Chloe Trujillo


Interview réalisée par Djaycee via zoom le 1er février 2021.


Merci beaucoup de nous accorder cette interview. Tout d'abord, comment vas-tu ? Et comment ça se passe là-bas, aux Etats-Unis, avec cette pandémie ? Et ces élections ? Et tout ce monde 2020 2021 qui est complètement fou.
Oui, c'est un peu un peu fou comme année.

Nous avions tous en ligne de mire le Hellfest avec une belle affiche en 2020. Je crois que tu devais accompagner quelqu'un qui devait jouer sur la mainstage (INFECTIOUS GROOVE) et là, même pour 2021 cela semble compliqué. (interview faite avant l’annonce de l’annulation du festival pour 2021 et reporté à 2022).
Effectivement c’est triste. Tout est verrouillé, tu vois je travaille avec l’Italie pour le business et j’ai échangé des messages avec eux ce matin. Il y a plein de projets en design qui n’avancent pas parce que les usines là-bas sont fermées. Bref, mais du coup, je regarde les bons côtés ; de toute façon, ça ne change pas toute seule dans un studio avec ou sans confinement c’est pareil. J’essaie de rester productive en ce qui concerne la musique et l'art. Et puis ici, rien n'a jamais vraiment essayé de rouvrir. Néanmoins, vendredi soir, on a déjeuné dans un restaurant. Ça, ce sont les petites choses de la vie. Et se dire que finalement, on est tous un petit peu fort mentalement.

Cela commence à jouer un petit peu sur le moral. Que métro, boulot dodo. Tu connais la vie parisienne ? Moi, j'habite près de Paris, donc ça me fait rigoler. Quand j'ai vu ta bio en disant Née près des catacombes.
Oui je suis originaire de Paris et pour les catacombes, je suis entrée dans les catacombes étant plus jeune et on est resté bloqués. On a finalement trouvé une sortie au milieu de l'avenue Denfert-Rochereau, vers 6 heures du matin. J’aime bien mettre cela en avant dans ma bio.

Parlons du single et commençons par le visuel et la pochette.
En fait, ce que je voulais faire pour chaque petite pochette, c'est mélanger mon art avec l'art d'autres personnes. En fait, il y a des photographes qui m'ont sollicitée, qui voulaient prendre des photos. Ce jour-là, il y avait énormément de vent et on s'est retrouvé dans une espèce de petite caverne de la plage où on est passé par un tunnel. C'est cette photo qui a été ce que j'ai choisi pour la pochette, parce que ça me rappelait vraiment le côté : la plage, la bataille. Évidemment, cela va aussi avec le titre du premier single et les marées, marée haute, marée basse (" Tides " est le titre du single ndlr). Et donc, il y avait ce côté sombre de l'espèce de caverne dans laquelle on s'est retrouvé. Le côté clair, ça, c'était un espace de contraste que je trouvais qui marchait bien avec le titre. Et puis autour de la photo, c'est une peinture que j'ai faite il y a dix ans, c'est un œil avec la tête qui reste présent, ce qui est ce qui est bon, ce qui est positif. C'est le chemin qu'on peut suivre dans la vie en essayant de regarder le bon côté des choses et autour, j'avais écrit en lettres noires. Plein de choses pas forcément négatives, mais qui peuvent nous attaquer ou nous nous faire perdre la route qu’on a envie de suivre. Je trouvais que les deux images superposées représentaient bien ce que je voulais faire ressortir dans ce morceau.

Chloe Trujillo

Nous pouvons également parler maintenant de la composition du single et du fait qu'il soit plutôt chanté. Il y a cette voix un peu un peu cristalline, et puis ce break au milieu avec du spoken word un peu un peu rapé. Donc, comment est venue l'idée de la chanson ?
En fait, je peux parler aussi en général de tous les morceaux qui vont sortir. Là, ce sont des choses que j'avais écrites il y a assez longtemps et qui me trainaient dans la tête depuis. Souvent quand je peins, j'ai des mélodies et des mots qui me viennent. Depuis que les téléphones ont des dictaphones pour les mémos, j'enregistre mes idées avec. Ce morceau-là, plus spécifiquement, j'avais plein de petits enregistrements différents. Avec toutes ces idées, il a fallu que je les mette en place. Je les avais sectionnés, mais je n’avais rien mis ensemble. Puis j'avais cette partie, qui est plus spoken word, qui n’est pas vraiment du rap, mais plus des mots parlés. Et je n'avais pas encore trouvé un moyen de les connecter. Et puis, j'ai fait appel à un producteur qui a eu l'idée de les réunir. I

