PRESENCE OF SOUL - Blinds:
Sous l'égide d'un Post-Rock pessimiste, PRESENCE OF SOUL est un groupe tout ce qu'il y a de plus japonais : poésie à chaque instant, finesse et fragilité propre aux musiciens de cet archipel. Toujours dans la même thématique visuelle, les quatre compagnons menés par la chanteuse Yuki nous livrent une heure complète d'apocalypse, de cataclysme musical avec cette nouvelle sortie.
Alors par où commencer ? Par cette intensité prépondérante et omniprésente qui fait passer la musique d'une poignée d'hommes pour un orchestre complet. Cette impression que toute une salle d'opéra est remplie, que ce qui est en train d'être joué est un événement à part entière est déjà vibrant et évocateur d'une âme qui se trouve dans leur musique, une chose puissante, comme MONO mais qui n'est pas ennuyeux pour l'occasion.
Ensuite, vous parler des instruments un à un serait une erreur, l'alliance est tellement réussie que l'on écoute le tout, ou l'on n'écoute pas. Les compositions s'allongent au gré de la magnificence de toutes ces notes posées l'une après l'autre sans aucun hasard, avec une maîtrise de l'émotion quasi parfaite. Quasi parfaite parce que oui, des fois, il peut arriver de passer un morceau qui s'étend peut-être un peu trop. Pour les influences, on peut citer MONO bien sûr, mais aussi MOGWAI et SIGUR ROS, ça y est, vous situez un peu le paysage ?
Ce paysage est souvent sombre ou mélancolique, dur de faire autrement avec le Post-Rock me direz-vous. Les instruments sont toujours là pour fixer l'auditeur dans une ambiance intimiste où l'on se voit dehors, respirer à plein poumons, mais dans un décor froid et magnifique où rien n'est souillé, mais rien n'est accueillant.
Pour cela, piano, cymbales et aigus provenant de la six cordes font toujours actes de présence, sans oublier une basse pas toujours au rendez-vous, mais est indispensable dans les moments où elle s'exprime.
Quant à Yuki, elle donne un petit trait de gaieté au tout : irrésistible, loin d'en faire trop, elle est la mélodie qui va apaiser un morceau dont l'atmosphère serait trop glauque, trop sombre. C'est elle qui permet d'écouter l'album entier sans se perdre dans une mélancolie très puissante. Elle intervient en anglais sur deux morceaux et en japonais sur le reste, hormis l’introduction qui est un instrumental.
Soit doux (" Sink Low ", " Whitenoise Snowfall "), soit cinglant (" Lost ", " Rule "), chaque piste est une force, un petit moment de plaisir à écouter seul pour en capter l'intensité : à une fête, entre potes, dans un moment de spleen, ce n'est peut-être pas des plus adéquat par contre.
Du coup, cela fait de PRESENCE OF SOUL une sublime découverte de fin d'année pour moi, que j'aurais bien vu en bande originale d'un jeu vidéo comme " Ico " ou autre perle vidéoludique pleine de poésie, car ils gagnent à être connu et ce n'est certainement pas sur une compile que l'on va pouvoir les retrouver de sitôt, et ce n'est pas non plus un courant musical qui s'exporte bien. Alors donnez-vous la peine de tenter l'expérience, sous réserve d'aimer la douceur et de passer l'obstacle de ce qui peut paraître être de l'ennui musical au premier abord.

(Chronique réalisée par Ben)


Date de sortie: Courant 2009
Label/Distributeur: Musea Records
Site Web: www.myspace.com/presenceofsoul


1. Seven Mortal Sins And Seven Doors
2. Sink Low
3. Lost
4. Whitenoise Snowfall
5. Ephemera
6. Rule
7. Forgiven
8. Tightrope