Interview réalisée par Virgile par mail au mois de Mai 2022 avec Albatard (bassiste).
Bonjour et merci pour l’interview.
Pouvez-vous présenter ainsi que le groupe ?
Salut, merci à toi surtout ! Alors ici c’est Albatard, bassiste (donc au final le moins intéressant du groupe, tant pis pour toi) qui s’y colle. Et que dire de GRONIB, à part que c’est une blague d’ados attardés qui dure un peu plus longtemps que prévu…
Pourquoi changez-vous à chaque fois le pseudo du second guitariste ?
P’tite Bite est le petit nouveau, le dernier arrivé… Bon ok c’était il y a 20 ans, mais ça reste le dernier. Du coup, on avait voulu le bizuter pour notre première sortie (en l’appelant " Gros con qui pue la merde ", ce qui n’est pas très loin de la vérité), et on a gardé la tradition depuis, c’est-à-dire qu’on choisit son pseudo dans son dos, et il a interdiction de voir les artworks jusqu’au bout histoire de garder la surprise…Qu’est-ce qu’on est drôles quand même quand j’y pense…
Pour moi votre retour au Motocultor 2019 a été une bonne surprise inattendue. D’ailleurs, vous avez déclenché une sacrée bataille de boue. J'ai connu le groupe par mon frère qui vous avez vu au Fury Fest en 2004. Qu’est-ce qui vous a donné envie de revenir aux affaires avec un nouvel album après 14 ans d’arrêt ?
Comme je te disais, on fait les choses à notre rythme, discrètement dans notre coin… Du coup, ça passe pour un retour pour beaucoup de gens, mais on n’a jamais réellement arrêté : on a gardé un rythme de croisière de 1-2 concerts par an pendant tout ce temps-là.
Pour le Motoc, je pense sans exagérer que ça devait bien faire 10 ans qu’ils cherchaient à nous faire jouer, on a enfin réussi à être dispo tous les 5, et pour nous remercier, ils nous ont recouverts de boue…C’est quand même vachement spécial un Breton.
Avez-vous eu d'autres projets musicaux pendant ces 14 ans ?
Godemichel a eu pas mal de projets oui, notamment un truc électro qui s’appelle THIS IS SHIT. P’tite Bite jouait dans SYLVESTER STALINE mais ça fait un bail que c’est mort… Quant aux 3 autres, ils n’ont clairement pas branlé grand-chose (du moins à part… non rien).
Vous avez réussi l'exploit de signer chez Season Of The Mist.
Comment s'est faite la signature ?
L’album était quasi prêt, presque mixé, et on avait quelques labels plus underground qui étaient intéressés pour le sortir. On a quand même décidé de l’envoyer à un « gros » label, surtout pour savoir ce qu’ils en pensaient en fait, et on a choisi SOM car c’est un label qui a sorti de nombreux disques cultes à nos yeux (du MAYHEM, OXIPLEGATZ, NECROPHAGIA…). Ils nous ont dit qu’ils étaient partants, on est un peu tombés de haut mais on a décidé de tenter l’expérience avec eux.
Vous allez pouvoir proposer plus de choses au niveau promo, package, vinyle…
Beaucoup de gens avaient peur que le fait d’être signés sur un gros label nous force à adoucir un peu le truc… Comme tu as pu t’en rendre compte, ce n’est pas vraiment le cas, haha. Effectivement par contre ça change bien la donne au niveau promo, pour la première fois de notre vie, on a fait un shooting photo, ils nous poussent à faire les choses plus sérieusement que ce qu’on a pu faire dans le passé. Et puis effectivement, le LP sort en 3 versions différentes, au niveau merch, ils nous ont même proposé de sortir un legging et un marcel… Et des capotes " Regarde les hommes sucer " !
Le groupe REGARDE LES HOMMES TOMBER est d'ailleurs sur le même label. Comment ont-ils pris le clin d'œil avec le titre de l'album " Regarde Les Hommes Sucer " ? Il y a aussi une référence à MAYHEM sur un des titres de l’album…
On ne les connait pas en fait, et on n’ose pas prendre contact avec eux car on a peur qu’ils nous pètent la gueule… J’pense pas qu’ils soient ravis du clin d’œil, mais en même temps, je pense que ça peut apporter un coup de boost à leur carrière, ils finiront par nous remercier j’en suis sûr.
Et il y a également une réf à MAYHEM, on a toujours aimé faire des jeux de mots pourris sur des trucs qu’on aime bien, on n’est pas peu fiers de celui-là.
