Tankrust


Interview réalisée par Hicks le 17 décembre 2019 à Paris avec KooTôh (chanteur), Schuff (batteur) et Seyn (guitariste rythmique).


Bonjour, pouvez-vous vous présenter ainsi que le groupe ?
KooTôh : Moi c'est KooTôh, je suis chanteur dans TANKRUST.
Schuff : Moi c'est Schuff, le batteur.
Seyn : Et Seyn, guitariste rythmique.

Vous avez sorti votre nouvel album " Opposite Terror ", pourquoi ce titre ?
KooTôh : " Opposite Terror " est un titre qui signifie la terreur opposée à la dictature du bonheur, donc une société qui veut nous imposer une certaine façon de réfléchir et d'aimer les choses. Une certaine façon d'être heureux en fait. On te dicte quoi consommer, quoi écouter, en quoi croire et donc vu de loin ça paraît être quelque chose qui est fait pour ton bien alors qu'en y regardant de plus près c'est un concept plutôt pourri, celui de la pensée unique, qu'il faille rentrer un moule...
D'accord, c'est aussi le fait de rester un mouton toute sa vie et de suivre le berger ?
KooTôh : Voilà, on est plus dans le délire " chacun doit pouvoir vivre comme il l'entend et être heureux comme il a envie de l'être, sans forcément faire chier son voisin...

Comment vous êtes-vous préparé pour cet album qui l'air plus abouti que le précédent, notamment au niveau du chant. Est-ce que tu as pris des cours KooTôh ?
KooTôh : est-ce que j'ai pris des cours de chant non. Enfin oui et non, dans la mesure où j'ai pas mal travaillé ma technique vocale en essayant d'explorer plusieurs spectres, à ce niveau là, il y a une évolution dans ce sens.
Schuff : Je confirme, il n'a rien foutu, pris aucun cours. Et pour répondre à ta question, oui l'album est plus abouti. Forcément, avec le temps qui passe, normalement, on s'améliore en tous cas on est encore dans une tranche d'âge où l'on arrive à s'améliorer et puis,on se connait chacun de mieux en mieux aussi. On sait ce que font les autres, ce qu'ils vont pouvoir amener et donc naturellement, on arrive à composer des choses plus abouties.
Seyn : Moi en ce qui me concerne , je n'ai pas pris de cours de chant comme je ne chante pas c'est pas grave :) Sinon,je pense qu'il y a une sacrée évolution au niveau du chant entre le premier et le deuxième album. KooTôh maîtrise vachement plus sa voix, surtout en terme d'émotions et dans ce qu'il veut transmettre par rapport à son écriture, à ses textes, au niveau de l'intensité de ce qu'il veut faire et dire. Je pense qu'en effet, il y a eu une grosse marge de progression par rapport au premier album.


Vous avez tournée pendant 4 ans pour le précédent album ?
KooTôh : Oui, en gros c'est qui s'est passé, on a vraiment exploité l'album précédent sur on va dire 3 ans avant d'entamer le processus de production du dernier album. On a fait une tournée de quelque années pour l'album précédent durant lequel on s'est vachement enrichi à plein de niveaux (humain et musicalement) qui nous ont aidé naturellement à produire" Opposite Terror ". Justement, comment avez-vous composé cet nouvel album ?
Schuff : Les idées étaient plutôt amenées avec la guitare, par William le précédent guitariste, qui, depuis est parti de TANKRUST. C'est lui qui amené la matière première à la base, qu'on reprenait ensuite à 2 ou soit tous ensemble. On va dire qu'il amené un squelette de morceau et qu'on habillait ensuite tous ensemble avec les idées de chacun, les influences...
Comment avez-vous fait justement pour apporter ce résultat très homogène malgré toutes les influences diverses de chacun que l'on ressent durant l'album ?
Schuff : ce n'est pas si compliqué que ça en fait. C'est beaucoup de travail d'écoute, de temps passer à maquetter et de recul. Ca nous évite en tout cas d'arriver en studio avec de mauvaises surprises et de perdre du temps à vouloir essayer tel ou tel truc, vu qu'on l'aura déjà fait avant en maquettant ou en testant les morceaux sur scène...

