![]() Interview réalisée par Djaycee par mail le 16 Mai 2020 avec Bernard Tanguy.
Interview un peu spéciale en mode confinement… comment cela se passe-t-il pour toi ? vous étiez en studio pour finaliser l’album, n’y a-t-il pas un peu de frustration ? Ca s’est bien passé au quotidien pour nous deux et on déconfine chacun doucement. Oui, on a été frustré de l’arrêt du mixage, mais celui-ci va reprendre prochainement. La sortie de l’album est néanmoins décalée à cet hiver. On trouve toujours que c’est long forcément, les chansons ayant été composées en 2018 et 2019… Peux-tu présenter le groupe pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ? Pourquoi ce nom ? HUM HUM est un duo de pop formé par Sophie Verbeeck (parolière et chanteuse d’origine belge) et par moi-même (compositeur et musicien). On s’est rencontré sur le tournage de mon long-métrage " Parenthèse ". Sophie est actrice et s’est toujours intéressée à la musique, elle a pris des cours de chant lyrique, et moi j’avais abandonné mes synthés depuis une vingtaine d’années. Sophie m’a convaincu de composer à nouveau des chansons et le résultat a plu à Frédéric Lo, qui a décidé de réaliser et coproduire notre album. Le nom du groupe vient du mot " hum " en anglais qui désigne un son basse fréquence, " une sorte de bourdonnement obsédant d’origine inconnue ". On s’est dit que c’était tout à fait nous et comme on est un duo, on s’est appelé HUM HUM ! On vient d’apprendre l’annulation/report de tous les festivals et certainement les concerts pour un certain temps, quel est ton sentiment en tant que spectateur mais aussi en tant qu’artiste ? En tant que spectateur, c’est frustrant bien sûr, mais en même temps je ne suis pas un fana des concerts. Mes artistes préférés sont tous vieux ou morts ou alors ne veulent plus faire de concerts, comme STUPEFLIP. En tant qu’artiste, je suis mitigé : je sais bien qu’on est obligé de faire des concerts pour promouvoir un album, mais ce n’est pas mon exercice préféré. Les BEATLES ont arrêté de faire des concerts en 1967 et la période qui a suivi jusqu’en 1970 est leur plus féconde. Sophie est beaucoup plus enthousiaste à l’idée de faire des concerts, il est vrai qu’elle est charismatique sur scène. Chaque public est particulier, elle aime se confronter à des énergies différentes et voir les morceaux se " déplacer " avec l’expérience du live. Je ne vais pas vous mentir, votre chanson " Blueberries " fait partie des meilleures chansons pop de la fin 2019 (c’est pas parce que nous sommes un webzine métal que nous ne sommes pas ouverts). Elle touche toutes les générations, elle renvoie à des sons 80's mais touche aussi les nouvelles générations, ma progéniture vous ayant placés dans une de ses playlists entourés d’artistes féminines qui gagnent des victoires de la musique… vous avez quel retour sur cet EP ? On a eu beaucoup de retours positifs, notamment de musiciens, ce qui est très agréable et encourageant. Sinon, c’est vrai que faute de promo, l’EP est passé globalement inaperçu du grand public, mais " Blueberries " figurera sur l’album qui va sortir et donc sa carrière n’a pas encore réellement démarré ! Il faut franchir un certain nombre d’étapes aujourd’hui avant d’apparaître dans de grands medias et sur une radio nationale. C’est comme ça, à nous de nous y employer. On aura déjà sans doute plus de couverture promotionnelle avec un album complet qu’avec l’EP et quand les concerts reprendront. Vous avez collaboré avec Frederic LO dont on connait notamment le travail avec Daniel DARC mais qui a également fait des collaborations plus rock avec SHAWN JAMES notamment (il a finalisé une démo du chanteur américain en une heure en lui donnant beaucoup de relief), vous n’avez pas eu trop le trac ? Pas trop finalement, Fred est quelqu’un de très courtois et agréable à fréquenter. En plus, on se connaissait de vue, car on est voisin. Tout s’est passé très naturellement, il avait l’air sincèrement ravi de bosser avec nous, et nous de-même ! C’est devenu un ami, j’ai appris beaucoup de choses avec lui, en tout cas je n’oublierai jamais que c’est lui qui nous a permis de nous lancer ! Tu as fait polytechnique, Frederic a travaillé avec mon alumni Alex Beaupain qui a fait sciences po, penses-tu que ces formations apportent une différenciation dans la façon de composer ou c’est plus le cinéma qui t’influence ? Pour moi, il y a clairement une connexion entre musique et mathématiques. Tout est affaire de fréquences, de rythmes et de proportion. Leibniz a dit que " la musique était de l’arithmétique inconsciente ". Je pense que la