Votre nouvel album " Regarde Les Hommes Sucer " sort le 14 mai. Comment êtes-vous avant la sortie de l’album ?
Alors c’est le 20 mai qu’il sort, même s’il sera dispo en exclu à la release party du 13 mai au club Gambetta à Paris. Pour l’instant, les retours sont globalement bons voir très bons, donc on est plutôt sereins… Mais en même temps, ça fait tellement longtemps qu’on n’a rien sorti qu’on ne sait pas trop comment ça marche aujourd’hui.
Parlez-moi de la séance de brainstorming qui a décidé du titre de l'album ?
C’est venu d’une blague sur notre groupe Whatsapp à la base, je crois que c’est Necronembourg qui a lancé ça. On a utilisé la première fois ce titre au Motocultor justement (pour annoncer le morceau " J’ai été livré par DPD " qui n’avait pas de titre à l’époque). On a vu que le public réagissait globalement très bien à la blague, et c’est naturellement que c’est devenu le nom de l’album peu de temps après.
Votre précédent album " We Are French Fukk You Avait " laissé de côté le gore grind sex, pipi/caca pour un côté plus parodique. Là, vous revenez en force dans le style goregrind, pipi/caca. Les mœurs ont évolué depuis… Pensez-vous qu'on peut encore rire de tout ? Certaines personnes s'offusquent encore plus qu'avant notamment tout ce qui touche à la misogynie et sur vos paroles, cette fois-ci tout le monde en prend pour son grade, les gays, les femmes, les trans, vous semblez ne rien vous êtes interdits. Qu’est-ce qui vous a inspiré pour les thèmes abordés ?
C’est marrant, je n’ai jamais vu " We Are French " comme un album parodique en fait… Pour nous, c’était juste du GRONIB mais dans un trip plus rock et sans blasts (dans la veine de l’album éponyme de BLOOD DUSTER qu’on écoutait en boucle à l’époque). Comme quoi au final, on a dû louper un truc, parce que personne n’a jamais mentionné la moindre ressemblance haha.
Le nouvel album est plus Death Metal à nos yeux, et les blasts sont clairement de retour. Quant aux sujets abordés, tout ça reste une blague, pas super subtile et pas du goût de tout le monde, soit, mais ce n’est rien de plus qu’une blague.
Vous avez l'air de faire une fixette sur les phallus et le sperme sur cet album ?
Ouais j’aimerais prendre le temps de compter combien de fois on dit " sperme/foutre… " dans l’album, ça doit être assez impressionnant. C’est la crise de la quarantaine pour nous, faut croire que les trucs refoulés ressortent via notre musique…
Cet album est-il celui de la maturité ?
Prout.
Comment se passe la recherche pour tout ce qui concerne les extraits sonores, notamment ceux des films X ?
Y’a quelques réalisateurs ciblés qui ont des doublages assez gratinés en général, le problème est que les films sont ultras chiants à regarder… Du coup, limite faut laisser tourner ça en fond en faisant un autre truc et prier pour ne pas louper des pépites. Dans tous les cas, faut remonter dans le temps pour trouver des trucs intéressants, parce que le porno d’aujourd’hui au secours, y’a rien de fun là-dedans.
Ça ressemble à quoi un Zombite ?
Donc pour ceux qui n’ont pas écouté l’album, le morceau " L’enfer des Zombites " est un clin d’œil à Lucio Fulci, sauf qu’au lieu de se nourrir de chair humaine, les Zombites se nourrissent exclusivement de bites. Pour savoir à quoi ils ressemblent réellement, je ne peux que vous encourager à venir nous voir sur scène prochainement, on vendra un mini comics qui illustre certaines chansons de l’album dont celle-ci, c’est Coolzilpm qui a fait ça et le résultat est franchement excellent.
A quel moment vous est venu la direction musicale prise pour l’album ?
On s’est cherché pendant très longtemps, on est même parti dans une direction Synthpop, complètement improbable, mais déjà qu’on est des quiches avec des grattes, je ne te raconte pas la cata avec des synthés. Et puis, il y a eu le morceau " Le Montre des Zizis " où l’on retrouve un passage un peu chelou et dissonant, le genre de direction qu’on n’avait jamais tenté auparavant (et qui ne nous semblait pas forcément compatible avec du GRONIB). On a pas mal continué dans cette voix, et pour varier un peu on est également revenus vers des morceaux grind avec blasts tout à fond.
Comment avez-vous choisi la couleur de vos toges ? Vous voir avec les capuches ça me fait penser à des glands?
