Interview réalisée par Djaycee par visio le 2 février 2022 avec Shawter (chant).
Bonjour, merci de nous accorder cette interview. Il s’est passé, pas mal de choses pour bon nombre d'entre nous avec la pandémie. Comment s’est passée cette période, elle a été fructueuse semble-t-il avec la préparation de l’album ? Shawter : ce qui s'est passé c'est qu'on a annulé énormément de dates, quasiment toute la dernière année de tournée qui était prévue pour " Black Nova ". Comme on ne savait pas trop quand les concerts allaient pouvoir reprendre, on s’est dit que c'était le moment idéal pour finir la composition et se lancer dans la production de notre huitième album " By night ". C'est ce qu'on a fait et on le sort dans une grosse quinzaine de jours. Tout ce que l’on a fait pendant cette pandémie, c'est annuler des concerts et rebondir sur une production d’album. Et une belle production. On va avoir l'occasion d'en parler un peu. Et justement, il y a une réelle évolution dans cet album. Je pense qu'on peut même parler de mutation quasiment au sens propre, c'est-à-dire une mue, perdre une vieille une peau pour revenir plus fort et grandir au sens propre et quasiment au sens figuré. C'est un peu le sens de la tournée que vous allez faire avec INFECTED RAIN en utilisant le terme, Ecdysis. Shawter : oui, en fait, c'est assez simple c'est le nom de leur dernier album et le nôtre accolé, " Ecdysis by night ". Le premier terme les concerne, seul " By night " concerne DAGOBA. D'accord, mais justement, je trouvais que c'était un peu pertinent par rapport aux derniers mois que vous avez vécus. Finalement, le rebond dont tu parlais par rapport à un certain nombre de choses et notamment la covid. Donc, dans quel état d'esprit vous êtes rentrés en studio ? Et la composition a-t-elle été faite au cours des différents confinement ? Shawter : les trois quarts des riffs ont été écrits avant la pandémie, avant le premier, lockdown. Mais c'est vrai que pour tout ce qui est arrangement et paroles, l'écriture de lignes de voix notamment, le fait d'avoir un peu plus de temps, à cause ou grâce à du confinement, nous a permis d’aboutir à un meilleur résultat. Faire des allers retours, écouter, revenir la tête fraîche pour agrémenter ou alléger certaines parties. Mettre l'accent sur les détails minimes de l'album. Ainsi nous avons mis tout de même à profit cette période. C'est un peu ce qu'on ressent finalement, parce que quand on voit la pochette avec le loup on s'attend à un album bestial, mais finalement, on voit que tu passes tout à fait du growl au chant beaucoup plus clean le tout mâtiné de machines très intelligemment distillées au fil des chansons. Est-ce que qu’on peut parler d'évolution ou d’une impulsion donnée sur le disque et une volonté de faire quelque chose de faire de différent ? Shawter : On a toujours eu quand même ce petit truc de vraiment donner de l'importance à nos artworks, et nous avons toujours essayé de proposer un super graphique. On a aussi toujours voulu mettre l'accent sur un aspect cinématographique de nos chansons. Là, c'est vrai que ça change parce qu'on a un tout autre univers. C'est un peu moins épique et on va dire ténébreux que le reste de la discographie. Mais voilà, l'univers graphique est raccord avec l'univers musical. Tout est corrélé. Et c'est un peu le rôle de l'instrumental qui est au début de l'album, de nous servir un petit peu de passage ou de rite initiatique. Shawter : exactement. Puisqu'on parlait d'ambiances cinématographiques, on a un esprit un peu " néon manga " avec une limite zombie et le loup qui s’invite à la fin du clip, avec également des parties live qui permettent de mettre en valeur les différents membres du groupe, je te laisse nous parler du clip. Shawter : on avait vraiment envie de passer un cap supérieur au niveau de la production pour le nouveau clip. Et ça faisait très longtemps qu'on