Little Bob


Interview réalisée par Djaycee en Juin 2018.


Le rendez-vous est pris au Showroom Gibson pour rencontrer une des légendes du Rock français qui a traversé les époques sans se renier mais avec un déficit de notoriété en France alors que le rocker était un ami proche de Lemmy de MOTORHEAD.

JC : Je vais commencer par une question que j’avais prévu pour plus tard, mais cela exprime un peu ma perception de ta carrière, dans ma médiathèque municipale, il y avait ton album Alive de 1991 à l’Elysée Montmartre, et j’avoue que ma réflexion était : " je n’ai pas suffisamment de culture musicale pour aller vers cet album ". J’ai donc saisi l’opportunité pur rattraper ce retard et ces occasions manquées. J’ai donc fait des recherches sur le site et avec ma belle-famille qui habite toujours le Havre et dont une personne a travaillé avec toi.
LB : sur quel site tu as été ? Little Bob Story http://www.littlebob.fr/ ? il va être remplacé par un site sur la nouvelle formation Little Bob Blues Bastards.
JC : ma belle-famille est originaire du Havre et pour moi la description du Havre qu’il y a sur le site est tout à fait exacte. " Tout a commencé autour du grand port du nord de la France. / Un trou grisâtre, balayé par le vent, appelé Le Havre. Tant visuellement qu'au niveau de l'esprit qui y règne, Le Havre est en France… "
LB : je la connais, c’est moi qui l’ai écrite…
[Je laisse ici la fin de la citation qui a son importance dans l’approche de Little Bob à la musique : ce qui se rapproche le plus de Liverpool, Détroit ou Newark (New Jersey) avec son lot de pétroliers, de raffineries, d'usines chimiques ou automobiles, d'entrepôts, de dockers etc. ... »]
JC : quand je me rends au Havre c’est une des perceptions que j’ai, une ville reconstruite après-guerre avec de grandes saignées qui servent de rues.
LB : tout a été détruit pendant la guerre, effectivement.
JC : les grands axes donnent une impression d’une ville un peu à l’américaine. Il y a les dockers, il y a le souffre, les raffineries,
LB : les bagnoles aussi.


