HUMAN IMPACT + MAQUINA. Paris le 17/04/25 (Le Petit Bain) ![]() Pour leur tout premier concert parisien, HUMAN IMPACT a choisi le cadre moite et industriel du Petit Bain, barge amarrée sur la Seine. Lieu parfait pour un groupe qui allie tension mécanique et urgence organique. Cette date n’est pas anodine : c’est la première de leur tournée européenne, la toute première fois que ce line-up se produit sur scène, et surtout, l’acte de naissance live du nouvel album " Gone Dark ", sorti quelques mois plus tôt chez Ipecac Recordings. Le public, curieux et déjà bien initié, s’est déplacé nombreux – la salle est quasi pleine, sans être compressée, et tout le monde semble prêt à accueillir cette formation new-yorkaise comme elle le mérite. Pas besoin de fumigène pour que le brouillard se lève d’entrée. Juste les coups de massue métronomiques d’Halison sur sa batterie, la basse saturée de Tomás, et la guitare de João qui crisse comme une sirène dans un tunnel. MAQUINA., trio lisboète tout en tension, a offert un set aussi abrasif que dansant, entre krautrock, techno-indus et EBM à vif. Une musique sans synthés mais viscéralement électronique, organique, punk, et hallucinée. Dans une salle encore en train de se remplir, ils attaquent avec" :·. ", une intro tellurique qui met les corps en alerte. Puis les morceaux s’enchaînent sans relâche : " Step On Me ", pulsation martiale où le chant se mêle à la batterie comme une incantation, puis " Desterro ", qui ralentit le tempo mais renforce la tension, évoquant un duel entre ombre et acier. Le virage club arrive avec " Body Control ", morceau central du set, où la ligne de basse donne envie de danser les poings serrés, et où le public commence à vraiment entrer dans le jeu. MAQUINA. ne parle pas. Ils cognent. " Denial " suit, hargneux, compact, totalement désinhibé. Et comme ils ont commencé, ils terminent en bruit pur avec " . ", une fermeture sèche, presque conceptuelle, qui claque comme une porte dans un couloir vide. C’est là leur force : créer de la trance sans machines, juste par le souffle, l’impact et l’urgence. Un set aussi physique que mental, aussi sale que précis. Une claque à la fois punk, rituelle et frontale. Les fans aimeront certainement les revoir dans un club, ou dans un bunker. Personnellement j’attends HUMAN IMPACT. Set-list : 1. :·. 2. Step On Me 3. Desterro 4. Body Control 5. Denial 6. . Sans fioriture ni mot d’introduction, HUMAN IMPACT entre sur scène et lance directement " Collapse ", le morceau d’ouverture de " Gone Dark ". Un choix logique, presque cérémoniel : comme s’il fallait marquer le point de départ sonore et physique de cette nouvelle ère. Les six premiers morceaux de l’album sont joués dans l’ordre – " Hold On" , " Destroy ", " Reform ", " Imperative ", puis " Only Pain " reprise de UNSANE issue de l’album " Visqueen " – créant une étrange impression de déjà-vu pour ceux qui connaissent l’album : comme s’ils écoutaient un vinyle en live, face A déroulée sans pause tout en restant fidèle à son ex groupe. Chris Spencer, tendu et concentré, balance ses riffs dissonants avec l’intensité qu’on lui connaît depuis UNSANE. Jim Coleman, au fond à droite, joue les chefs d’orchestre de l’ombre, alternant nappes, bruits, samples et lignes synthétiques, parfois même des accords pour masquer les changements d’accordage d’Eric Cooper. On sent que le groupe cherche encore ses marques dans les transitions – quelques blancs, des regards échangés, mais jamais rien qui brise l’intensité. L’arrivée de Jon Syverson à la batterie (ex-DAUGHTERS, remplaçant Phil Puleo) donne un nouvel élan. Plus sec, plus nerveux, il apporte une tension rythmique qui colle parfaitement à l’atmosphère plus agressive de " Gone Dark ". Quant à Eric Cooper, bien connu pour ses collaborations avec Spencer dans UNSANE et MADE OUT OF BABIES, il est le liant basse-cordes de la machine. Le quatuor fonctionne – c’est évident – avec une cohésion presque instinctive malgré la nouveauté du line-up. Visuellement, le show est soutenu par la projection de clips et visuels officiels du groupe à l’arrière-scène. Un procédé qui pourrait paraître gadget, mais qui fonctionne ici parfaitement : les images abstraites, urbaines, parfois dérangeantes, renforcent la noirceur du propos sans le surcharger. Cela compense d’ailleurs l’absence de véritables lights spectaculaires : on est là pour l’ambiance, pas le show à l’américaine. Après la salve " Gone Dark ", HUMAN IMPACT pioche dans ses autres sorties. " E605 " et " November " sont les seuls rescapés du premier album. Le premier, toujours aussi hypnotique avec ses boucles acides, est accueilli comme un classique. Le second, plus calme et introspectif, s’impose en rappel comme un moment suspendu. Trois titres de l’EP01 trouvent aussi leur place : " Recognition ", " Contact ", et le magnifique " Sparrow ". Ces morceaux plus anciens rappellent l’évolution rapide du groupe : de l’indus post-apocalyptique à quelque chose de plus frontal, plus rock, parfois presque punk dans l’énergie. La set-list mentionne également " Repeat " qui ne sera pas joué. Le groupe semble avoir préféré finir sur une note plus calme avec " November ", avant d’enchaîner sur " Sparrow ", clôturant ainsi le set avec grâce et noirceur mêlées. Un choix étonnant, mais cohérent. Si l’on devait pointer quelques faiblesses, ce serait du côté des transitions. Le set gagnera en fluidité à mesure que la tournée avancera. Jim Coleman remplit admirablement les vides avec ses textures, mais parfois, on sent les musiciens en train de se parler du regard, de caler les pédales, de retrouver leurs marques. Rien de dramatique, au contraire : cela fait partie du charme brut d’un premier concert. Le public est attentif, respectueux, presque trop sage. Peu de pogos ou de mouvements de foule, mais des têtes qui hochent en rythme, des visages tendus, captivés. HUMAN IMPACT n’est pas là pour divertir mais pour submerger, et cela, ils l’ont réussi. Pour une première date de tournée, HUMAN IMPACT frappe fort. " Gone Dark " se révèle taillé pour la scène, et le groupe, même s’il tâtonne parfois dans les transitions, prouve qu’il possède une cohésion rare et on le voit dans les hug que Chris a dispensé tant à Jim qu’à Eric ou les chuchotement qu’il leur faisait à l’oreille entre les titres. Le son, massif, est parfaitement rendu par l’ingé son du Petit Bain. Le choix de projeter les clips ajoute un vrai plus à l’expérience visuelle. On quitte la salle convaincu : HUMAN IMPACT est bien plus qu’un supergroupe de vétérans. C’est une entité en mouvement, une machine rugissante dont l’humanité suinte par tous les pores. Vivement la prochaine date. Set-list : 1. Collapse 2. Hold On 3. Destroy 4. Reform 5. Imperative 6. Only pain 7. E605 8. Corrupted 9. Recognition 10. Contact 11. Lost All Trust 12. Sparrow Rappel : 13. November 14. Repeat (non joué mais sur la set-list) Merci à Rosie de Rarely Unable pour l'invitation et Ted de W-Fenec pour l’obtention du pass photo. (Photos et review par Djaycee) <<< Retour >>> |