![]() Interview réalisée par Djaycee au mois de juillet 2025 durant les Francofolies de La Rochelle.
![]() Revenons sur le disque. On s’était croisés à l’after de MASS HYSTERIA. Tu disais que la collaboration avec SERJ TANKIAN s’était faite un peu à la "one again" ? Oui. C’est mon manager qui a écrit à son manager… qui ne répondait pas. Alors, par erreur, il envoie le mail à "serj@systemofadown.com" ou un truc comme cela au lieu d’écrire au manager. Résultat : c’est SERJ lui-même qui reçoit la maquette, qui la lie, qui la kiffe, et qui dit à son manager : " Je veux le faire. " Donc si Jérôme ne s’était pas planté dans l’adresse mail, ça ne se serait jamais fait. Et pour MAX CAVALERA ? On a contacté sa femme Gloria, qui est aussi son agente. Ils nous ont répondu rapidement. MAX a été touché par le texte, il a sept enfants, donc il connaît bien la problématique du harcèlement scolaire. Et je pense qu’il a aimé le fait qu’on propose quelque chose de différent. On ne reste pas entre nous, dans l’entre-soi métal. Moi, je suis un petit Français qui fait de la chanson pour enfants, c’est bizarre, et ça les a séduits. Les collaborations avec Nico de TAGADA, Stéphane de LOUDBLAST ou Mouss, on s’y attendait presque. Mais aller chercher AMON AMARTH ou SYSTEM OF A DOWN... J’avais peur au départ de ne pas être crédible. Je me disais : " On va me dire non, tu n’es pas légitime. " J’ai souvent ce syndrome de l’imposteur. J’avais déjà glissé un peu de gros son avant. On avait même fait une version de " Super Mamie " avec Nono de TRUST. Le métal, ça m’a construit, ça m’a sauvé la vie. IRON MAIDEN, je les ai vus aux Eurocks récemment. T’as l’impression de voir toute ta vie défiler. Les métalleux ont ce rapport organique à la musique, très fort. Et comment ALDEBERT est devenu HELLDEBERT ? Je saupoudrais un peu de ça sur mes précédents albums, mais après le quatrième opus, je me suis dit : c’est le moment. Quinze ans qu’on est là, on peut s’autoriser une parenthèse métal. La veste à patchs prenait la poussière ? Exactement ! Avec Jérôme, mon manager, on était conscients du risque. En France, le métal, c’est difficile. Ce n’est pas une terre de métal, on n’est pas en Angleterre ou aux États-Unis. Ce n’est pas diffusé dans les grands médias. Donc oui, c’était clivant. Mais même si on s’était plantés, on l’aurait fait quand même. Finalement, c’est une réussite. Peu de gens arrivent à remplir des Zéniths avec du métal. Mouss y arrive. Mais il ne fait pas la tournée des Zéniths comme toi… C’est vrai. Nous, on a eu de belles salles. Et on est contents aussi pour GOJIRA : leur passage aux JO, c’était un moment incroyable. Même avec BLACK SABBATH, ils étaient les seuls Français. C’est fou. Et j’adore LANDMVRKS aussi. Tu vas les voir ce soir ? J’espère, mais je dois aussi voir HOSHI. On verra. Il y a du beau monde. Moi, je file voir LANDMVRKS, mais avant LA FEMME. C’est vrai que tu avais quasiment une journée dédiée au Hellfest l’an dernier. Cette année, ils ont mis des dinosaures à la place. Oui, j’y étais, je suis allé voir. ![]() Tu regardes un peu ce que fait la "concurrence" ? Ce n’est même pas de la concurrence. Ce n’est pas toi qui a piqué la tête du panda de CHANTAL GOYA ? Non, ce n’est pas moi. Mais JULIEN DORÉ lui en a prêté une, apparemment. Vraiment ? Oui, il a des costumes de panda. Il lui aurait prêté une tenue. Il est sur la grande scène ce soir. Revenons au disque : comment s’est faite la collaboration avec AMON AMARTH ? Tu avais déjà une idée " viking " en tête ? J’ai envoyé une maquette avec une histoire de pirates. Je trouvais que cette voix-là correspondait bien au délire viking. Et à notre grande surprise, ils ont dit " OK ". Aucun recul de leur part, aucune réticence à collaborer sur un projet " chanson pour enfants " ? Non, on a tout fait dans les règles, on a envoyé les maquettes, les courriers. On n’avait aucun contact à l’international, même Sony ne pouvait pas aider. Donc le simple fait que les mails soient lus, c’était déjà énorme. Et Amélie Nothomb ? On sait qu’elle est fan de métal, mais elle reste discrète. Elle adore SYSTEM OF A DOWN, TOOL… Je le savais parce qu’elle l’a déjà dit en interview. C’est ma cheffe de projet chez Sony qui l’a contactée. Amélie n’a pas de téléphone, pas d’ordi. C’est compliqué, c’est du courrier papier. Elle m’a envoyé un vocal où elle se disait enchantée. Elle a accepté avant même de savoir que SERJ TANKIAN était sur le titre. Quand elle l’a appris, elle était aux anges ! Et pour le visuel de la scène, les musiciens ? Pour ce projet, je voulais de vrais acteurs du métal, notamment à la batterie et à la guitare. Mon bassiste et batteur habituel n’avaient pas cette esthétique. Huber, qui était guitariste, est passé à la basse. On a pris le guitariste de GOROD, qui est incroyable, et Bastos, ex-DAGOBA, un mec génial. On a remonté un genre de side-project. Huber est toujours là, Le Touf aussi. Une dernière question : celle que je ne t’ai pas posée, mais à laquelle tu aurais aimé répondre ? J’aime bien : " Quelle serait ta collaboration rêvée ? " Le boss de fin pour moi, ce serait BRUCE DICKINSON ou ANGUS YOUNG. Tu as déjà discuté avec DICKINSON ? Oui. J’ai écrit une nouvelle sur lui, publiée dans un recueil dirigé par Mathias Malzieu. Ça raconte un Noël chez ma grand-mère avec " Live After Death " d’IRON MAIDEN. Je lui ai offert le bouquin en main propre. Il l’a peut-être utilisé pour caler un meuble... C’est pratique aussi pour allumer les barbecues en cette saison. Peut-être, mais c’est un dieu vivant ! Merci infiniment. Merci à toi. ![]() |