JC : qu’est-ce qui fait qu’au Havre on se lance dans le rock and roll ? C’est parce que cela sent le souffre et qu’il faut juste gratter une allumette ?
LB : je suis italien à l’origine, je suis né en Italie, et depuis que j’étais môme et avant de venir en France, j’écoutais déjà les débuts du rock and roll, j’écoutais PRESLEY, j’écoutais ses trucs là. Après LITTLE RICHARDS, le rock and roll un peu plus black je préférais. LITTLE RICHARDS, JOE PERRY, BOE DIDDLEY, mais aussi évidemment les débuts de Presley, après Colonel Parker et puis tous les autres. Et après, j’ai progressé en devenant adolescent avec les sixties anglais bien sur BEATLES et STONES mais aussitôt après les STONES, un peu plus Blues, et les ANIMALS et tous les groupes de la filière blues et arriver après à OTIS REDDING et à JAMES BROWN, tout le rythme and blues. Ce qui me permettait d’arriver à un truc plus large, cela allait de HENDRIX à SPRINGSTEEN ; et de TOM WAITS.
Je suis amateur de musique, j’essaie de n’écouter que des bons trucs qui me nourrissent.
JC : et cela fait des bons disques.
LB : c’est tout ce que j’aime faire parce que c’est ma vie quoi !
JC : je vais rester dans la même veine de questions, un article te qualifiait de " punk from Le Havre ", c’est un peu un oxymore non ? parce que la figure actuelle du Havre, c’est notre premier ministre.
LB : Grâce à lui, il a accepté que l’on joue à la fête de la musique le 21 juin à Matignon ! Je me suis fait un peu incendier par certains ; mais pour moi c’était le maire du Havre, il est passé nous dire bonjour et moi je lui ai dit " Bonjour Monsieur le Maire ". Tu vois, je ne lui ai pas dit « Bonjour Monsieur le Ministre ». Et puis en fait, c’était le personnel qui voulait ce concert.
JC : en plus le concert avait été booké avant son arrivée ?
LB : l’histoire est longue, si je te la raconte en entier, je ne sais pas si nous allons avoir assez de temps pour l’interview. J’ai été appelé par une agence qui s’appelle Easy Rider Production
JC : ça sonne bien !
LB : je me suis dit Easy Rider pour Matignon, il y a un truc qui ne va pas. Ils m’ont rassuré et j’avais besoin de faire jouer mes garçons, parce qu’on est 8 dans le groupe avec les roadies et les techniciens. J’ai demandé un très bon prix et je savais que c’était ouvert au public. Sauf qu’il y avait une armada de robocop devant la porte et que cela peut dissuader les perfectos de rentrer. Mais bon, Le Havre, nous avons démarré en 1975, j’ai fait le tour des boites de disques avec les deux morceaux du premier 45 tours et à ce moment-là c’était soi-disant le rock progressif qui marchait en France, ORANGE notamment.
Alors qu’en Angleterre, il y avait une autre scène qui démarrait.
JC : oui beaucoup plus rock.
LB : c’est ça, pop Rock. Moi mon inspiration venait du MC5 américain.
JC : le " Kick off the jams ! ".
LB : oui ce son américain venant de Détroit, après il y a eu les STOOGES. Au départ, c’était ça. C’était dur, c’était les précurseurs du punk. Moi les punks, j’ai tourné en Angleterre pendant 4 ans, on a fait 400 concerts à l’époque. En 1976-1979 et je croisais les membres des CLASH, les mecs des PISTOLS venaient nous voir jouer et nous disaient " Yeah Froggies ! ". J’ai également croisé Glenn Matlock et il venait nous voir jouer. C’est Glenn Matlock qui a écrit parmi les meilleurs succès des PISTOLS, et il me dit " Bob quand tu as besoin d’un bassiste, je viens. "
JC : ah oui ?
LB : mais moi je n’ai pas besoin d’un bassiste. J’ai mon Barbe Noire infernal qui joue comme un chef. Avec le groupe, on a travaillé pendant 4 ans et si j’ai travaillé comme ta belle-mère à Tréfimétaux c’est par ce qu’à l’âge de 16 ans quand j’ai créé mon premier Groupe les APACHES en amateurs, je me regardais dans la glace et je n’étais qu’un petit gros, avec les cheveux longs, myope… je regardais tous les gens qui chantaient du Rock et ils étaient grands, minces et beaux ; enfin beaux, pas tous, mais grands et minces déjà. Et je me suis dit, cela ne va pas le faire. Après, je me suis aperçu, petit à petit qu’en chantant ma voix remuait le cœur des gens et l’âme.
JC : et puis elle est finalement beaucoup plus grave que quand tu parles, il y a cette teinture rock.
LB : je chante quoi ! et donc j’ai travaillé 14 ans chez Tréfimétaux et je suis passé pro à l’Âge de 30 ans sans avoir rien en face. Sans le savoir, j’ai poussé tout le groupe à larguer des boulots, et on s’est lancé là-dedans. On a signé d’abord en Angleterre dans un petit label qui s’appelait Krypto pour le premier disque. Le deuxième, on s’est fait avoir parce qu’on était près du disque d’or, et eux ont engagé le blé sur des sous ORANGE… j’étais distribué par RCA et j’ai dit, je ne peux plus continuer, vous ne faites pas le boulot. Pour moi c’est fini. J’ai été transféré chez RCA, ils m’ont transféré comme un joueur de foot. Je suis resté chez RCA jusqu’en 1983 avec " VACANT HEART ", et après on a maquetté, EMI nous a signé. Et après EMI, tu sais on a toujours voulu que je chante en français, ce que je ne voulais pas parce que je pense que le blues, à la rigueur peut se faire en français mais pas pour moi, et le Rock and Roll, il faut que ça swingue. Je ne suis pas aigri parce que tu vois, même si je ne suis pas riche aujourd’hui, je suis toujours là. 42 ans après mon premier album, je fais toujours ce que je veux. J’ai vécu libre, mon père s’appelait Libero et était fils d’anarchiste,
JC : tu en as fait une chanson d’ailleurs.
LB : oui qui était dans le film Aki Kaurismäki. Mon père m’a dit " Bob, moi je n’ai pas réussi à être libre et toi essaie de l’être ". Et ils m’ont aidé au départ à être libre, je ne suis pas mort malgré toutes les conneries que j’ai pu faire au départ et qui sont dans le bouquin
[NDLR : La story de Christian EUDELINE] ou dans le DVD. Dans le DVD, je raconte ma vie [DVD inclus dans le double Best of – High times 76-88 sorti chez Verycords]. Ils ont fait un super DVD qui s’appelle " Rockin Class Hero " et là je raconte que j’ai trouvé l’amour et que j’ai arrêté mes conneries, toutes les drogues dures, l’alcool à haute dose et je suis encore vivant…


JC : c’était une de mes questions, tant de longévité avec tant d’excès au départ.
LB : oui mais j’ai arrêté. Alors que les autres, Lemmy, Bowie, tous ceux qui y sont passés, malheureusement n’ont pas dû arrêter. Et puis je suis costaud, petit mais costaud.

