GRACIE ABRAMS + DORA JAR
Paris le 27/02/25
(Accor Arena)




C’est avec une légère appréhension et une excitation mesurée que j’accompagne ma fille ce soir à l’Accor Arena pour le concert de GRACIE ABRAMS dans le cadre de son " The Secret of Us Tour ". Je suis là avant tout pour lui faire plaisir, mais aussi parce que certains titres de la jeune artiste américaine ont été coécrits par Aaron Dessner de THE NATIONAL, un musicien que j’admire profondément. Il y a donc un double intérêt à cette soirée : d’un côté, partager un moment privilégié avec ma fille et, de l’autre, découvrir en live une artiste dont la plume et la sensibilité ont su capter l’attention de nombreux auditeurs.

C’est en mode VIP que nous entrons dans la salle après une heure trente d’attente… mais les fans de GRACIE sont là pour échanger, partager. Qui prend une photo insta, qui échange un bracelet, qui fait signer un drapeau. Les fans non-VIP sont de l’autre côté du bâtiment, certains ont passé la nuit sur place et on une couverture de survie. Nous rentrons pour prendre notre merch associé au pack vip et nous sommes ensuite séparées en deux files d’attente distinctes, fosse or droite et fosse or gauche… La deuxième petite scène divisant la fosse or en deux. Bien que nos billets indiquent fosse droite, nous partons vers la gauche avec une certaine décontraction et esprit de contradiction… et nous avons bien fait car la scèno nous donnera dans quelques minutes raison.
Une personne de l’équipe nous indique en anglais de ne pas faire les marioles, que nous avons été numérotés et que toute personne s’amusant à sortir du rang serait renvoyée au fond de la queue… à la fois militaire mais assez « fair » pour tous ceux qui font la queue depuis le début.

DORA JAR : UNE PREMIÈRE PARTIE INTENSE ET AUTHENTIQUE
La soirée débute avec DORA JAR, l’artiste en première partie, qui entre sur scène sous les applaudissements chaleureux du public. Son univers singulier, oscillant entre indie pop expérimentale et envolées mélodiques, captive immédiatement. Il est totalement impensable (mais pas étonnant avec des teenagers sous hormones complètement hystériques) qu’une pétition ait vu le jour pour la remplacer… qu’attendaient les fans hardcore ? Taylor Swift ?
Celle qui avait répondu à la polémique par " Ne vous inquiétez pas, ça ne me déprime pas ! Je suis là pour jouer pour tous les fans de musique au cœur ouvert. Ceux que ça n’intéresse pas peuvent aller acheter du merch pendant que je joue " aura une salle bouillante pour faire son set. Car si certains spectateurs (ou plutôt certaines spectatrices, le public étant à 90% féminin) découvrent son univers ce soir, d’autres, plus initiés, chantent déjà les paroles de ses morceaux les plus connus.
Le show débute par l’entrée en scène de son groupe Jesse Bielenberg et Joan Trip puis déboule Dora Jar habillée par Dotcomme une marque "so frenchy " avec une coiffure qui n’aurait rien à envier à l’effigie de la marque de fast food Wendy’s … mais en blonde. Une sorte de folie Bjorkienne envahit la salle. Elle entame deux phrases en français, " il a mis le lait dans le café et il a mis le sucre dans le lait ", le public rigole et elle a déjà fait un immense pas pour se mettre l’Accor Arena dans sa poche. Le set débute par " Debbie Darling " guitare accordéon, celle qui a l’habitude de jouer dans des petites salle a également l’habitude de jouer avec un batteur, c’est donc un set inédit pour faciliter le changement de plateau auquel nous allons assister. " Cannonball " et " Sometimes All Ways " servent sur un plateau un public qui commence à être bouillonnant pour " Ragdoll " titre qui est à la fois entrainant et touchant.
DORA JAR surprend également le public avec une reprise de " Champagne Supernova " d’OASIS. Sa version, à la fois planante et épurée, apporte une touche de fragilité au morceau, mettant en avant son timbre unique. Ce choix audacieux résonne particulièrement auprès des spectateurs, qui l’accompagnent en fredonnant doucement, créant une parenthèse suspendue.
Son interprétation de " Lucky ", prouve son talent et son charisme. Mais c’est surtout avec " Bumblebee " qu’elle emporte définitivement la salle, livrant une performance à la fois viscérale et aérienne. Entre deux morceaux, elle partage quelques anecdotes personnelles, expliquant à quel point cette tournée aux côtés de Gracie Abrams est un rêve devenu réalité pour elle. Deux autres moments de grâce auront lieu pendant son single fraîchement sorti, " Lucky " superbe chanson où sa voit se fait proche de celle de Kate Bush avec un pointe de folie de Bjork.
Le final " She loves me " termine un set où la chanteuse n’aura pas été avare de cascades, de courses de cour à jardin et de jardin à cour… nous aurons même le droit à un grand écart et à un mime de jaguar se jetant sur la foule. Le salut des trois musiciens sera tout aussi fou en sautant partout, pas de révérence vers le public mais une ronde sautée qui mettra le public dans les meilleurs conditions pour accueillir la reine de la soirée.

