Toybloïd


Interview réalisée par Virgile le 1er juillet 2020 à Paris au Black Dog avec Lou (chant/guitare) et Greg (batterie).


Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?
Greg : Salut tu es Lou la chanteuse de TOYBLOÏD et moi je suis Grégoire, je suis le batteur de TOYBLOÏD.

Vous avez décidé d'être DIY et de vous passer d'un label excepté un deal avec KMS, label de Nicolas Sirkis et oncle de Lou et vous bossez depuis peu avec Rage Tour pour le booking, ça vous fait du bien ?
Lou : Oui c'est trop bien, tout ça est arrivé un peu au dernier moment, mais c'est cool, on a rencontré via EFFELLO, Rage Tour.
Greg : Avec EFFELLO, on avait joué avec les 3 FROMAGES et Rick, qui est le guitariste/bassiste des 3 FROMAGES est bookeur chez Rage Tour, je lui ai parlé de TOYBLOÏD, ça lui a plu.
Lou : Ça nous a changé la vie. Avant on démarchait nos dates seuls et on a produit l'album seuls, on a mis tout notre argent dedans, du coup, au bout de 2 ans, on était un peu en galère. On s’est beaucoup remis en question car financièrement on était arrivé au bout et puis finalement, ce petit coup de pouce dans le projet nous a beaucoup apporté.

Il y avait une belle tournée, je vous avez vu le 6 Mars dans le monde d'avant...
Greg : C'était cool, on a commencé avec Rage Tour en Janvier/Février en support de ULTRA VOMIT un peu partout en France, c'était des super dates, c'était incroyable, toutes archi complètes, après, ils ont fait une formule avec Manu (ex-DOLLY), CACHEMIRE et nous où tu as dû nous voir à L'Empreinte et après ça, on avait une tournée au Printemps qui a été annulée…
Lou : Les dates ont été majoritairement reportées, on espère que ça va tenir.

Comment s'est passé le processus de création de " Modern Love " ? Vous aviez lancé une campagne Ulule en 2018, l'album est prêt depuis quand ?
Lou : On a lancé la campagne en février 2018, on avait déjà enregistré les démos de l'album avec une vingtaine de morceaux, cette campagne nous a donné un gros coup de pouce, on a bouclé en 6 mois dans un studio, Greg dans un autre et Madeleine a fait ses basses et chœur dans le salon de l'ingé-son et heureusement qu'il est aussi réal, il nous a aidé à peaufiner toutes nos parties
Greg : De base, je suis très pas Ulule et compagnie mais finalement ça nous a bien aidé pour l'album et pour tout ce qui tourne autour comme les clips ,les goodies car à cette époque on n’avait pas de label, pas de tourneur...

Parles moi du concept de l'album qui parle de la communauté LGBT+, de la quête de genre et de l'identité de soi...y a-t-il un côté autobiographique ?
Lou : Complètement, c'est important car on est un groupe en majorité féminin et aujourd'hui je trouve ça de moins en moins anodin et il se trouve que oui je suis en couple avec une fille, j'ai toujours été lesbienne et je pense que c'est important d'en parler car il y a une histoire de représentation dans ce milieu, on a envie de faire savoir que ça existe car c'est encore un peu trop tabou dans la musique 2 nanas qui se kiffent...

Toybloïd

Comment se passe la composition pour TOYBLOÏD ?
Lou : J'arrive en salle de répèt’, je leur dis les gars j'ai un morceau je leur fais écouter et on change des choses ensemble...
Tu pars toujours de ton histoire comme pour " Fur " par exemple ?
Lou : Oui et Madeleine aussi a fait pareil, il y a deux morceaux qu'elle a écrit Violence et Shiny Kid. Le premier album était un peu plus festif on se chercher un peu mais ce deuxième album parle juste de nous.
Pourtant l'album a l'air plus léger que le premier au niveau du son c’est un peu plus Pop et pétillant...
Greg : Oui je trouve aussi. Sur le premier, auquel je n’ai pas participé, le son était plus uniforme, un peu plus garage. Pour le second, la production est plus léchée, plus digitale car on a bossé sur pro tools, on a rajouté pas mal d’arrangements, de son de cloches…, ça donne un côté plus varié et plus pétillant.

Vous avez travaillé avec Fred Lefranc, votre ingé-son live, comment ça s’est passé ?
Lou : D'habitude ça ne se fait pas trop il me semble mais nous on voulait absolument le faire avec lui, il a été avec nous pour peaufiner les morceaux avec son côté sensible alors qu'il a une gueule de marin costaud...

Qui est le " Shiny Kid " ?
Lou : C'est un petit garçon dans l'entourage de Madeleine qui nous a malheureusement quitté, on lui rend hommage, c'est un sujet très triste mais on a voulu embellir ces moments de tristesse où tu broies du noir...
Ca reste un morceau positif musicalement parlant...
Lou : C'était l'idée ça reste positif car quand Madeleine est triste, elle écoute du Punk Rock et ça l'a rend heureuse.

