Interview réalisée par Virgile et Lucinda avec Anna (chant) et Ulrich (instruments) le 8 juin 2024 au Hellfest Corner à Paris.
Bonjour, pouvez-vous nous présenter le groupe ? Ulrich : Au début, on faisait du Doom plutôt aérien. Sur le dernier album, on a fait quelque chose de plus lourd avec plus d’ambiances Black assez écorché même dans le chant. On est deux donc, il y a Anna qui chante et moi, Ulrich, je m’occupe principalement de la musique. Que veut dire le nom du groupe BLÓÐ ? Ulrich : Sang, j’ai vu aussi qu’en Allemand ça voulait dire stupide mais il y a une lettre qui change le d ou le o qui n’est pas exactement le même en Allemand. Vous avez un line-up live ? Ulrich : Exactement, on a un guitariste Astaroth qui joue aussi dans OTARGOS c’est un ami et Jenny à la basse anciennement chanteuse de VOLKER mais pas de batteur, on a une boîte à rythmes. Vous allez sortir “ Mara “ le 21 Juin sur Talheim Records, comment s’est faite la signature ? Anna : Quand on a fini l’album, on a démarché des labels et comme en France c’était saturé on a tenté l’étranger. Ulrich : On s’est rendu compte qu’on avait pas mal de public aux Pays-Bas, en Allemagne, en Belgique…, c’était donc intéressant pour nous de démarcher et trouver un label étranger pour s’exporter un peu plus. Anna : Le label proposait aussi pas mal de Black donc on s’est dit que ça pouvait être une bonne opportunité. Après c’est un style qui s’exporte bien. Anna : Plus qu’en France. Actuellement, vous avez plus de dates à l’étranger qu'en France ? Ulrich : Oui, on aura sûrement des dates en France en fin d’année, on sera au AK Shelter à Saint Herblain près de Nantes mais c’est la seule qui est validée pour le moment. Anna : En France, on a du mal à trouver un public qui colle à notre musique vu qu’on n’arrive pas trop à se définir… Ulrich : On a un peu subi les problèmes de décalage et de report entre l’album et sa sortie. A la base, on prévoyait de sortir en début d’année mais tout a été décalé, le booking y compris, c’est pour cela que les dates vont arriver en masse après l’été… Vous pouvez nous parler de la direction artistique de l’album ? Anna : Ulrich s’enferme et compose assez régulièrement et même si notre album va sortir, il est déjà en train de composer de nouveaux morceaux. Il compose énormément en faisant beaucoup d’essais puis il me fait écouter, et si ça ne me parle pas, il retravaille…, c’est ensuite là qu’on aborde les thèmes de l’album. Pour “ Mara “, on venait d’être parents, Mara notre fille était là et on a découvert plein de choses sur le nom, l’entité qui existait et le thème nous a plus. En fonction du chant et des morceaux, je m’inspire d’un peu tout et ensuite on peaufine… Ulrich : Idem pour tout ce qui est artistique et visuel, on est parti sur les mêmes idées à savoir la forêt, des choses slaves aussi car Mara est un nom Slave. Anna : En effet, c’est une déesse Slave, c’est une sorte de déesse de la destruction, on en parle dans l’album, c’est aussi la déesse du cauchemar, on en parle sur le morceau “ Malignant “. En fait, elle est décrite dans pleins d’autres univers… Ulrich : Elle a un côté très sombre et très noir aussi… Vous composez en couple en fait ? Ulrich : Exactement et ça a un côté très pratique je trouve car on peut bosser à la maison ?? Anna : C’est un peu ce que je voudrais qu’on change, c’est un groupe construit en couple, on a fait deux albums comme ça, on n’est pas mécontent de notre travail mais on a encore un peu de mal à déléguer ou à partager pour avoir des avis différents et je pense maintenant que c’est ce qu’il nous manque, on fait un peu tout/trop en vase clos. On n’arrive pas encore à s’ouvrir à d’autres personnes dont c’est le boulot et qui pourraient nous aider à faire la différence et/ou à faire évoluer le truc. Pour “ Mara “, on a encore tout fait nous-même, on a pris des risques et on verra ce que ça donner, on va essayer pour les prochaines fois de faire différemment… Ulrich : Sur le prochain album, on va peut-être enregistrer des parties dans un autre studio, pareil pour les clips… Jusqu’à maintenant, on fait tout à deux, ça nous permet d’être le plus cohérent possible… C’est plus pour la partie technique, enregistrement, travail du son… qu’on veut s’ouvrir et travailler avec d’autres personnes. Pour “ Mara “, c’était quoi vos envies concernant le son, le mixage… ? Ulrich : Je voulais quelque chose d’un peu moins lisse par rapport à l’album précédent, avoir un son un peu plus crade, plus agressif, un truc un peu plus sale… notamment pour les guitares. Je trouve que l’instrumentale est hyper lourde, ça contraste bien avec la voix parfois très éthérée d’Anna. Ulrich : C’est voulu. Généralement, je compose d’abord toute la musique et ensuite, Anna pose sa voix, son chant, ses textes… Et avec cette façon de faire, y’a pas mal de bonnes surprises car quand je compose, j’ai des idées de chants et de voix en tête et quand Anna interprète et fait vivre