voulait mettre en retrait le groupe. On était lassé des sempiternels clips où tu vois le groupe jouer dans des décors : une usine désaffectée, la montagne, tous ces trucs-là. On l'a encore fait parce qu'il faut bien sûr montrer le nouveau line-up et pour anticiper un retour sur le devant de la scène. On a vraiment travaillé l'histoire, les acteurs, le scénario, la mise en scène, les effets spéciaux. Et on en est vraiment très, très content. Parce que ça a été super bien perçu. Et surtout, il est très qualitatif et pas cheap du tout, les effets spéciaux sont super propres, les acteurs jouent vraiment très très bien et l'univers est vraiment le prolongement de la chanson. C'est une belle carte de visite pour l'album. Le troisième single, c'est " On the run " et sur ce titre, il y a un duo et un refrain très chanté. Cette chanson sera reproductible sur scène finalement ? C’est un peu risqué ? Et qu'est-ce qui t’as poussé finalement à partir sur ce type de titre ? Tu disais que tu avais vraiment envie d'avoir un refrain très clean, sans riffs de guitares très lourds. Shawter : pour ce nouvel album, " By night ", on avait vraiment envie de mettre l'accent sur le refrain, mais pas seulement. Sur toutes les chansons de notre précédente discographie, le highlight de chaque chanson pouvait être l'intro, le pont ou le refrain. On voulait vraiment que sur les huit titres chantés, ce soit les 8 refrains qui soient vraiment le point culminant, le point fort de chaque chanson. Ensuite, en ce qui concerne la fragilité de cette chanson, ça faisait vraiment très longtemps que j'avais envie de proposer un piano/voix dans DAGOBA. Je l'avais déjà écrit, mais je ne suis jamais réellement allé au bout des projets. Donc, là, je me suis dit que j’avais peut-être le temps de vraiment arriver au bout de cette envie-là. Et à vrai dire, " On the run ", c'est le deuxième titre que j'ai vu que j'ai proposé pour " By night ". Donc, c'était vraiment une volonté forte de proposer ce type de chansons sur cet album. Ce n’est pas le dernier titre composé pour combler un vide sur le disque. C'était vraiment une volonté dès le début. On savait que ça allait être osé, mais que ça allait donner le ton général de cet album. Tu parlais du visuel. Je trouve que la photographe a fait un excellent boulot qui colle avec l’artwork. Elle a été investie dès le début du projet ? Shawter : on a bien sur cette photographe qui nous suit historiquement et on lui a parlé du projet global. On avait déjà reçu quelques artworks qui sont dans le livret de l'album. Donc ça a pu l'orienter artistiquement, on savait que tout devrait être en corrélation, des photos à la musique, aux artworks ou clips dont on avait vraiment envie de proposer un univers très distinct, très novateur et une nouvelle facette du groupe. Et on savait qu'en faisant ça, il fallait qu'on fournisse une somme de travail impressionnante. En général, si ce n'est pas bien fait, il y a des gens qui ne pardonnent pas. On savait qu'il fallait redoubler d'efforts pour que tout le monde comprenne. Et pour l'instant, on n'a que des retours positifs, donc on croise les doigts et on verra bien… en tout cas nous nous sommes régalés. Visuellement, c'est très beau et je pense que l'on peut parler un peu du merchandising qui va sortir. Je crois que le vinyle sera rouge également. Donc, ça va aussi bien claquer sur les platines. Shawter : oui c'est ça, c’est un très beau vinyle. Qui est à l'origine de votre visuel ? Shawter : plusieurs personnes se sont occupées des artworks, donc c'est Morgane qui a fait les photos. On a un photographe et ami qui habite Melbourne qui a fait toutes les photos de l'artwork du livret. Et il y a Sky Graphic Studio, qui s'occupait de tout ce qui est montage 3D, artwork 3D sur la pochette, notamment. Ses trois personnes ont été sélectionnées pour s'occuper de tout ce qui est graphique ou visuel. D'accord. Revenons