Comment avez-vous composé vos morceaux ?
KooTôh : En vrai, c'est quelque chose de naturel, ce n'est pas vraiment réfléchi, ce sont des choses qui font parti de l'identité TANKRUST, à savoir qu'on a tous des influences très variées et à un moment donné ça ressort dans la compo des morceaux, on ne se dit pas qu'il faut un morceaux comme ça, un autre dans ce style, on préfère mettre toutes nos influences dans un seul et même pot, qu'on va secouer et voir ce qu'il va en ressortir.
Schuff : Je pense qu'en fait ça nous vient assez naturellement, ce n'est pas du tout calculé, on ne va pas se dire, tiens on va du core, puis du death... On amène tous des choses différentes qu'on va mélangé de manière cohérente à notre sens...
Seyn : Je pense qu'il n'y a pas de volonté de sonner de telle ou telle manière. Ca vient comme ça vient. Tu prends ta gratte, tu joues et si ce qui en sort nous plait, on va en faire un morceau... l'important c'est ça sonne comme du TANKRUST...
Du coup, TANKRUST c'est du crossover ?
KooTôh : Exactement, c'est tout à fait ça
Seyn : Ouais c'est du métal extrême
Schuff : Justement, on ne s'interdit rien, ça sort vraiment comme ça vient, selon nos envies, nos écoutes du moment, c'est peut-être pour cela que cela donne ce résultat là, ce n'est pas sciemment pensé...
Seyn : On fait du Métal
Par exemple, les riffs assez power métal en appui aux passages plus hardcore puis des riffs assez épiques...
Seyn : Je sais pas trop, c'est intéressant pour nous d'avoir le retour des gens qui ont écouté l'album parce que maintenant qu'on l'a sorti et enregistré, on ne le maîtrise plus trop, il ne nous appartient plus complètement et c'est marrant de voir et d'entendre justement les réactions des gens, d'entendre comment ils l'assimilent, le rattache à tel ou tel groupes, à tel ou tel style. Ce qu'on veut c'est que l'album parle aux gens et qu'ils en retirent ceux qu'ils veulent. En tout cas, pour nous, il n'y a vraiment aucune volonté de sonner crossover, stoner, machin chouette... Moi, y a des choses que je vais ressentir vachement plus que d'autres, je vais avoir envie de les jouer de cette façon plutôt qu'une autre, par exemple, d'une manière death métal plutôt que thrash pour tel ou tel passage...
Donc toi t'es plutôt death, Schuff, à la batterie, t'es plus hardcore et KooTôh, tu peux aussi bien grinder en même temps ?
KooTôh : Ouais c'est exactement ça
Seyn : Sans se le dire, lui, il fait une partie plutôt comme ça, toi tu fais un truc qui sonne de cette manière et le morceau va donner cela au final
KooTôh : quand on compose, on ne s'impose rien, on se dit pas " toi t'as chanté comme ça alors que c'est comme ceci qu'il faudrait le faire... "
Donc vous avez composé chacun de votre côté vos partie et après vous avez mis tout cela en commun ?
KooTôh : Plutôt l'inverse je dirais. Y'a quelqu'un qui va amener un riff, qui va servir de base qu'on va bosser tous ensemble. On n'est pas de cette génération qui bosse chacun chez soi, à s'envoyer les trucs par mail...
Schuff : on le fait un petit peu car ça nous permet des fois d'avancer un peu plus vite entre 2 répètes. Y'a eu des périodes avec Will, l'ancien compositeur, où on fonctionnait comme ça à 2, à s'échanger qu'entre nous 2 des idées
KooTôh : Oui pas faux
Schuff : On est comme même un petit peu de ce siècle là aussi
KooTôh : On utilise le meilleur de ce siècle là

Pouvez-vous m'en dire plus au niveaux des thématiques de l'album, les textes ?
Seyn : on parle du pire de ce siècle là
KooTôh : les textes parlent du sujet donc je parlais toute à l'heure à savoir de l'oppression par le bonheur, la dictature du bonheur. Tu vas voir des morceaux qui parlent de la société de consommation, d'autres sur le comment être heureux en vivant simplement et d'autres avec des textes plus génériques.
Schuff : On n'est pas dans la revendication, on constate et on veut donner matière à réfléchir puisqu'on n'impose rien, on n'impose pas nos idées, ce serait bien malvenu. On veut pousser à la réflexion et même si les thèmes abordés ne sont pas forcément joyeux, le but n'est d'être négatif ou pessimiste, on essaie de laisser une petit porte ouverte, une porte de sortie constructive.


