SKUNK ANANSIE
Paris le 26/03/25
(L'Olympia)




Paris vibre déjà de mille vies ce mercredi soir de mars.
Le boulevard des Capucines grouille, les terrasses débordent. Devant l’Olympia, l’effervescence est palpable. L’affiche en lettres rouges ne laisse aucune place au doute : ce soir, c’est SKUNK ANANSIE. Et ça ne rigole pas.
J’arrive à temps pour passer par la fosse presse — timing serré, juste ce qu’il faut pour me glisser dans la lumière rouge qui baigne la salle, déjà pleine à craquer. Trois morceaux pour shooter, pas un de plus. Le protocole est rodé, mais rien ne prépare jamais vraiment à l’impact que provoque l’entrée en scène de Skin. Et oui, pour une fois j’ai manqué la première partie, retenu par un client.

“ This Means War ” ouvre les hostilités avec un sens du dramatique parfaitement calibré. L’intro fait trembler les murs, Ace est implacable sur ses six cordes, et la voix de Skin jaillit comme un uppercut. Une apparition en noir, entre férocité et grâce, qui fait l’effet d’une alarme dans le ventre. Le ton est donné. À peine le temps de souffler que “ Charlie Big Potato ” s’impose, toute en tension rampante. Cass, sobrement rasé, tricote une ligne de basse hypnotique, tandis que Mark Richardson mène la danse avec une précision martiale. Les lumières plongent dans l’industriel et l’étrange. C’est lourd, presque tribal. Et déjà, le public est pris à la gorge.
Troisième titre : “ Because of You ”. Mélancolie taillée dans le rock. Je remballe mon matos, sors du pit et remonte côté gradins. Marion m’a gardé une place en or, et quelle surprise : à ma droite, Keziah Jones, captivé, comme suspendu aux vibrations de la scène. On est deux à savourer. La suite ? Une rafale de morceaux anciens et nouveaux, chacun interprété avec une intensité bouleversante. “ An Artist Is an Artist ” surgit comme une déclaration d’intention. Skin en fait un rituel. “ I Believed in You ” s’envole, émotive et tranchante. “ Love Someone Else ”, plus froide, presque électro, tranche avec l’ensemble, mais s’y insère comme un éclat de néon dans la pénombre.
Puis les classiques : “ Secretly ”, repris par la salle entière, et “Weak”, dont la montée en puissance fait chavirer la fosse. Skin descend, traverse le public, fait asseoir tout le monde. La communion est totale, orchestrée avec l’autorité bienveillante d’une prêtresse. La tension ne redescend jamais vraiment. “ I Can Dream ” est rugueuse, “ My Ugly Boy ” déborde de hargne. “ Tear the Place Up ” transforme la salle en un gigantesque pogo. C’est une déferlante. Le son est d’une netteté redoutable, chaque riff fend la salle, chaque break de batterie percute au plexus.
Le premier rappel débute dans un silence presque sacré. Skin revient seule pour “ Hedonism ”, qu’elle offre comme un poème. Toute la salle chante à l’unisson. Puis viennent “ Cheers ”, et ce moment suspendu où le groupe s’amuse à jouer quelques mesures de “ Whole Lotta Love ”... qui se transforment, sous l’impulsion du public parisien en feu, en une véritable reprise du classique de LED ZEPPELIN. Énorme. Unique.
Et ce n’est pas fini. “ Little Baby Swastikkka ” déboule, sauvage, et “ Yes It’s Fucking Political ” enchaîne sans pause, coup de poing final dans le ventre d’un monde trop sage. Second rappel : “ You’ll Follow Me Down” , dernière offrande d’une soirée brûlante. Backstage, le groupe est détendu, rieur, heureux. Skin rayonne, Ace plaisante, Cass et Mark serrent des mains. Un verre à la main, Skin trinque à notre santé. C’est à la fois la fin et le début de quelque chose.
SKUNK ANANSIE a livré ce soir une performance à la fois rageuse et magnifiquement maîtrisée. Le groupe n’a rien perdu de sa verve, ni de sa pertinence. Toujours prêt à rugir, à dénoncer, à faire danser. Et surtout, à rassembler.



Merci Roger et Marion pour cette belle soirée, à Doudou de Radical productions et enfin au groupe pour sa disponibilité en after.


(Review et photos réalisées par Djaycee)

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