musique, comme l’art en général, est une forme de recherche d’absolu, de vérité universelle, ou la triche, les petits arrangements, la médiocrité sont exclus. C’est la même chose en maths ou dans les sciences en général, y compris les sciences humaines. Les artistes sont finalement beaucoup plus proches des chercheurs et des scientifiques que de ceux qui sortent des écoles de commerce. Eux, on les retrouve plutôt dans les maisons de disque ! Sinon, j’ai toujours fait des musiques assez " visuelles ", en tout cas dans ma tête. J’ai envie d’ailleurs de faire aussi des musiques de film. Je viens de faire un son pour accompagner un logo animé et c’était une expérience amusante. Je dirai que c’est plutôt la musique qui a peut-être influencé ma pratique du cinéma, dans le rythme et la fluidité des plans. Pour Sophie, c’est sans doute différent. Avant de faire une école nationale de théâtre, elle a passé un master en littérature et a toujours eu une pratique de l’écriture, elle en a gardé le goût des mots. Depuis petite, elle a toujours aimé la scène, qui à la fois lui fait peur et l’attire. ![]() Vous travaillez dans le studio de JB Dunkel vous y avez trouvé vos marques ? Vos posts sur les réseaux mentionnent plusieurs studios, vous alternez les prises dans ces deux studios ? Ce sont des endroits où les possibilités semblent infinies avec certains claviers vintage, vous avez pu explorer des choses ? Nous n’avons pas travaillé dans le studio de JB qui est un ami, mais cela viendra peut-être. Nous avons enregistré principalement dans le studio Question de Son qui héberge Frédéric Lo dans le 10ème à Paris et fait une cession au fameux MidiLive Studio à Villetaneuse. En studio, nous avons ajouté principalement de l’orgue Hammond, les sons de synthé étant généralement issus de mes propres synthés. Fred a aussi parfois pioché dans ses synthés persos. Au niveau de l’artwork de l’EP c’est une meute de loup, l’homme est un loup pour l’homme ? Ou c’est un peu le sentiment d’un groupe qui vient du cinéma et qui entre dans le monde de la musique (même si tu faisais déjà de la musique il y a 25 ans) ? L’idée était de mettre en avant un côté sauvage, pur. Comme des bêtes sauvages, on ne souhaite pas tricher dans nos compositions, textes et attitudes. On n’essaye pas de se conformer au " bon goût " dicté par la civilisation. Nous souhaitons demeurer dans une recherche d’idéal où les modes et codes n’ont pas cours. Nous n’aimerions pas être des " artistes domestiques ", voilà le concept. Cela colle idéalement à Sophie qui est d’une nature intrinsèquement sauvage et qui a horreur des artifices, moi je suis sans doute devenu un peu plus tolérant avec l’âge, mais je ne fais jamais de musique en essayant à priori de plaire. ![]() Tu parlais dans une interview de Julien Barthelemy, vos univers semblent éloignés, une pop millémétrée versus un rock / rap foutraque. On peut attendre un duo avec King Ju ? Julien est devenu un ami proche depuis qu’il a fait la musique de mon film " Parenthèse ". Avec Sophie, il a aussi joué un rôle dans mon retour à la musique en m’encourageant à chaque étape. C’est quelqu’un de bienveillant et c’est clairement un génie. Nous collaborerons peut-être un jour d’une manière ou d’une autre, mais rien n’est arrêté pour le moment. Comment s’est passée la composition de l’album ? L'EP alterne entre le français et l’anglais, le prochain LP sera dans les deux langues ? L’album sera principalement en français sauf 2 titres, dont le premier single, et aussi " Blueberries ". Nous avons pris notre temps car nous voulions que les 11 chansons soient parfaites, qu’elles aient toutes " quelque chose " qui marque, et je pense que le résultat que vous découvrirez bientôt en valait la peine. En tout cas on est très content de cet album à venir. Pour en avoir discuté avec Sophie, il y a un substrat commun à l’ensemble des textes, la liberté, l’amour, le féminisme, l’intégrité, le rapport aux animaux… mais l’écriture emprunte à différents styles. Par exemple le premier single qui s’appelle " Monkey Song " peut donner l’apparence d’une certaine fluidité à la DAFT PUNK ou AIR, tandis que d’autres titres sont clairement plus dans un langage littéraire. En conclusion, c’est plutôt comme un long-métrage choral. La question que je n’ai pas posée et à laquelle tu souhaitais répondre et la réponse à cette question ? Question (soufflée par Sophie) : qui fait la femme dans le duo ? Réponse Sophie : Bernard. Réponse Bernard : je ne suis pas convaincue. Le mot de la fin. Quand est-ce que votre fils devient programmateur à la radio ? |