CAVE IN + TORU Paris le 08/092025 (Le Petit Bain) ![]() 2025 marque une date symbolique : les 25 ans de " Jupiter ", album culte de CAVE IN, réédité par Relapse Records dans des versions soignées (5LP, coffret de démos, live de 2000, 2xCD). Ce disque, considéré comme un sommet du post-hardcore par Decibel Magazine, a marqué le virage du groupe : du hardcore abrasif de leurs débuts à une odyssée spatiale teintée de progressif et de psychédélisme. C’est avec ce bagage qu’ils revenaient à Paris, dans l’écrin du Petit Bain, trois ans après leur passage intimiste au Badaboum et six ans après leur prestation dantesque au Hellfest. Et comme un imbécile, j’ai failli manquer la date sold-out car à une semaine du concert, je n’avais pas mon pass photo. En lien avec Stephen depuis le fameux passage au Hellfest car il apprécie mes photos, je lui demande en MP s’il n’est pas trop tard et le tour manager de CAVE IN a fait des miracles… heureusement tant les shows du quartet de Boston sont intenses. Avant eux, la soirée s’ouvrait avec TORU, trio instrumental formé en 2019 par Nicolas Brisset, Héloïse Francesconi et Arthur Arsenne. Étiqueté " free noise " à ses débuts, le groupe a depuis affiné son identité, entre expérimentations électroacoustiques, tension bruitiste et fulgurances métalliques. Leur récent album " Velours dévorant ", publié sur une constellation de labels internationaux, leur a déjà ouvert les scènes européennes. Au Petit Bain, TORU a proposé un set de 40 minutes exigeant et cohérent. " VHS " a lentement installé une montée de drones et de frappes abrasives, suivi par " Voiles " où éclats bruitistes et intensité cinématographique se répondaient. Avec « Volutes », le trio a suspendu le temps, dans une ambiance fragile et méditative, avant de repartir dans une boucle étouffante avec " Ouroboros ". " Vermeilles " a offert une respiration plus organique et mélodique, puis " Velours dévorant " a conclu la prestation dans une saturation dramatique et oppressante. Le public est resté partagé : séduit par l’audace pour certains, un peu dérouté pour d’autres. Mais TORU a parfaitement rempli son rôle de premier acte, intrigant et clivant, avant la tempête annoncée. Setlist : 1. VHS 2. Voiles 3. Volutes 4. Ouroboros 5. Vermeilles 6. Velours dévorant CAVE IN, lui, n’a pas tardé à faire basculer la soirée. Dès les premières notes de " Jupiter ", le Petit Bain s’est transformé en chambre de résonance cosmique : guitares aériennes d’Adam McGrath, voix planante de Stephen Brodsky et rythmique lourde de Nate Newton. Le contraste entre intensité et contemplation, marque de fabrique du groupe, a happé la salle dès l’ouverture. Avec " In the Stream of Commerce ", plus nerveux, puis l’incontournable " Big Riff ", l’ambiance a atteint un premier sommet : le refrain repris par toute la fosse dans une transe collective, véritable libération cathartique. Sans fioritures, le groupe a enchaîné " Innuendo and Out the Other " et " Brain Candle ", où la brutalité des riffs se mariait aux mélodies spectrales. Brodsky, toujours généreux sans chercher l’esbroufe, guidait le navire avec complicité, tandis que McGrath imposait des textures de guitare tantôt acérées, tantôt hypnotiques. Le milieu du set a pris une allure quasi liturgique : " Requiem " et " Decay of the Delay " ont plongé le public dans un flux sonore dense et spirituel, où chaque note semblait vibrer comme une prière électrique. Puis, au milieu de cette intensité, est venue la surprise : une reprise de " Dazed and Confused ", immortalisée par LED ZEPPELIN mais initialement composée par Jake Holmes. CAVE IN en a livré une version lourde, psychédélique et étirée, fidèle à leur esthétique : réinventer plutôt qu’imiter. Le public, d’abord surpris, s’est laissé happer par cette réinterprétation viscérale. Le set s’est ensuite recentré sur " New Moon ", réinjectant une énergie heavy et fédératrice qui a rallumé la flamme avant le rappel. En guise de conclusion, " Blinded by a Blaze ", tiré de " Final Transmission " (2019), a résonné comme un hommage vibrant à Caleb Scofield. Ce titre, chargé d’émotion, a plongé la salle dans un moment suspendu, où le silence respectueux précédant l’ovation collective valait tous les discours. Pas de rappel supplémentaire : juste l’impression d’avoir vécu une traversée sonore brute, spirituelle et inoubliable. CAVE IN a rappelé pourquoi il reste une constellation unique dans le ciel du rock expérimental et du post-metal. Un concert à la fois abrasif et lumineux, où chaque morceau ouvrait une porte vers une dimension parallèle. Le Petit Bain, ce soir-là, a été le théâtre d’une véritable communion. Setlist : 1. Jupiter 2. In the Stream of Commerce 3. Big Riff 4. Innuendo and Out the Other 5. Brain Candle 6. Requiem 7. Decay of the Delay 8. Dazed and Confused (Jake Holmes cover) 9. New Moon Rappel : 10. Blinded by a Blaze (Photos et review par Djaycee) <<< Retour >>> |