TwoMinutesHate


Interview réalisée par mail par Djaycee au mois de Mai 2025.
Photo : Justin Bellucci.


Comment le groupe TWOMINUTESHATE s’est-il formé, et qu’est-ce qui vous a inspirés à le créer ?
Helene (basse, chant) et Sama (chant principal, guitare) jouaient déjà ensemble dans un autre groupe quand elles étaient encore à l’école. Des années plus tard, elles sont parties ensemble en Slovénie pour assister au Punk Rock Holiday. Là-bas, leurs amis n’ont cessé de leur dire qu’elles devraient remonter un groupe.
Inspirées par le festival, l’ambiance et galvanisées par le soutien de leurs proches, elles se sont mises à la recherche d’un batteur et d’un guitariste soliste. Elles ont trouvé deux musiciens et fondé TWOMINUTESHATE, écrivant de nombreux morceaux (dont certains ont été publiés depuis, comme " Operator ", " Take Me Home " ou " 1312  "). Mais des divergences artistiques et des ambitions incompatibles ont fini par les séparer.
C’est à ce moment-là que Sondre (batterie) a rejoint le groupe, suivi par Øystein (guitare lead), chacun apportant sa propre touche au son du groupe !

Pourquoi avoir choisi ce nom, TWOMINUTESHATE ?
Cela vient bien du roman 1984 de George Orwell, qu’on adore !
Pour celles et ceux qui ne l’ont pas lu, la " Two Minutes Hate " (avec des espaces, contrairement à notre nom) est un moment régulier où les gens, au milieu de leur journée de travail, sont rassemblés devant des écrans qui diffusent l’image d’un ennemi de l’État.
Et comme dans bien des aspects de ce monde dystopique, les citoyens sont bombardés de propagande depuis leur naissance, au point qu’ils ne savent même plus pourquoi ils détestent cette personne. Mais ils savent qu’ils doivent la haïr, alors ils hurlent, balancent des fruits, deviennent furieux sans même réfléchir. Et quelque part, c’est exactement ce que sont nos chansons : quelques minutes pendant lesquelles Sama balance tout ce qui l’énerve, et même si le public ne sait pas toujours exactement de quoi ou de qui elle parle… il est en colère avec nous !

Comment votre son a-t-il évolué entre vos débuts et vos dernières sorties ?
Pour être honnêtes, l’ordre dans lequel nous avons enregistré nos morceaux ne reflète pas forcément celui dans lequel ils ont été écrits. Certains titres de notre prochain album font en réalité partie des tout premiers que nous avons composés. Ce qui a changé, en revanche, c’est que nous avons trouvé des personnes avec qui travailler, qui comprennent vraiment notre vision et savent comment la concrétiser tout en y ajoutant leur propre patte !
Aujourd’hui, on a vraiment le sentiment d’avoir trouvé notre voix, à la fois sur le plan sonore et dans les textes, et c’est très enthousiasmant !

Quelles influences ont façonné votre musique, notamment en ce qui concerne le pop-punk et vos paroles ironiques ?
On a grandi avec le pop punk et le skatepunk des années 90 et 2000, comme BLINK-182, NOFX ou THE OFFSPRING – ça s’entend clairement dans notre son. Mais nos goûts sont bien plus éclectiques, donc on puise aussi dans plein d'autres genres.
Côté paroles, Sama s’inspire beaucoup du style d’écriture de Soupy et de Taylor Swift. Elle adore intégrer des figures de style, jouer avec les jeux de mots, les allitérations, les doubles sens, glisser des blagues internes ou des indices cachés. Elle considère que l’écriture est son instrument principal.

Comment équilibrez-vous les mélodies accrocheuses avec des paroles ironiques, parfois acerbes ?
En réalité, le pop punk a toujours fonctionné sur le contraste : des messages très sombres habillés de mélodies joyeuses et de riffs entraînants. C’est ce qui fait le charme du genre : il y a toujours plus que ce qu’on entend à la première écoute.

Quelle a été l’inspiration derrière votre dernier single et son regard critique sur la culture de la fête ?
Quelqu’un que Sama connaissait est mort très jeune, en essayant l’héroïne pour la première fois. Ça l’a profondément marquée, et a influencé sa façon de voir cette tendance à faire la fête de manière quasi-compétitive.
Surtout chez les jeunes, qui peuvent facilement se faire happer sans aucune expérience ni conscience de leurs propres limites. Pour beaucoup, le plaisir passe après le besoin de choquer : être le plus hardcore, le plus fou, le plus excessif…
Et les nouveaux venus dans ce milieu essaient d’imiter ça. Le pire, c’est que leurs " amis " les encouragent, s’en amusent. C’est juste tragique.

TwoMinutesHate

Comment s’est passée votre collaboration avec Bendik Brænne (1) et Haakon-Marius Pettersen (TURBONEGRO) sur votre dernier morceau ?
C’était incroyable !
Ils ont chacun apporté énormément de personnalité au morceau, ils l’ont vraiment transformé ! On n’aurait pas pu rêver mieux.
Évidemment, c’est un peu intimidant de faire appel à des artistes qu’on admire, surtout quand ils doivent comprendre la vision à partir d’une maquette. Mais le résultat a été au-delà de nos attentes, on leur est très reconnaissants !