Comment avez-vous fait le track-list de l'album ?
KooTôh : Ca a été une bien plus grosse prise de tête qu'on aurait pu le penser, parce que chacun à fait la sienne de son côté et qu'il a fallu choisir.
Seyn : Ouais je crois qu'on a tous tester des ordres différents ce qu'on se fait dans des ordres différents et finalement on est arrivé à peu près à celui choisi à un morceau près, à part pour " Elope " y a eu un débat sur où on la positionner, au milieu ou à la fin.
Schuff : Oui et l'idée c'était aussi d'avoir un équilibre, car on a certains morceaux qui sont assez proches musicalement parlant ou d'autres qui ont été composés à la même période...
KooTôh : Qu'est-ce que tu en as pensé toi ?
L'enchainement des morceaux fonctionne très bien me concernant.
KooTôh : Oui voilà, c'est important pour nous d'avoir un écho, de savoir comment les gens on ressenti le truc.

Qui a mixé et enregistré l'album ? Je trouve qu'à ce niveau, vous avez franchi une étape par rapport à " The fast Of solace " ?
Schuff : on a travaillé avec Andrew Guillotin d'Hybreed Studio, qui est en région parisienne. Le précédent a été enregistré à Lille donc y'avait une contrainte géographique qu'on ne voulait pas se mettre pour ce nouvel album. On voulait trouver un studio d'enregistrement plus proche, surtout pour la partie post-prod où t'as besoin d'échanger vachement avec l'ingé-son. KooTôh avait déjà travaillé avec Andrew avec ses autres groupes. Donc on s'est dirigé vers lui et puis l'expérience a montré qu'on ne s'était pas trompé puisque les retours à ce niveau sont tous très bons.

Qui a fait la cover de l'album ?
KooTôh : la cover de l'album c'est le même graphiste qui a bossé avec nous pour " The fast Of solace ". C'est Tim Gordon et c'est un choix logique étant donné qu'il a construit avec nous l'identité visuelle de TANKRUST, en tous les cas, et on se voyait mal de changer de personne vu qu'il est là depuis le début du projet.
Il est arrivé avec un style beaucoup plus épuré que la précédente pochette d'album ?
KooTôh : on a exploré plein de pistes, au début ca n'avait rien à voir, on était sur quelque chose de beaucoup plus abstrait, mais plus les semaines passées et moins on arrivait à un truc qui nous plaisait. Et un jour, il est arrivé avec une proposition complètement différente et un concept qui collait parfaitement à ce qu'on avait en tête et qu'on a ensuite construit avec lui...

Qui a fait le clip pour " Another blank page " ?
KooTôh : tu vas voir à quel point on est fidèle. C'est Olivier Jacques qui a fait ce clip et c'est déjà lui qui avait fait nos clips précédents. Et pareil, quand on est content du travail que quelqu'un , il n'y a pas de raison pour nous de changer.
D'ailleurs, je vois que tu as un T-shirt THE ARRS, tu sais que c'est Andrew Guillotin qui a enregistré cet album là ?
Non je savais pas
KooTôh : Donc ça fait aussi parti des cordes à son arc, tu vois c'est quelqu'n qui est capable de faire un grand écart entre un groupe comme nous, THE ARRS et comme je disais toute à l'heure, un groupe de death bien old school à la TEMPLE OF BAAL...
Oui justement, j'ai senti un peu que ça se rapproché de THE ARRS au niveau des riffs hardcore par rapport à la production
KooTôh : Oui y'a forcément des choses qui peuvent ressortir, on avait un guitariste qui écoutait de tout.

