Interview réalisée par Djaycee en Octobre 2018.


Les Parisiens de MASS HYSTERIA avaient frappé fort avec leur dernier album. Ils reviennent avec " MANIAC " un album impressionnant de densité où Yann est aux commandes avec Fred à la production. Seul Mouss apparait être un rayon de soleil dans cet album qui s’annonce être un des grands album de 2018 et la tournée qui l’accompagne finissant au Zénith sera aussi mémorable pour les 25 ans du groupes. Le rendez-vous est donné dans un hôtel parisien avec Mouss, Yann et Fred et surprise, le groupe est au grand complet pour la journée promo, l’occasion pour NAWAKPOSSE d’échanger avec les membres historiques et le producteur, de quoi connaitre presque tous les secrets de ce nouvel album.

JC : Que de temps passé depuis que je vous connais, 1997 premier concert sur la scène TAMTAM sous les gradins du parc des Princes pour le festival Rock à Paris… Entre temps vous avez été disque d’or et DVD d’or pour le live à l’Olympia et avez sorti récemment un 45 tours pour le RSD et vous allez remplir un zénith. Quel regard portez-vous sur cette période de plus de 20 ans ? Y a-t-il des regrets ? Notamment je crois que l’on vous avait proposé la première partie de TOOL et que vous aviez décliné le " pay to play ". Surtout à un moment où les groupes métal ne remplissent plus le bataclan mais le petit bain ?
MOUSS : Oui
JC : Ça ne reste pas comme un regret ?
YANN : non à l’époque nous avions déjà fait SEPULTURA à Lyon, on venait de faire KORN, et à un moment donné on n’avait pas envie comme certains groupes l’avaient fait de devenir le groupe français qui fait toutes les premières parties des ricains.
M : à un moment donné ça chauffe bien le public,
Y : Korn, cela nous avait tellement plu qu’on s’est dit : " on s’arrête là ! ".
M : et on l’a refait une fois pour LIMP BIZKIT par ce que c’était au ZENITH et que l’on n’avait jamais joué au ZENITH.
Y : et on a fait également METALLICA, car METALLICA cela ne se refuse pas.


