LoHarano


Interview réalisée par mail par Djaycee en Mars 2021 avec Mahalia (chant/guitare).


Salut, merci de nous accorder cette interview, pensez-vous que la crise sanitaire a joué dans votre façon de composer et d’enregistrer ? Comment se passe la vie sur votre île ?
C’est un plaisir pour nous aussi, merci à vous.
Je dirais que la crise sanitaire nous a permis de composer plus malgré tout, mais il n’y a pas eu trop de différence ni impact, le plus dur était de ne pas être sur scène. En ce moment, c’est un peu le bordel, la panique… comme un peu partout dans le monde. Mais ici, les gens doivent survivre et essaient malgré tout de garder leurs routines pour ne pas trop se perdre.

Peux-tu nous présenter le groupe pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ? D’où vient l’origine de votre nom ?
" LohArano ", un mot malgache qui signifie " Source ", source parce que chacun façonne le monde, crée, on est tous la source. Power trio, on est composé de Micha à la guitare basse, Natiana occupe le poste de batteur et moi, Mahalia, qui suis guitariste et chanteuse du groupe. Notre musique est Rock, parfois Metal très fusionnée dans l’esprit, toujours avec une touche de nos origines malgaches, mais on ne reste pas borné sur ce genre ; on aime explorer d’autres horizons pour y mettre du piment sans que ça ait un impact sur notre identité.

LohArano

Le fait de venir d’une île et d’avoir Mahalia en tant que chanteuse vous place comme un groupe à part pour de nombreuses raisons. Quel est l’accueil de votre musique sur l’île, nous pouvons imaginer que ce n’est pas le type de musique de Madagascar ?
Ici, le plus difficile est de s’imposer en tant que groupe de rock quand on n’a pas de fric pour se faire connaître et surtout quand c’est un groupe qu’ils ne connaissent pas forcément, mais les gens sont quand même curieux et viennent voir. Malgré tout, ces dernières années, la musique rock a quand même pris un peu plus de place dans les oreilles des Malgaches en général et ça leur fait encore plus plaisir quand ils entendent et sentent un son familier à notre culture. Ils sont plus ouverts quand ils voient et entendent !

Parlons de la pochette de l'EP, elle se distingue par son côté coloré par rapport au premier single où l’on voyait vos trois visages s’entremêler. Comment choisissez-vous l’artwork ? Et pourquoi le grand écart entre ces deux pochettes ?
Le premier single du EP intitulé " Fototra " qui signifie " racine " ou encore " origines " nous a beaucoup inspirés pour la première pochette. Je pense qu’il n’y a pas grand-chose à dire puisque l’image en elle-même et le titre en disent beaucoup. Bien que ce soit un EP, chaque morceau a sa particularité, la pochette qui est un peu plus colorée part un peu plus sur l’idée de l’ensemble de tout l’esprit qu’on a mis dans les morceaux, la source, nos richesses, notre côté un peu délire, enragés, beaucoup de fusion, coloré comme la pochette en elle-même hahaha… D’ailleurs, on remercie encore Rado Andriamanisa, l’artiste qui a conçu les pochettes avec nous.

Comment se passe la composition et quels sont les thèmes abordés sur cet EP ?
Alors, nous, on compose quand ça vient et il n’y a pas trop de protocoles, ça dépend de nos inspirations et de ce qu’on a acquis au fil du temps. Les thèmes abordés dans l’EP tournent beaucoup autour de nos origines, la source, la remise en question de qui l’on est, d’où l’on vient, de notre identité.

LohArano

L’album se démarque par l’utilisation d’instruments différents qui font partie de votre ADN, quels sont-ils ? C’est important de faire de la musique metal tout en conservant ses racines ?
La musique malgache est souvent une musique ternaire, ce sont souvent des rythmes qui font bouger, elle a aussi une particularité dans la mélodie qui donne cet effet de transe. Je pense que ce n’est pas question d’ " important ou pas " qu’on fusionne deux styles de musique. On a juste été bercé par la musique de nos Terres, et l’amour du rock a toujours fait partie de ce que l’on est. L’important, je pense, c’est de se sentir bien en faisant la musique qu’on a envie de faire sans avoir aucune limite.

Peut-on espérer vous voir en France pour retourner les salles ?
On a eu déjà quelques opportunités, mais… espérons d’abord que la situation s’améliore. (Rires)

Le mot de la fin pour nos lecteurs ?
Il y a beaucoup à faire, avançons du mieux qu’on peut, faisons ce qui n’a pas encore été fait, allons au-delà de ce qui nous dépasse et bon courage à tous en ces moments difficiles.