Interview réalisée par Hicks avec Barth (guitare) le 13 novembre 2020.
Pourquoi avoir décidé de reprendre votre nom d’origine plutôt que de continuer avec APOCALYPSE NOW ? On a signé APOCALYPSE NOW sur GSR pour 3 albums et on s'est arrêté au bout de 2 albums et le line-up a pas mal changé, c'était plus le noyau dur de FOREST IN BLOOD. Du coup, quand on s'est revu entre potes, on a repris la base initiale de FOREST IN BLOOD. FOREST IN BLOOD, c'est beaucoup plus simple pour le référencement car APOCALYPSE NOW on ne trouve pas… C'est pas faux, mais à l'époque, on ne savait pas trop ce que c'était le référencement Google etc..., là, on s'aperçoit qu'avoir un nom qui est mal écrit en anglais c'est plutôt pratique. Comment s'est faite la signature avec le label australien 10-54 ? On avait envoyé quelques titres à différents labels, et ça a accroché avec plusieurs label d'ailleurs, mais 10-54 était vraiment à fond, le mec adorait, il avait clairement envie de travailler avec nous. Quand il nous a proposé ses conditions, on a dit ce qui nous plaisait et nous plaisait pas et il a accepté, on ne s'attendait pas à signer sur Metal Blade de toute façon. D'ailleurs, ce qui est agréable c'est que les gros labels nous ont tous répondus, ils nous ont dit soit vous êtes trop Métal, soit vous êtes trop Hardcore, on s'est dit ça tombe bien c'est exactement ce qu'on veut. Les labels cherchent un truc marketé donc ça n’a pas collé mais avec 10-54, oui, il était hyper à fond, il nous a proposé une distribution mondiale, il a des groupes qui sont sympas, il a envie de se développer, on l'a pratiquement tous les jours sur Messenger et il nous correspond vraiment. Oui, ça peut être cool pour le développement à l'international quand il n’y aura plus de Covid… Oui, ça sera plus sympa, il a pas mal de groupes allemands, brésiliens, américains et asiatiques… et donc pour se faire connaître un peu là bas c'est quand même plus facile d'être sur ce genre de label. Avec ce nouvel album " Haut Et Court ", vous enfoncez le clou avec la piraterie… La piraterie, c'est presque un art de vivre donc du coup on ne peut pas s'en détacher comme ça car c'est une manière de penser, de se comporter, de voir la société et donc on continue toujours sur l'allégorie de la Piraterie avec " Haut Et Court " qui parle de répression. On est vraiment sur la symbolique de la répression avec cet album et c’est aussi une critique actuelle de ce qui nous arrive à tous. Pour moi la thématique de l'album peut se résumer en une seul phrase " vivre libre ou mourir ". C'est exactement ça, c'est le fondement même de ce que l'on est, la liberté. L'album est un vrai jeu de potence… C'est l'image de ce qui nous attend, de ce qu'on l'on est, la perte de la liberté, c'est être pendu au bout d'une corde, ne plus pouvoir rien faire, ne plus être maître de ses choix, de son âme, c'est vraiment ça qu'on a voulu faire passer comme message, regardez où on est et regardez ce qu'on va faire, regardez ce qui nous arrive… On est en plein confinement en ce moment, on n’est plus libre d'aller et venir. Tu sens bien qu'on va tous perdre beaucoup et que les libertés que nos ancêtres ont réussi à acquérir, notamment les pirates qui ont été les premiers à le faire dans les années 1700, on peut nous les détruire rapidement. On a tous accepté de perdre nos libertés, de faire un déni de choix et de se qu'on pourrait obtenir et quand on va ressortir de tout ça, qui va récupérer tout ce qu'on a perdu. Ceux qui nous dirigent vont essayé de nous soumettre en permanence, c'est très compliqué et une fois qu'on va sortir de cette merde, je pense qu'on aura beaucoup perdu et qu'on mettra beaucoup de temps à récupérer. Y’a un projet peut-être pour un prochain album de parler des corsaires ? Les corsaires, c'est plus compliqué mis à part Surcouf qu'on adore tous, car ils sont à la solde de l'état, ils ont le permis de tuer et de voler. Ce n’est pas trop la voie à laquelle j’aspire. La piraterie, c'est vraiment la liberté, le choix, l'égalité, la fraternité, ce sont les préceptes même de la République. Comme dans l'album quand on entend " Vive la liberté " juste avant le morceau " Haut Et Court "… C'est pour ça que depuis le début on se bat tous comme nos parents, nos grands, on se bat juste pour être libre et tout ce qu'on essaye de nous enlever. Regardes aujourd'hui, il n’y a même plus de métro, c’est visio, boulot, dodo, c'est horrible..., on a perdu tous les fondements de ce que l'on