JC : j’ai plein de questions sur le passé et sur le double best of mais j’ai également envie de parler du nouvel album. Tu as fait un concert aux Docks qui a été financé par du crowdfounding et ensuite tu es signé chez Verycords, comment atterrit-on chez Verycords ?
LB : depuis 20 ans j’étais indépendant, par ce qu’après l’album " Lost Territories " qui vient d’être réédité en CD et double vinyle [Digging Diamonds], cela fait trois albums de moi qui sortent au printemps, c’est royal ! Après " Lost Teritories " les chefs de projets du label, et les directeurs artistiques avaient changé, je me rappelle avoir fait une Télé c’était Taratata avec les POW WOW, et j’avais chanté un morceau de Zachary richards " Travailler c’est trop dur "
[Little Bob part en a capella].
Le chef de projet me dit alors " bah tu vois tu peux chanter en français ". Je lui réponds " bien sûr, je ne suis pas un débile mental non plus ". Sauf que je n’ai pas voulu et malgré l’album " Lost Territories " qui est celui qui a été le plus produit, un peu différent des autres, enregistré avec des musiciens américains et français. Et donc là on m’a fait chier pour que je chante en français, et là je leur ai dit " Salut ! " et à partir de ce moment-là j’ai produit et coproduit les albums. Notamment avec les droits SACEM, car moi j’ai toujours écrit mes chansons contrairement à d’autres stars du rock français. Et donc à partir de ce moment là j’ai vécu à partir de 1998 jusqu’il y a deux trois ans en 2015, j’ai sorti des albums que j’ai produits financièrement avec les difficultés que cela peut créer par ce qu’il faut payer les musiciens, les studios et tout cela. Malgré cela, je m’en suis toujours sorti et j’ai repris Raynold qui est ancien QUAI DES BRUMES. J’ai plein de concerts qui arrivent on a un peu loupé les festivals car on s’y est mis trop tard. J’ai un bon groupe qui est comme une famille, des mecs qui adorent jouer avec moi.
JC : cela se sent sur le disque.
LB : tu as écouté le nouvel album ?
JC : oui. Comme je te l’ai dit au départ, je me demandais " est-ce que ce disque est pour moi ? " j’ai plus des racines musicales plus dures.
LB : " New day coming ". Depuis 5 ou 6 ans le groupe s’appelle LITTLE BOB BLUES BASTARDS, on bâtardise le blues avec du rock and roll évidemment.
JC : effectivement mais ce n’est pas vraiment du blues.
LB : il y en a partout et tout le temps mais teinté de rock. Il y a du swing, ça swing.