un peu à la tournée. Puisque nul n'est prophète en son pays, c’est peut-être une bonne chose ces co-headlines. Ça prouve que vous montez d'un niveau et que vous avez de plus en plus l'envergure internationale. J'apprécie énormément Julien et Stéphane de L'Empreinte (Ndlr une partie de cette tournée dont cette date a été annulée), mais c'est bizarre de ne pas avoir de dates parisiennes. Est-ce que c'est en cours de programmation ou est-ce que c'est juste parce que je suis moi-même parisien ? Shawter : c'est une tournée en co-headlining, donc, et en plus, je crois qu'on n’avait pas trop de dispo sur cette période. En tout cas, on voulait se réserver pour les grosses tournées en vraie tête d'affiche, avec un show spécial pour toutes les grosses villes. Ce sera donc pour plus tard dans la tournée. Ça permettra de tester la set-list et de faire des petites salles plus intimistes pour avoir du retour, peut être sur les enchaînements de chansons ? Shawter : on le prépare avant en résidence. On ne fait pas de tests sur les petites salles pour préparer les grosses, on ne fait pas de différenciation. D'accord, mais ça peut permettre parfois des ajustements à la marge ? Shawter : quand on monte sur scène c'est qu'on est prêt. C’est aussi respecter le public, on n'est pas un groupe qui peut faire des ajustements ou tester des choses sur les petites salles. Néanmoins, parfois on peut se rendre compte que les enchaînements entre tel ou tel titre est à changer ou à la fin du concert, les gens vous demandent plus de chansons des anciens disques... Shawter : ça peut arriver, mais majoritairement, je ne nous vois pas roder un show sur des petites salles pour arriver en pleine capacité sur les grosses salles. L'inverse peut arriver aussi de faire une grosse salle à Paris et se dire " Wow, cela n'a pas trop marché ". Et le lendemain, avoir une toute petite salle de concert dans le petit village et changer, faire des réglages à la marge car cela n'a pas marché à Paris. DAGOBA ne rode pas son show sur les petites villes. Que vous a apporté la signature sur Napalm Records ? Shawter : c'est notre premier deal en tant qu'artiste chez Napalm. On était déjà chez eux en ce qui concerne l'événementiel, pour le booking dans le monde mais en tant qu'artiste, c'est le premier album chez eux. Et on parlait de l'évolution de votre musique. Cette signature vous a permis d'évoluer plus librement ? Shawter : les labels ont reçu l'album mixé et masterisé donc ils n’ont pas eu d'influence. Quand on cherche un label pour l'album on leur livre le produit fini. On ne laisse jamais un directeur artistique interférer dans notre production. Cette prise de risque va donner envie de se replonger dans votre discographie même si elle est dure à trouver en physique et va également donner envie de vous voir en live. Shawter : tous nos albums sont disponibles sur Spotify par exemple. Quelle question tu aurais souhaité que je te pose et quelle est la réponse à celle-ci ? Shawter : franchement, je pense que c'est une interview assez complète. Je te remercie d'abord d'avoir bien analysé cet album, d'être rentré dedans et d’avoir pris du plaisir en l'écoutant. J'espère que vous serez très nombreux dans ton cas. Je te laisse le mot de la fin pour nos lecteurs. Shawter : merci encore pour votre soutien. Ça fait très longtemps que votre média est derrière nous, je crois même depuis le tout début. Je n'ai jamais fait de toute ma carrière ce genre de déclaration mais si jamais l'album vous plait quand vous l’écouterez sur vos plateformes de streaming favorites, n'hésitez pas à l'acheter en version physique. C'est aujourd'hui la seule source de revenus pour tous les groupes dans le monde parce qu'on ne peut plus faire de concerts, faites ce petit geste, ça nous permet de continuer à produire des choses de qualité. Merci pour cette interview. Shawter : merci à toi et à Nawak. |