Vesperine


Interview réalisée par mail par Virgile avec Aurélien (batterie) au mois de Mai 2024.


Bonjour merci pour l'interview.
Pour commencer, pourriez-vous nous présenter le groupe ?

VESPERINE est un projet qui a pris forme en 2013 réellement. Pierre (guitare), Rémi (chant) et moi-même (Aurélien - batterie), jouons ensemble dans différentes formations depuis septembre 2000.
Jérémy (basse) fait partie du groupe depuis une dizaine d’années et Adam (guitare) nous a rejoint il y a trois ans, en remplacement de Loïc, parti durant la période confinement / covid. C’est un projet qui s’articule beaucoup autour d’un récit, d’un texte, apporté en très grande majorité par Rémi, et qui se veut très narratif.

D'où vient le nom du groupe ?
VESPERINE est un vieux prénom féminin français, on trouvait ça cool de prénommer le groupe. Le prénom vient aussi du mot “ vespéral “ qui fait référence au moment où le soleil se couche, à la fin de la journée et à l’arrivée de l’obscurité, pour nous qui apprécions beaucoup parler de lumières et d’ombres, ça collait très bien !

“ Perpétuel “ est sorti le 16 avril. Pouvez-vous me parler de sa direction artistique et de sa thématique ?
“ Perpétuel “ raconte comment l’Espoir est tout d’abord source de mensonge, c’est le Mouvement 1. Cette partie est matérialisée par les titres “ Universelle Liesse “, qui est le constat amer d’une nature pleine de richesses mais qui nous laisse indifférents et “ À Cœur Joie “, description monotone et défiante d’un monde dans lequel notre existence ne trouve pas de sens. Le Mouvement 2 est constitué tout d’abord de la chanson “ Le Poids du Silence “ : c’est le moment et l’endroit où nous sommes le plus loin du discours néfaste de l’espoir. Il n’y a plus ce bruit dérangeant. Nous avons réussi à nous éloigner de notre nature et de ses lois, comme nous l’implorons à la fin de “ À Cœur Joie “. C’est une libération : nous sommes dans le mouvement de la création. La liberté d’agir sans espoir nous amène à tenter, tester, créer. Ce passage, nommé « Interférence » est la cinquième piste de l’opus et constitue une véritable ouverture musicale, une envie de faire différemment… Pour se rendre compte qu’au final, aussi bien pour créer que pour toute autre chose, nous avons besoin de l’Espoir. “ Il est l’engrais enfoui en nous”. Nous rentrons alors dans le Mouvement 3, le mouvement de la lutte. Celle-ci est inévitable car c’est pour nous la seule façon d’exister, la seule façon de cohabiter avec notre nature qui nous oblige à espérer. Cette lutte est aussi l’occasion de nous donner une raison de vivre, une manière d’être, une façon de faire. Ce constat est décrit dans la piste 6 intitulée “ Mauvaise Herbe “ où l’on entend revenir le bruit répétitif de l’espoir. Même s’il s’agit de la dernière piste de l’album, elle n’est pourtant pas la dernière de la narration étant donné que la piste 1 intitulée “ Tant qu’il y a de l’Espoir “ constitue sa suite parfaite. Ces 2 chansons n’en sont qu’une.
Le fait de commencer l’album au milieu de la lutte, projeté au cœur du Mouvement 3 est un effet de style soulignant combien celle-ci est prépondérante dans “ Perpétuel “.

Vesperine

Le premier titre “ Mouvement III : tant qu'il y à de l'espoir “ et le sixième titre “ Mouvement III : Mauvaise Herbe “ ont certaines paroles“ inlassablement tout le temps sans cesse “ et musique identique ce qui fait que l'album forme une boucle parfaite c'est pour souligner l’éternel recommencement un cycle, le fait que l'humain répètent toujours les mêmes erreurs ?
C’est presque exactement ça ! Il peut s’agir des erreurs que nous faisons, mais il peut s’agir également d’un contexte que nous subissons et qui - quoi que nous fassions - revient sans cesse, tout le temps !

Comment s'est passée la composition ?
Assez difficilement parce que nous avons pris beaucoup de temps. On a quasiment perdu un an avec les confinements. Nous avons aussi perdu un guitariste (Loïc) pendant le processus de création. Pendant la crise covid, il a souhaité prendre du recul par rapport au projet, donc Adam qui l’a remplacé à la guitare a dû composer une deuxième partie d’album tout en interprétant et s’appropriant la première partie.

Quelle est votre approche du chant, car on passe par toutes les émotions avec celui-ci. Ca a dû être un processus cathartique ?
L’approche de Rémi au chant est la même que celle des autres musiciens : beaucoup d’émotions et beaucoup d’intentions dans le jeu. Le but étant d’aller chercher au plus profond de nous afin d’être le plus authentique possible en studio comme sur scène.

