Juniore


Interview réalisée par Djaycee le 12 juillet 2024 aux Francofolies de La Rochelle.
Photos réalisées par Thibault Leveque.


Dernière étape du Marathon des interviews réalisées à la Sirène lors des Nuits Collectives des Francofolies. Initialement prévue en mi-journée près du site principal et étant bloqué avec les interviews d’HINT, AMENRA et de GRANDMA’S ASHES, c’est finalement à quelques minutes de leur balance et avec un timing serré que nous faisons la connaissance de DITTER, grâce à Rosa sa chanteuse qui distille des paroles tranchantes au travers d’un plot de chantier… Mais pas que. Rencontre.

Voilà. Merci de m'accorder cette interview.
Avec plaisir.
Qui est DITTER ?
Alors DITTER, c'est un trio qui est composé de François, Sam et moi, Rosa et on est un groupe de punk pop club. On est de région parisienne et moi je viens de Corse. On travaille à Paris.

Et vous avez sorti un EP récemment ?
On a sorti un EP en février de six titres qui s'appelle " Me, Money & Politics ". Et il y a six titres qui parlent de plein de choses différentes, engagées pour la plupart.
Ok.
Je peux approfondir un peu plus si tu veux.
D'accord, car si tes réponses sont aussi droit au but que votre musique, je ne tiendrais pas dix minutes à ce rythme-là. Quoique, j'ai plein de questions, mais vas-y !
Non mais c'est un. EP qui en fait qui a été écrit comme un exutoire. C'est une musique qu'on a composée alors qu'on travaillait sur un autre projet et c'est venu un peu par accident. On a on s'est amusé à faire cette musique et c'était effectivement dans un contexte qui nous ressemble aussi aujourd'hui, sociopolitique compliqué. Et donc au départ c'était une blague qui est partie un peu trop loin on va dire.
Une bonne blague ?
C'est une bonne blague, en effet. DITTER regroupe des textes qui parlent d'actualité mais aussi qui parlent de nos ressentis et donc au final quand même plutôt intime. Mais sous couvert d'humour, un peu de cynisme aussi. On chante en anglais.
Il y a un peu de français quand même.
Il y a une chanson en français dans l'EP qui parle de VSS (violence sexistes et sexuelles). Et voilà. Il s'appelle " Cherche pas ".
Comment s'est faite cette bascule en français, c'était pour faire passer un message ?
Au départ, c'est un morceau qui a été composé pour de l'anglais en mode Yaourt en anglais au départ, et en fait, c'était un exercice de style au départ en se disant qu'on allait travailler en français là-dessus et la thématique est venue plus tard. En fait, au fur et à mesure de l'écriture, sur des choses qu'on ressentait, dont on avait besoin de parler.

Ditter

Je reviens sur la politique. Vous avez joué place de la République le 3 juillet, c'est ça ? Quel a été l'accueil et quelle était l'ambiance parce qu'on était en plein entre deux tours.
Ben en fait, on a ressenti un besoin. Cette date vient d'un appel du directeur de la Fête de l'Huma qui a organisé ça. Il avait besoin d'organiser ça assez rapidement pour aussi faire valoir la parole d'artistes contre l'extrême droite. Donc il y avait des intervenants, il y avait des talks, il y avait des artistes qui sont passés. Et nous, on a senti cet élan aussi de participer à ça pour aussi notre moyen de se manifester contre l'extrême droite et de se rassembler aussi.
Donc l'EP porte bien son nom...
L’EP porte bien son nom. " Me, Money & Politics " parle effectivement de cela et la chanson qui porte ce titre particulièrement. On parle d'être ancré dans ce système entre l'argent, l'ego, la politique. C'est un prisme qu'on peut retrouver à différentes sphères de notre société aujourd'hui, que ce soit dans le milieu de l'entreprise, aussi dans le milieu familial et dans des sphères de beaucoup plus grande échelle, à l'échelle gouvernementale aussi, et tout, et enfin à l'échelle d'un pays. Et c'était aussi une manière de dire qu'on se sentait un peu perdus au milieu de tout ça et que, en même temps, tout est politique. Donc en fait, on est complètement baigné dedans et toutes nos actions sont politiques. Donc c'est une histoire de choix aussi à un moment donné, d'essayer d'aligner ses paroles avec ses actes. Et c'est toujours plus complexe que ce qu'on imagine.

Tu disais que vous étiez trois dans le groupe, vous êtes quatre avec le plot de chantier ?
On est même cinq avec notre sondier. Ouais, le plot de chantier en fait, c'est toujours parti d'une blague. C'est comme ça que ça a commencé. Et puis c'était une nouvelle façon d'amener une voix différente, avec aussi un effet visuel. Et c'est vrai que c'est un objet qu'on n'a pas du tout l'habitude de voir sur scène. Il y en a qui le font de façon plus amplifiée, avec un groupe comme DALLE BETON, je ne sais pas si tu vois ce que c'est. Ils amènent carrément une bétonnière sur scène...
Ah oui, c'est tout de même un autre niveau.
Mais après ce sont des gens qui viennent du BTP, donc c'est une revendication différente. Pour nous, c'est plus l'histoire du plot que tu ramènes en fin de soirée quand tu es un peu un peu éméché. Et là-dessus on l'a utilisé comme un outil, comme on utiliserait une guitare, une basse. Finalement, on l'a transformé.

Ditter

Je termine juste par cette question qui est super large : Quelle question je ne t'ai pas posée et à laquelle tu souhaitais répondre.
Oula euh. Je. Je ne sais pas. Tu me prends de court ?
Quelle question tu ne m'as pas posée… Non, je ne sais pas.
Vos Influences ?
On est influencé par beaucoup, par LCD Sound System parce que c'est un groupe avec qui on a tous les trois grandis. Et moi particulièrement par des artistes comme Gwen Stefani, Olivia Merilahti de THE DO, Gwen Stefani aussi à l'époque de NO DOUBT. Et puis après, dans tout ce qu'elle a fait derrière. Et je dis LCD, on parle de SOULWAX aussi pour parler du côté un peu plus club. On peut parler aussi de des groupes comme IDLES dans le texte beaucoup plus tranché.
Ce qui rejoint cette nuit collective rock métal parce que LCD Soulwax, on était plus sur la partie club.
Je pense qu'on est aussi un groupe qui navigue, même si on reste dans la musique indé, on navigue un peu dans tous ces registres-là. On reste quand même assez pop dans ce qu'on fait au final.
C'est vrai que l'affiche est vachement éclectique, entre du rock grunge un peu stoner. On a du post-doom avec APPARAT, de la fusion avec HINT…
Je pense qu'on est les plus pop, mais on a des guitares saturées, un peu grunge aussi et je pense qu'on est aussi venu nous chercher pour l'aspect radical comme peut l'être le stoner et le punk et le rock de ce gros son tranchant.
Comment vous êtes arrivés ici finalement ? Parce que vous n'êtes pas les locaux de l'étape. Souvent, on essaye de mettre le petit poulain de l'étape en disant on fait une belle affiche et en ouverture on cale un groupe local.
C'est par rapport aux chantiers des Francos. Nous avons fait le chantier cette année. Nous avons eu comme les autres artistes sélectionnés un accompagnement scénique.
Ok. Et c'est Ben Mazue qui est le parrain de la promo, c'est bien cela ?
C’est bien cela. Nous l’avons rencontré il est très cool.
Merci, je pense qu'on a fait le tour, il ne nous reste plus qu'à vous voir sur scène. Je te laisse aux balances.
Super, Merci beaucoup !
Merci à toi.