Gorod


Interview réalisée par mail par Djaycee avec Julien en Janvier/Février 2019.


Vous venez de jouer quelques titres du nouvel album au Festi Map, êtes-vous heureux du retour du public ?
Julien : Hello ! Et oui c’était la toute première fois que l’on testait des morceaux du nouvel album sur scène, ce qui représente toujours un challenge difficile. Mais a priori la réception semble avoir été plutôt bonne malgré l’effet de surprise qui peut souvent être déstabilisant. Ceci étant c’est toujours plaisant de se lancer dans la nouveauté, mais il y a toujours un petit temps de rodage difficilement compressible.

Votre bio commence par une citation d’un des membres de SLIPKNOT, peu de groupe peuvent se prévaloir de cela, mais finalement vous êtes peu connu du grand public. Ce qui frappe également c’est que vous ressemblez plus à nos potes quand vous montez sur scène qu’à un groupe de death-metal sombre et énigmatique ? Pour moi cela m’a poussé à rester tout le long du set, le death-metal n’étant pas ma tasse de thé mais vous le rendez " sympathique ". Ce qui m’accroche fait peut-être fuir les fans hardcore ?
Julien : Oui, j’avoue que nous avons été surpris quand nous sommes tombés sur une interview de Mick Thomson qui nous citait parmi ses groupes favoris du moment, en atteste la playlist Spotify qu’il avait partagé sur les réseaux il y a quelques années. En tout cas, c’est le soutien des personnes les plus connues que nous avons eu à ce jour car comme tu le dis, nous sommes encore peu connus du grand public et restons un groupe très confidentiel, malgré l’ampleur mondiale de notre reconnaissance.


Parlons de votre nouvel album " Æthra ", il apparaît être plus accessible que le reste de votre discographie. J’ai pour ma part écouté vos premiers disques et je me suis senti incompétent notamment sur l’album thrash. Sur ce dernier opus, il parait être " plus accessible ". Une volonté de votre part ou tout simplement le temps de composition plus court et le fait que le line-up est consolidé sur ce groupe ?
Julien : Ce qui fait ce que ce nouvel album est, reste en grande partie dû au procédé de composition et d’écriture. C’est à ce genre l’album qui a pris le moins de temps à réaliser si l’on regarde délais de 4 mois qui sépare l’écriture du premier riff à la fin des prises studio. Cela en fait l’album le plus spontanément écrit de la discographie du groupe, à l’exception de " Kiss the Freak " qui n’était qu’un EP. Ce qui a décidé de cette urgence est que nous souhaitions reprendre les tournées dès l’automne 2018, et pour cela, il nous fallait impérativement le produit fini 6 mois avant le premier tour, ce qui nous a été imposé par le label afin qu’il puisse réaliser son plan promo en amont. Si l’on avait pris plus de temps, cela aurait repoussé notre retour sur scène en 2019 et nous jugions cela trop lointain.

Cet album aborde le thème de la lune, thème que tu fréquentes dans ton day job ?
Julien : En effet, c’est un thème qui m’est arrivé d’aborder dans mon travail de guide conférencier. J’ai déjà réalisé plusieurs fois des visites nocturnes de Toulouse avec pour thème central : la pleine lune. Exercice difficile mais pas moins intéressant. Etant historien de l’art de formation, c’est en visitant diverses expositions dans des musées que le thème lunaire m’est apparu. Je devais trouver un sujet plus fédérateur et universel qu’à l’accoutumée et vu que tout l’ensemble des peuples terrestre a sa propre histoire avec la lune, je me suis plongé dedans.