Set-list :
1. Debbie Darling
2. Cannonball
3. Sometimes All Ways
4. Ragdoll
5. Champagne Supernova
6. No Way To Relax When You Are On Fire
7. Holy Water
8. Lucky
9. Multiply
10. She Loves Me



L’ENTRÉE EN SCÈNE DE GRACIE ABRAMS : UNE TEMPÊTE D’ÉMOTIONS
C’est après plus de 5 heures d’attente, un record pour ma part que les lumières s’éteignent… nous sommes au 3e rang même si une meute d’ado en furie a essayé de nous bouger et de se rapprocher plus encore de la scène… " il est grand le monsieur devant, il fait chier… " c’est bien la première fois que ma taille " standard empêche les gens de voir… " Les lumières s’éteignent donc, la tension monte, et un tonnerre d’applaudissements résonne dans l’Accor Arena lorsque les musiciens de GRACIE ABRAMS font leur entrée sur scène.
À 21h, l’Accor Arena s’embrase lorsque retentit le premier couplet de " We Can’t Be Friends " d’Ariana Grande. Une silhouette apparaît derrière un écran : GRACIE ABRAMS fait son entrée et lance " Felt Good About You ". Dès les premières notes, l’alchimie avec le public est évidente, chaque parole reprise en chœur. Elle, cachée et à peine visible derrière l’écran géant entonne les premières notes de " Felt Good About You ", la salle est électrisée. L’énergie et la ferveur du public sont palpables : pancartes levées, larmes aux yeux pour certaines fans, cris de joie… Tout y est. Je sens que tout mes efforts de père vont entrainer un moment magique père/fille, tout comme celui que j’avais vécu pour mon premier concert en fosse en 1996 au Bataclan avec mon père pour SILVERCHAIR.

UNE SET-LIST SOIGNÉE MAIS RACOURCIE, UN PUBLIC CONQUIS
Chaque chanson suscite des réactions fortes. " Risk " et " Blowing Smoke " amènent une belle énergie, tandis que " 21 " et " I Love You, I’m Sorry " plongent la salle dans une atmosphère plus introspective. On sent à quel point le public vit chaque parole, chaque note, comme si elles résonnaient avec des souvenirs personnels. Le moment où elle interprète " Where Do We Go Now ? " est particulièrement puissant. La salle reprend le refrain en chœur, créant un instant suspendu, une communion parfaite entre l’artiste et ses fans.
GRACIE ABRAMS sait aussi varier les ambiances : après l’intensité émotionnelle de " Gave You I Gave You I ", elle embraye sur " Rockland " et les gommettes bleues, roses et jaunes, soigneusement préparées par la fan base française ajoutent une touche féérique au spectacle. Émue par ces lumières colorées, GRACIE ABRAMS confie à son public à quel point elle les adore, visiblement touchée par l’attention. Pendant ce temps, l’Accor Arena vibre sous les chœurs inépuisables des spectateurs. Sur cette chanson, elle est assise devant l’écran sur une caisse qui ressemble à une Batterie-Cajon et le thé n’y fait rien, on voit qu’elle souffre mais et le public et son backing band sont là pour compenser et pour l’épauler. Cette effort à la limite de ce que la chanteuse peut supporter donne un caractère encore plus dramatique sur cette chanson.
Dans un élan de proximité encore plus fort avec eux… enchaine " I told you thing ", issu du dernier album qui trouve toujours une place dans le cœur du public. Le concert se déroule en trois parties distinctes : une première sur la scène principale où elle enchaîne ses morceaux les plus récents et emblématiques, un interlude plus intimiste sur la " Childhood Bedroom Stage ", puis un final grandiose sur la scène principale.