Comment définiriez-vous votre style ? Je vous trouve à la frontière du post-hardcore et post-méta avec un poil de jazz déstructuré ?
On ne définit pas notre style en réalité ! On nous donne l’étiquette post-metal ou parfois post-hardcore. Peu importe en réalité. Si le récit a besoin d’une partie qui nous apparaît comme devant être jazz, blues ou que sais-je, on fera au mieux pour coller avec l’intention et l’histoire !

Comment s'est passé l'enregistrement ?
Très bien mais très difficile à la fois. Travailler avec Amaury c’est toujours une expérience particulière parce qu’il est très exigeant mais aussi - et surtout - très axé sur le mental et les intentions. Il ne s’agit pas simplement d’enregistrer des plans bien exécutés, il s’agit d’y mettre tout ce qu’on a à chaque fois. Et son travail c’est de nous pousser jusqu’à cette condition extrême, ce point de non-retour, ou quand on finit la prise, il sait (et nous aussi du coup) qu’on a tout donné. Donc très bien, parce qu’on est très satisfait du résultat et des jours de studio, mais également très difficile parce qu’hyper exigeant psychologiquement.

Quelles étaient vos choix au niveau mix et mastering ? Je trouve que tous vos instruments sont extrêmement bien définis, notamment la batterie qu’on entend très bien…
Le but pour la drum était vraiment de sonner naturel. On n’a jamais été vraiment fan des batteries “ metal ”, mais toujours plus inspirés par les batteries rock ou alternatives. C’est marrant que tu parles de “voir le batteur jouer” parce que c’est exactement ce que je souhaitais pour mon son, d’avoir quelque chose de très “ proche ”, très naturel, où chaque élément est à sa place, comme si l’auditeur était face à moi pendant les prises.

Vesperine

Quelles sont vos inspirations ? J’ai noté des notes orientales notamment sur le “ Mouvement I : Universelle Liesse “ ?
Ahaha, je ne sais pas ! Sans doute peut-être un peu : Loïc - qui a composé une partie des riffs sur “ Universelle Liesse “, était très influencé par les musiques orientales, ça a pu jouer effectivement !

Pouvez-vous me parler du morceau “ Tant qu’il y a de l’espoir “ que je trouve assez planant et onirique ?
Je pense que tu te trompes sur le titre du morceau ! “ Tant qu’il y a de l’espoir “ c’est pour nous l’apogée de la lutte, le moment où on est coincé dans la tranchée, où on est dans les cordes et qu’on encaisse les coups en essayant de les rendre tant bien que mal !

Pouvez-vous me parler du clip d' “ Interférence “ et de ce que vous vouliez raconter ?
“ Interférence “, c’est le morceau qui illustre le coeur du processus créatif, cette espèce de zone dans laquelle tu te retrouves quand tu es dans une frénésie où créer devient un besoin. On voulait illustrer ce besoin de faire, de créer, avec un personnage qui entre en contact avec l’art et l’artiste et qui se dit “pourquoi pas moi” pour finalement en venir à s’essayer, à toucher, à expérimenter. L’expérimentation est un thème important de ce morceau, il s’agit de faire, d’entrer en action, d’essayer des choses.

Un petit mot sur la pochette avec toutes ces belles couleurs. Qu’est-ce que vous vouliez raconter à travers celle-ci ?
C’est un travail de Vincent Taïani, qu’on remercie grandement ! On avait envie d’illustrer plutôt ce qui nous entourait, le mensonge qui se trouve tout autour de nous dans la nature. Quand on vient déchirer cette image de nature luxuriantes, fleurie on se rend compte que derrière c’est aride, sec et sans saveur.

Avez-vous une anecdote à propos de votre tournée, excepté que vous avez mis 8h pour faire le trajet de Paris à Nantes ?
Alors déjà c’était vraiment con de notre part de partir de Paris en toute tranquillité alors qu’on était en plein pont de 4 jours du 8 mai. Mais bon heureusement dans le camion, on avait des confiseries en tout genre, du sucré, du salé, la switch, etc… On a même pu discuter un peu avec des voisins d’embouteillages (aucun n’a voulu les curly ou les petites tartelettes bonne maman qu’on leur proposait par contre).

Merci pour l'interview. Je vous laisse le mot de la fin pour les lecteurs…
Un grand merci à toutes celles et ceux qui ont ou vont écouter l’album, qui se sont rendus à nos concerts durant la tournée et qui nous ont découvert. On a pu échanger pas mal avec le public ces quelques jours et c’est vraiment très intéressant pour nous d’entendre votre retour. Et merci à toi pour cette interview !