Interview réalisée par Djaycee par mail au mois de Janvier 2021 avec Yann Landry, label manager.
Salut Yann, avant de rentrer dans le dur de l’interview, comment vas-tu et comment s’est passé ton année 2020 ? Salut JC, je vais pour le mieux selon les circonstances. C’est un des enseignements que je retiens de 2020 : s’adapter pour survivre ! L’année fut terrible mais on est toujours là, prêts à reprendre une activité normale dès qu’on nous le permettra ! J’ai hâte, comme nous tous, de retrouver la chaleur humide des fosses de concert, là tout près, devant, au cœur du pogo. Donc, oui, ça va ! En tout cas, 2020 est l’année où j’ai le plus travaillé pour le futur, et ce fut bien motivant et m’a permis de tenir le coup. Peux-tu te présenter ? Tu es un homme de l’ombre habituellement, pourquoi passer à l’étape du label ? Et pourquoi ce nom très " pop " dans le sens explosif du terme ? En effet, je suis attaché de presse, métier qui permet aux artistes de briller pendant qu’on gère en coulisses. J’ai été aussi pendant 6 ans rédacteur en chef de la rédaction Rock de La Grosse Radio, je connais donc très bien le milieu indé rock, autant qu’il me connait j’espère ! Ahah ! Tadam, c’est l’effet de surprise, le plop, boum, wizz des bédés, un peu Pop Art, j’ai même créé le logo à la main ! Car, oui, la période est très compliquée mais nous voilà, en force, avec 5 groupes de Rock : CAPTAIN OBVIOUS, L’AMBULANCIER, STEVE AMBER, SHEWOLF et SHOEFITI, bien fédérés et motivés pour montrer de quel bois on se chauffe ! Surprise, nous voilà, TADAM ! S’associer pour mieux travailler ensemble selon nos envies et besoins. Comment as-tu pris cette décision ? En tant que relation presse tu as des contacts avec des labels indé, cela ne suffisait pas ? Il y a vraiment en manque de ce type de structure ? Passer au label est un ajustement qui est allé de soi, c’est une réflexion très ancienne dans ma tête et là, pendant le premier confinement, nous avons beaucoup discuté avec nos groupes. Déjà pour réfléchir aux reports de leurs sorties d’albums, qui ne pouvait pas se faire au mieux et sans même concerts de release party… Nous avons émis l’idée de nous regrouper très naturellement, avec moi faisant le liant entre les groupes et le label manager. Certains des 5 groupes se connaissaient déjà, d’autres que j’appréciais fort depuis longtemps et dont j’avais déjà fait des promotions d’albums précédents. Nous nous sommes dit qu’ensemble, nous serions plus forts et plus légitimes ! Nous ne cherchons pas la reconnaissance mais simplement de pouvoir faire ce qui nous anime chaque jour depuis toujours : faire vivre la musique. Nous sommes déjà 16 personnes dans Tadam Records ! Ce qui nous donne un tas de compétences à partager. Il y a 13 musiciens, dont un réalisateur audio, certains maîtrisant la vidéo et le montage, d’autres le graphisme… Plus Eloa Mionzé avec moi à la promo et Isabelle Fontan de Mox Musique pour la mise en place de la stratégie de communication. Concernant les autres labels, heureusement qu’ils existent et nous les rejoignons avec joie dans ce fabuleux business musical aux codes vieillissants. Nous sommes prêts à partager avec ceux qui adhèreront à notre vision. Car nous n’arrivons pas pour reproduire, mais pour aller de l’avant, et nous ne sommes pas les seuls à vouloir des changements de mentalités et de pratiques ! Tu le décris comme " rock écocitoyen et égalitaire " tu peux nous en dire plus ? Voilà pour casser les vieux codes dont je parlais juste avant. Rock, car c’est la musique que nous aimons. Écocitoyen, car il est urgent de modifier nos modes de consommation, nous allons favoriser les filières courtes pour la production de nos albums par exemple. Nous allons faire en sorte d’avoir un bon écobilan en somme, car nous ne pouvons pas chanter la volonté de voir le monde changer sans être acteurs de ce changement. Et enfin, très important : égalitaire, car nous avons une vision horizontale du mode de fonctionnement du label. Je suis le label manager, pas le PDG ! C’est-à-dire que chaque groupe du label a sa voix au chapitre pour prendre les grandes décisions. Nous sommes structurés en association aussi pour cette raison, nous avons un Conseil d’Administration où nous avons toutes et tous une voix pour décider par exemple de l’entrée ou non d’un nouveau groupe dans le label. Par ailleurs, égalitaire signifie que nous sommes actifs pour la cause féministe, c’est-à-dire que nous revendiquons l’égalité de traitement entre les femmes et les hommes, ce dont souffre énormément notre milieu, et nous le voyons depuis 6 mois avec les mouvements #musictoofrance et #changededisque. Au sein de Tadam Records, nous ne faisons pas de distinction entre les genres, tout simplement. Comment se fait le choix des artistes, des amis ? Des groupes que tu suis depuis longtemps ? Des jeunes pousses qui ne trouvent pas de label ? Pour les 5 premiers : CAPTAIN OBVIOUS, L’AMBULANCIER, STEVE AMBER, SHEWOLF et SHOEFITI, je l’ai expliqué plus haut, c’est allé de soi. Et nous partageons toutes et tous une même vision de ce qu’on veut faire et de comment nous voulons le faire. Il devra en être de même pour les prochains groupes qui auraient l’envie de nous rejoindre dans notre aventure. L’engagement est aussi important que le musical. Tadam Records n’est pas un label où on l’on signe pour s'asseoir et attendre que ça se passe. Il faut être au cœur de notre processus de développement commun ! Nous n’allons pas nous mentir, lancer un projet et qui plus est culturel en pleine pandémie est un peu une hérésie, quelle est ta vision de l’avenir des non essentiels ? Oula, oui ! Mais nous sommes tous un peu zinzins ! Mais au contraire je pense que c’est le parfait moment pour se lancer. Tout est à reconstruire alors autant le faire à notre manière ! Après, reste le problème de pouvoir faire des concerts ou non… Et là, c’est la merde… On espère pouvoir faire une grosse release party parisienne à l’automne, on verra bien. Là, on ne peut que croiser les doigts. En attendant, on va se montrer différemment. En tout cas, sans concerts, c’est la quasi-totalité de nos revenus qui s’envolent… Quand tu lances un label et des groupes il y a normalement le triptyque label/média/tournée à respecter… pour le dernier c’est un peu mort jusqu’en… 202(X) [place le chiffre de ton choix à la place du X] ? Je mise sur un retour à la normale pour 2666 ! Plus sérieusement, tout dépendra de l’éventuelle fin du covid et du vaccin, de la capacité de la population à comprendre que sans cela, on restera dans un sacré merdier. Manque juste des gens " là-haut " pour bien expliquer tout ça… Allez Roselyne, on t’attend ! Merci pour cette interview à bientôt " en vrai ". Merci JC, et à plus dans le pit ! |