Parlez moi de cette pochette de l'album avec Miss Botero et néné qui s'embrassent. J'aime bien cette photo, le freak sur la main est un tatouage ou un rajout ? Et pourquoi avoir mis le nom du groupe en retrait ?
Lou : C'est son vrai tatouage ! Elle a QUEEN sur une main et FREAK sur l'autre. On a choisi de mettre le nom en retrait car on adore la photo comme elle est. Elle a été réalisée par Eva Quillec, photographe de l'association Fauchage collectif, qui organise des concerts punk. Je tenais à prendre une photo d'un baiser. Pendant longtemps, on s’est demandé qui mettre dessus (deux filles, deux mecs, deux drags queens ?). Puis je me suis dis que c'était encore bien trop rare de voir deux femmes d'un certain âge se rouler une pelle car elles sont trop peu représentées aujourd'hui alors qu'elles existent. On a connu Miss Botero et Néné Pompom via le burlesque car elles sont toutes les deux artistes du milieu cabaret. On leur a proposé, elles ont tout de suite dit oui et tout est allé très vite. On est archi contentes du résultat surtout que la pochette a été dévoilée lors du mois de la pride (là où tous les évènements ont été annulés).

Toybloïd

C'est quoi vos inspirations ? Lou, ta voix me fait penser à Jennifer Ayache de SUPERBUS et pour ce qui est du son, ça me fait penser au rock des 60’s/70’s.
Lou : Ce n'est pas la première fois qu'on me dit ça, j'aime beaucoup " Deep Valley ".
Greg : On écoute tous des choses différentes, en ce moment, j'écoute tous les groupes que j'écoutais au collège MARILYN MANSON, KORN etc...
Lou : Je repense au truc de SUPERBUS. Au début de TOYBLOÏD, on chantait en français et là oui ça rappelait SUPERBUS mais maintenant qu’on chante en anglais, je ne vois plus trop le rapprochement...
C'est au niveau de ta tessiture de voix, tu ne l'as choisie pas…

Parlez moi du clip de " Sunrise "...
Lou : Ce n’était pas très fatiguant à faire, on se baigne, on boit et on fait un concert. L'idée de départ, c'est qu'on avait un petit fan qu'on a connu en tant que Margaux, elle est venue à nos concerts et au fur et à mesure de nos rencontres, elle nous annonce que maini elle s'appelle Philippe. On a trouvé l’histoire touchante, qu’il/elle vienne à nos concerts et nous annoncer cela. On n’a jamais caché notre appartenance à la communauté LGBT+. C'est un clip un peu en hommage à ce gamin qui fait sa transition tout seul, il vient à nos concerts, il s'éclate... c'était pour donner une image un peu plus positive de tout cela, c’est tellement abordé maladroitement ce genre de sujet habituellement.
Greg : On voulait faire un clip léger, se baigner dans la Marne et boire des bières. A la base, on kiff sa gueule, il fait de la moto et on est parti de ça et ça parle aussi d’un sujet qui nous tient à coeur sans créer de débats etc.

C'est quoi vos meilleurs et pires souvenirs de tournée ?
Greg : Pour moi, un des meilleurs et pires c'est Bercy.
Lou : A Bercy, mon câble de guitare claque et j'avais plus de son sur le dernier morceau.
Greg : Au festival de Poupet, j'étais stressé car je remplaçais Pierre et j'avais 4/5 jours pour apprendre les morceaux et c'est la première fois que je jouais devant 20 000 personnes, je n'étais pas serein, j'ai pas tellement de souvenirs de ce concert tellement j'étais en état de stress. Sinon à Bercy j'avais aimé et y’a aussi les 4 dates avec ULTRA VOMIT c'est vraiment des amours.
Lou : Meilleur souvenir le Stade de France, c'était vraiment particulier et fort. Y’a aussi le Pont Du Rock, il y a 3 ans, c'était une tuerie, on était le petit groupe qu'ils ont mis sous un chapiteau entre deux grosses tête d'affiche.
Greg : Le chapiteau était blindé et c'était un bon festival de bretons, ils n'ont pas failli à leur réputation, tout le monde était à 4 grammes, c'était fou...
Lou : A Saint-Etienne, on a bien été accueilli malgré la différence de style avec ULTRA VOMIT.
Greg : J’étais en train de fumer et un mec est arrivé en disant que la première partie c’est un peu comme SUPERBUS, je lui ai dis, je suis le batteur et ensuite il n’arrêtait pas de s’excuser… je lui disais si tu n’aimes pas c’est pas grave, ça arrive...

Vous avez la Maroquinerie le 16 septembre...
On espère que ça va se tenir...

Je vous laisse le mot de la fin.
Lou : A bientôt j'espère dans les salles de concerts qui vont rouvrir bientôt.
Greg : Et merci à tout le monde de suivre les interviews des groupes de rock, d'acheter des CD et de venir aux concert, c'est le public qui fait vivre tout cela !