JC : on va la jouer crescendo car à la date d’aujourd’hui (18 octobre), il y a peu d’infos qui ont filtré sur le disque, un peu à l’ancienne. Parlons de la pochette du disque, elle est un peu énigmatique et parlons du titre. Titre à double sens car quand j’ai vu le tracklist sur le net, j’ai tout d’abord pensé à une faute de frappe entre la chanson et le titre de l’album.
M : en fait, il faut savoir qu’on était en composition, moi je n’avais rien et Yann faisait tourner des titres et moi je faisais du yahourt " baby I love you, I love you baby … " et là je pose un " Ma niaque " [mainiaque] parce que je trouvais cela mortel et du coup c’est resté. Et moi ce n’était pas du tout " MANIAC " que je voulais dire, parce que c’était dans le yaourt, et un moi ou deux après Yann me dit " qu’est ce qu’il devient le morceau MANIAC ? " et je lui dis " quel morceau ma niaque ? "et je lui explique que j’ai bien un bout de texte dans lequel je parle de « ma niaque mais en deux mots, quoi. Et Yann qui me relance " mais si tu chantais Maniac... " et je lui réponds " oui mais c’était du yaourt… " et Yann me dit " il faut faire ca ! Il faut un morceau maniac " donc Yann tu peux prendre le relai maintenant.
Y : moi je trouvais que c’est un titre fort d’album, avec ça la pochette peut être cool, on peut aller chercher un truc un peu percutant. Et Mouss de me dire, " on peut laisser cela comme ça, je m’en débrouillerai et on lui trouvera un double sens " et on a fait comme ça. Pour la pochette, on s’est un peu pris la tête, on nous a proposé des trucs qui ne nous plaisaient pas, etc. et puis à un moment donné, je suis parti sur une vieille idée que j’avais, et que je leur avais proposée. Et puis on a trouvé que c’était cool et qu’en plus, cela mettait un petit clin d’œil à " Contraddiction ", et donc on est parti là-dessus. Et on est très content du résultat.
JC : vous pouvez, je pense compte tenu de l’impact sur les réseaux sociaux et la fébrilité qu’il y a notamment sur la page de l’armée des ombres. Et ce rien qu’avec le titre et la pochette. Cette pochette n’est pas sans rappeler une autre de vos pochettes et pourtant, ce ne sont pas les mêmes photographes qui les ont réalisées ? une coïncidence ou c’est pour apaiser les dieux du disque d’or ? Eric Canto et Laurent Seroussi sont deux des photographes les plus influents en termes d’images live avec un passionné également comme Robert Gil. Comment s’est fait le choix ?
M : non c’était pour les 20 ans mais il y a peut-être des choses inconscientes…
Y : il n’y avait rien à voir avec " Contraddiction " au départ quand j’ai montré les dessins de Navette. Et c’est cool en plus que l’on prenne une asiat’ pour faire la pochette.
M : la petite a des origines asiatiques sur " Contraddiction ".
R : c’est la petite qui est sur le disque de BASHUNG " Fantaisie militaire ".
Y : c’est aussi parce que moi j’adorais ce qu’il faisait Laurent Seroussi, c’est Kemar de NO ONE IS INNOCENT qui nous l’avait présenté à l’époque, et puis ensuite ça n’a plus matché. On a regardé un petit peu ce qui se faisait ailleurs, je suis passionné de photo aussi.
JC : ça tombe bien c’est ma prochaine question…
Y : je regardais un peu les photographes aussi parce que je suis un peu difficile et Eric Canto, j’aimais bien son style, j’ai visité son site. J’aime beaucoup sa technique, il est très propre. Et en plus humainement, ça a matché grave.
M : c’est un cador !
Y : et quand je l’ai appelé, et que je lui ai demandé s’il ne voulait pas prendre le relai de Laurent, même si je l’adore, Laurent devenait cher pour la prod et Eric a dit " grave, on y va " et on a commencé à bosser ensemble.
R : c’est la première pochette que l’on a fait ensemble, du coup on continue.


JC : Yann, tu parlais de ta passion pour la photo, j’ai vu récemment ton compte photographe sur instagram, quand je me suis projeté en écoutant l’album, peut-être un peu trop de manière cérébrale, tes photos montrent souvent la réalité sordide à Paris et en noir et blanc avec des sans-abris qui sont par terre, j’ai senti cette noirceur peser sur l’album. Un album dans lequel je trouve que l’auditeur a du mal à rentrer mais c’est encore plus compliquer de ressortir, une sorte de syndrome de Stockholm. C’est un peu ce qui ressort de l’album à sa première écoute, sombre, très sombre et surtout une fois rentré dedans on ne peut pas en sortir, comme piégé… La prod de Fred y est certainement pour beaucoup.
Fred : tu as eu du mal à rentrer dedans ?
JC : en fait j’avais un gros mal de crâne et je m’y suis plongé " pour faire mes devoirs " et j’ai eu un peu de mal à la première écoute, il est dense.
Y : je peux comprendre.
F : au niveau des riffs, il est dense.
JC : pour moi MASS HYSTERIA cela restera toujours " donnez-vous la peine ! ".
M : c’est pour cela que Rapha veut qu’on le fasse tout le temps. C’est vrai, c’est notre ADN.
Y : tu as entièrement raison, ce qui fait MASS ce sont toutes nos influences.
M : tu vois le dernier morceau de l’album " We came to hold up your mind " - on est venu braquer vos esprits, ça renvoie à " Donnez-vous la peine ! " ce côté technoïde. A part qu’ici il n’y a ni refrain ni couplet, il y a juste une phrase qui revient. Ce n’est pas un morceau si éloigné de MASS HYSTERIA sur le dernier de l’album.
Y : c’est vrai que j’aime bien mettre des influences bien, bien énervées avec son chant et ça donne tout de suite du MASS.
JC : c’est ça MASS HYSTERIA, quand j’ai bien pu rentrer dedans, je l’écoutais en boucle mais j’avais besoin d’une sorte de rite initiatique, une sorte de repérage des lieux.
M : je ne le voyais pas si violent que cela en fait. J’essaie pour d’être solaire sur la musique de Yann.
F : et tu l’écoutes depuis quand ?
JC : trois ou quatre jours. Je poursuis avec une petite question pour Mouss : tu as pu poser le disque d’or dans tes chiottes ?
M : non je n’ai pas des chiottes assez grands… non il est dans mon salon.
JC : je sais que Didier Varrod n’a pas repris tout de suite le sien.
M : je crois qu’il est toujours chez Verycords.
Y : en même temps Didier me disait qu’il ne savait pas où il allait le mettre.
R : je ne sais pas combien il en a mais il doit en avoir beaucoup.
F : d’habitude ce sont des cadres.
Y : il m’a dit que le plus gros qu’il avait c’est LANA DEL REY.
F : quand on n’en a pas beaucoup ça va…
Y : on en n’aura certainement qu’un !
JC : il y a le DVD (d’or pour le live à l’Olympia) !
R : d’ailleurs on ne l’a pas encore eu. Ça craint.
Y : je le veux, comme cela je pourrais l’accrocher.


