Interview réalisée par Virgile et Djaycee le 29/02/20 à Magny le Hongre au File 7 avec Phil (basse) et Vincent (batterie).
Avec le recul, vous pensez quoi de l'accueil qu’a reçu votre tournée acoustique ?
Phil : Il y a quelques personnes qui nous demande si on fait encore des concerts acoustiques sur notre nouvelle tournée, on croise pas mal de gens qui y étaient et qui ont vraiment apprécié. On vend pas mal de vinyles car les gens l'ont découvert sur le tard car au final on n’a pas tourné beaucoup pour cet album, seulement 9 mois je crois. Avec le recul, je pense qu’on aurait peut être pu continuer encore un peu, on se rend compte qu’au moment où on a arrêté de tourner pour le promouvoir, l’album a trouvé son public, après il faut qu’il leur peut-être fallu un certain temps pour l’accepter. Y’en a plein qui ont pensé au moment de sa sortie qu’on s’était mis en mode Cabrel, feu de camp et compagnie alors que ce n'était pas du tout le propos ni le but. En tout cas, les gens continuent de l’acheter en nous disant qu’ils l’ont découvert chez un pote, qu’ils regrettent de ne pas être venu nous voir en live… Je pense que pas mal de futurs enfants ont été conçu avec cet album en bande son...
Vincent : Je trouve que vous êtes un peu hippie quand même...
Vincent, tu étais content de revenir au moment des 25 ans de TAGADA en Avril dernier ?
Vincent : Carrément oui.
J’y étais et je t’ai senti comme un gamin derrière ta batterie...
Vincent : C'était plus ou moins ça. J’étais comme un fou, ça m’a fait du bien de rejouer après des mois voir quasiment 2 ans sans. Ce n’était pas évident au début de reprendre mes marques, mais c’est vite revenu car tout s’est enchaîné rapidement entre le Bal et la composition du nouvel album...
Phil : En fait, il est rentré et n’a pas eu le choix. Il s'est garé derrière la batterie et depuis il dort derrière...
Vincent : J'ai mis mon vélo et voilà...
Tu peux me parler un peu des 2 ans que tu as passé à vélo à faire ton road-trip en Eurasie ?
Vincent : C'était bien au-delà de mes espérances, c'était super bien, j’ai fait de superbes rencontre, j’ai vu des paysages à couper le souffle… Y’a juste Phil qui me manquait, c’est pour ça que je suis rentré un peu avant...
Phil : Moi, tu ne m’a pas manqué:) On était en tournée, il nous envoyait des photos, il nous disait ce soir on dort là, le mec, il installait son hamac entre 2 palmiers avec vue sur la mer bleue, il faisait son petit feu de camp avec sa chérie, les cheveux décoiffés, pieds nu en sarouel...
Vincent : En sarouel jamais, à poil plutôt...
Phil : A poil, la nouille à l'air...
C'est quelque chose que tu va refaire plus tard ?
Vincent : Oui mais il ne faut pas leur dire. En tout cas, si je peux le refaire plus tard, ce sera sans hésitation. J’en referais surement un mais comme c’est long à mettre en place… ça ne dépend pas que de moi...
C'est quoi ton meilleur souvenir ?
Vincent : Je n’en ai pas un en particuliers, j’ai autant de bons souvenirs de la Belgique que du fin fond de la Birmanie ou de St Petersbourg.
Allez-vous rejouer prochainement " Ilot Amsterdam " ?
Phil : Non ce n’est pas prévu, c'est un morceau qu'on a fait sur toute une tournée après la disparition de Shultz, c'était notre hommage, on avait envie de lui rendre hommage tous les soirs sur cette tournée...
La première fois que je l'ai entendu c'était en 2009 pour " Mémoire de singe "...
Phil : non, on ne la jouait...
Vincent : Si je crois que je l'avais bossé en 2009...
Phil : 2009 c'est l'année où tu es arrivé...
Vincent : Oui on l'a faite juste après, ensuite on a arrêté de la jouer et on la rejouer après la disparition de Shultz évidemment...
Vous avez prévu de jouer des morceaux de l’album acoustique en version électrique ?
Phil : On essaye mais ce n’est pas facile...
Vincent : Pour le moment, ce n’est pas très concluant.
Phil : On n’a pas tous les même avis, ce qui se passe aussi c’est que ça demande beaucoup de boulot à Daniel pour les adapter à la gratte en version saturée, en version amplifiée certaines parties, riffs partent dans tous les sens… Les autres trouvent ça compliqué, moi je trouve que c’est en bonne voix…
Vincent : Oui y’a encore des trucs à creuser et à approfondir… Tous les lâchés qu’a fait Daniel en électro acoustique c’était au top, mais dès tu rajoutes de la disto dessus, ça devient bordélique… donc faut tout reprendre, après ce n’est pas infaisable, faut qu’on retravaille dessus...
JC : C'est vrai que c'était étonnant de ne pas en entendre au Trabendo, je m’étais demandé si vous n’alliez pas tenter le coup...
