SEISACH METAL #3 :
LOUDBLAST + GOROD + EXOCRINE + HEBOÏDOPHRENIE

Sauveterre de Guyenne le 15/10/2022
(Simone Veil)


Watain + Abbath @ Paris le 15/09/22

Samedi 15 Octobre 2022 se tenait à Sauveterre de Guyenne, la troisième édition de la Seisach’ Metal Night. Organisé par un petit groupe de passionnés ayant pour volonté de faire bouger la petite bastide et de construire un tissu culturel fort sur un territoire rural sud-girondin parfois délaissé, l’évènement est devenu, en seulement 3 éditions, un rendez-vous prisé des metalheads de la région. Celui-ci ne se cantonne d’ailleurs pas seulement à une soirée-concert, le programme est bien plus vaste. Les organisateurs proposent diverses manifestations autour du concert, avec des expositions et conférences à la médiathèque de la ville notamment.
Après être passé à côté des deux premières éditions, il fallait que je couvre celle-ci. Rendez-vous était donc pris : le 15/10, 18h30 à Sauveterre.

C’est donc tranquillement, par un joli temps ensoleillé d’automne, sur un air d’été indien comme disait Joe, que je pris la route accompagné de quelques potes, direction Sauveterre de Guyenne. Une petite 1/2h de route pour se chauffer au rythme des virolos de l’entre-deux-mers, une esquive bien sentie pour éviter de monter sur le capot de la charrette un local en scooter qui avait déjà, visiblement, bien entamé la soirée malgré l’heure peu avancée et bataillait en ligne droite avec son foutu guidon rebelle et cette putain de gravité pour tenter de rester le cul posé sur son brélon, et nous voilà arrivés dans la bastide.
Salle Simone Veil, place Jacques Chirac, numéro 69…, ça ne s’invente pas. Il n’y a aucun bâtiment alentour place Jacques Chirac à Sauveterre de Guyenne. Et s’il faut dire que j’ai peu l’occase de me rendre à Sauveterre malgré la proximité (chez moi c’est la pampa mais Sauveterre se défend pas mal non plus), la bastide est pleine de charme et dotée d’un très bel outil, dont très (très) peu de communes de cette taille disposent. Cerise sur le gâteau, les bonnes volontés locales ont su s’agréger et s’emparer de la chance de disposer d’un tel lieu, se mobiliser, et donner de leur temps et de leur énergie pour le faire vivre et offrir à un public large des évènements qui attirent bien au-delà de la commune. Le boulot est à saluer ! Bravo Messieurs-Dames.

Place à la soirée maintenant.
La salle est belle, les gens souriants, quelques stands (disquaire, merch, goodies, dessins…) et le tatoueur Gribouille Art / Bal d’Hiver Tattoo Club (Saint-Macaire) présent pour réaliser une performance artistique tout au long de la soirée (une peinture en live). A boire, à manger, tout y est.
T’ajoutes à cela la lourde affiche de la soirée : HEBOÏDOPHRENIE, EXOCRINE, GOROD et LOUDBLAST. L’affiche est très axée " locale " mais ultra qualitative pour tout amateur de métal extrême. On est bien Tintin, ça devrait le faire.

19h10 : C’est HEBOÏDOPHRENIE qui allume les premiers feux de la soirée. Le groupe a récemment pu s’entraîner en terre locale puisqu’il a réalisé une résidence dans cette même salle en juin dernier. Il a pu y prendre ses marques et il n’y aura pas de préliminaire. BIM ! C’est asmate, direct. Originaire de Bordeaux, formé en 2010, 2 albums à son actif (en 2013 et 2020), le groupe t’arrache d’entrée de jeu les cages à miel avec son " brutal deathgore ", un gros death metal mâtiné de death-core, un truc massif et ultra abrasif à la fois. Ca défouraille dans tous les sens : gros riffs à la 7 cordes down-tunée, mosh-parts, séances de tapping et autres soli sauce gros son. La voix alterne entre growl d’outre-tombe et hurlements aigus, la batterie savate sans relâche. C’est du classique mais bien branlé, super maîtrisé et bien efficace. La set-list du soir fait la part belle à " Cannibalism for dummies "», le dernier opus du combo. Seul " Bonnet M ", extrait de " Origin of madness " vient s’intercaler. Le groupe déroule 9 morceaux sur un rythme effréné, pour un set intense, où les occasions de reprendre son souffle sont rares. C’est à bloc de bout en bout, pendant 40 minutes. La soirée vient de commencer, sans round d’observation ou de montée en température progressive, on est déjà presque sur les rotules mais le public est dedans et en redemande encore.



Ca tombe bien, car il ne faudra pas compter sur EXOCRINE, qui va prendre la suite, pour faire retomber le rythme d’enfer imprimé par ses prédécesseurs de la soirée.