Avec GRONIB, on a souvent plus misé sur notre physique que sur nos talents musicaux… Bon en vieillissant ça ne s’arrange pas des masses pour certains malheureusement (moi ça va, je reste sexy)… Du coup, il nous fallait un truc pour la session photo en studio. Je n’avais jamais vu ça comme des glands, mais maintenant que tu le dis…
Qu’avez-vous voulu faire de nouveaux par rapport aux précédents albums ?
On n’aime vraiment pas faire 2 fois la même chose. Le premier album n’avait rien à voir avec les démos noisy, " We Are French " rien à voir avec l’éponyme… Le seul fil conducteur de notre carrière, c’est les blagues de merde. Du coup, la zic est vraiment différente, l’état d’esprit reste le même.
Comment s’est passée la composition ?
Ca a pris des années !!! En fait Godemichel (batterie) habite Paris, du coup c’est la galère pour répéter. En général, on répète 4 fois par an, le plus souvent pour préparer des dates… Du coup, le rythme a été très lent pendant plusieurs années, et en général on oubliait les riffs d’une répète à l’autre. On a dû finir par changer nos habitudes de travail, maquetter plus souvent, noter les riffs, bosser à distance…On a fini par être plus ou moins efficaces.
La musique a l’air plus travaillée au niveau des transitions, y’a plus de variété dans les chants aussi, plusieurs styles sont abordés death, grind, black métal… Tout semble plus évolué. Vous avez pris des cours ou travailler davantage vos instruments cette fois-ci ?
Nan y’a qu’un zicos dans le groupe, c’est notre batteur… Les 4 autres sont de vraies quiches, c’est pour ça qu’on est allé dans un super studio histoire de trouver un magicien capable de masquer tout ça.
Comment s’est passé l’enregistrement du coup ?
On a commencé le studio et ça ne se passait pas très bien, du coup, l’ingé son nous a proposé une technique fabuleuse : on a enregistré toutes les notes possibles séparées, tous les coups de caisse claire, cymbales… et toutes les syllabes existantes pour le chant, puis, on lui a filé les partoches et charge à lui de tout reconstituer. Bon on a clairement explosé le budget car comme tu peux t’en douter c’est pas la démarche la plus rapide, mais on est plutôt contents du résultat.
Quelles étaient vos attentes au niveau du mix mastering ?
Alors non seulement on est des musiciens à chier, mais en plus en terme de son on est incapables d’expliquer ce qu’on veut… L’ingé-son nous a demandé si on voulait que la batterie soit " Roomy ", on lui a répondu " bien sûr " alors qu’on n’avait pas la moindre idée de ce que ça voulait dire… Et en fait, on n’a pas aimé du coup il a du tout refaire hahaha (sorry Fred). Plus sérieusement, on a bien galéré pour le mix/master, on était confinés pendant cette période, pas simple de gérer tout ça à distance.
Avez-vous une anecdote de studio ?
Pour nous le studio ça avait toujours été prise live, bières et fainéantise extrême (on ne refaisait jamais les prises, ça nous saoulait trop). Bon ben là, on a clairement dû travailler autrement ! Première fois de notre vie qu’on joue au clic, et passage chacun notre tour (avec les autres qui regardent en stressant en se disant que prochainement c’est à eux) et pas la moindre place pour une prise approximative… Bon ok ça se sent au résultat, mais putain on en a chié !!!
Que vouliez-vous raconter avec la pochette de l'album ?
Alors avant que le chant arrive, on avait vraiment l’impression que notre album allait être ultra evil (ne vous inquiétez pas, le chant a tout gâché depuis). Du coup, on voulait une pochette qui reflète ça au premier coup d’œil, mais que quand tu regardes de plus près tu découvres des tonnes de détails débiles. On est super contents du résultat, et l’intérieur du gatefold est juste complètement dingue.
Avez-vous des dates de prévues ?
On joue dans quelques jours pour la release party de l’album au Club Gambetta à Paris. Puis une date à Gravenchon fin août pour le " Festival des Arts Bourrins ". Ensuite en octobre il me semble à Lyon (une date qui s’annonce bien débile) et Grenoble en janvier 2023.
La question que vous auriez aimé que je vous pose ?
Est-ce que vous aussi vous auriez joué devant Macron ?
Et la réponse ?
Oui, et on aurait fait le lasso avec nos teubs.
Merci pour l'interview je vous laisse le mot de la fin pour nos lecteurs.
Merci à toi pour cette loooooongue interview, c’était cool.
Et pour les lecteurs : sucez-vous bien !