Vincent : On s'est posé la question mais finalement on n’en a pas fait...
Comment s’est passé le process de création/composition pour " Vanités " ?
Phil : L'idée de faire cet album a jailli en plein milieu de la tournée acoustique, on voulait faire un truc plus violent forcément, les idées ont commencé à venir, on a mis dans un coin les idées de chacun et quand la tournée acoustique s’est arrêtée, Vincent est revenu, il voulait encore continué à pédaler. On lui a dit on fait l’album maintenant, tu rentre sinon l'album il te passe sous le nez. Il est rentré vite fait illico presto et on a commencé, début janvier, à bosser sur les idées qu’on avait, on voulait faire un truc dans l’urgence, dans l’esprit Punk, du coup on s’est mis une dead line, on voulait que l’album sorte rapidement à l’automne, donc il faillait l’enregistrer à telle période et du coup, on a même pas 6 mois à le composer… C’est l’album qu’on a composé le plus rapidement, on l’a enregistré en 10 jours...
Ca s’est fait en répèt’ surtout ou chacun chez soi ?
Phil : Non pour la composition on met toujours tout à plat, on part d'idées qui sont enregistrées chez moi par exemple sur un dictaphone et après on s'échange les trucs, que chacun puisse bosser sa partie et ensuite en répèt on bosse ensemble. On n’arrive jamais en répèt’ en partant de rien et en disant aujourd’hui on fait quoi ? Ca nous permet d’aller plus vite et d’entrer en répèt’ direct dans le vif du sujet...
Vous avez enregistré où ?
Phil : On a enregistré ça au studio Black Box dans la région d'Angers. C'est un studio où pleins de groupes de rock ont été enregistré, tous les groupes du Pays de la Loire. LES THUGS ont étaient un des tous premiers groupes à y aller. Donc le gars là bas a un vrai savoir-faire. Reuno y a été aussi pour enregistrer pour l’album hommage des PARABELLUM. Toute la base a été enregistré en live en analogique avec des vieux compresseurs, des vieux preamps, ce qui donne ce son très chaleureux organique, on ne voulait pas un truc lisse, bien poli et surproduit dans tous les sens, il fallait un truc rapeux, rugueux. On a bossé avec deux gars très complémentaires Mazarin et Étienne Clausel qui avait été assistant sur l'album acoustique. Ca était très rapide, tout a été mis en boîte en 10 jours et le mixage aussi en une semaine/10 jours.
JC : C'est étonnant car c'est un album que je trouve réfléchi...
Tu peux me parler du titre " Désastre " ?
Phil : Le morceau est parti d'une ligne de basse qu’on a gardé et tout le monde y a ajouté son grain de sel.
Vincent : On avait bien trippé sur l’intro basse/batterie avec ce riff de basse un peu syncopé qu’on a fait évoluer...
Phil : Jusqu'à faire un refrain un peu Black Métal très apocalyptique, passer d'une structure très rythmique sur les couplets, c'est peut-être le morceau le plus groovy de l'album. On le joue pas encore scène encore mais je pense que ça ne va plus tarder, car il y a beaucoup de gens comme toi qui l’adore, j’aimerais qu’on le joue car il devrait bien marcher en live...
C'est un de mes morceaux préférés…
Phil : Y’a pas mal de gens qui l'aiment bien celui là mais aussi " Les Seigneurs ", " Le Venin "...
Trouves-tu que l'interprétation de Reuno a changé depuis son travail sur MADAME ROBERT et vos morceaux acoustiques ?
Phil : De toute manière, il a une sacrée évolution dans son chant, dans la façon de poser ses voix, dans son interprétation et son écriture, ça vient aussi de son expérience… Je ne trouve pas son travail dans MADAME ROBERT rejaillisse vraiment dans notre groupe car ce sont 2 registres vraiment différents...
Vincent : Vu les styles et les groupes avec lesquels, il joue et chante, ça l’influence d’une manière ou d’autre. Sur « Vanités », je trouve qu’il y a un peu plus de trucs posés et des notes qu’il tient plus longtemps, il l’a fait sans se poser de question, c’est quelque chose d’assumer et de viscéral chez lui, en tout cas ces mélodiques je les trouve très intéressantes...
Phil : Des fois, j'ai juste peur qu'il se trompe de couplets et qu’il nous chante d’un coup un truc de MADAME ROBERT :) j’ai peur qu’il soit surmené, je ne sais pas comment il fait pour tout retenir et enchaîner les dates sans se planter...
Je vous dis ça car j’ai trouvé qu’il y avait une vraie différence d'interprétation entre " L'épreuve Du Contraire " et " Vanités "...
Vincent : Oui je trouve aussi.
JC : Reuno me disait quand j’ai fais une interview avec lui, qu’il s’autorisait plus de trucs, avant il se mettait des barrières, maintenant non...
Vous avez rencontré Michel Leray à la Main d'Oeuvre, vous pensez quoi de ce qu'il s'est passé là-bas tout comme les nombreux lieux culturels qui ont fermé depuis toutes ces années, comme le Pub ADK par exemple ?