On poursuit avec un autre groupe Bordelais, toujours dans le bien dru, bien velu, dans l’ " agression auditive ". Le registre n’est pas le même mais on reste toutefois sur de la sauvagerie. Ca va encore plus vite, c’est encore plus technique, moins hardcore (pas de crossover ici), plus mélodique par moments.
Le combo entame le set avec " Blast ", morceau issu de leur dernier opus en date : " The hybrid suns ", sorti en juin dernier. Ca défouraille direct, sans perdre de temps non plus. On est vraiment dans du death technique avec des tempi de dingue, du tapping à doses orgiaques, de la double pédale de grosse caisse en quasi continu. Ca blaste encore tout le long, avec quelques passages mélodiques bien sentis mais c’est du quasi zéro répit. Rythme de folie, c’est pas fini, comme dirait l’autre. On enchaîne avec deux autres morceaux issus de la dernière galette (" The hybrid suns " et " Dying Light ") avant de basculer sur 4 morceaux issus du précédent ouvrage d’EXOCRINE (" Maelstrom ", 2020), et de se finir sur " Hayato " (" Molten Giant ", 2018) et " Cryogenisation " (" Ascension ", 2017). Le set est dense et le groupe déroule sans temps mort un mix extrêmement homogène de brutalité, de technique et de mélodie, absolument implacable et sans aucune fausse note. Ouf !



Pas encore complètement sur les rotules, mais quand même bien lessivés par les 2 avalanches précédentes, on attend avec impatience la suivante.
La voici !

C’est au tour de GOROD de prendre place. Véritable pilier de la scène death bordelaise, le combo fait partie des incontournables du death technique en France et sa musique a, depuis un moment déjà, largement dépassé les frontières de l’hexagone. GOROD c’est 25 piges de son, 9 galettes (CD promos EP, albums), et une 10ème en préparation, des centaines de concerts dans le monde, autant te dire que ça tient le pavé, que ça va braiser et qu’il ne faudra pas compter sur les gaziers pour faire retomber le rythme de la soirée.
La set-list du soir brasse large et va puiser dans les différents efforts du combo. On citera : " Here die your gods ", " Bekhten’s curse ", " The path ", " Birds of sulphur ", ou encore le GOJIRiesque " The orb " (dont les fans ont pu avoir un avant-goût avec un clip diffusé depuis quelques temps sur YT) à paraître sur la prochaine galette.
GOROD, égal à lui-même, toujours millimétré, implacable, distribue les caramels et les agates. Le groupe assène un brutal death technique recherché où prennent places des touches de hardcore (le chant notamment), de metal plus straight, de prog, de jazz et autres. La musique du combo s’écarte volontiers des recettes trop classiques du strict death technique. Les bordelais ont toujours tracé leur propre chemin et livré une musique dense, riche, ciselée et personnelle qui prend encore une autre dimension sur scène agrémentée de la simplicité et la bonne humeur manifestées par ses membres.
Un incontournable pour tout amateur de death vénère.



Pour clôturer la soirée, c’est LOUDBLAST qui a la charge d’achever le metalhead. Et oui, qui d’autre que les pionniers du thrash/death français pour clôturer cette soirée ? LE groupe de thrash/death français, les papas, quasi 40 ans d’existence. Est-il vraiment nécessaire de les présenter ? Y-a-t-il encore un amateur de métal en France qui ne connaît pas Stéphane Buriez et sa clique ? Buriez, c’est un peu le pape du metal en France, un précurseur. Le gars connaît tout le monde dans le milieu, et tout le monde le connaît. Guitariste, chanteur, producteur, et même animateur TV avec l’émission " Une dose 2 metal " sur L’Enorme TV. C’est un incontournable !
Alors, autant être honnête avec toi, si j’ai kiffé à son époque le très épais CLEARCUT (side project du gars avec son côté ultra fat), je ne suis pas un grand fan de LOUDBLAST et ne connais pas bien leur discographie. Et si je reconnais sa musique et son apport à la scène metal hexagonale, je suis moins client de ce qu’il fait que des précédents groupes de la soirée. Il faut toutefois saluer l’initiative des organisateurs d’offrir une bonne grosse tête d’affiche aux fans venus nombreux pour clôturer la 3ème édition de sa Seisach Metal Night.
Et LOUDBLAST n’est clairement pas venu pour faire de la figuration. Une petite intro et BIM : " The Promethean fire " (extrait du dernier album " Manifesto ", 2020) ! Vient ensuite " Taste me ", avant d’enchaîner sur la quasi totalité de l’album " Disincarnate " (1991). Pas moins de 8 morceaux de cet opus qui a fêté ses 30 ans l’année dernière. Seul manque à l’appel " Arrive into death soon ". Viendront ensuite deux derniers morceaux pour parachever la soirée et laisser le public exsangue mais ravi. Toujours à bloc, efficace, échangeant constamment avec son public, LOUDBLAST fait le taf, pas de soucis, les darons connaissent le boulot et maîtrise l’affaire sur le bout des doigts. C’est lourd, c’est puissant, mené tambour battant de bout en bout, LOUDBLAST c’est du sûr.



Les fans de metal épais du soir ont donc été choyés et servis à satiété. L’équipe organisatrice a mis tous les ingrédients pour concocter une soirée réussie, aux petits oignons, pour tous les amateurs de gros son. Une bonne grosse programmation axée velu hexagonal, avec des pointures du style, une orga au poil avec une volonté farouche de faire bouger un territoire rural qui en avait bien besoin (c’est maintenant chose faite), et un bel écrin pour accueillir tout ce joli monde. Chapeau, merci et à la revoyure !


(Review et photos réalisées par Ciryl)

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