YEAR OF NO LIGHT + BRUIT
Mérignac le 18/04/2022
(L'Atabal)


Year of no light + Bruit @ Mérignac

2 ans ! Quasi deux longues années de disette putain ! La saignée ! Mais ça y est, les affaires reprennent ! Ce soir, on va faire un saut à Mérignac pour assister au retour au bercail du combo de post-metal local YEAR OF NO LIGHT, les seigneurs du sludge girondin. Les six gaziers viennent présenter leur dernier effort, " Consolamentum ", à leur public. Ils sont accompagnés pour l’occase, par BRUIT, les nouveaux protégés du, désormais incontournable, label indé allemand, Pelagic Records (au sein duquel officie également YONL). La soirée promet.

C’est donc au quartet toulousain qu’incombe la tache d’ouvrir la soirée. BRUIT, c’est le petit nouveau de Pelagic, qui vient présenter son premier album " The machine is burning and non everyone knows it could happen again " paru il y a presque un an (Avril 2021), et qui fait suite à un EP, " Monolyth ". Le label germanique pousse bien pour promouvoir les français puisqu’ils enchaînent les dates avec des ouvertures pour YONL et AMENRA, le Roadburn, le Dunk et ArcTanGent notamment (rien que ça). Je sais notamment déjà que je les retrouverai en ouverture d’AMENRA à l’Atabal de Biarritz dans un mois à peine.

Pour ma part, je découvre le groupe et j’en suis tout à fait heureux. Le combo n’officie pas dans le style que j’affectionne le plus mais le plaisir est tout de même certain. BRUIT produit un post-rock mâtiné de classique où les violons et violoncelles disputent aux guitares électriques et machines. J’ai pu lire ici et là les termes " rock symphonique ", " néo-classique " ou encore « électro-ambiant » pour qualifier la musique de BRUIT. Mwoui, ça peut, « il y en a » comme dirait l’autre. Les mots restent toutefois assez impersonnels et bien évasifs malgré tout.
Pour ma part, je rapprocherais la musique des toulousains de groupes comme EXPLOSIONS IN THE SKY, MOGWAI, GOD IS AN ASTRONAUT…, mais surtout GODSPEED YOU! BLACK EMPEROR qui semble être l’influence majeure. Les syncopes et autres contre-temps de la batterie rythment le voyage et partagent l’espace avec les ambiances des guitare, clavier et samples divers, délicieusement ornementées par les mélodies des cordes classiques. La musique est agréable, envoutante, les compositions ciselées, les ambiances prenantes, les sons soignés, ça le fait carrément. BRUIT livre une prestation où l’obscurité et la lumière cohabitent délicieusement, emportant le public dans son univers personnel, riche et sophistiqué.
Seul petit bémol pour ma part, des projections d’un genre trop souvent vu sur scène et à moitié bouffées, qui plus est, par les lights. Détail, me direz-vous. Certes Monsieur ! La prestation du combo était tout à fait savoureuse, constituant une excellente découverte et une très belle entrée en matière.

Vient désormais le tour de YEAR OF NO LIGHT, les locaux, les local-heroes. Les lascars sont attendus car ça commence à faire une paye qu’ils n’ont pas officié sur leurs terres. C’est l’occasion de présenter officiellement au public girondin leur dernier album, sorti en juillet 2021 (chez Pelagic Records), 8 ans après " Tocsin ". La date est spéciale à plusieurs titres car le combo fête également ses 20 années d’existence. Déjà 20 piges ! Ca promettait un set intense. Et en effet, il le fut.
Le groupe est en canne et la messe est rapidement dite. Immédiatement, l’ambiance devient étouffante. Mur de guitares down-tunées, batteries lourdes, hypnotiques, basse vrombissante, le son est énorme. Le sludge cathartique du combo confine au sublime. On retrouve les atmosphères denses et torturées du groupe, ces rythmes lents, lourds, accompagnés des mélodies envoûtantes, hypnotiques propres au combo. Ces compositions sinueuses qui transportent l’auditeur dans un univers où les forces opposées s’attirent et se repoussent en permanence. On y est, c’est ici et maintenant. Le public venu en nombre se laisse aspirer dans les méandres du doom avec une certaine délectation.
Le set fait la part belle au dernier album du groupe (" Objuration ", " Alètheia " notamment), mais celui-ci s’autorise quelques " écarts " en rappelant à nos bons souvenirs quelques morceaux des précédents efforts, remontant le temps jusqu’à " Nord ". Quelques guests sont également de la partie pour participer à la fête, et ce sont une guitare et une basse qui s’ajoutent à un line-up déjà bien épais. Les pièces s’enchaînent et on ne voit pas passer le set, complètement plongés dans l’univers, à la fois sombre et lumineux du sextet.
Aucun doute donc sur le fait que YONL reste un poids-lourd du genre, un incontournable du post-métal tendance sludge/doom et que l’expérience est à vivre en live.



Merci donc à la production et au Krakatoa de nous avoir offert cette belle affiche pour se remettre en jambes.


(Review réalisée par Ciryl, photos réalisées par Remi Godet)

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