UN RETOUR AUX SOURCES : LA " CHILDHOOD BEDROOM STAGE "
La deuxième partie du concert, plus intimiste, se déroule sur la scène " Childhood Bedroom ". Ce décor représente la chambre d’adolescente de Gracie Abrams, un clin d’œil à l’endroit où elle a donné ses tout premiers concerts via Zoom et là où elle a composé la plupart de ses titres. Une lampe tamisée, un lit double et deux lampes de chevet et quelques livres et vinyles jonchent l’espace, créant une atmosphère feutrée, comme si le public était invité dans son univers le plus personnel. Les vinyles ont changé tout au long de la tournée, " Miles of Aisles " de JONI MITCHELL ou encore SIMON ET GARFUNKEL, merci à JJ ABRAMS, son père et producteur de la série Lost entre autres, de lui avoir donné cette culture musicale. Impossible ce soir de savoir quel vinyle est présent à Paris ce soir, nous ne voyons quasiment pas la seconde scène de la fosse or. Nous apprendrons quelques jours plus tard via @GracieupdateFr que le vinyle exposé était " Bon Iver, Bon Iver " de… BON IVER. Ainsi même dans ces choix plus modernes (2011), la jeune femme a du goût. Ce moment de proximité avec son public est l’un des plus marquants de la soirée, notamment lorsqu’elle interprète des morceaux comme " Cedar ", la secret song de la soirée, titre obscure (pour moi) de la BO de la série 1 de The Buccaneers que malgré tout une immense partie du public reprend à tue-tête dans une ambiance presque feutrée et " I Miss You, I’m Sorry " pour conclure ces deux titres sur la petite scène. Pas de chanson " Cool " pour nous ce soir, ce sera la 5ème chanson sacrifiée sur le set pour préserver sa voix, tout comme lors du précédent concert à Turin.
Elle aura tout de même pris le temps, visiblement touchée physiquement et psychologiquement, au vue des larmes qui commençaient à faire briller ses yeux à nous dire que cette date était importante pour elle et qu’elle aimait le public parisien. Le temps de prendre dans ses mains, la caméra d’une personne, faire des selfies, chanter " Happy birthday " en direction d’une fan et la voici à nouveau sur la grande scène.

UN FINAL EXPLOSIF
Le retour sur la scène principale pour le dernier acte du concert est marqué par une montée en puissance. " Us. " et " Free Now " apportent une intensité nouvelle, comme une libération. Il faut rendre hommage au groupe, CASEY KALMENSON (du groupe LITTLE MONARCH) au piano, claviers et guitare, ainsi qu’aux chœurs ; Cooper Cowgill à la Basse et directeur musical ; Elle Puckett aux Guitares et chœurs et Gabe Smith à la Batterie, et aux chœurs. Les musiciens outre leur jeu habituel auront du palier aux soucis de voix de GRACIE, malgré le fait que le public connaissait toutes les paroles et les hurlait à tue-tête. Ce qui fera dire à GRACIE que c’est le plus beau duo qu’elle n’ait jamais chanté. Et voilà pour toi TAYLOR SWIFT
Ce coup de froid a néanmoins entrainé plus d’interaction, car GRACIE va chercher le public et également plus d’émotion car on la sent sur le fil, prete à basculer entre joie ultime de partager avec la salle ou burn out de ne pas être à 100%.
Pas de sortie de scène, une voix un peu en retrait par moment des titres sacrifiés " Mess it up ", " Friend ", " I know it won’t work ", " Camden " et donc " Cool "» joué sur le début de la tournée dans sa chambre…
L’émotion atteint son apogée avec le rappel : " That’s So True " et " Close to You " concluent la soirée en beauté, sous une pluie de confettis et des acclamations assourdissantes. La fosse est en feu sur " Close to you ". A peine, les dernière notes envolées, le groupe s’enfuit, pas de salut groupé comme un KO après avoir tout donné. Et ce KO a bien eu lieu car Gracie est en train d’annuler toutes ces dates de concerts… Bruxelles, Nottingham et Leeds n’auront pas eu notre chance… A voir si Londres et Manchester verront l’artiste se produire…

UNE EXPÉRIENCE INOUBLIABLE
Ce concert m’aura surpris à bien des égards. Je suis venu en spectateur curieux et en père accompagnant sa fille, et je repars conquis par la sincérité et l’authenticité de GRACIE ABRAMS. Son écriture fine et sensible, portée par une interprétation sans faille, a su créer un moment suspendu dans le temps. Le public, d’une ferveur impressionnante, a joué un rôle clé dans cette atmosphère enivrante (parfois un peu trop, les nombreux malaises qui ont jalonné la soirée, sont représentatif du manque de préparation du public… Elles ne survivraient certainement pas en plein soleil en festival...). Au-delà de la musique, ce fut un moment de partage unique avec ma fille, qui, yeux pétillants et voix cassée d’avoir chanté, me glisse à la sortie un " merci pour cette soirée ".
Et si l’on mesure la réussite d’un concert à l’intensité des émotions qu’il procure, alors celui-ci était un triomphe absolu.

SETLIST COMPLÈTE :
Main stage :
1. Felt Good About You
2. Risk
3. Blowing Smoke
4. 21
5. I Love You, I'm Sorry
6. Where Do We Go Now?
7. Gave You I Gave You I
8. Rockland
9. Normal Thing
10. I Told You Things
11. Let It Happen
12. Tough Love
B stage (childhood bedroom) :
13. Cedar (Surprise song)
14. I Miss You, I'm Sorry
Main stage :
15. us.
16. Free Now
Encore :
17. That's So True
18. Close to You



Merci à Mael Angel de Live Nation.


(Review et photos réalisées par Djaycee)

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