Dans le clip où finalement, la première partie dans un paysage très américain, notamment sur les plans qui sont en marche arrière. Et ensuite on part sur une partie un peu plus sombre. Où tu cherches la lumière qui ? Qui était la réalisation de ce clip?
Elle s'appelle Anne Provost et c'est une Française. Elle avait une idée plutôt de présenter en général afin faire une présentation générale de mon travail. C'est pour cela que je porte aussi beaucoup de choses que j'ai créées et je manipule également mes cartes. Et en fait, elle voulait faire vraiment une représentation de l’intégralité de mes activités. Et puis ce côté, comme tu dis, ce côté lumineux, ce côté aérien. Mais il y a aussi ce côté un peu plus profond et plus sombre. Et en fait, c'est ce qui représente aussi le morceau. On représente un peu aussi tous les éléments. Comme tu l'as dit, l'élément aérien des éléments de la Terre, l'élément un peu plus spirituel avec les cartes de tarot, le feu, l'eau aussi sur le reflet. Tous les éléments sont représentés et donc c'était vraiment une idée comme ça sur laquelle on s'est mis d'accord.

Sur ton Instagram, j'ai vu il y a quelques jours, tu as chanté des vocalises en allemand. Est ce qu'on doit s'attendre à trouver de l'allemand sur le EP ?
Il s‘agit d’un autre projet qui a été coupé court, même si on y croit encore. Et on va essayer de le faire en trouvant des méthodes alternatives. Mais j'étais en préparation d’un cabaret, donc, et donc j'étais censé jouer. Oui, on va voir s’il va falloir qu'on le fasse virtuellement, d'une certaine façon. Mais ce morceau-là, qui est de très près l'opéra, faisait partie des morceaux chantés dans ce spectacle. Il y a des morceaux en espagnol, en français, en anglais, en allemand. Pour l'instant, je pense que ça va s'arrêter au niveau des langues, mais c'était juste une petite blague aussi sur mon Instagram, parce que mon mari n'est pas là en ce moment. Mais même avec les enfants à la maison, moi et eux, ils ont tous le droit de jouer leur instrument. Moi, quand je chante, il faut que je m’isole, La porte fermée. Ou alors je suis dans le placard.

On a abordé le thème de la track-list. Je ne vois pas de chanson française, sauf peut-être des faux amis ou des y'a pas de chanson française.
Sur le précédent il y a deux morceaux en français, mais celui-là, non, il n'y a pas.

Peut-être qu'on peut parler un peu de la famille et surtout de ta position à toi, puisque ton fils vient de fonder un groupe et ses camarades de jeu, ne sont pas n'importe qui.
Je crois que ça doit être une fierté aussi de voir que la nouvelle génération prend la relève, même si cela est dans quatre groupes différents et tous aussi bien les uns que les autres. Il a projet très métal qui est vraiment hallucinant. Après, il a un autre groupe de thrash. Il suit l'école à distance, mais il écrit sans arrêt. Il est super productif aussi.
Bon, il a de qui tenir.
Oui, oui, oui, il a toujours été comme cela. J'étais fière de lui. Il est parti quand même à 13 ans. Il a remplacé Fieldy de KORN pour leur tournée en Amérique du Sud et je ne sais pas si les gens se rendent compte que mon mari était en tournée à ce moment-là ailleurs. Donc, en cette rentrée de l'école, tous les jours, à 12 ans, il allait s'enfermer dans sa chambre et avec le CD, il apprenait tout seuls les morceaux. Il n'y a personne qui lui a montré quoi que ce soit. Et c'est drôle. Parce que j'ai une amie qui est astrologue et qui est un peu médium et je lui avais demandé de faire un thème astrologique de la famille. J'étais au téléphone avec elle : " Donne-moi les dates et les lieux de naissance de tout le monde ", et elle me dit " J'ai une vision de ton fils ". Après, chacun croit ce qu'il veut elle a parlé de la réincarnation d'un musicien qui était au top de sa carrière et qui est mort d'une overdose. Et de rajouter, ‘sache que dans cette vie-là, ton fils ne touchera jamais à la drogue’. Il a tout le temps été attiré par les guitares et puis il a switché avec la quatre cordes en autodidacte Il n'a jamais pris de cours de musique.

