d'abattre des arbres pour faire du papier, utilisons le chanvre. Du coup, je trouve que c'est un grand pas en avant de fait de le rendre légal car on va pouvoir enfin l'utiliser dans pleins de domaines et on va peut-être enfin pouvoir réparer notre environnement avec. L'autre aspect c'est la santé, certains produits chimiques qui sont dans le chanvre dont le CBD peuvent être utilisés pour traiter les cancers. Il y a tellement de niveau de lecture différents dans l'album. On en parle dans toutes les chansons, ce n'est pas juste le fait " allons fumer pour être stone ", je le vois plus comme célébrons le fait que nous allons pouvoir commencer à guérir notre planète, il faut arrêter de voir le chanvre et par extension la marijuana comme un stupéfiant, utilisons-le maintenant à des fins médicales. Ca peut servir d'anti-douleur... Lips : Oui, nous l'utiliserons comme un anti-douleurs plutôt que la morphine qui en plus est très addictif. Personne n'est mort d'une overdose de marijuana, ça n'existe pas, on ne peut pas en mourir de cette façon là, ce n'est pas une drogue addictive, elle n'est pas léthale, les gens l'appelle drogue mais la caféine par exemple c'est une vraie une drogue, elle rend accroc. On dit aussi narcotique à cause des effets que ça a sur le cerveau dans le sens où elle change ta perception du monde mais je ne suis pas d'accord avec ça, c'est comme les gens qui s'inquiètent maintenant des mecs qui fument au volant et qu'on compare avec l'alcool au volant. On les met dans le même panier alors que ça n'a rien à voir, ce n'est pas comparable. Peux-tu m'en dire plus sur le titre " Chemtrails " ? Lips : C'est aussi connecté à la marijuana. Les chemtrails sont des produits chimiques qui sont déversés dans notre atmosphère pour ralentir le processus de réchauffement climatique, c'est une forme liquide de l'aluminium qui reflète la lumière du soleil et qui ralentit les effets de réchauffement du soleil qui nous touche. ![]() Le titre " Nabbed In Nebraska " parle de traverser une frontière pour arriver au Nebraska là où la marijuana est illégale ? Lips : C'est ça. Aux États-Unis, nous jouions dans le Colorado et en Oregon, des états où fumer de la marijuana et en posséder est légal et un ami à moi m'en avait donné. Et comme je ne fume pas beaucoup, il m'en resté sur moi et au moment de passer la frontière pour se rendre au Nebraska, on a vu de plein de panneaux anti-drogue... et du coup, j'ai pris ce qu'il me restait et l'ai jeté par la fenêtre. Et les mecs m'ont vu faire, ils nous ont arrêté et m'ont collé une amende pour jets de déchets sur la voie publique et possession de marijuana et tout ça à l'entrée de l'État. De toute façon dans cet état, ils font ça pour l'argent, y'a aucune pédagogie ou autre... Comment s'est passé le processus de création pour ce nouvel album ? Lips : Comme d'habitude. J'écris et compose la musique en premier et ensuite les paroles. Je fais tout chez moi devant mon ordi, ça vient naturellement, je sors tout un tas de riffs, je les enregistre, je les amène ensuite en répétition pour que Robbie les entende et puis on prend un riff qu'on aime tous les deux, on travaille dessus et 10 min après nous avons une chanson. Tout vient naturellement sans se forcer, ça ne se commande pas, ça dépend aussi de ce qui se passe autour de toi, ça peut t'inspirer des fois. Regardes DEEP PURPLE par exemple, ils étaient en Suisse, ils ont vu un feu par la fenêtre, des gens courir comme des fous dans tous les sens et c'est comme ça que leur est venu le titre " Smoke on the water ". Que vouliez-vous dire avec la cover de l'album ? La pochette c'est un ange qui fume un bong en forme d'enclume (Anvil), mais la couverture arrière c'est un diable qui fume. Ca symbolise pour moi, pour le meilleur et pour