Pour leur nouvel album, les WATCHA ont frappé fort,
puisque " Mutant "est une galette de haute qualité, et il fallait
bien ça, car un groupe est toujours attendu au tournant pour son troisième
album, c'est souvent ce disque qui détermine si le groupe est à consacrer
ou à classer au rayon des "étoiles filantes ". Pari réussi donc pour WATCHA
qui a pondu un album à la foi nouveau et original, tout en gardant son identité
et sa signature acoustique. Certes, l'arrivée de mélodies plus présentes
que sur l'album éponyme ou sur " Veliki Cirkus " vont en laisser
plus d'un (moi le premier) dans la circonspection, à la première approche.
Eh oui, les mecs de WATCHA ont vieilli (une rumeur circulerait comme
quoi, ils seraient même plus vieux que les MALDAURORE), ont gagné
en maturité et il vous faudra très certainement plus d'une écoute pour cerner
tous les secrets de " Mutant ". Ça méritait bien une analyse détaillée
titre par titre. SAM3 - Ce premier titre synthétise bien l'album : c'est moins bourrin mais ça envoie toujours bien le bois, comme on dit dans le Bouchenois. Le Sam le plus différent de la trilogie, puisque les riffs empruntés aux autres sont soit utilisés comme citations dans les ponts, soit tellement retravaillés qu'ils sont méconnaissables. ( " mes esprits se rallient et je réalise que la réalité n'est que le reflet d'un miroir d'espoir qui se brise, regardez à travers et voyez l'enfer ") CLEAN- Un morceau qui traite de l'addiction à l'alcool, avec toujours le style d'écriture inimitable de Bob, qui dénonce sans condamner. C'est peut-être la première fois qu'un groupe de métal se positionne avec un tel recul sur ce sujet (c'est vrai que d'habitude c'est plutôt "la bière c'est génial ") (" depuis longtemps déjà dans mon sang se cache ce qui tache mes semblants ") COOL- (si je ne m'abuse le premier single ; joué à la Palestre) Premier morceau de l'album du WATCHA new style : beaucoup de mélodies, des effets de partout (le son de basse de l'intro est génial) et ça tue ! Que ceux qui craignent que WATCHA se soit autant calmé que MASS HYSTERIA sur "De Cercles en Cercles " se rassurent avec ce morceau (et les autres dans le même style comme " Doc ", " Borné"…). Ils verront que l'énergie est toujours là mais savamment distillée. On pourrait résumer le propos de cette chanson par "je parle pas aux cons ça les instruit " ("si je t'ignore, ca me rend fort, ca me délasse " "je me dépasse et ça t'agace "). Une invitation à réfléchir à tous les mecs friands du pétage de gueule systématique… (" comme mon sourire narquois te désaxe ") DUNK BARROW LE BARON- Titre dans la veine de " Cupide ", voire même " Indigestion ", et qui rappelle un peu " Sam" dans la mesure où il raconte une histoire avec des personnages… qui pète grave ! Le topo ? Un remix des trois petits cochons où les gorets sont devenus trois squatteurs qui se font déloger successivement de leurs abris respectifs, et où le grand méchant loup, fascisant, n'est pas sans rappeler un certain ministre de l'intérieur… En tous cas c'est ce qu'il m'a semblé. Si vous y avez vu quelque chose d'autre, mailez-moi. A coup sur, un des morceaux les plus expéditifs. ( " je vais souffler si fort que je vais voir les pans des murs s'envoler j'en ai assez ! pour tous ces parasites pas de pitié ! ") DOC- Autre morceau dans le nouveau style WATCHA, peut être le plus psychédélique, et qui aborde un thème récurant chez Butcho: les méandres de l'esprit et tous les problèmes psy (déjà traité dans " Paranoïa ", " Tout Pourri " ou " Clash "). Mesures composées, breaks non conventionnels, ce titre est tellement fada qu'à la fin c'est le toubib qui devient fou… (" ma rage se propage venez résoudre vos problèmes dans la chambre des sages ") BORNE- Dans le style de " Doc " ou de " Clean ", celui là est des trois, celui qui à les sonorités les plus graves, un texte court, simple, et un refrain qui peut évoquer FEAR FACTORY, mélodique sur le chant et bourrin sur la rythmique, bref efficace et bien en place. ( " comme ça me dévore de devoir dire j'ai tort ") I.A.