SOUNDCRAWLER - The Dead-End Host:
En voilà une entité singulière dans ce pays si bien rangé qu’est notre Hol(e)-land. SOUNDCRAWLER, c’est un nom qui sonne comme une bestiole décongelée de l’ère paléolithique dans les films de SF ou comme les guivres issues de TREMORS ou DUNE (et ça tombe bien, y’en a une sur la pochette de leur premier opus).
Pourtant, l’engeance de la période Grunge que voilà n’est même pas centenaire mais va nous évoquer des saveurs des 90’s adaptées à la sauce périgourdine et mélangées à des styles bien d’actualités. Et le résultat ne manque pas de séduire !
Si la Seattle touch est si présente à travers l’intégralité de " The Dead End Host ", il faut avant tout signaler qu’il ne s’agit pas d’un énième NIRVANA, ALICE IN CHAINS, PEARL JAM ou SOUNDGARDEN. On en est si loin. Les influences sont bel et bien là, mais ont été repeintes, remises à jour et sentent plutôt le MUDBATH ou le COFFIN ON TYRES, incorporant des éléments Doom et surtout très Stoner à une production au son très chaud et peaufiné.
Évidemment fuzzé à tire-larigot, on navigue dans un décor désertique qui sent l’insolation à plein nez, et le soleil tape si fort qu’il peut créer des effets psychés puisque, et parlons du masterpiece de l’album, " Civil " avec sa guitare complètement trafiquée et synthétisée prend des augures de douce et ivre mélodie. Comme si la création du morceau découlait d’une prise de kétamine. Les lignes de basse et de guitare s’enroulent et se camouflent pour un résultat qui s’embrasse parfaitement comme un caméléon en milieu terne et uni se fondrait dans le paysage. Mais cet ovni n’est pas le lot de l’album qui demeure tout de même plus classique avec de lents et ronronnants morceaux flirtant avec un son terriblement KYUSSien et un Doom new age. Dès " Raiders ", on visite le désert à l’aide d’un buggy aux roues XXL qui écrase toutes les bestioles sèches et venimeuses sur son passage, y compris quand intervient la savoureuse étape aérienne et étouffée au beau milieu du chemin. Et ne parlons pas de " Long Coma Slow " qui débute comme une marche éprouvante, perdu en milieu aride et qui continue en mêlant une touche de Post-Rock au Stoner pour nous prolonger l’infernale aventure brûlante.
Mais le turbo peut s’enclencher avec de furieuses gâteries telles que " A God To Feed " qui fera penser, notamment pour la deuxième guitare haute perchée, à QOTSA avec un rapport plus brutal et plus énervé en ambiance générale. Et ne pensez pas que la voix aurait quoi que ce soit à voir avec celle du leader roux Josh Homme, puisque sans parler d’opposé, on pensera plus au chanteur de STAIND qui porterait la barbe et les cheveux longs pour gagner en virilité et perdre en mièvrerie (" You taaaaaaake awaaaaay lalala "). Mais dans cet océan de sable aux mille mirages, les surprises ne manquent pas puisque le Math et tempéré " Infinite Genocide " diffuse une hargne contenue à travers une ambiance plus hors de propos, flirtant avec le Rock technique plus qu’avec un style brut et instinctif. Ce sera la récréation du disque.
Et dans son ensemble, " The Dead-End Host " est à la fois digeste, compact, riche et hétéroclite, tout en étant plutôt bien agencé dans sa track-list, le dernier morceau fermant le bal de manière apaisante, comme une douche fraîche après le sauna, tandis qu’il aurait cassé le rythme à un autre endroit, à l’image d’un interlude maladroit. Un signe qui ne trompe pas, en dehors de " Raiders " qui s’étend un peu trop à la longue, à cause de son tempo particulièrement lent et appuyé, c’est qu’on s’étonne que plus de quarante minutes passent aussi rapidement et surtout avec une facilité d’écoute aussi déconcertante qui font de chaque morceau un dessert dont on aurait du mal à déterminer s’il est bourré de sucre ou fortement acidulé étant donné que l’aspect sombre et pessimiste des compositions est étrangement sain, musical et entraînant, ce paradoxe étant accentué par leur grande diversité.
En résumé, " The Dead-End Host " est un sophomore gagnant pour le trio qui captive son auditoire du début à la fin en ne se perdant jamais en cours de route mais en nous livrant un lot de rebondissements plus qu’honorable. Et d’ailleurs, pour un genre loin d’être sur-représenté en France, on peut saluer l’originalité de cette signature Klonosphere qui ne se repose pas sur ses influences pour nous servir une soupe réchauffée mais une œuvre qui s’adapte à son époque pour nous offrir un gastronomique repas mexicain situé à 1,3 millions sur l’échelle de Scoville mais pas plus… Faut pas déconner non plus !
Donc attention, on frôle l’excellence !

(Chronique réalisée par Ben)


Date de sortie: Février 2015
Label/Distributeur: Klonosphere/Season of Mist
Site Web: www.soundcrawler-band.com
Soundcrawler

1. Raiders
2. Burning Scales
3. A God To Feed
4. Long Coma Slow
5. Souls From The Trash
6. The Plastic
7. Civil
8. Infinite Genocide
9. And All The Seconds Left