Vincent : Je trouve ça bien, il y en a encore beaucoup trop, d’façon ces lieux ça n’apporte rien, je pense qu’il faut plus de CRS :)
Phil : D’façon ce sont des nids à drogue tout ça, on n’est pas pour…
Vincent : Ils vont faire quoi les gamins ?
Phil : A fond la répression quoi:)
Vincent : C'est ça...
Phil : la Main d'Oeeuvre a fait les frais d'une municipalité de merde avec un maire qui a voulu faire du zèle, qui a voulu placé des potes à lui pour faire un conservatoire à la place d'un lieu de culture. Il aurait pu en faire 10 autres dans 100 autres emplacements mais il a voulu faire ce truc ici pour faire taire la Main d'Oeeuvre en racontant des tissus de mensonges à tout le monde. Je crois que c'est la fin de son mandat et je crois qu'à Saint-Ouen ils en veulent plus de lui, donc la Main D'oeuvre a réouvert momentanément, je crois qu'il ont un sursis de 18 mois pour que les gens aient le temps de continuer leur activité mais surtout de se retourner et de trouver un nouveau lieu et déménager à un moment donné, à moins que d'ici là , il y aient encore des rebondissements. En tout les cas, la culture alternative à tout à y gagner à ce que ce genre de lieux perdurent. Les gens de Saint-Ouen ont pris conscience de ce qui se passe avec ce lieu et la justice aussi, d’ailleurs elle a tranché en leur faveur en disant que cette fermeture administrative avait été prononcée de manière illégale...
Vincent : Les lieux alternatifs dans ce genre là, ça ne plait pas aux mairies et aux gens au-dessus, ils ne comprennent pas ces trucs là, ils n’arrivent pas à les contrôler et du coup, ils font tout pour les museler...
Comment s'est passé le tournage chez nos amis de L'Empreinte pour votre clip ?
Phil : Le clip à L'Empreinte c'est bien passé, on a trouvé ce lieu car il fallait qu'on ait une scène propice pour pouvoir filmer. On avait pensé à plusieurs lieux et comme ce sont des gens qu'on connait bien, on leur a simplement demandé, Michel le mec avec qui on a tourné, a été faire un repérage et nous a dit que ce serait top. Au final, ça a été une journée de tournageagréable, L'Empreinte c'est un lieu qu'on aime bien et les gens qui s'en occupent sont cool, on va bientôt faire un concert là bas avec BLACK BOMB A...
Ça va me rappeler une affiche d’il y a 11 ans ave SARKAZEIN, LOFO et BLACK BOMB A...
Phil : Oui avec notre ami Maya !
Comment sont les premiers retours de votre album et de votre début de tournée ?
Phil : C'est plutôt cool, les gens qui viennent nous voir en concert aiment bien cet album, ils retrouvent notre énergie des débuts, c’est la preuve finalement, qu’avec le temps on ne s’est pas tant assagi que ça et c’est un joli pied de nez à ceux qui pensaient qu’avec l’album acoustique on avait lâché l’affaire, qu’on avait changé notre fusil d'épaule...
Elle a pas temps marché que ça la tournée acoustique ?
Phil : Il y a eu moins de monde, mais la plupart des gens présents sont venus nous voir les yeux fermés, car ils aiment LOFOFORA. Beaucoup ont apprécié l’album, ils ont apprécié qu’on fasse un truc qui tranche avec le reste. Moi en tous les cas, je n’ai pas vu de différence, musicalement c’était différent mais le reste non, le verbe était toujours là, l’esprit du groupe aussi et tous les retours qu’on a eu allaient dans ce sens là, c’était aussi puissant qu’en électrique. D’façon, on n’a pas voulu faire un truc mielleux non plus, le but du jeu c’était de faire du LOFOFORA d’une autre manière voila tout.
Après on a eu moins de monde il est vrai, car beaucoup ne voulait voir LOFO que pour pogoter et se défouler On sait que les gens qui sont venus nous voir sur la tournée acoustique, ce n’était que des gens qui ont adhéré à 100 % au truc et compris notre démarche...
Oui c’était une autre énergie, en tout cas, j’étais à la Maroquinerie et j’ai vu des gens pogoter...
Phil : Oui, on a déclenché des pogos et sur les dernières dates qu'on a fait au Moulin de Brennan dans le Jura ou à Scey sur Saône à côté de Vesoul, on se serait presque cru à un concert électrique, ça bougeait dans tous les sens, c’était même surprenant pour nous, c’est pour ça que je me dis qu’on aurait pu continuer à tourner encore 6 mois avec cet album, je pense que les gens ont mis plus de temps à l’assimiler…
En tout cas, je pense qu’on va refaire des choses acoustiques même si ça n’est pas à l’ordre du jour.
Je vous laisse le mot de la fin pour l'interview
Phil : Cette bière n’est pas mauvaise...
Vincent : Oui j'allais dire la même chose...
Phil : C'est ça sur le duo basse/batterie : bière/batterie ou basse/bière...