est. Cet album, on l'a écrit avant mais ça correspond clairement à ce qui nous arrive aujourd'hui et je pense qu'il faut vraiment qu’il y ait une prise de conscience de chacun et qu’on se batte pour récupérer ce qu'on nous a volé. Comment s'est passée la composition de l'album ? Quand on a écrit l'album " Pirates", on pensait déjà à la suite, mais après on s'est fait avoir avec les concerts, les teufs… du coup, on a rien branlé et on s'est retrouvé 1 mois avant l'enregistrement à n’avoir rien fait, un peu au pied du mur. On s'est donc mis à répartir le travail, on a bossé chacun de notre côté toujours dans la même direction, on a tout écrit en 2/3 semaines les bases/fondements de l'album et une fois qu'on a écrit ça, on a eu le luxe de pouvoir se prendre un studio avec Andrew, on a pu faire 2 mois de studio car c'est un copain et qu'il nous a fait un bon prix et donc on a pu développer notre album en studio comme METALLICA. On a eu le temps d'écouter, de changer, d'essayer des amplis, de revenir en arrière, Eli était déjà arrivé avec ses paroles, il a fait une première prise de chant après on a retravaillé toutes ses prises de chant pour que ça aille mieux avec les riffs qu'il ne connaissait pas tellement et ça a donné cet album bizarrement, extrêmement simple. Le fait de passer du temps dessus nous a permis de le simplifier. Pour moi, c’est une sorte de Thrashcore que je trouve aussi beaucoup plus brut que " Pirates ". Vous avez viré toutes les fioritures, les parties un peu doom, un peu black, les arpèges qu’on pouvait entendre. " Haut et court " est vraiment droit dans la face… C'est vrai en plus moi j'adore le doom aussi mais bon. Pierre notre bassiste, ancien guitariste de THE ARRS, Harvey l'autre guitariste et moi-même avons écrit chacun ? de l’album, on s'est arrangé pour les arrangements etc et quand on est arrivé tous ensemble, bizarrement, tout ce qu’on avait écrit c’était chacun du Thrashcore très efficace, très simple et très brut et on a plus travailler sur les changements de rythmique. On a travaillé différemment, cette fois-ci c’était plus sur les beats, les changements de rythme, il y a eu un gros travail sur les cassures et reprises, ensuite, on a bossé sur les paroles et les refrains, de manière à ce qu'ils soient très faciles à retenir. Comment s'est passé le travail à l'Hybreed Studio ? Andrew est adorable, c’est un mec passionné, alcoolique, on a fait beaucoup de teufs avec lui mais par contre il est pointilleux, il nous a forcé à aller un peu plus loin, c'est un peu le même esprit que Francis Caste, c’est lui qui nous a poussé à aller dans ces directions là, d'arrêter les fioritures, pour aller sur quelque chose de plus quali, de plus compact, simple et brut par rapport au brief qu'on lui avait donné. Après avoir fait tous ces essais de nappes, de guitares…, on est revenu à la base, on a fait 2 guitares, une à gauche et une à droite et la basse au milieu. Elie a l'air de se prendre moins la tête pour les textes par rapport à " Pirates " ? Il se prend la tête différemment, car écrire des choses simples et efficaces ce n'est pas si facile, ça nécessite beaucoup d'écriture, de réécriture, de changements de mots, de phrases… mine de rien c’est vachement plus prise de tête que cela... Parles moi des thématiques de l'album et des textes comme par exemple " Reign in Rhum ". C'est évidemment un petit hommage à SLAYER. Le Rhum c'est quelque chose de très important pour notre groupe, quelque chose qui nous lie ensemble. Elie qui est martiniquais, le rhum ça fait parti de sa culture et de son breuvage quotidien, nous on baigne dedans aussi énormément. On est sponsorisé par la marque St James qui nous fournit une quantité de rhum astronomique qui nous permet de nous mettre grave la misère régulièrement et donc cette chanson, qui est une des chansons préférées d'Elie, c'est comment vivre le Métal dans cette vapeur de Rhum et ça nous représente bien, comme quand on était au Hellfest, l'apéro, le rhum, la teuf…, c'est ce qui nous caractérise beaucoup. Cette chanson, c'est un peu notre étendard. Qui est en featuring sur " Liquor Of Tears " ? On a un 6ème homme dans notre équipage qui s'appelle Alek. Ah oui je vois qui c'est… Alek Garbowski qui est notre directeur artistique et qui met en image nos idées et notre musique, il est tout le temps avec nous mis à part qu'il ne joue pas de musique effectivement dans le groupe. Il fait vraiment partie de l'équipage et pour ce morceau, on lui a demandé d’arrêter de faire des dessins et venir chanter. Du coup, il a écrit ses paroles, il a fait son featuring et je trouve qu'il est super. T’as une anecdote de studio ? Mis à part qu'Elie était souvent saoul, les chœurs ont été faits avec les gars du studio car c'est aussi un studio de répétition. Du coup, on a Nico, ancien KORUM. On enregistrait de 10h à 19h et après de 19h à 2h du matin on faisait la teuf tous les jours… Ça devait être beau les lendemains… Ça piquait et le problème c'est qu’à l’Hybreed studio ça ne rigole pas… Ils savent faire la teuf, on est bien tombé on va dire... Y’a un invité de marque en la personne de Nico de THE ARRS. Oui tu l'a reconnu alors… C'est facile et c'est votre vendeur de merch aussi… C'est vrai que c'est notre merch guy quand il a le droit de sortir. Nico est arrivé, il ne savait rien, on lui a dit de venir en studio, il a dit ok. Il habitait à 30 min en voiture du studio, donc il est venu et à découvert les paroles. Il a demandé ce qu’il pouvait faire, il a pris les paroles, changeait et rajouté 2/3 trucs, on s’est mis d'accord et en 2h c'était plié. Il est fabuleux ce mec, c'était vraiment cool et c'est une première fois avec Nico. On se connait depuis 20 ans, le premier concert qu'ils avaient fait avec THE ARRS c'était avec nous, c’était en 1999 ou 2000. Il n’avait encore jamais chanté sur un de nos albums, donc maintenant on a réglé le problème. Il a dit quoi quand vous lui aviez proposé de faire ce featuring ? Je sais pas, il était saoul, il a assuré, il a kiffé, il a donné son avis, ce n’est pas quelqu'un à qui on fait faire n'importe quoi, on lui a expliqué le concept de la chanson, il s'est vraiment pris la tête sur le contexte du texte et il a vachement contribué au refrain pour en faire ce qu'il est, je le remercie car je trouve que c'est encore mieux que ce qu'on avait imaginé. De quoi parle le titre " Haut Et Court " ? Il parle du mec qui arrive sur l'échafaud, qui est prêt à mourir. C'est peut être quand t'es face à la mort que les choses les plus vraies arrivent et que les mots les plus justes sortent. Et donc là, on est sur la dualité entre un mec qui perd sa liberté face à la mort et son bourreau qui lui va ôter la vie. Y’a une phrase " Vivre ou mourir, c'est en homme que je veux périr " je pense que ça résume bien à la chanson. Ça a fait du bien de l'entendre et c'étaient un peu vos petits frère aussi les THE ARRS ? Maintenant ils sont vieux, on a 3/4 ans d'écart mais ils nous on mis une belle race rapidement, on les a fait venir et après ils ont fait leur sauce et puis franchement THE ARRS a marqué de son empreinte le Rock Français donc on est aussi très fier de l'avoir sur notre album. Je trouve qu'il y a une grosse spontanéité dans le mix… Simple et efficace c'est ce qu'on recherchait. Comme je disais quand on était gamin, on faisait du hardcore, on voulait faire du thrash mais on n’y arrivait pas car on était trop nuls et puis il y avait les trasheurs qui jouaient super bien, par contre dès qu'il fallait faire quelque chose qui groove ils étaient à la ramasse et donc on essayait de faire ce mix, on trouvait que ça marche hyper bien et je pense qu'il nous a fallu 20 ans pour arrivé à sortir ça, il faut être vieux pour réussir à faire des trucs de jeunes. Qui a réalisé la pochette et que vous-vous vouliez transmettre à travers ? La pochette a été faite par Hervé Costa qui a fait des pochettes pour pas mal de groupes dernièrement et ça c'est super bien passé et il a bien compris ce qu'on voulait. Après, c'est passé dans les mains d’Alek qui a fait la direction artistique générale et de Delphine qui fait tous les montages de tous nos albums depuis 20 ans. On voulait une pochette facilement reconnaissable, c'est pour ça qu'elle est en blanc et noir et quand tu retournes le disque c'est noir et blanc. On s'est dit que si jamais on faisait du black métal on pourrait toujours tourné la pochette:) Si tu monte une tournée, t'aimerais la faire avec qui ? FREITOT que j'adore. J'aurai bien aimé retourner avec THE ARRS car s'ils revenaient je pense qu'on ferait sacrément la teuf avec eux. Le groupe ultime ça aurait été de faire la première partie de SLAYER mais bon... La question que tu aurais aimé que je pose ? Sur quelle guitare joues-tu ? Et la réponse ? Une guitare Orville black beauty by Gibson de 1993. Je te laisse le mot de la fin pour l'interview… Pirates, jetez une oreille, buvez un verre et on se retrouve en concert :) |