ALEA JACTA EST - Dies Irae: Avec ce troisième album " Dies Iræ ", ALEA JACTA EST signe ses 10 ans d’existence dans le monde quasi saturé du Punk Hardcore Old to New School français. Après une pléthore de productions en tous genres, splits, démos, albums, apparitions sur des compiles, le combo a su se faire un nom dans notre cher pays où il fait bon venir du sud pour officier dans le style : Marseille, Nice, Toulouse sont autant de capitales du Punk Hardcore. Qu’on aime ou pas, le sobriquet latin s’impose comme un élément crédible et solide en France. Et pourtant, étant grand amateur du genre, je n’ai pu y jeter une oreille que de très rares fois. Alors est-ce bon de prendre le train en route, avec " Dies Iræ " ? La réponse n’est pas évidente, parce qu’il y a justement des points évidents sur ce disque, et d’autres plus attrayants, avec cet ALEA JACTA EST. Au rayon des points positifs, on retrouve évidemment une grande maîtrise de toutes les aspérités Punk Hardcore avec le lot de beatdowns, une prod’ plutôt bonne, des lyrics hûmant les family values, chantées en choeurs comme si une meute de frangins s’étaient regroupés autour du micro, des compos courtes dont la verve fait la force, et une férocité fluide qui va rivaliser avec la liste de groupes qu’on a l’habitude de citer comme exemples de la discipline. Et très vite, c’est là que se situe la première faiblesse. Ayant pour habitude de décortiquer les disques du genre, je peux aisément dire que les références sont – très ? trop ? – nombreuses. Ce qui renvoie directement à la concurrence, à leur qualité, et à en effectuer la comparaison. Rien que ces derniers mois, j’ai pu chroniquer DO OR DIE, qui a énormément de points de similitudes avec ALEA JACTA EST, les excellents BACK TO REALITY qui métissent de modernisme des compos orientées Old School, SHALL REMAIN, STINKY BOLLOCKS, le très décevant " The New Future " des déchus BORN FROM PAIN, et j’en passe… Et là, le problème, c’est qu’au troisième album, il faut mettre le paquet pour prouver qu’en soit, on est particulièrement bon, et donc qu’on se détache du reste du paysage… sinon à quoi bon ? Eh bien " Dies Iræ " a beau regrouper tout ce qu’on attend d’un disque de Punk Hardcore Old to New School en un temps trop restreint, puisque sa durée est d’une petite demi-heure, il ne surpasse pas la barrière désormais essentielle du groupe qui en fait plus que ce que tout le monde fait déjà. En véritable collectionneur de samples à base de " fusils dans le cul ", de conversation sur le fait de " rester cool quand on se fait traiter d’enculer ", où l’un des nombreux moments cultesde " Predator ", on s’amuse autant qu’on kiffe les moshparts bien senties, la voix de Vincent qui est étrangement riche tant on dirait qu’il n’officie jamais seul, sur aucun morceau. Bref, les qualités sont nombreuses, mais cette sensation d’écouter des compos chourrées à NONE SHALL BE SAVED avec le côté tough guy de DO OR DIE dans un temps trop restreint, ça me laisse carrément sur ma faim. D’autant plus que d’autres détails freinent mon entrain, même s’il peut être le fruit d’un choix délibéré. La fin de " Emergency State " par exemple, qui annonce une moshpart potentiellement immense, mais qui sert juste de clôture de morceau, l’acte manqué tué dans l’œuf. Grosse déception quand on croit en quelque chose qui n’est pas l’intention avérée mais une idée sous-exploitée. Et certains passages qui pourraient être d’une lourdeur imparable sont passés à la trappe, sûrement pour ne pas dépasser une certaine durée de morceaux qui restent compacts et effrénés plutôt que lourds et grandement dosés en violence. Du coup, ce troisième opus mise plus sur la rapidité et l’énergie vive que sur l’implacable lourdeur, même si " Straight To The Storm " possède un passage massif ou que le refrain de " Veni Vidi Vici " résonne comme un slogan admonesté à une assemblée que l’on voudrait pousser à déserter lors d’une bataille. Du reste, " Dies Iræ " est un colosse qui n’a rien à jalouser des disques cousins, mais qui se place pile entre eux, sans même chercher à s’en distinguer. Les voix sont très réussies, même quand les textes sont écrits en espagnol, comme en témoigne " Furia ", le taux de plaisir instinctif frôle l’omniprésence intégrale tant la fluidité des compos qui tapent toujours là où il faut, est pertinente. Et ce détail du batteur qui agrémente un peu trop les compos à mon goût, rendant certains plans un peu trop complexes pour rendre quelques passages limpides, sans non plus en casser la dynamique d’un morceau. Tant d’implication n’est pas forcément uniquement bénéfique. Donc globalement, ce tertio arrivant présente d’innombrables qualités, la principale étant d’en mettre plein la gueule sans prise de tête et avec la crédibilité bien virile qu’impose le genre. Mais malheureusement, ces indéniables points forts sont pondérés par 2 grands défauts : la courte durée d’un album qui, en plus, n’est qu’une version très qualitative d’un sempiternel déjà vu. Le problème étant qu’en 2016, sortir un énième album qui a déjà existé des dizaines de fois depuis le milieu des années 2000, est-ce pertinent ? À vous de voir si ce " Dies Irae " n’est pas juste un bis repetita pour vos oreilles. Pour ma part, ce disque souffre de ses facilités musicales, même s’il dévoile de bien bonnes choses. (Chronique réalisée par Ben) Date de sortie: Septembre 2016 Label/Distributeur: Useless Pride Records Site Web: http://www.facebook.com/aleajactaest.eu |
![]() 1. Decem 2. Bumper To Bumper 3. Not A Machine 4. Tell Them 5. Warning Shot 6. Emergency State 7. Furia 8. Straight To The Storm 9. Veni Vidi Vici 10. Something Less Than Filth 11. Fall And Rise |