Comment s'est passé la première partie de la tournée et notamment les retours sur l'album ?
KooTôh : on t'as pas vu au concert
Non j'étais pas là
Schuff : Du coup ça c'est très mal passé, t'étais pas là :)
KooTôh : On était triste :) Je crois qu'on a eu plutôt un bon accueil , j'ai même trouvé que par rapport à l'album précédent, les gens étaient plus enthousiastes
Seyn : Ce qui était marrant et c'est arriver quelques fois pendant la tournée, c'est de voir des gens nous demander avant le concert quel morceau du nouvel album on allait jouer pendant le set alors qu'il venait à peine d'être sorti
Schuff : C'était assez inattendu oui
KooTôh : On avait des gens qui chantaient déjà les paroles...
Schuff : Et de faire du yaourt
KooTôh : Et de faire du yaourt oui mais je m'en fous ! J'en fait aussi ! :)
Votre set-list justement comment vous la faite ?
Schuff : On essaye de rentrer dedans progressivement sans prendre trop notre temps non plus, on essaie de maintenir une tension tout du long... On ne veut pas commencer par des morceaux qui ont des passages trop calmes, on connaît nos morceaux, on sait maintenant comment le public réagit sur tel ou tel passage, du coup, c'est comme pour le track-list d'un album, c'est un équilibre à trouver.
Vous faite aussi des titres du premier EP ?
KooTôh : Oui tout à fait, on en joue
Seyn : 1, si on me demande
KooTôh : On en fait
Seyn : 2
KooTôh : 2 ? On en joue 1 qu'on a toujours joué depuis le début " Barbarians ".
Seyn : Ah oui " Barbarians " bien sûr...
Schuff : Oui mais tu triches un peu, car il est sur l'EP et aussi sur l'album précédent
KooTôh : Oui c'est un morceau qui nous suit depuis les débuts de TANKRUST, c'est un des premiers titres qu'on a composé. Tu vois le compositeur originel du groupe n'est même plus là, mais ce morceau est toujours là, il est passé dans tellement de mains qu'il a changé mais il est toujours là
Seyn : Et ce titre est remanié pour le live aussi

Vous avez prévu quoi pour 2020 ?
KooTôh : Oui on refera certainement une tournée chapitre 2 comme on a faite la. On a prévu aussi d'essayer de jouer sur des Festival, on a déjà quelques plans confirmés
Et peut-être vous exporter un peu chez nos voisins belges ou au Québec ?
KooTôh : Alors les voisins Belge, on les a teste sur cette tournée, on y a été souvent parce que ce sont de bons copains et on a aussi été un peu du côté espagnol pour la 2ème fois.
Schuff : Québec c'est un peu loin quand même, mais si on nous paye le billet je ne dis pas non hein, on aimerait beaucoup y aller, mais y'a une réalité financière qui n'est pas forcément évidente à notre niveau Après on ne s'interdit rien, on est open...
KooTôh : on aimerait bien aller du côté italien ou suisse...
Seyn : au Danemark, Pays-Bas, y a des scènes...

Où peut-on trouver des nouvelles du groupe et du merchandising ?
KooTôh : Les nouvelles du groupe alors nous on est encore des anciens donc on fonctionne beaucoup avec Facebook, Instagram
Seyn : Le minitel 3615 Tankrust
KooTôh : Le plus dur étant de trouver un minitel maintenant
Seyn : Par fax !
Schuff : Y'a forcément une appli pour ça
KooTôh : c'est Facebook, pour le merch et la musique, y'a notre bandcamp, c'est l'outil le plus accessible pour nous en acheter sans venir à nos concerts mais le mieux pour nous et le plus sympa c'est devenir nous voir en vrai
Oui c'est beaucoup mieux
KooTôh : C'est mieux pas vrai ?
Seyn : Pour les albums, il y a Season Of Mist qui nous distribue
KooTôh : Il y a Season Of Mist qui distribue exactement merci de me le rappeler on a à la chance d'être distributué par eux. Notre label a signé un deal avec eux, du coup, on a à la chance d'avoir notre album dans les Fnac, Gilbert ou Cultura...
Donc vous avez une meilleure distribution qu'avant ?
KooTôh : Ouais carrément
Pareil concernant le pressage ?
KooTôh : On est resté comme avant, on veut faire en 2 parties avec un repressage si besoin
Schuff : Avec les années, les quantités physiques ont baissé et donc l'idée a été de ne pas presser pour rien, on en fait moins que la fois précédente, sachant que les ventes baissent avec le temps...
Maintenant c'est surtout le numérique et le streaming qui marche...
Le groupe : Oui

Je vous laisse le mot pour la fin
Seyn : Merci à vous. le mot de la fin " Humanity is over, this is a fact enjoy it While You can ". Merci à toi, merci a tous ceux qui nous lisent; qui nous écoute, qui nous soutiennent, à nos familles et à tout ceux qui nous permettent de continuer...
KooTôh : A nos mamans, enfin je disais toute à l'heure, au magazine Lord Of chaos que tu connait certainement , qu'on remercie surtout les gens comme vous qui font ça par passion, qui suivent les groupes comme nous, qui nous donnent un peu de visibilité et qui apprécient ce qu'on fait, grâce à vous, on continue d'exister et de jouer. Merci aux gens qui viennent à nos concerts, sans eux on jouerait dans une salle vide...
Seyn : c'est une répèt': )
KooTôh : Voilà
Schuff : Pour conclure, à bientôt dans la fosse.