Notheist


Interview réalisée par mail par Djaycee avec Greg en Mai 2019.


JC : salut Greg, merci de nous accorder cette interview. Parle nous de ce nom. Il intrigue.
Salut JC et merci de m’accorder de cette interview. Content que le nom intrigue, interpelle. Je voulais un nom radical qui exprime ma philosophie : pas de religion ni de dieu, pas de doctrine ou de culte… Ça signifie être seul face à soi-même et assumer ce que l’on fait, ce que l’on dit sans pensées pré-mâchées et sans arrangement avec sa conscience.

JC : Tu es tout seul, sauf sur les chants féminin et une partie des guitares sur un titre ainsi que la basse sur un autre titre. Tu ne voyais pas l’aventure en groupe ? cela compromet un peu la tour-née ?
En fait quand j’ai commencé à bosser sur ce qui allait devenir NO-THEIST, je sortais d’une période d’insatisfaction, de frustration. Je vou-lais vraiment exprimer ce que j’avais dans la tête, dans mes tripes et je n’avais aucune envie de faire le moindre compromis.
Les invités sur l’album ne sont que des belles rencontres : j’ai rencontré Warzy de HATE BEYOND lorsque j’étais en tournée au Japon avec le groupe dont je faisais parti avant et on s’est vraiment bien entendu. Il m’a invité à faire un solo en guest sur leur dernier album et je les ai ai-dés avec le son. Du coup en retour je l’ai invité sur mon album et j’en suis ravi. Son solo fonctionne super bien avec la folie qui émane de " Freedom is a lie ". Sur ce même morceau c’est ma compagne Laure qui fait la voix féminine et c’est souvent qu’on fait de la musique en-semble. On a un projet post punk / cold wave sur lequel on bosse quand on a du temps et ça me paraissait normal qu’elle soit aussi sur l’album. En plus elle a aussi bossé sur l’artwork, elle a donc une place non négligeable dans cet album.
Pour Joao, c’est un peu différent, c’est une belle rencontre. Je faisais un plan en tant que batteur sur un projet pop et il était le bassiste sur ce projet. J’aime beaucoup son jeu. " Silent Screams " était déjà écrit et j’avais déjà enregistré la basse, mais quand je l’ai rencontré j’ai su qu’il apporterait quelque chose de plus sur ce morceau. En plus c’est une chouette personne et c’est important aussi.
Comme François Vatin qui est l’ingé son avec qui j’ai bossé. On s’est rencontré sur L’Exoconference d’Alexandre Astier, on est devenu amis et quand est arrivé le moment de vraiment penser au son de l’album je lui ai demandé quelques conseils. De fil en aiguille on s’est retrouvé à bosser ensemble et ça a été une belle collaboration. On vient de deux mondes bien différents mais chacun a apporté à l’autre et ça a permis à l’album de prendre une autre dimension.
Globalement j’avais besoin de ne bosser qu’avec des gens en qui j’ai toute confiance.
Pour la question de la tournée, quand j’ai commencé ce projet je n’avais pas spécialement envie de tourner et je le voyais comme un projet studio, solo. Ce n’est vraiment que maintenant que l’envie d’amener en live ces morceaux me démange et j’ai commencé à chercher des musiciens. D’ailleurs si certains li-sent cette interview et sont intéressés qu’ils n’hésitent pas à me contacter !


JC : Le disque s’ouvre par une intro acoustique qui monte en puis-sance façon guitare Hero, " Order is chaos ". les sirènes des poli-ciers résonnent… c’est pour nous préparer au reste ?
Effectivement " Order is Chaos " est là pour placer l’ambiance. Les at-mosphères sont pour moi très importantes et l’aspect cinématogra-phiques l’est tout autant.
C’est un peu le principe du calme avant la tempête : tu sens la tension, tu sens que ça couve, que quelque chose approche et soudain BAM ! C’est parti !