- Un des titres phares de l'album (avec " Dunk Barrow " et " Mutant "), un des plus long, des plus travaillé. Le sujet abordé ici n'est pas celui du film de Spielberg mais de MATRIX. Ouais, moi non plus au départ, je trouvais pas ça génial comme idée, mais il faut voir qu'à l'arrivée c'est tellement bien traité ("l'humanité est un virus, une maladie contagieuse, le cancer de la planète, Bienvenue dans l'enfer du réel ") A écouter et à disséquer de toute urgence. (" l'impression d'être de ses faits maître ! " (a l'oreille j'avais compris " de s'être fait mettre " pff !) AND THE BEAT GOES ON - Reprise de SHALAMAR AND THE WHISPERS (Enorme groupe de Funk). L'exercice de la reprise est une première pour WATCHA et les gus s'en sortent les doigts dans le nez en offrant une interprétation originale, complètement différente et pourtant très fidèle. Paradoxale me direz-vous ? Ecoutez-le et vous verrez… VIBE- Le morceau qui m'a le plus déçu. WATCHA met de l'eau dans son vin avec ce titre formaté M6 que pourrait jouer SINCLAIR… (non j'abuse, mais pas tant que ça.). Sans doute le fait d'être signé chez Yelen (Sony) apporte des avantages mais doit pousser à quelques compromis… ( " quand le message nous emmène tous ces visages se comprennent cette vibe là nous déchaîne ") NARROW MINDED- Un autre morceau, que je ne qualifierai pas de décevant (car il reste TRES TRES correct), mais qui, à coté des perles de créativité qui composent cet album, passe pour un des plus banals. Il comporte cependant et comme toujours des plans avec cent mille contre-temps très intéressants à décortiquer. ( " coz now I'm waking up, for the first time, how could I let the things killing my pride ") LA RUMEUR- Un des titres les plus efficaces du disque (joué à la Palestre) qui aurait pu être sur " Veliki Cirkus ", pour vous situer le style… Cette chanson parle de tous les bruits, colportages et commérages dont apparemment les WATCHA et particulièrement l'ami Boby ont été victimes (Un morceau qui me plaît particulièrement). Il faut croire que le milieu métal Niçois n'est pas si diffèrent du reste de la France… ( " paraît-il que j'ai pécho le dass qu'on m'a retrouvé mort sur ma terrasse ") KING ANYMORE- Un morceau complètement chtarbé qui semble être composé par des extra terrestres sous tranxene… donc génial ! Des sonorités électroniques où le beat semble venir d'un vieux sampleur (du style "music " sur ps one), où les guitares électroniques sont mêlées aux grosses grattes de Fred et Manu, la programmation étant de Pendule (basse) pour la chanson la plus bizarre du disque. ( " starting a fresh fresh, let me be a party breaker, I'm a troublemaker bugging you like woody woodpecker ") MUTANT- Le morceau-titre de l'album commence, par un petit cour de chimie bio moléculaire de Reuno de LOFO. Comme je vous l'ai dit plus tôt , " Mutant " est un des titres les plus aboutis de ce disque, et quand on connaît le professionnalisme et la qualité de travail des WATCHA, un des titres les plus aboutis ca veut dire quelque chose… Rappelons que quand Stéphane Kraemer, a écouter les mix tapes de pré-enregistrement, il leur a dit qu'il ne pourrait rien faire de plus, et que c'est Fred, Manu et Pendule eux-mêmes qui se sont occupés presque exclusivement de l'enregistrement et du mix (alors Fred, ça mixe ?). Ce troisième album est donc le plus personnel (sans doute la raison pour laquelle la voix de Bob ne sonne pas comme dans les deux autres), le plus "contrôlé " par les artistes puisque ce sont les mêmes personnes qui ont composé, joué, enregistré et mixé leurs chansons… RESPECT ! Ce qui fait que quand " Mutant " se termine, on se dit merde déjà ? et on le remet au début… ( " la menace lasse et l'on passe, passe et l'on trace car tout se remplace ! pourquoi pas pourquoi pas nous ? ") (Chronique réalisée par Cheurtra) Date de sortie: 7 Avril 2003 Labels/Distributeur: Yelen Musiques Site web: www.watchalesite.com |
1. Sam 3 2. Clean 3. Cool 4. Dunk Barrow le Baron 5. Doc 6. Borné 7. I.A 8. And the Beat goes On 9. Vibe 10. Narrow Minded 11. La Rumeur 12. King Anymore 13. Mutant feat. Reuno de LOFOFORA |