le pire, certains d'entre nous sont pour la légalisation, d'autres sont contre, mais en mettant l'ange sur l'avant, c'est plus pour dire ça va vraiment aider et que tu sois une bonne ou une mauvaise personne ça n'a pas d'importance à nos yeux, ce qui l'est c'est que ça doit être légal... ![]() Avez-vous ressenti une évolution dans votre carrière depuis la sortie du documentaire de 2008 ? Lips : Absolument ! Les gens ont compris au moment du doc, que c'était notre 13ème album, il montrait ce qui se passait dans le groupe, qu'on galérait et que ce n'était pas comme si nous venions de sortir notre premier album. Après le documentaire n'était pas fait pour parler du passé et c'est ça qui a fonctionné je pense. On nous a filmé en Europe, en train de se battre pour jouer, ça montrait à quel point nous étions dévoué, on se s'est pas caché, on a montré toutes les facettes du groupe, dire la vérité et se mettre à nu ce n'est jamais facile surtout dans l'industrie musicale, c'est un combat de tous les jours. En tout cas, les gens ont vu le documentaire, ils l'ont aimé, ça a inspiré plein de monde je pense à ne jamais abandonner car abandonner c'est perdre, tu dois te battre pour arriver à tes fins, c'est le message du film je pense et les gens ont apprécié, il me semble, le documentaire pour ça. En tout cas, ça a eu un gros impact pour nous, on a eu beaucoup de retours positifs, on a senti que beaucoup de gens voulaient nous voir maintenant. Ca nous a aider à continuer, de toute façon, on n'aurait pas arrêté. Pensez-vous que vous méritiez mieux depuis vos débuts ? Lips : Non ! On a que ce qu'on mérite. Quelqu'un extérieur au groupe pourrait dire qu'on mériterait mieux, mais je ne pense pas, je suis satisfait de ce qu'on a et de ce qu'on a fait depuis le début. Dire qu'on mériterait plus ce serait de la cupidité pour moi et ça voudrait dire que je ne suis pas heureux car je suis insatisfait. Or tout va bien, je n'ai plus à avoir un travail " normal " pour gagner ma vie, je gagne maintenant ma vie en faisant ce que j'aime, j'ai un mariage heureux, j'ai une famille, je suis propriétaire... Quels sont vos projets pour cet album ? Lips : Jouer et m'amuser encore plus. Pour l'instant tout se passe bien, c'est une des plus grandes et longues tournées que nous n'ayons jamais faite... Comment ça s'est passé au Japon ? Lips : C'était bien, on y retourne en Novembre prochain. Y'a quelques promoteurs là-bas qui aiment beaucoup le groupe donc c'est génial pour nous car on a une énorme fanbase, à chaque fois nos concerts sont complets ! Ils sont très dévoués au Japon... Lips : Oui ils sont très dévoués surtout quand ils aiment. Mais dans le Métal c'est partout pareil. Quand les gens aiment, ils sont très dévoués pour leur groupe préféré. ![]() Quel est votre meilleur souvenir de tournée ? Lips : Le meilleur ? Je ne sais pas c'est celui que je construis demain peut-être. Je vis au jour le jour. Comment avez-vous fait votre set-list pour ce soir ? Lips : Généralement, c'est la même tous les soirs, nous faisons une résidence avant de prendre la route et faisons attention à ce que la set-list soit différente à chaque tournée, nous ajoutons des nouveaux titres... Il y a beaucoup de vieux titres, des nouveaux également, on ne peut pas tout jouer, on fait le meilleur set qu'on peut. On a environ 200 chansons dans notre répertoire, c'est donc difficile d'y choisir 15 chansons. On le fait au plus juste, du mieux qu'on peut... Je vous laisse le mot de la fin... Lips : Je suis heureux de pouvoir enfin jouer en France, ça a été un long chemin pour venir jusqu'ici et j'apprécie cet instant. Il y a tellement de fois où nous devions venir avant mais à chaque fois ça ne s'est pas fait et finalement ça arrive. C'est un beau pays avec des gens cool. |