Quelle tournée ou quel festival vous a le plus marqué jusqu’ici ?
Évidemment, on a eu ÉNORMÉMENT de plaisir à jouer au Gros Tonneau !
On a été bluffés par le professionnalisme du festival et par l’accueil incroyable : tout le monde était adorable, serviable et chaleureux. Le public était génial aussi !
Autre moment fort : la mini-tournée au Royaume-Uni l’an dernier, notre toute première fois à l’étranger !
On a rencontré des gens super, joué dans des salles très cool, et même été tête d’affiche du festival Green Gathering au Pays de Galles !
On a aussi vécu de très belles expériences avec le Théâtre National en Norvège, et eu la chance de partager la scène avec des groupes qu’on admire (internationaux comme norvégiens : PAPPASAFT, HOGGORMSAFARI, ANTI-LAM FRONT, THE MEFFS, SKLITAKLING, FORGETABOUTIT et PRIKKEDÖDEN).

Avez-vous apprécié votre passage à Paris, et prévoyez-vous d’y rejouer ?
On n’est restés qu’une journée à Paris, mais c’était top ! On adorerait y jouer à nouveau, et on fera tout pour que ça arrive – le plus vite possible, on l’espère !

Comment préparez-vous un concert en festival par rapport à un concert en salle ?
La principale différence, c’est qu’en festival beaucoup de gens ne nous connaissent pas, donc on privilégie les morceaux déjà sortis, pour qu’ils puissent les reconnaître s’ils nous ont écoutés avant !

Que pouvaient attendre les fans de votre set au Gros Tonneau ?
On essaie toujours d’amener beaucoup d’énergie et de fun sur scène !
C’est important pour nous de prendre du plaisir, non seulement parce que c’est pour ça qu’on fait de la musique, mais aussi parce que c’est là que le public passe le meilleur moment.
On aime aussi mélanger anciens et nouveaux morceaux, pour surprendre même les fans de la première heure !

On vous voit souvent signer avec l'expression " Husk å ta en runk i dag ". C’est quoi cette histoire ?
Ah ! C’est une petite phrase que Sama aime écrire quand elle signe quelque chose, et on l’assume totalement. Pour ceux qui se posent la question, ça veut dire : " N’oublie pas de te masturber aujourd’hui ". Voilà !

Comment vos concerts reflètent-ils l’énergie et les thématiques de vos albums ?
On travaille dur pour être à l’aise avec la setlist, ce qui nous permet ensuite de nous lâcher, d’interagir avec le public et de vraiment habiter les morceaux.

Quels sont vos morceaux préférés à jouer en live, et pourquoi ?
Nos préférences varient, mais voici quelques titres à mentionner :
Cock Blocked By Tights : un favori du public, très énergique. On y invite souvent un·e chanteur·se invité·e, ce qui crée une surprise !
1312 : entendre tout le public scander " 1312 " avec nous, c’est très puissant. C’est un morceau combatif, on se sent prêts à tout en le jouant.
What Would Hannah Montana Do? : pas encore sorti, mais très rapide, rempli de petits détails funs. Sama et Helene y font des échanges de voix qui rendent la chanson très amusante à jouer !

Comment gardez-vous le lien avec vos fans, surtout dans les pays où vous ne tournez pas souvent ?
On essaie d’être présents sur les réseaux et de répondre aux commentaires ou messages. On a aussi déjà fait un concert en livestream, qu’on aimerait bien refaire.
Mais on sait qu’on peut toujours s’améliorer, et c’est un travail permanent pour que nos fans, où qu’ils soient, se sentent connectés à nous.

Comment percevez-vous la réception de votre musique par le public français, notamment après votre récente publication Facebook ?
C’est une question difficile !
Nos textes sont en anglais, donc ça ne parle peut-être pas à tout le monde ici, mais on pense que notre son, qui est varié et énergique, dépasse les barrières linguistiques. Pour nous, il ne faut pas se concentrer uniquement sur un aspect de notre musique : c’est l’ensemble qui donne sa profondeur à notre projet.

Quels sont vos projets après votre passage au Gros Tonneau ?
D’abord, on sortira notre nouveau single ce vendredi 1er août, et ensuite on va se concentrer sur la finalisation de l’album pour enfin le partager avec le monde !
On est fiers de tout ce qu’on a sorti jusqu’ici, mais cet album est un vrai palier supérieur, tant sur le plan de la production que des paroles et des arrangements. Il reflète vraiment toutes les facettes du groupe. Mais bien sûr, ce n’est que le début… et on a hâte de découvrir tout ce que l’avenir nous réserve !


(1) Bendik Brænne est un producteur, saxophoniste et artiste norvégien reconnu, tant pour ses projets solo que comme musicien de studio très demandé. Il a participé à plus de 100 enregistrements, collaborant notamment avec des artistes tels que Dumdum Boys, Odd Nordstoga, Hellbillies, Backstreet Girls ou encore Jonas Alaska.