le morceau à sa façon, ça donne autre chose de ce que à quoi je pensais et les idées qu’elle amènent sont hyper intéressantes, par exemple, les chants clairs à tel moment alors que je pensais à du growl…, bref cette façon de faire nous convient bien maintenant… Je trouve que la voix apporte un peu de lumière dans cet univers de ténèbres… Anna : De la lumière dans les ténèbres c’est pour ça que je disais mélodark ?? Vous pouvez me parler du titre “ Gehenna “ ? Anna : “ Gehenna “, c’est un peu la “ petite sœur ” de Mara, c’est une déesse qui s’en rapproche dans les pays du maghreb notamment, la musique d’intro c’est un chant folk sur “ Mara “. Ulrich : L’introduction n’a pas de rapport avec le morceau en lui-même, c’est plus l’intro de l’album que celui du morceau. Ils sont sur la même piste donc on peut penser que c’est l’intro de “ Gehenna “ mais pour nous c’est l’intro de l’album. Le titre parle surtout de la destruction. Anna : “ Mara “ et “ Gehenna “ ont un peu la même histoire, elles ont toutes les deux les mêmes envies de destruction… Vous pouvez me parlez de l’esthétique du clip de “ Mara “ ? Anna : Oui c’est moi qui l’ai développé, quand je te disais qu’on faisait tout en vase clos ??. On avait envie de changer avec cet album. Musicalement, on a pris des risques par rapport au premier album qui est un album très lent, très vaporeux, pour “ Mara “, je voulais sortir de cela et aller vers quelque chose de “ plus magique “, plus “ joli “ j’ai envie de dire mais pas quelque chose de forcément plus agréable ou rassurant pour autant. “ Mara “ fait partie des morceaux que je préfère, et ce n’est pas parce qu’il porte le nom de ma fille, mais parce que j’aime vraiment comment il est composé, j’aime aussi ce que j’ai fait au chant sur ce morceau. Et donc pour le clip, je voulais créer cette ambiance “ jolie et rassurante “ avec la danse contemporaine, je voulais un truc plus mystique… Ulrich : Quelque chose d’un peu plus moderne aussi… Et les paroles ? Ulrich : On parle de divinité à travers une femme qui aspire à être sa réincarnation. Anna : C’est un peu sa transformation, c’est pour ça que je trouve que la danse s’y prête bien, ça fait très rituel, possession de corps comme dans le texte… Vous pouvez me parlez de l’outro de “ Mother Of all “ qui fait très drone je trouve… Ulrich : Quand Anna l’a entendu, elle n’avait pas envie de mettre de chant, elle trouvait qu’il n’y en avait pas besoin et moi ça m’allait car j’aime bien les morceaux instrumentaux, il clôture bien l’album. Tu parles de la piste cachée ou du morceau lui-même car il y a le morceau instrumental et après, un titre caché ou il n’y a que des nappes… Anna : Là oui, ça fait drone. Ulrich: C’est le délire de l’artiste, on avait envie de faire un morceau ambiant un peu dérangeant. Anna : Ca me fait penser à l’album d’AKHLYS, le premier album je crois où il y a une piste de 11 minutes avec des sons horribles, limite dérangeants… Lucinda : Le morceau m’a fait penser à la BO du jeu “ Silent Hill “. Anna : Oui c’est dérangeant, ça colle un peu à la peau. Vous aviez quoi en tête durant la composition qui parle beaucoup de destruction alors que vous veniez juste d’être parents ? Anna : Ca n’a rien de personnel envers notre fille ?? Ca ne vient pas de là, on a découvert la divinité après qu’on l'ait appelé Mara. C’était intéressant de parler de la divinité Mara car on restait dans la veine de ce qu’on faisait auparavant. Alors on parle de destruction, mais dans la plupart des cultures que l’on connait, ça parle aussi de renouveau… Ulrich : Dans certains cultes autour de Mara, ça parle de cycle, de la fin de l’hiver et donc de renouveau… Vous pouvez me parler de la cover de l’album ? Anna : C’est mon dos que l’on voit. On était partie sur l’idée de cette déesse forestière avec ce visuel assez froid, on trouvait l'esthétique intéressante et ça changeait un peu de ce qu’on faisait jusqu’à maintenant. Sur cet album, ça laisse beaucoup de place à la libre interprétation, chacun pourra y voir ce qu’il veut. Ulrich : Anna voulait quelque chose qui contraste visuellement avec la musique, elle trouvait qu’il y avait quelque chose de doux dans la photo qui contrastait avec la musique qui est plutôt oppressante. On avait d’autre projets de visuels mais on a changé après plusieurs essais… Je vous laisse le mot de la fin pour les lecteurs. Anna : On aimerait pouvoir partager cette musique bientôt en France. Ulrich : Après l’été. Anna : C’est ce qu'on aime dans BLÓÐ, laisser la libre interprétation aux gens, on chante en anglais pas en français donc les gens qui vont l'écouter ne vont pas forcément s'intéresser aux textes mais plutôt ressentir des choses juste par la musique ou par le chant, ça serait cool qu’on ait vos retours, qu’on puisse échanger après nos concerts… Ulrich : Il y a des groupes qui sont voué au studio qui n’aiment pas trop jouer, nous, on aime le live, on cherche à se produire le plus possible. |