JC : on parlait de Lemmy tout à l’heure, il y a une reprise sur ce nouveau disque de " Ace of spades ", qui s’éloigne de l’originale. Mais on voit que sur les 30 secondes le groupe peut envoyer. On doit s’attendre à ça en live ?
LB : non non, on va le faire comme cela en live. Ça n’est pas la peine de faire du MOTORHEAD, MOTORHEAD c’est MOTORHEAD. Lemmy, c’était un pote que j’ai croisé souvent, surtout au début et puis après il était chez musidisc, on se croisait dans les soirées musidisc. Il se faisait chier, il me disait " tiens il y a un piano, je joue du piano, tu chantes du rock ".
JC : je ne savais pas qu’il jouait du piano.
LB : bah oui ! il y a tellement d’histoires à raconter là-dessus. Il faudra que l’on se revoie à nouveau. Tu vois cela avec Verycords et ils nous arrangent cela. Après le décès de Lemmy cette reprise est pour lui rendre hommage. Là je suis un peu triste, il y a un autre type que peu de gens connaissent et qui est mort. C’est Mike Harrison des VIP et des SPOOKY TOOTH, un des grands chanteurs qui est décédé fin mars. On joue une chanson qu’il jouait sur scène qui s’appelle " I wanna be free " que lui avait enregistré d’une manière un peu plus bluesy. Je suis à l’âge où les rockers qui ont continué à vivre comme des dératés y passent et puis moi grâce à ma petite femme, j’ai vécu mieux que cela. Ce qui compte c’est la musique, ce n’est pas les produits que l’on prend. On était obligé d’avaler des trucs, quand tu joues 25 concerts en 27 jours, tu ne peux pas tenir physiquement.
JC : le tout bus n’est pas le meilleur endroit pour dormir. J’ai personnellement eu un réel coup de cœur pour " I Am watching you " c’est vraiment une super belle chanson qui commence ballade et je me suis dit qu’une telle chanson rendrait fou de jalousie Bono ou Mark Lanegan, le chanteur des SCREEMING TREES.
LB : ma femme est malade, elle a un cancer, elle va s’en sortir. Il y a une autre chanson sur l’album qui s’appelle " she’s got it " ; " even if she’s sick and down, she’s got it ". Elle en a quoi ! Et là, je la regarde, c’était au moment le plus terrible, il y a quelque temps. Elle va mieux, elle se bagarre. Cette chanson je l’ai écrite pour elle. Au départ, je ne voulais même pas la chanter sur scène. On verra. En tout cas, je suis content qu’elle te plaise. JC : j’aime beaucoup l’envolée à la fin qui donne de l’espoir. Est-elle suivi au Havre ?
LB : oui, je suis toujours au Havre parce que de toute façon Paris est invivable. Je ne suis pas loin et je peux me déplacer pour les promos. Il y a de plus en plus de gens qui veulent me voir, des gens que je ne voyais pas avant. Je me dis que peut être en avançant, la légende Little Bob augmente.
JC : je te le dis, il y avait une aura autour de toi qui m’interdisait presque d’aller vers ta musique.
LB : attends, ma musique est pour tout le monde, il ne faut pas avoir de blocage. Il y a des gens qui découvrent maintenant et ensuite rachètent des vieux albums.
JC : [je lui présente son deuxième album en vinyle édition originale] c’est un peu ce que je fais…
LB : ça c’est le deuxième album de 1977 qui est sorti en Angleterre sous le nom " off the Rails ". Et c’est celui-là qui a failli être disque d’or si on l’avait aidé un peu sur le plan de la promo.
JC : il n’est jamais trop tard.
LB : moi je ne vis pas sur le passé. Je vis avec le passé en moi qui me nourrit parce que tous les musiciens qui ont joué avec moi m’ont donné quelque chose de fort et moi j’ai essayé de leur donner ce que j’avais de plus fort à donner. Mais on m’a dit quand j’ai sorti un best of " tu vas reformer LITTLE BOB STORY ? " je leur ai dit " non, les gars ". Moi je suis LITTLE BOB BLUES BASTARDS depuis 6 ans, on a sorti 3 albums, et on va avancer là-dessus. Cela ne m’empêche pas de jouer " Riot in Toulouse " ou " High times " sur scène parce que sinon, il y a des vieux fans qui seraient tristes.