JC : c’est vrai qu’au mondial du tatouage, j’avais été étonné de vous voir avec Didier Varrod, il est désormais très pop. Et j’ai vu qu’il était à la base de Yelen, et je pense que l’on peut le remercier pour cela. C’est un vrai découvreur de talent. J’ai d’ailleurs fêté la deuxième étoile de champion du Monde aux Francos.
R : c’est un grand personnage !
JC : Au mondial du tatouage, derrière l’image de métalleux, on a pu voir l’image de pères également tant toi Yann que toi Mouss, une lueur, un espoir. Deux pères qui emmenaient leurs gamins sur scène. Ceci est à peine palpable sur le disque qui est plus proche de SLAYER parfois que de vos premiers disques, c’est une impression ?
M : la musique est un vecteur. On y projette nos joies, nos peines, cela nous correspond un peu la musique que l’on fait. Cela ne reste que de la musique, c’est artistique, on n’est pas, dans la vie, noirs, et associables. Tu vois, au contraire, on est tous papas, ce n’est pas antinomique, je ne pense pas que Kerry King fasse des messes noires...
R : quoique…
Y : non je ne pense pas.
M : il y a une posture, un peu.
Y : c’est un peu une tradition de faire monter les enfants sur scène sur les dates parisiennes.
M : depuis tout le temps, on les fait monter sur scène sur les dates parisiennes.
Y : en plus ils sont contents de venir !
M : en plus c’est cela, ils sont contents. Ma fille tu vois, elle a 19 ans, elle me dit " papa, sur la date parisienne, on pourra venir sur scène sur " Respect to the dancefloor " ?
Y : ma fille est jalouse maintenant parce que je prends James, elle est tellement grande, je ne peux pas la prendre dans mes bras : " tu as 18 ans ma fille ! ".
R : et moi imagine mon neveu !
M : Rapha a un neveu qui est immense !


