TAGADA JONES + PUNISH YOURSELF
Paris le 17/12/21
(Le Trianon)


Tagada Jones + Punish Yourself

Dire que toute la communauté punk métal alternative française attendait ces concerts dans la capitale parisienne est un doux euphémisme. Beaucoup de connaissances ont croisé les doigts pour que ces concerts aient lieu dans le contexte particulièrement tendu et incertain lié à l’épidémie de la Covid-19. Et certains ont dû se faire des entorses puisque leurs vœux ont été exaucés, avec gerbes de feu et de sang, sourires et larmes d’émotions pures !

SOIR 1 (17/12/2021) : Une punition divine !

PUNISH YOURSELF :
Le passage des contrôles de sécurité et de billets se fait avec un plaisir non feint, tant l’attente était grande et l’espoir d’assister à cette première soirée de plus en plus maigre. A peine ai-je le temps de gravir les marches d’entrée et de récupérer prestement une boisson hydratante et houblonnée, qu’un vrombissement s’empare de la salle de concert à proximité. C’est l’heure de PUNISH YOURSELF et ça va faire mal !
Les rythmiques industrielles martiales s’imposent d’emblée, tandis que le groupe se détache progressivement des lumières hypnotiques dans leurs traditionnels corpse paint fluorescents. Le son est puissant et d’une incroyable qualité, ce qui permet de véritablement apprécier ce grand manifeste industriel décadent et sexy. On ne sait plus si ça pogote ou si ça danse. En tout cas, ça vit et ça vibre à l’unisson. Les corps se détachent et se rapprochent à intervalles réguliers tandis que la température grimpe au fil des morceaux.
Après une précédente prestation au Gibus à Paris en 2019, à laquelle j’ai eu la chance d’assister, le Trianon apparait comme un écrin parfaitement adapté à la déflagration sonore de PUNISH YOURSELF, qui tient dans sa main un public conquis et envouté. On se revoit quelques années auparavant dans des soirées obscures en sous-sol, une musique pénétrante qui nous caresse les oreilles, mais là avec l’esprit punk et les poings serrés en plus.
Fin du premier round, PUNISH YOURSELF a remporté le combat haut la main. On a déjà mal partout et c’est ça qui fait du bien. Les sourires et les accolades s’échangent au milieu de la salle, tandis que certains semblent redécouvrir des sensations depuis trop longtemps oubliées. La soirée commence bien. Les TAGADA ne se sont pas trompés en s’entourant des PUNISH pour leur première soirée. Ces derniers ont mis la barre très haute et les TAGADA ont un sacré défi à relever..

TAGADA JONES :
Après une dizaine de dates en province depuis l’été 2021, TAGADA JONES part à la conquête de la capitale parisienne et de son public souvent décrié pour sa froideur et sa retenue en live. Pas sûr que la suite donne raison aux contradicteurs. Le public parisien n’a pas été froid mais aussi exigeant que vibrant, et TAGADA JONES le leur a bien rendu en défendant son dernier album " A feu et à sang " avec véhémence et passion.
Dès le démarrage sur le morceau titre " A feu et à sang ", le son est massif et aussi impitoyable que le chant hurlé et reconnaissable parmi tous de Niko. Et quel plaisir de découvrir que le groupe a mis les petits plats dans les grands pour son public, en lui offrant la présence exceptionnelle d’un orchestre à cordes sur le côté droit de la scène, et, d’un ensemble de percussions sur le côté gauche (LES BIDONS DE L'AN FER), qui interviennent alternativement sur certains morceaux. On ne cesse de s’émerveiller de cette fusion des styles et des rythmes, qui prend son envol sur le morceau " Le dernier baril " tiré du dernier album. Le refrain scandé en mode " gasoline " nous emporte dans des gerbes d’étincelles tirées de l’arrière de la scène. La venue du chanteur de PUNISH YOURSELF sur " Nation to nation " démontre la complémentarité des deux formations et réjouit les chanceux de la première partie du concert.
Autre grand moment, ce « Mort aux cons » avant le rappel, avec ses chœurs scandés fièrement par une foule déchainée. Quelle fierté de faire partie de cette communauté qui prend le temps de regarder dans le rétroviseur et de renouveler ses postures partisanes, toujours en but à toutes les formes de fascisme et de pensée réactionnaire. Quelle actualité que ce morceau qui résonne, tandis que certains osent arborer fièrement leurs chemises brunes sur les plateaux de télévision à l’approche de l’élection présidentielle. Incontestablement, tout le monde a cette échéance en tête et espère ne pas être emporté dans une vague nauséabonde et antisociale. Si la posture politique de TAGADA JONES n’est pas nouvelle, son discours demeure particulièrement pertinent et retentissant en cette soirée de décembre 2021. C’est cette même solidarité et fierté musicale qui emporte tout le monde au moment de reprendre le classique " Cayenne " de PARABELLUM lors du rappel.
TAGADA JONES revendique son héritage musical et prouve une nouvelle fois encore que l’esprit punk n’est pas mort en France, loin de là.


(Review réalisée par Kévin)

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