Comment s’est passée la composition de l’album ? A l’écoute, il est moins abrasif que les précédents ? Une volonté de votre part ? Une ligne directrice de Mathieu PASCAL ou bien est-ce le mix de Daniel Bergstrand (MESHUGGAH, BEHEMOTH, DECAPITATED, IN FLAMES...) et le mastering par Lawrence Mackrory ?
Julien : Comme je l’évoquais précédemment, la composition de l’album a été particulièrement rapide. Mathieu a composé les 10 morceaux en a peu près 2 mois, puis j’ai pris environ 6 semaines pour développer le concept et écrire tous les textes. Le challenge était de taille car nous avons réussi à respecter des délais plutôt délirants mais l’extrême spontanéité peut avoir du bon car on va ainsi à l’essentiel plutôt que de se poser trop questions. Par contre la pression est absolument terrible et ce n’est agréable vraiment que quand tout est fini. Les seules lignes directrices ont donc été cette urgence d’écriture et une requête de couleur harmonique plus sombre que d’habitude que nous avons formulé à Mathieu.
Ensuite, le duo Bergstrand/Mackory pour le mix et le master ont donné la forme sonore finale et a forcément joué un rôle majeur dans le rendu général. Mais, oui, nous avons souhaité sortir légèrement de nos propres sentiers sans trop tout bouleverser non plus.


Ce qui attire aussi c’est le visuel de l’album. Il joue un rôle important car donne envie de se plonger dans l’album. Il est finalement le reflet de votre musique sur le plan visuel : dense, technique avec un rendu homogène mais qui ne livre pas tout à la première écoute / premier regard.
Julien : Intéressant comme analyse, héhé ! Mais oui, pour le visuel nous sommes restés dans l’idée de travailler avec des personnes de notre entourage, car c’est notre ami et artiste Jeff Grimal a été chargé de la tâche. Le connaissant déjà bien et ayant des goûts picturaux communs, cela est apparu judicieux de travailler ensemble et nous sommes tous vraiment très satisfaits du résultat.

A quand une tournée en tête d’affiche, ce qui frappe quand les gens parlent de vous, c’est que tout le monde vous aime mais souhaiterait ne plus vous voir faire les seconds couteaux et des premières parties de luxe. Nous pouvons vous rêver en tête d’affiche (Parfois la vie personnelle et les dayjobs sont des freins à des grandes tournées en tête d’affiche) ?
Julien : Nous aussi nous aimerions beaucoup pouvoir tourner en headliner et remplir les salles tous les soirs, mais cela n’est pas encore réaliste. Nous n’attirons pas encore assez de monde pour se permettre de réaliser de tels projets mais nous faisons de notre mieux. Ceci étant, la prochaine tournée française en mars sera en compagnie de PSYKUP et SUP, et nous partagerons tous les trois la place de tête d’affiche selon les villes. Cela tend déjà dans ce sens, mais comme tu dis, ce qui nous manque serait de réaliser des premières parties de luxe. Nous n’avons pas encore trouvé la faille pour y parvenir mais on ne lâchera rien, haha !


Vous avez joué à Paris au petit bain, j’ai le sentiment que le métal au sens large est de plus en plus remisé dans des petites salles, avant la Cigale ou le Bataclan servaient d’antre à ce genre.
Julien : Nous pratiquons un style de musique qui reste relativement confidentiel et je n’ai pas l’impression que nous soyons dans la période la plus glorieuse du tech-death en termes d’affluence dans les salles de concert. Je pense que des jauges comme propose le Bataclan seront réservées à quelques exceptions du genre et encore… il est rarissime de voir des groupes de Métal extrême déplacer des milliers de personnes en dehors des festivals.

Dernière question avant de te laisser le mot de la fin, vous serez au Hellfest, avec un tel album, Ben ne peut que vous programmer non ?
Julien : A notre grand désespoir, le Hellfest n’a pas répondu positivement à notre candidature cette année. Notre dernière apparition était en 2012 ce qui commence à pas mal dater je trouve. Mais c’est un festival vraiment énorme et forcément, ce n’est pas facile d’obtenir une place sur l’affiche. Peut-être l’année prochaine, qui sait ?

Le mot de la fin ?
Julien : Merci mille fois pour ton intérêt et ton soutien. Merci aux lecteurs et à bientôt sur scène et au comptoir ! Cheers !