JC : Le disque est lourd sombre, dès " Notheist " (sorte de trinité nom d’album, groupe et titre) la bête est lancée. C’est le chaos au-quel nous préparait le premier titre introductif ?
Absolument. Pour moi c’est un peu similaire aux montagnes russes : tu montes dans le manège, et tu as des tas de lumières, des bruits, des dialogues qui te mettent dans l’ambiance et te préparent à quelque chose et là accélération maximale tu es parti pour être secoué dans tous les sens à pleine vitesse. Après l’album n’est pas forcément chaotique dans le sens bordélique, plus dans le sens où tu es bousculé et des émotions contraires cohabi-tent et jouent des coudes.

JC : Tes textes sont extrêmement sombres, voire nihilistes ? Sur " God of meat ", tu résumes l’homme à quelques viscères et tu nous invites à " fuck like a beast " !
C’est vrai que mes textes sont plutôt sombres. Nihilistes ? Peut être… Mes textes sont écrits d’un point de vue d’observateur, comme si j’étais assis au bord d’une falaise et que je mangeais du pop corn en regardant le monde s’écrouler. Néanmoins, je ne suis pas non plus quelqu’un de hyper sombre. Tu prends l’exemple de " God of Meat " j’y vois plus une célébration de la vie en fait : ne pas chercher la joie dans une quelconque illusion, mais se souvenir que nous sommes là, que notre temps est compté et qu’il faut en profiter au maximum avant qu’il ne soit trop tard. C’est mon carpe diem en quelque sorte :-)

JC : Tu as collaboré à un certain nombre de projets tous aussi dif-férents qu’intéressants (KAAMELOTT, avec Crass, pour la TV…). Tu es hyper actif ?
Tout d’abord, juste une précision, avec Alexandre Astier je n’ai pas bos-sé sur Kaamelott, mais sur L’Exoconference qui est un chouette spec-tacle et qui par un curieux coup du destin m’a permis de réunir mon amour de l’astrophysique et de la musique. Autant dire que c’était fait pour moi !
Après que ce soit avec CRUSHER, ou quand j’ai bossé pour Défis Co-bayes ou autres, le but est toujours le même : vivre de nouvelles expé-riences, ne pas perdre de temps et vivre à fond le temps qu’il me reste à vivre. Et apprendre, toujours apprendre, ne pas stagner, toujours avancer.


JC : Peux-tu nous parler du visuel, j’ai l’impression qu’il est aussi important dans l’atmosphère de ta musique ?
Le visuel, c’est mon quotidien depuis que j’ai quitté Paris. Après y avoir habité environ 20 ans, j’ai senti le besoin de quitter toute cette folie ur-baine et de me recentrer sur l’essentiel. J’ai senti le besoin de retrouver mes racines et c’est pourquoi je suis rentré dans les Vosges. La po-chette c’est un beau paysage d’hiver, ça évoque le calme, la solitude, la paix.

JC : Le dernier titre s’étend sur 9 minutes et nous fait passer par différents atmosphères. C’est celui qui clôture l’album, j’ai l’impression qu’il a beaucoup été travaillé.
Ca va peut être te paraitre étonnant, mais en fait pas tant que ça. " My Demise " a été assez facile à créer. C’est sans doute parce que c’est un morceau où je me suis laissé aller, sans me poser de questions et je l’ai poussé le plus loin possible. Quand j’ai commencé à bosser dessus, j'avais déjà en tête l’idée de faire un long morceau qui serait une belle conclusion à l’album et je crois avoir réussi.

JC : La question (et la réponse) que je n’ai pas posée et à laquelle tu aurais aimé répondre ?
Des questions auxquelles j’aurais aimé répondre, il y en a plein … Je pense qu’on aurait pu parler influences notamment en dehors du métal. Des gens comme Philip Glass, Allan Holdswroth, PINK FLOYD ou en-core Yukio Mishima ou Jean Genet pour ne citer que quelques noms. Ca me pousse à me remettre en questions, à envisager les choses sous un autre angle et nourrit ma réflexion et mon inspiration.

JC : Le mot de la fin ?
J’espère que cet album parlera au plus grand monde. C’est un instanta-né du monde dans lequel nous vivons actuellement vu à travers mes yeux et ma réflexion. J’y ai mis beaucoup de moi, j’ai beaucoup appris ça a été un super processus de création d’apprentissage et maintenant que je le partage avec le monde, j’espère que ce que j’ai voulu faire se-ra compris.

JC : merci pour cette interview.
Merci à toi de m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer !