SUMMON THE OCTOPI - Nonversations EP:
Nous vivons une époque intéressante où la créativité n'est plus bridée par le manque de moyens techniques. En effet, il est de plus en plus facile de subvenir à ses besoins musicaux lorsqu'on est seul et il bien plus aisé de devenir l'unique artisan de l'intégralité de sa musique, qu'elle soit électronique ou organique. C'est ce que nous démontre aujourd'hui ce jeune berlinois qui, armé d'un gros nombre de grattes (dont une Hello Kittie) et d'une batterie, a décidé de sortir son premier EP, " Nonversations ", sur le tout jeune label allemand Sober Up Records.
Il nous propose 6 titres qui passent très rapidement, en une vingtaine de minutes. Exit les titres à rallonge qui pourraient nous ennuyer facilement ou nous forcer à appuyer prématurément sur le bouton suivant donc. Pourtant le Post-Rock présent ici n'est pas si éloigné d'EXPLOSIONS IN THE SKY, même très proche, à cela prêt qu'il va peut-être visiter un spectre instrumental plus large, osant même le chant sur "Rehabosaurus Rex", ce qui n'est pas sa meilleure idée puisque cette composition parait insipide par rapport au reste et qu'il se place faux à certains moments.
Cette voix évoque d'ailleurs le chanteur d'EEPOCAMPE tout comme la phase instrumentale qui s'en rapproche très fortement. Une dernière référence à citer, après j'arrête promis, c'est MONO bien évidemment, sauf que là où les Japonais m'ennuient avec leur faculté de faire tout traîner en longueur et en rendant cette longueur un peu trop douce et soporifique à mon goût, notre bonhomme propose toujours des idées revigorantes et bienvenues. Bon certes, tout n'est pas forcément judicieux selon moi, ne serait-ce que cette grasse gratte qui envoie un Metal lourdingue et un peu hors de propos au début de " Lulling Waves, Sullen Gaze (All Is Space) " sur une duveteuse couche d'arpèges Post-Rock. Mais c'est en partie excusé parce que ça amène à une intervention massive et énergique sur la suite du morceau. Certains passages semblent un peu forcés aussi, et si les plans sont nombreux dans un même morceau, il arrive que le passage de l'un à l'autre crée une étrange sensation et ne soit pas fluide comme sur " Apricots Apricate (Alligators Alligate) " qui change volontiers d'ambiance, morceau quasi bipolaire mais néanmoins très riche et particulièrement intéressant.
Pour le reste, l'ensemble de l'EP regorge de bonnes idées représentées globalement par une musique paisible et jamais outrancièrement énergique, une sorte de Positive Post-Rock qui axe son univers instrumental, comme l'indique les noms, sur une espèce de concept aquatique, un monde marin illustré par des cordes et une batteries généralement technique. En somme c'est une sorte d'aventure musicale réellement en accord avec le sujet qu'il cherche à traiter. À tout moment, la tranquilité de l'eau peut se perdre, parvenant à un déchainement où s'abritaient alors des créatures titanesques. On comprend d'ailleurs le concept métaphorique dès l'intro qui évoque un havre aqueux où nage paisiblement une mystérieuse foule sous-marine. Du coup, grâce à cet humide premier EP, SUMMON THE OCTOPI claque la bouteille de champagne sur la coque du bâteau en s'intronisant avec beaucoup de talent dans l'univers Post-Rock.
La prouesse est belle pour un homme qui gère sa barque seule, et l'effort est fortement appréciable dans tous les cas : " Nonversations " se laisse savoureusement écouter, et à quelques détails près, cette cuvée instrumentale de fin d'année est très bonne !

(Chronique réalisée par Ben)


Date de sortie: Octobre 2014
Label/Distributeur: Sober Up Records
Site Web: www.facebook.com/SummonTheOctopi
Summon The Octopi

1. Intro
2. Slobodan The Sloth
3. It's Been Sick, So I Tried To Feed It Some More
4. Apricots Apricate (Alligators Alligate)
5. Rehabosaurus Rex
6. Lulling Waves, Sullen Gaze (All Is Space)