JC : je t’ai dit que j’avais préparé cette interview en allant chercher des informations chez des personnes de mon entourage. J’ai contacté un client à moi qui était manager des SOURIS DEGLINGUEES et il m’a dit " passe le bonjour de ma part à Petit Bob ". Et il m’a dit " en deux mots Little Bob : intègre et underground ". Est-ce que finalement les deux ne vont pas l’un sans l’autre ?
LB : j’ai toujours été un peu en marge. Quand j’étais chez RCA ou EMI, j’étais chez des gros. Mais j’ai toujours fait ce que j’ai voulu. On ne m’a jamais obligé non plus à faire ce que je ne voulais pas. On m’a dit simplement " tu ne veux pas chanter en français ? ". J’ai dit non et avec EMI on se laisse. La pureté parfois c’est con. D’ailleurs, ma musique n’est pas pure puisque c’est un mélange de blues et de rock. Tenir la promesse que j’ai fait à Libéro d’être libre et je serai libre jusqu’au bout. Et pour l’instant j’ai réussi. Tant que j’ai la pêche je continuerai et après trois albums studios, j’aimerai bien faire un live. Le groupe est tellement bon sur scène, les mêmes zicos qui jouent sur le dernier album : Gilles Mallet à la guitare à la guitare depuis 37 ans et le contrebassiste qui vient du Jazz et qui joue avec moi depuis " Lost Territories " il y a 27 ans ; à la batterie j’ai mon neveu qui a poussé en écoutant LITTLE BOB STORY mais aussi JIMY HENDRIX, TOM WAITS, les STONES et tout le reste ; et à l’harmonica j’ai Mickey Blow avec les STONERS, avec Johnny Thunders et avec nous aussi. Voilà j’ai un groupe qui me convient, qui me suit et qui avance avec moi.
JC : sur " Shooting Angels in the sky ", on voit que le diable a encore sa place, il y avait déjà une chanson qui s’appelait " gift of the devil ".
LB : le " gift of the devil " on sait très bien ce que disent les bluesmen, le blues est le don du diable. En fait " shooting angels in the sky " est une chanson qui n’est pas écrite en paroles par moi au niveau des textes Karen Maitland qui est un écrivain anglais. Il y a deux chansons sur le disque qui sont écrites par des écrivains anglais au niveau du texte et moi j’ai fait la musique. Karen Maitland pense que les dieux, ont été créés par l’Homme et que vu ce qui se passe notamment avec le djihad et toutes les guerres du moyen âge et tout ça, certains sont encore au Moyen Age malheureusement, j’ai lu son texte et j’ai bien aimé et j’ai écrit la musique. L’autre texte c’est " Blake in blue " qui est un texte de William Blake et l’harmoniciste a écrit une petite musique dessus et il m’a dit " ça te dit Bob ? " et j’ai écouté, ça me plaisait bien. Donc " Blake in Blue ", c’est William Blake qui se plaint d’être trop petit avec une sale gueule. Alors cela m’a convenu et cela convient aussi à Mickey qui est aussi petit avec une sale gueule. Maintenant il a du blues qui tue, des ballades qui touchent le fond du cœur et de l’âme, il a du rock qui swingue et il y a le diable qui tue les anges dans le ciel. Et William Blake me rappelle le film de Jim Jarmusch " Dead Man " pour lequel NEIL YOUNG avait fait une super musique.
Le héros Johny Depp, tu te rappelles l’indien Nobody avait rencontré un autre protagoniste qui voulait s’appeler William Blake " tu ne peux pas t’appeler William Blake puisqu’il est mort " lui dit Nobody.
JC : j’avais également relevé la chanson " Means things happens in the world ", cette chanson sert à dénoncer nos contemporains ?
LB : oui mais tu sais quand est-ce qu’elle a été écrite ? pendant la deuxième guerre mondiale. Et je l’ai reprise parce que Woody Guthrie a inspiré BOB DYLAN.
JC : je pensais qu’elle était de toi et contemporaine.
LB : et non c’est Woody Guthrie qui était un Hobo, qui se baladait dans des trains guitares à la main, qui a inspiré BOD DYLAN. En fait, c’est une chanson qui avait été offerte et qui n’était jamais sortie, même si moi je la connaissais, aux BLACK FIRE, le groupe de trio Navajos et qui eux l’ont chanté, l’ont mise sur un single et ils m’ont dit " Bob, tu veux bien venir la chanter avec nous ? " je les avais rencontrés à l’OLYMPIA. Et j’ai été à Rennes pour la chanter avec eux et je pensais à une chanson qui parlait de cela à part " means things happen in the World ". Ce sont les accords de Woody Guthrie même si nous avons refait les arrangements. Nous avons également écouté ce qu’avaient fait les BLACK FIRE. Dans les crédits, on aurait pu mettre que les arrangements sont de nous mais on ne l’a pas fait, c’est WOODY GUTHRIE qui l’a écrite et c’est sa famille qui va toucher les droits. L’autre chanson indienne c’est " Rant’n Roll " qui se trouve sur l’album qui est de John Trudel. Le héros indien sioux qui a brulé le drapeau américain à Washington et le FBI a fait bruler sa maison en bois dans laquelle se trouvait sa femme enceinte et sa belle-mère. Et il m’a dit " j’aurais pu devenir terroriste " mais il s’est mis à faire des chansons et maintenant qu’il est décédé, j’ai souhaité lui rendre un hommage.


L’interview s’arrête ici, notre quota d’interview avec LITTLE BOB arrivant à sa fin avec l’impression d’avoir traversé les époques, pris une bonne bouffée de Rock and Roll et avoir surtout envie de voir à nouveau cette légende du Rock, abordable contrairement à certaines autres légendes, tant en interview que sur scène.