MANIMAL - Multiplicity: Après avoir écouté le dernier MANIMAL, choqué d'avoir autant accroché à l'époque, je décide de lire, en petit curieux, les " papiers " web concernant le disque. J’étais à peu près sûr de découvrir d'anciens fans un peu déçus, ou des chroniqueurs qui découvrent un disque un peu dépassé. Sauf que non, et va savoir si l'on est face à de la consensualité ou à de la sincérité. Pas mon problème, j'ai le sentiment de déchiffrer les ressentis primitifs de metalheads conquis par tout ce qui est méchant. Pas que ce disque soit mauvais, même qu'il est vraiment pas mauvais. Mais suis-je le seul à le trouver anachronique ? Pour faire court, le groupe a sorti son dernier, " Succube ", en 2006 et depuis... plus rien. Rumeurs de splits, larmes, génériques. Mais 7 ans plus tard, voilà " Multiplicity ". Aux premiers abords : concept album dont chaque morceau est un prénom (ne vous étonnez pas quand je parle de personnages par la suite), un Métal technique qui met la gomme mais surtout pas mal de désuétude malvenue. En me trompant peut-être (j’espère), je devine grâce à la pochette et la tracklist, un concept de pluralité d’identités, ou de schizophrénie (d’où " Multiplicity "). Cette thématique très en vogue dans l’adolescence me paraît un peu naïve et surexploité par le Nü Metal il y a dix ans mais bon… Passons ! Là où " Eros et Thanatos " dévoilait le mystérieux du groupe et où " Succube " cultivait l'identité en plus propre et puissant, " Multiplicity " démonte un peu cette image. Propre et puissant, encore oui, encore plus, largement plus ! Mais j'ai l'impression d'un blocage à l'époque où la bête était un acteur majeur de la scène française... sauf que ces morceaux seraient les B-Sides d'un " Succube ". En gros, on retrouve MANIMAL où on l'a laissé en un peu plus pointu et toujours avec cette volonté de se détacher du reste. Sauf que ce côté expérimental qui m'a conquis à l'époque ne me semble plus d'actualité, inopportun aujourd'hui. Même kitsch bordel ! La faute à des plans toujours plus brutaux et bizarroïdes, perdant leur intérêt mélodique ou violent, étant soit trop techniques et étranges pour en vue de l’être, soit trop brutaux et classiques. Tout est trop plat dans le bizarre. La prod est si bonne que je trouve la performance dommage. Peut-être l'âge, va savoir. Reste que tous les morceaux sont minutieusement concoctés, avec plein de plans bourrés de contre-temps, de petites bombes rythmiques, de surprises qui font sûrement belles sur le papier mais qui ne m'ont pas enjouer plus que ça. Donc malheureusement, trop de morceaux ne me feront pas réagir, sans grand intérêt pour certains, d'autres en valant tout-de-même la peine. " Laura " par exemple, malgré ses artifices pour tenter de faire sortir le morceau des sentiers battus, ne me fait ni chaud ni froid puisque le petit plus qu'apporte la voix féminine ne compense pas le manque de prise mélodique. " Franck " est également un bonhomme qui ne m'inspire pas grand chose d'autre qu'un chantier musical sans grand charisme, le genre de truc qui tire en longueur un disque sans l'améliorer, avec sa moshpart convenue (avec du temps et si on me paye, je trouve une demi-douzaine de disques avec à peu de chose près la même dessus) et ses riffs faussement excentriques mais surtout fades. Cela ne veut pas dire que j'en retiendrais pas d'excellents éléments : " Corey " qui groove pas mal, réussissant à combiner efficacement les deux voix sans dégrader le morceau ou le Metal orientalisé de " Scottie ". Mais au rayon du plus grand " essaies encore ", je vais citer " Edmond ", piste de clôture à la guitare électro-acoustique aux accents hispaniques qui rend bien mais, disons-le, absolument saccagée par l'intervention d'un chant qui dénote d'un accent passable démontant la possibilité d'immersion. Crédible ? Pas vraiment. Sans parler des paroles, mention spéciale à l'entrée en matière... On finit donc sur une impression bien amère. Le reste m'apparaît comme quelque chose de pas mal, le genre de Metal violent qu'on écoute en soirée, au coin d'une petite bière avec des potes bien secs prêts à en découdre dans le salon. C'est brutal, sur-musclé, volontairement déroutant mais pas accrocheur, pas " catchy " pour un sou hormis quelques trop rares passages. De bonnes idées pour un résultat juste beau et très bien exécuté. D'où ma double déception : je préférais le MANIMAL de l'époque et " Multiplicity " est trop lissé malgré le concept qui l'accompagne. Tant de choix qui me paraissent insensés, ne serait-ce que dans l'ordre de la tracklist, dans le parti pris d'avoir volontairement choisi de faire apparaitre certaines compos pas franchement bandantes (" Christian " ! Voyons !!) sur le même front que d'autres carrément bonnes ! Mais la plus grande interrogation réside dans cet anachronisme, montrant les rides d'un Metal qui risque de mal vieillir et qui n'est plus forcément d'actualité car épuisé et mieux exploité à l'époque. Au final, et peut-être aussi parce que j'ai grandi, MANIMAL ne me paraît plus indispensable et semble bloqué quelques années en arrière. " Multiplicity " est la preuve de musiciens en grande forme qui auraient hiberné quelques années. Donc pour moi, ça ne passe pas, et même si le disque est loin d'être mauvais, il n'arrive pas à la cheville du terrible " Eros & Thanatos " que je vous conseille plus largement. Pour l’ultime disque de MANIMAL, c’est rien de sensationnel. Que la foudre s'abatte sur moi ! (Chronique réalisée par Ben) Date de sortie: Octobre 2012 Label/Distributeur: Jerkov Site Web: www.myspace.com/manimale |
1. Michael 2. Nicolas 3. Ben 4. Corey 5. Christian 6. Laura 7. Franck 8. Scottie 9. Edmond |