Chloe Trujillo

Pour la petite anecdote, c'est super et c'est vrai que c'est aussi notre petite fierté française. Tu parlais tout à l'heure de jeu de cartes qui était dans le clip, des écharpes puisque tu as d'autres projets en ce moment. On a parlé des basses aussi. Je crois que tu as peint aussi un certain nombre de basses et des planches de surf. J'ai vu qu'il y avait des sacs à main aussi sur le site Internet.
Beaucoup de gens m’ont envoyé des sacs ou m’ont donné des sacs à peindre. C'est sympa de faire ça. Les planches de surf aussi. J'en ai pas mal. Et des guitares et des basses. En fait, la première, c'était mon mari qui m'avait donné une de ses basses. On était en France, à Paris. On avait loué un appartement pour trois mois. On était là-bas parce que Robert était en tournée en Europe. A chaque fois qu'il finissait une date, il revenait tous les jours nous rejoindre. Et puis moi, ça me faisait plaisir d'être à Paris un petit peu, puis de montrer aux enfants même s'ils étaient tout petits. Mais je suis allée dans les jardins du Luxembourg, là où j'ai grandi. Ils ont fait de la même balançoire que moi. Et puis dans la cave de mon père, j'avais laissé des choses en France et j'ai regardé. J'ai retrouvé mon vieux kit de pyrogravure et ça m'a donné envie de faire la première basse. Et d'ailleurs aujourd'hui, elle est au Musée.

Si j'avais une autre question par rapport à METALLICA, c'est toi qui leur a conseillé les reprises qu'ils ont fait en France et en Belgique. Je crois qu'ils ont repris du Johnny et du Plastic Bertrand.
Plastic Bertrand, c'est Robert qui l'a trouvé par hasard. Johnny, c'était mon idée parce il cherchait un artiste connu en France. Et donc je me suis dit Johnny, en plus, c'était un hommage surtout qu’il a joué au Stade de France. Ça fait quand même partie de notre culture et de la culture générale, Johnny.
Ils nous prépare d'autres surprises pour les prochains concerts ?
Ils n'en sont pas encore là, mais après ce show là, Robert m'a dit : " pour la prochaine fois. C'est ça qui est ce qu'on va trouver ? ". Johnny toute la France connaît. J'ai hésité entre " Ma gueule " et " Requiem pour un con ". On y pense aussi d'ailleurs. Avec Robert pendant le Confinement nous avons repris " Bonnie and Clyde ".

Bravo pour ton Single et vivement le reste de l’EP. Je termine toujours les interviews, par cette question : Quelle est la question que je ne t'ai pas posée ? À laquelle tu souhaitais à tout prix répondre ? Et quelle serait la réponse à celle-là ?
Oh lala, je n’y ai pas pensé, ce que je peux dire, c'est que ce n'est pas forcément une question que j'avais envie que tu me poses quoi, mais je voulais juste dire qu’il faut regarder les choses positives du continument parce que je sais que c'est dur pour beaucoup de gens. Par exemple, mon père qui a l'habitude de travailler, est bloqué. Ça fait plus d'un an. C'est dur et je sais que c'est dur mentalement pour beaucoup de gens, financièrement. Il y a plein de choses qui se passent, mais moi, j'essaie de conserver les choses positives. Ce que le confinement m'a apporté, j'ai appris à m'enregistrer et à écrire toute seule et à me servir des logiciels pour enregistrer ma musique. Donc quelque part, j'ai gagné cette indépendance et aussi cette confiance en moi. Donc voilà. Et même pour mixer des morceaux, je n'y connaissais rien. Il y a tellement de plugins, il y a tellement aussi ça et ça me faisait tellement peur et c'est ma motivation de vouloir avancer qui a surpassé la phobie d'utiliser un software.

Merci pour ton temps et cette interview. A bientôt pour parler des autres titres.
Merci et à bientôt.