JC : sur " Partager nos ombres ", tu parles de lumière mais il y a finalement peu de lumière sur ce disque. On reste dans la ligne de " Matière noire ". On pensait que ce dernier était votre black album mais là, on franchit encore un palier. Tu parlais de SLAYER, sur certains morceaux on est même étonné, quand j’entends l’intro, d’entendre ensuite la voix partir en français, tellement les compos sont burnées et tellement la prod est bonne.
F : ça fait plaisir !
JC : surtout sur " Nerf de bœuf " qui est quand même assez…
M : lourde en effet.
Y : l’intro de " Nerf de bœuf " c’est un des riffs les plus sombres.
R : limite DEATH.
M : en fait je pense que Yann et Rapha reviennent un peu à leurs racines.
Y : " Nerf de bœuf ", c’est Rapha et moi à la base, on ne répétait que tous les deux.
F : avec un Riff de Jamie.
Y : mais l’intro et le break speed on était que tous les deux, les autres ne voulaient pas venir nous voir.
M : en fait quand tu dis très dense, on a parlé de cela tout à l’heure avec un autre média, on n’a plus personne à flatter entre guillemets, on n’a envie de flatter personne. On fait les choses sans concessions, ce que l’on aime. Yann veut mettre ses riffs venus d’on ne sait où et d’influences obscures, mais qui groovent et qu’il emmène à une personne et puis on va le faire sonner, Rapha va faire son jeu de batterie, chacun va y mettre sa griffe. Cela ne sera plus un riff obscur.
Y : cela sera MASS HYSTERIA. Mais c’est aussi grâce à Mouss car c’est un peu lui notre soleil.
M : oui c’est vrai, un rayon de soleil.
Y : j’ai effectivement ce côté très sombre de mes influences,
M : mais tu n’écoutes pas que ça… il écoute beaucoup de trucs comme ça mais pas que.
Y : moi je compte sur Mouss pour son côté fédérateur et positif.
JC : Yann, tu l’as recadré sur certaines parties de chant qui étaient un peu trop pop non ?
Y : il y a un refrain que je ne trouvais pas possible. Limite VEGASTAR, cela ne ressemblait pas à du MASS HYSTERIA.
Y : c’est sur le titre " Derrière la foudre " …
M : moi je pensais que cela faisait WEEZER
Y : le refrain était bien mais pas l’ambiance de l’album.
M : c’était chanté… mais justement quand Yann disait il ne faut pas que ça dépasse… nous avec Fred, cela ne nous a pas traumatisé…
JC : Fred, tu as pourtant produit le dernier titre de VEGASTAR…
F : non, non, je l’ai mixé uniquement.
M : pour l’anecdote, le refrain que Yann n’aimait pas car trop " chanté ", on le savait qu’il n’aimerait pas et on s’est dit on va en faire en faire un deuxième, le même mais plus corsé et on lui a fait écouter le corsé, même le corsé, cela ne passait pas. On est passé à autre chose mais du coup le morceau, il est ce qu’il est, et il est finalement beaucoup mieux.
Y : c’était plus une cohérence dans l’album, le refrain poppy ne collait pas trop.
M : et, après coup, tu te dis " heureusement ". Yann avait 100% raison. Mais quand tu es dans la compo, on s’était dit, cela va mettre un peu de légèreté et bah non c’était trop léger.

JC : vu que le tour de table n’est pas complet, on va pouvoir parler du bassiste (Jamie est à une autre table pour faire une autre interview).
M : on va pouvoir dire des saloperies sur les Irlandais… Mais, non. Moi je suis de Bretagne, c’est un peu le même ADN, on est cousins …
JC : Vince vous a laissé au milieu de la tournée, vous avez depuis changé de bassiste, cela a-t-il été facile de l’intégrer dans la compo ?
Y : quand Vince est parti, cela a été un peu un choc pour nous, parce qu’il est parti du jour au lendemain.
R : cela a été dur à accepter…
Y : on a pris Thomas (ATOM) et c’était prévu qu’il ne fasse que la fin de la tournée. Il hésitait un peu à rester mais il avait trop de choses à faire de son côté. Et puis après quand Jamie est arrivé, tu te poses des questions, quand tu te dis tu as 25 ans de carrière et qu’il va falloir reprendre un nouveau mec…en plus du jeu des mecs qui jouent bien, il y en a mais c’est plus que cela…
JC : il faut pouvoir rester dans le tour bus avec lui sur la tournée…
Y : oui c’est tout à fait cela. Jamie on l’avait vu avec son ancien groupe. Et JAMIE s’est intégré tout de suite.
M : et vous avez des amis communs en plus.
F : on ne fait pas d’audition.
M : il faut que cela le fasse humainement avant tout.
R : cela l’a fait tout de suite.
Y : on n’a pas de mal à dire de lui.
F : pas encore !
M : à part ses chaussettes !
R : et son bonnet ! Non en fait, il est tellement sympa c’est même bizarre.
JC : vous êtes sûrs qu’il a ses papiers ?
R : on se demande parfois. Il est trop sympa c’est louche. Non sérieusement, il n’a pas de défaut. On verra pendant la tournée.
JC : Fred, tu es rentré dans la compo ou tu étais plus dans la partie prod ?
F : je garde ma casquette de producteur. Je pense que l’on est assez clair sur ce que chacun doit faire et cela fonctionne bien comme cela.
Y : j’ai énormément de respect pour ce que Fred a fait, j’étais à côté de lui tous les jours mais il a fait un gros boulot. J’étais là pour le seconder par ce que parfois, il y avait des choix à faire, mais le travail qu’il a fait sur le disque mérite un respect total.
F : étrangement, on n’a pas travaillé tant que cela le disque… concrètement on a fait une démo en septembre, on a travaillé deux ou trois semaines sur les instrus, l’hiver est passé, on a été en répétition.
Y : on a beaucoup répété quand même.
R : pendant deux, trois mois.
F : et on est allé en studio. On s’est enfermé dans le bocal et cela a été un laboratoire.
M : cela a été assez vite.
F : on n’a pas répété pendant un an non plus ; tu vois, on parlait de " Nerf de bœuf " tout à l’heure, c’est un titre que l’on a reconstruit au studio finalement, on l’a peut être joué une fois en répétition, et on a repris les parties, on les a reconstruites une par une et puis on a fait de la couture. Parfois cela marche, parfois cela ne marche pas, sur ce titre ça marche.
JC : et tu n’as pas eu un moment comme sur l’album de NO ONE IS INNOCENT où tu t’es dit : " si jamais vous faites ça les mecs, c’est de la merde " ? (Référence à l’inscription sur une peau de caisse claire dans le studio de Fred écrite par les NO ONE).
F : non, j’ai beaucoup de respect pour l’énergie de chacun et ce que chacun amène. On ne s’est pas énervé, on a évité les embrouilles, à moment c’est tellement difficile pour un musicien d’enregistrer un disque, alors si tu es dans le conflit.
M : on est des amis avant tout.
F : chacun à sa personnalité alors si tu piques un peu… ça peut exploser à un moment donné. Mais je pense que ça l’a fait sur le disque.

JC : on parlait du Zénith, dans une des chansons tu dis " On vise le zénith ". Pourquoi cette salle ?
Yann : à un moment donné, il faut être ambitieux, c’est un risque.
R : un vrai challenge !
Y : Toutes les autres salles de Paris nous les avons faites, à un moment donné il faut voir grand pour les 25 ans du groupe. Et puis pour le Zénith les gauges varient, tu n’es pas obligé de faire 7000 personnes. Si on fait 3000 personnes, nous serons super contents.
Y : c’est un challenge, on va essayer de faire au mieux.

(Raphaël nous quitte pour une autre interview).

M : la seule fois où on y a gouté, c’était en première partie de LIMP BIZKIT. C’est la dernière première partie que l’on avait acceptée parce que l’on voulait s’échauffer pour la première partie de METALLICA.
Y : effectivement, on faisait METALLICA le lendemain, du coup on nous propose LIMP BIZKIT, on s‘est dit que cela allait nous chauffer. Du coup, on a fait LIMP BIZKIT complètement libérés. Parce que nous avions beaucoup plus de stress pour le lendemain.
M : c’était au Zénith à côté de chez nous à Paris. Et on s ‘est dit " on n’a jamais fait le Zénith, c’est l’occaz ! ". Et puis on a joué quoi 40 min ? Et puis on demande au groupe si on peut mettre notre backdrop pendant le set ; les mecs ne disent " oui pas de problème ". Ils appellent leur techos, ils descendent le truc, on accroche le Backdrop...
Y : et notre backdrop était pour des salles beaucoup plus petites…
M : du coup ils ont monté jusqu’en haut leur truc et on aurait dit un mouchoir en haut.
Y : on voulait leur dire " stop "…
M : et on a eu honte de leur dire, " bah non descendez-le "… cela refaisait bosser les gars pendant 20 minutes…


JC : on cherchait le soleil sur le disque, la chanson " Derrière la foudre " est un peu le rayon de soleil du disque. C’est un peu le slow pour les circle pits ?
M : c’est ça. Cela parle à tout le monde, les hommes comme les femmes. Depuis deux ou trois albums, je mets une petite chanson d’amour, c’est assumé. C’est dans la tradition ; et puis c’est un exercice de style pour moi. Essayer de faire une chanson d’amour c’est particulier. Toutes les chassons sont d’amour, mais parfois c’est de l’amour détourné. Quand tu cries contre un gouvernement ou contre une politique, c’est par amour pour ton pays. Il y a un artiste qui disait : " tout ce que l’on fait est par amour ". C’est assumé donc j’ai fait ma petite chanson d’amour dans la bonne tradition française.
JC : tu parles de politiques, la transition est faite avec " Chaman acide ", tu t’en prends aux hommes politiques de manière générale…
M : c’est une des seules punchlines sur laquelle je m’autorise de parler politique. C’est ça que tu allais me dire ?
JC : oui, j’ai lu que tu t’étais mis des freins là-dessus mais tu n’as pas pu résister à aborder ce thème. Le pendant c’est finalement que comme vous avez une audience relativement importante, tu n’as pas peur que ceux qui t’écoutent pensent " ah si Mouss dit que la politique c’est de la merde, alors je m’en désintéresse et je ne vais pas voter " ? J’avais posé la question à NO ONE IS INNOCENT car avec leur titre " Antipolitique " et Kemar m’avait dit " non, au contraire, on fait la tournée avec les TAGADA JONES pour dire aux gens d’aller voter, choix qui nous est proposé est merdique mais il faut voter ".
M : j’ai envie de faire au gens " faites ce que vous voulez ! " je n’ai pas de mot d’ordre à faire passer, je trouve que symboliquement il faut aller voter même si tu votes blanc… c’est ce que je fais depuis un moment car il n’y a vraiment personne qui me cause. Je me dis je suis un extraterrestre ou je ne vis pas dans la bonne époque, mais je n’ai pas l’impression que cela corresponde à beaucoup de gens. Certains vont quand même voter par dépit, et je peux comprendre, mais c’est terrible, soit tu votes blanc, soit tu votes par dépit. Après tu as des gens qui ont des idées arrêtées et qui savent qu’ils vont voter à l’extrême gauche, au centre ou à droite. Mais le ventre mou des français est quand même indécis. Sur cet album, je me suis dit, je ne vais vraiment pas en parler, mais finalement je me suis dit il faut une punchline et si ce n’est pas sur la politique cela va être difficile à caser. Et sur ce titre, c’est vraiment une brève de comptoir, dans un bar j’ai entendu un vieux bonhomme dire ça, à peu près dans ces termes-là, en tout cas c’est ce que j’ai retenu et je me suis dit, ça c’est mortel ! un titi parisien, un peu à la Audiard, qui gueulait dans un bar, et ça parlait politique, je trouvais ca mortel. Le mec lance la conclusion devant tout le monde…
JC : Et je paie ma tournée… !
M : oui c’est ça ! " on finit tous cocu et en plus on paie la chambre d’hôtel, quoi ! " tout le monde a éclaté de rire et tu te dis que tu vis un vrai instant, une vraie tranche de vie. Et je l’ai reprise car c’est une des seule punchline engagée du disque.

JC : normalement nous ne devions pas avoir Raphaël et Jamie, vous ne deviez être que tout les trois, mais le fait que la section rythmique soit partie sur une autre interview me donne l’occasion de reposer cette question : on parlait de la noirceur de l’album, de tes riffs Yann et tu as mis la section rythmique à rude épreuve sur le disque. On sent Raphaël plus énergique que jamais.
Y : oui mais il faut le pousser dans ses retranchements. Effectivement, les riffs sont plus costauds et moi je le pousse, je me répète, car il en est grave capable et là il nous a fait un travail vraiment cool. Je suis très content de la batterie sur le disque.
M : de toute façon vu ce qu’ils écoutent les gars, ils savent quelles pulsions il faut donner. Yann a un côté " plus que tout le monde ", quand tu le pousses dans ses retranchements, il te pousse dans les tiens. Fred te pousse mais finalement moins que Yann et moi il m’est rentré dedans " Mouss il faut que tu fasses Arghhhhhhhhhhhhhhhh ! ", et moi je lui réponds que j’ai un peu envie de le faire comme je le ressens. De la haine et du sang, il faut que tu donnes tout… mais ça donne souvent des bonnes choses. Rapha, pareil, il a été poussé à bloc, à fond.
JC : ça se ressent sur le disque.
M : même sur " Matière Noire " et sur " L’armée des ombres " je me rappelle, mais il fonctionne un peu comme ça. On sait de quoi il est capable. Donc parfois ça le fait chier parce qu’il faut qu’il bosse une semaine sur un petit trick de merde.
F : il n’en dort pas s’il ne le passe pas.
M : mais c’est comme cela que le morceau sonne bien. Sinon cela serait convenu. Yann n’est pas dans le convenu. Il nous pousse vraiment à bloc. Rapha c’est quelqu’un qui est en plus perfectionniste, s’il n’a pas son truc sur le bout des ongles, il panique. Parfait, on lui dit " ça passe mec ! " et lui nous répond " non, ce n’est pas parfait ! ". Et on lui dit sur une heure 40, qui va voir cette petite accroche ? mais il veut que tout soit parfait. On s ‘en fout on fait du rock’n roll !


JC : une dernière petite question, le Hellfest a vendu en 4 heures les pass trois jours, essentiellement sur votre nom, ou au moins 1/5e sur votre nom…
M : ah ouais tu le vois comme ça ?
JC : un peu l’annonce a été faite sur du SLAYER, du DROPKICK MURPHYS, du MASS HYSTERIA…
M : je ne l’avais pas analysé comme cela du tout, tu vois.
Y : moi non plus.
M : ça peut être vu comme ça. C’est vrai que c’est la première année qu’ils faisaient une annonce comme cela bien avant. Mais les pass se vendent de toute façon très vite. Et par le passé c’est parti vite sans annonce de tête d’affiche. Mais c’est vrai que c’est flatteur et on joue à une bonne place, ça va être bien. Flattés, vraiment de faire partie des 5 groupes qui sont annoncés.
F : il va y avoir une nouvelle salve j’imagine.
M : mais quand même être annoncé plus d’un an en avance, ca fait plaisir.
Y : il n’y a pas que nous, l’affiche après est costaud, elle est complètement folle cette année.
M : on peut en parler ou pas ?
Y : non.
M : on en reparlera en " off " ;-)
JC : en " off " OK et j’essaierai de voir cela avec Ben. Je reviens également sur le mondial du tatouage, j’ai trouvé que votre prestation avait beaucoup d’humilité, surtout quand tu as dit " nous sommes juste des faire-valoir du mondial du tatouage ", mais il y a quand même pas mal de gens qui sont venus pour vous voir, j’ai pu voir pas mal de T-Shirt MASS HYSTERIA.
M : mais le mondial du tatouage n’a pas besoin de nous, c’est cela que je voulais dire.
Y : je suis assez fier car Tintin, c’est un ami qui est féru de musique. Cela fait deux ou trois ans qu’il nous propose et on n’avait pas pu le faire avant. Là, il a pris une grosse claque, il a surkiffé. Et des tatoueurs de chez lui nous disent qu’il parle beaucoup de ce moment au salon.
JC : il y a Thomas l’Amiral, l’ancien chanteur d’AQME qui bosse chez lui.
Y : oui c’est ça. Cela me faire plaisir que Tintin est autant aimé. Nous l’avons fait comme d’hab ‘ avec notre énergie naturelle.
M : c’est ce qu’il faut faire, de toute façon ce que les gens attendent c’est du MASS HYSTERIA ! on ne va pas se mentir, on fait ce qu’on sait faire de mieux…
JC : et vous le faites plutôt bien.
M : en plus elle tombait bien cette date. On avait fini la tournée normalement et on avait commencé la compo. Et via cette date, on a pu faire une date dans une salle que l’on n’avait jamais faite, en face de chez nous. Donc c’était vraiment une bonne date avec une remise de disque d’or.

JC : merci à vous pour cette heure passée ensemble.
M : merci à toi.
Y : merci à toi et à NawakPosse.